20 novembre 2008

Nous sommes moins seuls que nous pouvons le croire

C’est vraiment poche quand on y pense.
C’était là tout près. Mais mes yeux étaient fermés. Complètement bouchés. Je ne voyais rien. Du tout.
Même problème avec mes oreilles. Elles n’entendaient rien. Sweet nothing.
Je ne le savais pas. J’étais inculte dans ce domaine. Pourtant, c’était tout près. Tout juste à mes côtés.
Il y a tout d’abord eu le téléphone qui n’a pas dérougi pendant plusieurs jours. Tant à la maison que sur mon cellulaire.
Ma boîte de courriels qui a explosé. Postes Canada m’a octroyé une deuxième boîte postale tant la mienne était pleine.
On a tellement cogné sur la porte de ma maison qu’elle est renfoncée.
Puis, j’ai vu clair et j’ai entendu. Ma cornée a fait son boulot. Mes tympans également. Il était temps. J’aurais pu passer à côté de quelque chose de merveilleux. De fabuleux.
Et ça aurait été dommage. Vraiment dommage que je ne vois pas tout ce qu’il y avait autour de moi. Et qui est probablement aussi autour de vous.
Il y a eu Dany qui a tout plaqué pour s’occuper de mes loulous et ainsi me donner un petit répit. Il y a eu aussi Lalie qui s’est transformée en chauffeuse parce que je ne savais plus faire la différence entre l’embrayage, l’accélérateur et le frein. Maryse qui m’a fait un super souper parce que je ne voyais que le McDo comme solution aux casse-tête des repas qui revenaient beaucoup trop rapidement.
Je pense à Souzika qui a eu une patience d’ange en tentant de me trouver quelque chose à me mettre sur le dos pour les funérailles. Il y aussi eu Manon qui m’a fait un bon deal sur des vêtements.
Mélanie, Fanny et Stéphanie qui sont venues me voir pour m’offrir un shopping-o-thérapie. Ma cousine Karine, qui à 6000 km, a pensé à nous en nous envoyant le plus beau bouquet de soleils du monde. Patrick et Erik qui se sont tapé 300 kilomètres simplement pour me serrer dans leurs bras.
Mes collègues de travail qui nous enverront, mes filles et moi, passer une journée de dorlotage au spa. Mélissa qui a envoyé une cargaison de livres à mes poulettes.
Les profs qui ont fait livrer de magnifiques oursons en peluche à leurs petites élèves éprouvées. Mon patron qui a été d’un support incroyable. Mes parents qui ont toujours une épaule prête pour accueillir mes larmes.
Sandra qui appelle tous les jours pour prendre des nouvelles. Bert et Danielle qui partagent mon incompréhension. Nathalie qui comprend plus que personne le vide qui s’est installé en moi. Pis la patience d’ange de Mathieu.
Et il y a vous aussi. Vous êtes des dizaines à m’avoir écrit. Vous êtes des dizaines à m’avoir donné votre support. Vous êtes des dizaines à m’avoir dit que j’étais capable. Que j’étais forte.
Il a fallu qu’un drame se pointe sur ma route pour que je me rende compte à quel point je n’étais pas seule. C’est poche pareil quand on y pense.

