30 octobre 2006

Conflit de générations

Reçu la semaine dernière dans ma boîte de courriels parmi une dizaine de messages de parents qui étaient plutôt d’accord avec mon propos questionnant la nécessité de donner des devoirs « familiaux » à des parents de loulous fréquentant la maternelle.
Ça se lisait comme suit :
« On reconnaît bien là les propos d'une mère ou de parents de la génération X qui délèguent tout le temps tout à l'État, aux professeurs, aux garderies leurs responsabilités de parents. Tout ce qui est décrit dans ton texte comme tâches à la maison n'est pas nouveau. Des générations avant toi ont eu les mêmes tâches et plus sans se plaindre. Où l’on s'en va avec cette génération qui veut faire éduquer et instruire ses enfants par les autres et moins travailler? »
Estomaquée je l’étais. Pour ne pas dire ahurie!
Moi, j’étais cataloguée de la génération X?
C’était bien mal me connaître, moi et ma génération. C’était très impoli de nous étiqueter de la sorte moi et mes copines. C’était nous juger très sévèrement moi et tous ceux qui ont leur année de naissance dans les années 70.
Vraiment, je ne le prends pas.
Parce que selon les chercheurs Strauss et Howe, la Génération X serait une jeunesse sans identité, individualiste sans valeurs communes, démobilisé incapables d'actions collectives, candidate rêvée à l'aide sociale ou au chômage. Bref, une génération de paumés qui a tout raté.
Ouf. Beau portrait. Diable où va le monde avec une telle génération de jeunes adultes? Parce que c’est bien connu, notre génération cultive son égocentrisme plutôt que de travailler. Notre devise? Ici et maintenant. Pourquoi attendre alors que nous pouvons tout avoir maintenant?
Le problème de notre génération, c’est que nous n’avons pas de but. Nous n’avons pas connu de grande guerre. Nous n’avons pas de cause à défendre, pas un seul truc qui nous prenne complètement aux trippes.
Vraiment, l’avenir est des plus sombres.
Pourtant, je regarde autour de moi et je ne vois rien de tel. Je vois plutôt Katia qui est debout à 5h45 chaque matin et qui se tape des journées de travail qui jetteraient n’importe quel baby boomer sur le dos.
Je vois Marie-Christine qui conjugue avec trois, quatre et parfois cinq employeurs différents pour arriver à jumeler les deux bouts. Candidate rêvée à l’aide sociale?
Je vois Sandra qui n’a pas dormi depuis cinq ans et qui pense toujours au bien-être de ses quatre marmots avant même de songer à se laver. Égocentrique vous disiez?
Je vois Élise qui tente par tous les moyens de conscientiser les baby-boomers à l’importance de nos actions quotidiennes dans le but de sauver la planète. C’est comme ça que l’on décrit une génération sans valeurs communes?
J’ai mis les pieds dans un McDo à 14 ans. Chaque week-end, j’étais debout à 5h30 pour aller flipper des burgers à 5,30$ l’heure. J’ai mis au monde deux enfants tout en faisant des travaux de session pour décrocher un diplôme universitaire et en travaillant à temps plein dans un centre de photocopies. Paumée moi?
J’ai été impliquée au conseil d’administration de la garderie de Filou. J’ai été du conseil d’établissement de l’école de Maxim. Il y a Karine qui, une fois par semaine, va aider le professeur de sa fille. Moi, je suis d’une génération qui délègue tout le temps tout à l'État, aux professeurs, aux garderies mes responsabilités de parents?
Vraiment, je ne me reconnais pas dans ce portrait. Ça doit être ça avoir un conflit de générations.

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