27 novembre 2007

Rhume et monoparentalité

Aujourd’hui, en ce moment précis, je déteste être monoparentale.
Ça m’est tombé dessus hier après-midi. Au départ, je n’avais que quelques frissons. Puis, mon nez s’est mis à couler, mes yeux à piquer, ma tête à faire mal.
Un vulgaire rhume m’avait choisie comme cible. En l’espace d’un seul après-midi, j’étais la proie de millions de bactéries prêtes à me rendre la vie difficiles pour les prochains jours et moi, comme je n’avais aucune arme pour me défendre contre eux (surtout à la gang qu’ils étaient) que j’ai abdiqué. J’ai capitulé. J’ai baissé les bras.
Les mouchoirs n’ont pas trop pris de temps à faire déborder ma poubelle. Je faisais le rêve éveillé d’un lit et d’une belle dédette d’après-midi. D’une maman qui venait me porter une bonne soupe poulet et nouilles.
Je fantasmais sur mon divan et mon doudou tout en regardant Terre Humaine à la télé. Je pensais à un immense bain chaud avec de l’huile d’eucalyptus dedans. J’imaginais une main dans mon dos à étendre du Vicks. Je ne me cassais pas la tête avec le panier de linge sale rempli à pleine capacité, le frigo vide pis le plancher tout sale. J’avais besoin de toutes mes forces pour venir à bout de mon virus.
Ça aurait été tellement simple. Avec un tel régime, mon maudit rhume aurait été de l’histoire ancienne en moins de 24 heures. Mais ce n’est pas la vraie vie ça. La vraie vie, du moins, par chez moi, ce n’est pas comme ça.
Le cadran n’avait même pas encore sonné que j’avais ma loulou de six ans à côté du lit qui voulait jouer aux Petshop avec moi. Puis-je vous confier que je n’avais nullement envie de me prendre pour un véto-pour-petites-bêtes-en-plastique-à-la-tête-qui-dodeline? Ma langue épaisse comme ça, conséquence d’une nuit à respirer par la bouche, me quémandait beaucoup plus un grand verre d’eau.
Entre temps, Maxim a cru que c’était le bon moment pour pratique son Menuet, sa dernière pièce apprise au piano. Malheureusement, le bouton du volume du clavier est resté coincé au plus fort. Les ré-sol-la-si-do-ré-sol-sol ont donc retenti dans ma tête aussi fort qu’une explosion nucléaire.
Il n’était que 7h20 et j’avais déjà envie de démissionner de mon rôle de mère. De me recoucher en position fœtale dans mon lit et d’attendre que les 24 heures me séparant du lendemain passe.
J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai fait déjeuner mes puces. C’est Filou qui s’est rendue compte la première que j’étais au bord de mourir de mon rhume. Elle était là derrière mon dos à me flatter le derrière des cuisses (j’imagine que son intention première était de me flatter le dos, mais à la grandeur qu’elle a, les cuisses étaient plus faciles à atteindre). « Ça ne va pas maman d’amour? Est-ce que tu es malade? Est-ce que tu veux un bon jus d’orange-parce-que-les-oranges-ça-guérit-les-rhumes? » me dit-elle d’un trait tout en cherchant dans le frigo la fameuse bouteille de jus miracle.
Dès que Maxim a entendu que je vivais de grandes souffrances, elle s’est offerte pour ranger la vaisselle du déj et pour préparer ses collations et celles de sa sœur. Elle a pensé également à faire son lit, à envoyer au panier son pyjama, à se laver les dents. Tout ça, ça que je le demande. Cerise sur le sundae, elle a même aidé sa petite sœur à enfiler ses bottes et à attacher son manteau d’hiver.
Bref, à 8h10, soit 15 minutes plus tôt qu’à l’habitude, mes petites colocs étaient prêtes à partir à l’école. Un record!
Finalement, conjuguer monoparentalité et rhume, ce n’est pas si pire. C’est même plutôt agréable. Je pense même à simuler un rhume 365 jours par année…