13 novembre 2008

La vérité sort de la bouche des enfants

J’ai 32 ans et zéro expérience.
J’ai 32 ans et pas une goutte de savoir-faire dans ce domaine.
J’ai 32 ans et je dois admettre que je fais dur devant cette situation.
Pourtant, j’ai l’âge de raison depuis un bail. J’ai fait mes dents comme adulte. J’ai vécu mon lot d’expériences.
J’ai mon opinion sur plein de trucs. Je sais plein de choses. Je peux m’inviter dans n’importe quelle conversation et avoir quelque chose à dire.
Mais là je suis bouche-bée. Pour ne pas dire complètement bouchée. Je suis muette. Sciée. Incapable de dire un seul mot.
Ma langue refuse de se mettre en mouvement. Mes lèvres sont cousues. Mes cordes vocales sont parties en vacances.
Pire encore, mon cerveau ne fonctionne pas. Quelqu’un l’a mis à off et je ne retrouve pas la switch pour le repartir.
Je n’ai pas vécu de sommeil paradoxal depuis plus de deux semaines. J’ai épuisé mes réserves de cache-cernes. J’ai le nez tout rouge en raison de l’utilisation abusive de mouchoirs.
Je tremble. J’ai la gorge serrée. J’ai le cœur pris dans un étau. J’ai froid. Je flotte dans mes jeans.
Je pense tout le temps. Il y a 100 questions à la minute que je me pose. Je me réveille la nuit et je me demande ci. Je me couche le soir et je me demande ça. Je me lève le matin et je me demande encore ci. Je suis un jeu questionnaire ambulant. Malheureusement, aucun choix de réponse.
Rien. Niet. Nada.
Je vis un deuil. Un vrai. Un solide. Un qui vous envoie sur la planète mystère et boule de gomme. Un qui vous empêche de fonctionner normalement. Un qui vous colle au derrière. Un qui ne va jamais prendre son Bovril question de vous laisser deux minutes de répit.
Il est là, tout le temps. A déménagé dans ma tête, dans mon cœur, dans ma gorge. Il vit dans la poche arrière de mon jean trop grand désormais. Il est dans mon lit, sur mon écran d’ordinateur. Partout où je pose les yeux, il est là. Pas moyen de m’en défaire.
« Mais les enfants Geneviève, comment vont les enfants? »
Filou joue avec Lili Bunny. Elle lui raconte des histoires abracadabrantes. Ma puce rit aux éclats en voyant sa petite lapine réintégrer sa cage parce qu’elle est effrayée par le chien. « Regarde maman, Gucci a fait peur à Lili! »
Maxim jase sur MSN avec ses amies. En même temps, elle se construit un blogue où elle parle de tendances vestimentaires de la saison et de ses groupes de musique préférés. Il y a Louis-José Houde à la télé. Je l’entends rire de ses idioties.
« Maman, est-ce que le souper est bientôt prêt? J’ai super faim! » qu’elle me crie. Filou l’a rejointe dans sa requête. « Oh moi aussi j’ai faim maman. Est-ce qu’on peut manger du spaghetti? »
Je les regarde de la tête aux pieds. Je les examine sous toutes leurs coutures. Pas de perte de poids. Pas de rougeurs au nez. Pas de yeux remplis d’eau salée.
Ce que je vois? Des yeux pétillants. Des joues roses. Des sourires éclatants. Des dos droits.
Une envie de profiter de la vie. Une grande volonté de regarder vers demain. Un désir de ne pas se laisser abattre.
À sept et dix ans, mes puces ont compris que ça ne servait à rien d’arrêter de vivre. Que des oreillers mouillés de larmes, ça ne ramenait pas un papa. Que d’arrêter de rire n’allait pas leur permettre de serrer leur père à nouveau dans leurs bras. Que même s’il ne pourra plus jamais signer les dictées de Maxim, il sera toujours fier des résultats de sa gringalette hawaïenne. Que même s’il ne pourra plus aider Filou à lacer ses chaussures, il sera toujours de bons conseils pour sa crapounette.
À sept et dix ans, mes puces ont compris des choses que je n’avais pas comprises encore à 32…

04 novembre 2008

Le paradis des papas

Dans notre cour d’école, Annie nous intriguait. C’est que la copine n’avait plus de papa. Il était au paradis. Pour nous, c’était un concept bien abstrait, la plupart d’entre nous n’avions jamais côtoyé la mort de près.
Pour nous, l’absence d’une figure paternelle signifiait, sans aucun doute, qu’Annie pleurait tous les soirs, qu’elle parlait aux étoiles, que tous ses Noëls et tous ses anniversaires étaient fêtés entre larmes et tristesse.
Pourtant, Annie était tout sauf triste. Elle affichait sourire et joie de vivre. Mais c’était impensable pour nous que notre amie soit heureuse sans papa qui soupait avec elle chaque soir.
Quand j’allais jouer chez elle, je me sentais toujours étrange. J’avais toujours peur de surprendre sa mère en pleine crise de larmes dans sa chambre à coucher ou encore au désespoir alors qu’elle coupait les carottes du souper. Parce que pour moi, un papa en moins dans une maisonnée signifiait malheur à jamais, désespoir, problème à l’adolescence, crise d’identité, et quoi encore?
Je suis restée longtemps avec cette impression. Avec ces peurs. Ces craintes. Hantise que ça arrive chez moi.
Malheureusement, la petite Annie de mon école primaire est devenue Maxim et Félixe.
Mardi dernier, le papa de mes poulettes s’est envolé vers le paradis des papas. Une virulente pneumonie a emporté Ian dans l’au-delà sans que lui-même ne s’en rende compte.
En quatre jours, mes filles ont plus grandi que n’importe quel autre enfant en quatre ans. En quatre jours, elles ont appris la signification de mots difficiles comme: soins intensifs, saturation, choc sceptique, pression artérielle… En quatre jours, elles sont passées de l’espoir au désespoir. En quatre jours, elles ont appris que la vie ne tenait qu’à un fil, un si petit fil.
À compter du mois prochain, mes cocottes empocheront une prestation d’orpheline. À partir de la semaine prochaine, mes poulettes devront s’habituer à ne pas aller passer le week-end chez papa. Dès maintenant, mes puces devront conjuguer leur père à l’imparfait et au passé composé. Demain, mes filles ne verront leur père qu’en photo…
Probablement que dimanche, ç’a été le pire jour de la courte vie de Maxim et Félixe. Dimanche, elles ont réalisé que papa n’appellerait plus pour souhaiter bonne nuit. Dimanche, elles ont dû dire au revoir à l’une des deux personnes qui leur est le plus chère.
Frustration, sentiment d’injustice, impuissance, tristesse, peur, colère, questionnements se bousculent dans ma tête depuis ce jour où le téléphone a sonné. Un simple coup de fil qui a changé de nombreuses vies à jamais.
Quels seront les impacts? Seront-elles les petites filles éplorées comme j’imaginais Annie? Riront-elles à nouveau? Couleront-elles leur année scolaire? Passeront-elles leurs nuits à sangloter dans leur oreiller? Comment se sortiront-elles de cette terrible épreuve?
Dites-moi. Rassurez-moi.
Je veux que la vie soit douce avec mes poulettes. Je veux tellement le meilleur pour elle alors que le pire leur est arrivé.
Alors Ian, de ton nouveau chez-toi, au paradis des papas, veille sur ta vieille crapule et sur ta crapounette. Elles en auront bien besoin. Mes câlins, mon amour et mes sourires ne suffiront probablement pas.P.-S. Merci de m’avoir donné ce que j’ai de plus beau dans ma vie. Pour toujours, je t’en serai reconnaissante.

23 octobre 2008

Plus vert chez le voisin

Ça m’angoissait un brin de voir débarquer une Française entre les quatre murs de mon bureau. Parce qu’Anne a gagné un stage de deux semaines dans notre hebdo. Bon, égoïstement je dirais qu’une paire de bras de plus pour faire le journal, ce n’est jamais de refus. Mais au-delà du boulot qu’elle accomplira, il faudra bien l’occuper les soirs venus. Il n’était quand même pas question de lui faire écouter Virginie et de la mettre au lit à l’heure où elle soupe habituellement.
J’étais un brin gênée lorsque je pensais aux trucs touristiques sherbrookois. Parce que si on compare la Tour Eiffel au cénotaphe de la côte King, il y a de quoi regarder ses souliers. Que même si nous en sommes fiers, le Musée de la nature et des sciences est loin d’être aussi impressionnant que le Louvre. Que même si elle est très belle, la cathédrale Saint-Michel émeut un peu moins que Notre-Dame de Paris. Le Carrefour de l’Estrie fait bien mon affaire pour mes emplettes, mais que dire des Galeries Lafayette?
Je me voyais mal lui faire faire le tour du cimetière Saint-Michel alors que celui du Père-Lachaise est si bouleversant. Comment trouverait-elle une balade en kayak sur la Magog alors qu’une randonnée en bateau-mouche sur la Seine peut être tellement romantique?
Ici, il n’y a pas de Versailles, d’Arc de Triomphe, de Champs Élysée. Pas de repères d’artistes comme à Montmartre. Pas d’arrêts obligatoires comme le Moulin Rouge, le Mont Saint-Michel, les catacombes.
Intimidant de la nourrir aussi. Si la France ne possédait qu’une seule qualité, ce serait bien sa gastronomie si riche. Comment nos restos pourront rivaliser contre les Maxim’s, Pierre Gagnaire, Le Meurice? Comment réagira-t-elle devant notre pâté chinois, notre macaroni et notre tourtière?
Inquiète, angoissée, je l’étais. Deux semaines, ça peut être tellement long. J’ai donc fait l’autruche et je me suis caché la tête dans le sable. Si elle avait voulu venir ici, tant pis pour elle.
Le premier soir, on lui a fait connaître nos deux sports nationaux : le hockey et le lever du coude. Direction Cage aux sports où nous étions une dizaine à explique à Anne les rudiments du hockey et l’importance de la bière dans de telles soirées. Du coup, elle s’est acheté un chandail du Canadien et a demandé à plusieurs reprises quand était le prochain match.
Le lendemain, elle a goûté aux couleurs flamboyantes de l’automne à Orford. Depuis, je crois qu’elle a aimé parce qu’elle en parle tous les jours. Et elle compte fait agrandir plusieurs photos en 16 X 20 pour décorer tous les murs de son appart.
C’est avec appétit qu’elle a découvert la poutine, les hot dog steamés et la Root Beer du Louis. C’est avec grand intérêt qu’elle a lunché à la Taverne Alexandre où elle s’est tapé un smoked meat et une paire de sept. Elle songe d’ailleurs à ouvrir une franchise de Louis dans son patelin…
La tournée des murales l’a grandement impressionnée. Elle s’est même fait photographier aux côtés de Garou!
Il n’était quand même pas question de la laisser partir sans lui faire découvrir le centre-ville. On a commencé par la gaver de délicieux chocolats de chez Choco-là. On lui a fait découvrir nos artistes locaux à la Corporation des métiers d’arts. On s’est promenés rue Wellington et ses yeux ne savaient plus trop où regarder.
On l’a initiée à la folie du foot universitaire. À un souper à la brasserie. À une virée dans les bars. On l’a fait marcher sur la promenade du Lac-des-Nations. On l’a instruite sur l’histoire de la Paton, sur nos avancées environnementales, nos potins sherbrookois.
Et là, on manque de temps. La copine repart demain et nous avons manqué le 5 à 7 au Caffu, un lunch chez Auguste, un après-midi aux pommes, une randonnée au bois Beckett, au mont Bellevue…
Dis Anne, tu reviens quand?