Ces héros parmi nous

Ils sont ici. Ils sont là.
Malheureusement, on ne les voit pas. Du moins, pas assez.
Sherbrooke regorge de héros. Dans toutes les sphères de la société. Dans toutes les couches sociales. Ils sont cachés dans tous les arrondissements.
Ils s’investissent sans relâche. Sans demander plus. Sans vouloir se mettre en valeur au détriment des autres.
Mon ami Jean-Pascal est des leurs. Chaque semaine, ce médecin sauve des vies. Il aide des centaines de personnes par année à mieux marcher, à mieux fonctionner dans leur quotidien, à moins souffrir.
La salle d’op est devenue sa deuxième maison. Les prothèses de hanches et de genoux sont devenues ses alliés. Les scalpels, les marteaux et les perceuses sont devenus ses copains. Une belle gang qui change la vie de tellement de gens.
Vraiment, il en est un.
Même si Mélanie ne travaille pas au bloc opératoire, il serait complètement faux de dire qu’elle ne sauve pas de vie. Chaque matin, alors qu’elle se pointe dans sa classe d’élèves vivant avec des troubles de comportement, cette prof rivalise d’ingéniosité et d’audace pour leur permettre de croire en eux, de voir que demain est possible malgré leurs difficultés.
Pourquoi s’en tenir aux traditionnels cahiers d’exercices alors qu’on peut leur donner l’espoir qu’ils réussiront avec des projets géniaux qui cherchent beaucoup à les remplir de confiance qu’à en faire des petits singes savants?
Sans aucun doute, elle en est une.
Avec un diplôme en droit dans les poches, les futurs avocats rêvent, pour la plupart, de défendre de grandes causes qui les aideront grandement à rembourser l’hypothèque de leur nouvelle maison de la rue Rostand. Probablement qu’ils travailleront sans relâche facturant d’innombrables heures à coup de 250$ à leurs riches clients. Ils se voient en mettre plein la vue à la cour avec leurs grands plaidoyers espérant ainsi convaincre le jury qu’ils ont raison.
Mais de croire ça, ça serait de bien mal connaître mon cousin Mario. Avocat à la Direction de la protection de la jeunesse, son travail consiste à défendre des loulous pour qui la vie ne les a pas nécessairement gâtés avant même qu’ils aient l’âge de penser que ce n’est pas partout pareil.
Des cœurs meurtris, des os cassés, des âmes brisées, il n’y a pas grande souffrance que Mario n’a pas rencontrée dans sa carrière. Mais il continue, chaque jour, à travailler pour que pareille injustice soit réparée. Pour que ces enfants puissent espérer qu’un jour le vent tournera en leur faveur.
Il en est un aussi.
Ce sont tous des héros.
Même s’ils ne font pas la manchette chaque jour. Même si on ne leur demande pas leur autographe à chaque coin de rue. Même s’ils ne bossent pas pour la gloire. Ce sont des héros.

Les amis de mes amis de leurs amis sont...

Il paraît que nous sommes tous reliés par un maximum de six personnes. Cette théorie s’appelle les Six degrés de séparation ou « it’s a small world ». C’est le docteur Milgram, un psycho-sociologue qui, en 1967, soumet la première fois cette idée. Si l’on prend deux personnes n’importe où dans le monde, on pourra les relier en moyenne par une chaîne de six relations.
Ce chercheur avait choisi au hasard des habitants d'Omaha au Nebraska, et leur avait demandé d'expédier des colis à un habitant de Boston identifié par son seul nom et son métier; jamais son adresse. Les expéditeurs devaient envoyer le colis à une personne qu'ils connaissaient, et qui leur paraissait être la plus susceptible de faire progresser le colis vers Boston. Il avait fallu, chaque fois, entre six et sept étapes au colis pour atteindre sa destination.
Voilà pour la partie théorique et instructive de cette chronique. Passons aux choses sérieuses maintenant.
J’avoue ne pas détester l’idée de me retrouver à moins de six relations de Hugh Grant. Ça été tellement facile à trouver que j’en ai été décontenancée.
Voyez par vous-même : Mon ami Jean-François a fréquenté Michelle Meyer l’été dernier qui se retrouve à être l’hôtesse de l’air personnel de Rowan Atkinson (Mr Bean) pendant sa tournée européenne. En 2003, ce dernier a participé au tournage du film Love Actually avec nul autre que… Hugh Grant.
Ouf! Il n’y a que quatre degrés de séparation qui me sépare de Hugh Grant. Popire pareil non?
Maintenant, me croiriez-vous si je vous disais que je suis liée d’aussi près à Bono? En effet, le chanteur de U2 se retrouve à être (soyez attentif) le fils de la grand-tante de la cousine du beau-frère du grand-père de ma copine Marie-Andrée. Encore ici ça fonctionne. Six degrés et le lien est fait. Phénoménal!
Mais bon, j’ai bien beau avoir trouvé plein de liens pouvant me rendre à ces deux vedettes, n’empêche que mon agenda n’a pas encore de case horaire où c’est inscrit « Date avec Hugh ». Dommage.
Pour en revenir à nos moutons, sachez que des chercheurs de l'Université de l'état de l'Ohio profitent de la montée fulgurante de l’Internet pour tenter de valider la théorie de Milgram.
Pour cela, ils ont monté le Electronic Small World Project qui propose à des volontaires de participer à une expérience. Une fois inscrit, chaque personne reçoit le nom et quelques renseignements - mais pas l'adresse de courriel - d'un autre individu au hasard. Si le volontaire la connait, il peut lui écrire directement. Sinon, il doit faire appel à une seule autre personne, choisie selon les quelques renseignements concernant la personne-mystère, pour lui poser la même énigme. Et ainsi de suite.
Et si vous m’aidiez en entrer en contact avec Brad Pitt ou encore mieux avec Tom Cruise (j’ai l’impression qu’Angelina sera plus difficile à tasser que Katie….)? J’ai rien à faire vendredi soir…