Nostalgique marmite

Certains sont tombés dans une marmite remplie de hockey quand ils étaient petits. Les week-ends, ils les passaient à geler l’aréna à tenter de ne pas tomber en bas de leurs petites lames. Pour d’autres, leur chaudron d’Obélix était rempli de soccer, de cours de piano, de religion peut-être.
La mienne? Plein à ras bord de politique. Me suis intéressée très tôt à nos leaders gouvernementaux. Pas le choix, avec une mère adjointe de député, un père directeur de campagne électorale, une ex-belle-mère candidate au provincial, un ami attaché politique, des grands-parents bénévoles aux élections, une tante et un oncle employés d’Élections Canada. J’arrête, la liste pourrait être longue et vous avez le souper à préparer. J’abrège donc.
Me suis donc impliquée et impliquée encore dans de multiples campagnes électorales. J’ai été la fatigante qui appelait le soir chez vous pour savoir pour qui vous voterez. J’ai tenté de ne pas me péter la gueule en posant des pancartes sur les poteaux de téléphone. J’ai rempli les pages de l’agenda d’un candidat de poignées de mains et de débats animés. J’ai fait du porte à porte avec un autre. J’ai distribué des dépliants à des automobilistes au coin d’une rue. J’ai entré des données sur un ordi. Bref, vous saisissez.
Ce n’était pas tant la cause que le trip de travailler ensemble dans un même but qui m’animait. L’idée de se sentir dans la gang. De se retrouver ensemble et d’espérer avoir fait le maximum pour voir notre candidat arriver premier au fil d’arrivée.
On a, quelques fois, pleuré de déception. Souvent, on a crié notre joie de voir l’un des notres prendre le chemin du gouvernement. Mais peu importe l’issue du vote, nous avions tissé des liens solides, forts. Passer 35 jours ensemble, de 8h le matin à très tard le soir, ça soude une équipe. Rien de mieux qu’une campagne électorale pour se magasiner des amis.
Depuis que je gagne ma vie en écrivant dans un journal, j’ai dû laisser tomber ce pan de ma vie, impartialité journalistique oblige.
Ce matin, avec toute la fébrilité entourant l’élection d’aujourd’hui, me suis sentie nostalgique. J’aurai eu le goût d’aller prêter main forte à une équipe. Peu importe laquelle. Juste pour le fun de vivre un jour J à nouveau.
J’ai prétexté le sujet d’une chronique pour me pointer dans un local électoral. Moi qui avais toujours vu tout de l’intérieur, je regardais ces abeilles bosser dans cette ruche avec détachement. Et j’étais béate d’admiration.
Ils étaient une vingtaine. En plus d’une dizaine de chauffeurs qui offraient du transport aux électeurs, des téléphonistes répartis dans les huit maisons différentes, des releveurs de liste, des conseillers juridiques, des préposés à l’informatique, etc. Ils sont 175 en tout sur le terrain aujourd’hui.
Ce sont 175 personnes qui auront skippé l’école, auront pris off du bureau, auront sacrifié une journée de congé pour bosser bénévolement pour ce candidat. « Faut y croire en maudit! », me disait le grand patron de cette équipe. Impressionnant non?
La dernière nuit a été difficile pour plusieurs. « J’étais un peu nerveuse, alors j’ai pris quelque chose pour dormir. Je n’arrivais pas à fermer l’œil », me racontait la dame de l’accueil en riant. Mais il était hors de question pour elle d’être ailleurs qu’ici aujourd’hui. « Je suis ici par conviction. Pour gagner. Nous sommes une belle gang. Tout le monde est de bonne humeur. C’est quelque chose que de travailler pour une campagne électorale! »
Et ils reviennent. La politique, c’est une drogue. L’exemple de ce monsieur est éloquent : « Depuis 1970, je n’ai pas raté une seule élection ou référendum tant au fédéral, au provincial et au municipal… »
Malgré tout ce boulot abattu, ils seront quatre équipes ce soir à retourner à la maison le cœur gros parce que la population aura décidé que leur candidat n’était pas le bon.
Mais ils n’auront pas perdu leurs élections. Ils auront gagné des amis pour la vie.

Moi je le sais. Pas toi.

« Moi je le sais. Pas toi. »
On pourrait facilement croire que cette phrase provient tout droit du fond d’une cour de récré d’école primaire de votre quartier. Que c’est une petite fille de huit ans qui cherche à mettre le trouble dans sa relation d’amitié avec sa copine. Ou que c’est plutôt ce pense-bon qui se vante à tout le monde qu’il connaît le nom de toutes les constellations de l’univers.
Pourtant, ce n’était nullement le cas.
Cette conversation a eu lieu dans un bar du centre-ville où la moyenne d’âge dépasse les 40 ans. Où la quantité de têtes blanches présentes fait penser que les discussions sont plus approfondies et intéressantes que ce qu’on peut trouver sur un terrain de ballon prisonnier.
C’est Marie-Claude qui m’a garoché ça. De même. Sans avoir rien demandé.
Je n’avais rien vu venir. On jasait de la pluie pis du beau temps. De son nouveau copain. Du fait qu’elle soit capable de monter le mont Orford en courant en moins de 30 minutes. Vous voyez le genre de banalités?
« Mais comment tu fais Marie pour réussir à tout concilier? On a à peu près le même beat de travail, on est toutes les deux monoparentales, veux-tu bien me dire où tu trouves le temps pour t’entraîner de la sorte? »
Elle est partie à rire. Pis elle me lance : « J’ai la sclérose en plaques Gen. On m’a diagnostiquée l’été dernier. »
J’ai pris le temps de ramasser mes dents par terre. De raccrocher ma mâchoire. De remettre mes esprits en place. De boire une grande gorgée de bière. Tout ça dans le but évident de trouver quelque chose d’intelligent à lui répondre.
Marie-Claude a probablement senti ma détresse. « Je suis nulle pour le dire, mais je pense qu’il n’y a pas de bonne façon d’apprendre ma maladie de toute façon. »
Ouais elle n’a pas tort. Je suis toujours sous le choc. Les yeux plein d’eau. La tête pleine d’images. La grand-mère de mes filles a la sclérose en plaques. Je sais c’est quoi cette foutue maladie. Je sais ce qu’elle fait. Ce qu’elle détruit. On la pense nonchalante, elle traîne en longueur puis un moment donné, la main droite ne ferme plus, le pied gauche n’avance plus, la vision baisse, les intestins cessent de coopérer.
Pas possible que Marie-Claude ait les mots sclérose en plaques inscrits à son dossier médical. Pétillante, pleine de vie, toujours un immense sourire dans le visage, remplie de mille et un projets, impossible pour moi d’imaginer la copine dans son fauteuil roulant écoutant les Feux de l’amour en boucle.
« Arrête de t’en faire Gen, me dit-elle. Ça va. J’ai accepté ma maladie. Et ça fait que moi je le sais et pas toi. »
Hein?
« Oui, moi quand je vais courir au mont Orford, je sais que je suis chanceuse de pouvoir le faire. Quand je serre ma fille dans mes bras, j’en profite parce que peut-être qu’un jour je ne serai plus capable de le faire. Toi, quand tu te lèves le matin, qu’il fasse soleil ou non, que tu sois en forme ou non, tu t’en fiches, parce que tu ne sais pas ce qui peut t’arriver. Moi je le sais. Je le sais que je dois profiter de chaque petit instant qui passe. De chaque petite chose que je suis capable de faire. »
En moins de deux minutes, la copine aura éjecté à nouveau mes dents de mon dentier. Aura encore décroché ma mâchoire. Et je n’aurai jamais bu un 20 onces de bière aussi rapidement.
Mais jamais une blonde n’aura eu si bon goût.