08 novembre 2007

Terreurs et rideaux

Les boîtes sont peut-être défaites à Proulxville, mais les fenêtres, quant à elles ne sont toujours pas voilées. Si bien que dès que le soleil se pointe le bout du nez le matin venu, ses rayons me sortent du sommeil illico et ce, même si c’est inscrit congé à mon calendrier.
Une visite au magasin de rideaux s’imposait donc et rapidement. Ma qualité de vie, mais surtout mon humeur dû au manque de sommeil et qui risquait de rendre mes collègues de bureau dépressifs m’ont poussé à agir au plus vite. Et ce même si les filles auraient fait mille autres trucs que de chercher le couvre-fenêtre par excellence qui s’harmoniserait avec le reste de la literie de ma chambre à coucher. Elles sont fatiguées les cocottes. Le déménagement jumelé à un virée d’Halloween et un changement d’heure ont fait en sorte que le shopping était vraiment, mais vraiment de trop dans leur agenda.
« Allez les filles. J’en ai juste pour une petite minute. Vous allez voir, ça ira vite et après, je vous promets que vous pourrez jouer à tout ce que vous voulez et que vous pourrez manger tout votre sac de bonbons. »
La manipulation a fonctionné à merveille. Les puces ont grimpé dans l’auto avec des images de petites filles se roulant dans le chocolat au caramel en jouant au V-Smile à deux pouces de la télé le tout sans se faire chicaner par une mère casse-pieds.
Premier arrêt : la quincaillerie pour acheter une tringle à rideaux. Ici déjà, j’ai outrepassé le temps qui m’était alloué par mes cocottes. C’est que ce n’est pas si simple que de faire un choix entre les tringles à rideaux doubles, à rails, à pression, à crochets, Levelor, magnétiques, à embouts, sans embouts, Twist ‘n’ fit, à supports, à anneaux. À cela, il faut choisir le matériau: en chêne, en métal brossé, en laiton ou en plastique. Et il ne faut pas oublier la couleur. Bref, beaucoup de grandes questions qui ont nécessité d’aussi grandes réflexions et par conséquent qui ont demandé beaucoup plus de temps que la petite minute promise à mes héritières.
Pendant que je jonglais entre les pour et les contre que m’offraient chacune des tringles offertes, j’ai cru voir Filou et Maxim grimpées sur une échelle servant à atteindre le deuxième étage des étalages de marchandises. « Les filles, voulez-vous descendre de là tout de suite? Vous n’avez pas le droit de monter là, c’est inscrit ‘réservé aux employés’ et vous n’êtes pas des employés du magasin à ce que je sache! »
Piteuses, elles sont redescendues de l’échelle me permettant de retourner à mes tringles. C’est devenu très silencieux autour de moi. Trop silencieux même. Elles étaient passées où les filles vous pensez? Cachées derrières les gallons de peinture…. Soupir.
J’ai donc pris la première tringle du bord et j’ai couru vers la caisse. Mais je n’avais que la moitié du travail d’effectué. C’est bien beau une tringle dans une fenêtre, mais ça n’empêche pas le soleil d’entrer.
Deuxième arrêt : le magasin de rideaux. Une centaine de modèles m’était proposée. Du blanc au noir, des carreautés, des picotés, des rayés, des voilages, des simili-suèdes, des cotonnades, du lin, du polyester étaient disponibles. Pendant que je réfléchissais à la teinte à choisir, j’ai entendu des femmes soupirer : « Avez-vous vu les petites filles couchées dans le rack à rouleaux de tissus? Franchement, ils sont où les parents? »
À l’instant même, j’ai comme eu un petit vertige. Effectivement, c’étaient bel et bien les terribles sœurs qui logent sous mon toit qui se prenaient pour du coton enroulés. Complètement découragée, je me suis retrouvée à la caisse avec un rideau orange rayé bleu (spécifions que ma literie est rose…), le premier en fait qui s’est trouvé sur mon chemin, d’une main et deux terreurs sous l’autre bras.