Le double standard des parents

Lu sur un forum internet : « Thomas a six ans. Il est en première année dans une classe-cycle (1re-2e année). Il est entré en maternelle en sachant lire. Après évaluation par l’orthopédagogue de l’école, on a appris que Thomas est de niveau de 2e année et a même des acquis de 3e. Depuis le début de l’année, il chiale parce que ses devoirs sont trop faciles. Quand il termine ses leçons, il prend des feuilles et ne cesse d’écrire des mots. En fait, c’est son jeu préféré. Hier, il s’est même endormi avec… le Bescherelle!
« Dans un sens, c’est vrai, c’est merveilleux… mais je fais quoi avec ça? Je n’ose pas le stopper, en même temps, il va tellement vite. Peut-il aller trop vite? Je me sens coincée. J’ai peur qu’il finisse par s’ennuyer.
« Je termine en disant que j’ai beaucoup hésité avant d’écrire ce message… On a souvent l’impression que c’est mal vu de se questionner quand on a un enfant qui a de la facilité en classe. Par contre, lorsque l’on parle d’une situation contraire, c’est bien accueilli. On nous inonde de conseils. Mais je pense que mon questionnement concernant mon aîné est tout aussi valable. »
C’est la dernière partie de son message qui m’a touchée. Lorsqu’on a une poulette qui a un déficit d’attention, une hyperactivité, une maladie quelconque, un retard en lecture, une déficience au ballon prisonnier, peu importe, on l’écoute avec intérêt. On cherche des solutions. On donne notre appui aux parents.
Pourquoi faut-il cacher les succès de nos enfants? Pourquoi faut-il taire les 100 % que notre héritier cumule sur son bulletin? Pourquoi est-il mal vu de dire que notre enfant réussit à l’école?
Pis pourquoi a-t-on peur de pousser nos loulous lorsqu’il est question de compétences scolaires? Si Maxim avait démontré un certain talent en patin artistique, on ne l’aurait pas laissée moisir parmi ceux qui excellent moins. Elle aurait gravi les niveaux, se serait entraînée tous les matins avant d’aller à l’école, aurait participé à de nombreuses compétitions, aurait eu des articles à son sujet dans les journaux. On l’aurait poussée au cas où elle serait la prochaine championne olympique.
Pourquoi hésite-t-on à pousser nos enfants qui démontrent un intérêt prononcé pour la grammaire, les formules algébriques ou le système solaire? Pourquoi pense-t-on qu’ils s’ennuieront à l’école s’ils se trouvent en avance sur leurs camarades? N’y a-t-il pas une place pour ces enfants dans nos classes?
Je n’ai pas vraiment de réponses à offrir à cette copine d’internet. Pas de recettes toutes faites pour répondre à ses questions. Mais j’ai surtout envie de lui dire de ne pas être gênée de son fils. D’en être fière. Peut-être a-t-elle un Wayne Gretzky de la dictée entre ses mains. Ou est-ce le futur Bernard Pivot ou encore un Michel Tremblay qu’elle cajole chaque soir. Peu importe comment il gagnera sa vie plus tard, une chose est certaine, c’est son fils et pour aucune raison au monde elle ne doit cacher cette fierté.