Un "Bonheur sein"

C’était il y a cinq ans déjà. Je jasais avec Suzanne sur Internet. Une façon de passer le temps pendant que nous allaitions nos loulous. Elle était déprimée la copine. « Ah! Ge! Je fais encore une mastite. C’est ma troisième depuis que Sébastien est né. Mais là, j’ai toute une bosse. J’ai l’impression que je vais avoir besoin d’antibio cette fois-ci », m’écrivait-elle.
Le lendemain, elle se pointait chez son médecin.
Le surlendemain, elle passait un écho et une mammographie d’urgence.
Moins d’une semaine plus tard, le diagnostique tombait. La bonne nouvelle? Il n’y avait pas de mastite. La mauvaise? C’est qu’elle aurait à combattre un cancer du sein dans les prochains mois.
Trois semaines plus tard, son soutien-gorge était rempli à moitié. Mais son agenda était, quant à lui, rempli à pleine capacité. Rendez-vous chez l’oncologue, la psy, le médecin de famille, le chirurgien, le CLSC. Sans oublier les traitements de chimio, de radio, les changements de pansements, les prises de sang. Un dur moment bref.
Ma copine s’est battue. Pour ne perdre le combat comme sa grand-mère, sa mère et sa tante. Mais surtout pour voir grandir ses deux enfants. Suzanne s’est battue et elle a gagné. Aujourd’hui en rémission, mon amie a toutefois de la difficulté à penser que plus jamais elle n’aura à vivre avec un coco chauve. La peur que cette maladie revienne hanter sa paisible vie est toujours présente.
Et c’est pour que cette raison que lorsqu’octobre se pointe sur mon calendrier, je fais ma part pendant ce mois de la sensibilisation au cancer du sein. Pour que Suzanne puisse vivre en paix. Vraiment en paix.
La première année, j’ai fais un don à la Fondation québécoise du cancer du sein. En 2004, j’ai acheté des babioles à l’effigie du ruban rose. En octobre suivant, j’ai bu une tonne de bouteilles de rosé dont les profits allaient à la Fondation. L’année dernière, j’ai participé à la rédaction de pages spéciales sur le cancer du sein dans La Nouvelle.
Mais cette année? Je n’avais aucune idée.
J’ai cherché. Je voulais une idée qui sorte de l’ordinaire. Je n’avais pas envie d’être déprimante. Au contraire, j’espérais trouver quelque chose de positif qui pourrait sensibiliser à la fois.
J’ai cherché toute une soirée. C’est à 1h du mat que mon hamster a trouvé. Une exposition de photos qui mettrait les seins en valeur. Rien de triste. Juste du beau qui pourrait amener l’espoir vers demain. « Bonheur sein » était presque né.
Presque parce qu’il me manquait un élément pour tout mettre en place : Jessica. Une collègue photographe qui partage les mêmes valeurs de vie que moi. C’est avec impatience que j’ai attendu le 10h règlementaire pour appeler chez quelqu’un le week-end.
L’offre de collaboration a été acceptée sur le champ. En moins de deux, nos idées de photos étaient amassés, la salle d’exposition louée et les sujets trouvés.
Un mois de travail intense qui prendra l’affiche demain dans le hall du Théâtre Granada. Douze clichés qui nous permettent de croire en des lendemains plus beaux. Du moins, je l’espère.