19 septembre 2008

L'art de se compliquer la vie selon Geneviève

Tout était en place pour une petite soirée parfaite comme je les aime.
Un petit souper simple : un bon pain de viande maison (du M&M), des légumes du jardin (surgelés) et une purée de pommes de terre (Sherriff). Je m’étais même gâtée avec une petite coupe de vin que je méritais bien avec la tonne de boulot que j’avais abattu dans la journée.
Il y avait le dernier Carole Facal qui jouait en arrière-plan. Les filles ne s’étaient pas encore chicané (note à moi-même : penser à contacter le Livre des records Guinness. Je dois pouvoir faire inscrire cet exploit). Rien ne traînait dans le salon, sur le comptoir, ni même par terre. Le bonheur.
Alors je soupe avec mes cocottes. On parle de tout, de rien. Du nouveau prof de Filou, de celui de Max, de mon retour au travail.
Parfait comme soirée, je vous dis.
Je n’avais rien vu venir et pourtant, tout à coup, la question que toute maman redoute a fusé sans même cogner à la porte.
« Maman, explique-moi comment les bébés font pour entrer et sortir du ventre des mamans. Est-ce qu’on fait ça par le nombril? Parce que j’ai regardé ça et je ne comprends pas comment ça se fait », me demande Filou complètement dépassée par tant de questionnements.
Non, mais ai-je demandé à être ici ce soir? Qu’est-ce qui m’a pris un jour de vouloir être mère?
Après avoir réglé mon problème d’étouffements et de bouffée de chaleur soudaine, j’ai tenté de recouvrer mes esprits et cherché une réponse sensée à donner à ma puce en quête de savoir existentiel.
« Euh… (une minute passe). Ben… (une autre minute passe…) Tu sais loulou… (deux autres minutes s’égrainent…) »
Ma puce s’impatiente devant tant de non-réponse de celle qui est supposée tout savoir, et me coupe la parole (chose assez facile à faire compte tenu que je ne parle à peu près pas). « Mais maman, t’en as eu deux bébés, tu dois bien savoir comment ça fonctionne! Moi, tu as fait comment pour me rentrer dans ton ventre? »
Si c’était si simple. On va au magasin, on choisit le modèle qui nous convient, on ouvre la porte de notre utérus pis on attend neuf mois avant de rouvrir cette même porte et de ressortir un beau bébé tout joufflu.
Je prends une grande respiration (qui sert plus à chercher une réponse adéquate à donner à ma fille de sept ans qu’à me fournir en oxygène). « Tu sais ma pitoune, c’est un peu compliqué faire un bébé. (Vous dire que je m’en veux à mort de ne pas avoir acheté Le grand livre de la sexualité lors de ma dernière virée à la librairie est un euphémisme.) Il faut un papa et une maman qui s’aiment très fort… »
« Oui, ça je le sais. C’est papa qui est allé me porter dans ton ventre? J’étais petite comment quand papa est allée me porter dans ton ventre? Est-ce que ça t’a fait mal? Est-ce qu’il a été obligé de couper ton ventre avec un couteau? », me demande-t-elle le plus sérieusement du monde.
Ça se complique un peu mon affaire. Je cherche un moyen de m’en sortir. La vaisselle? Le lavage? Un soudain téléphone urgent à faire? Il me semble que mon frigo aurait besoin d’un bon ménage.
C’est Maxim qui m’a sorti du pétrin. Pas d’une façon aussi sympathique que j’aurais souhaité, mais c’est l’intention qui compte.
« Oh maman, déniaise! Filou, pour faire un bébé, il faut que le papa aille porter une petite graine avec son pénis dans le vagin de maman. La petite graine va grandir pis dans plusieurs mois, un bébé va sortir par la même place qu’il est rentré. On va tu jouer dehors maintenant? »
Ma puce, satisfaite de l’explication de sa grande sœur, l’a suivie sans poser d’autres questions.
Ouin. Je pense à écrire un livre : L’art de se compliquer la vie selon Geneviève.

16 septembre 2008

Le rechargeur de maman

J’ai la tête pleine d’images. La carte mémoire est bourrée. Les albums photos débordent.
Même si je le voulais très très fort, j’ai été incapable de trouver une place pour caser toutes ces choses que j’ai vues, goûtées, entendues, touchées au cours des quatre dernières semaines.
Il y a l’immensité du Grand Canyon qui occupe une large part de mes souvenirs de voyage. Toutes ces couleurs magnifiques défient l’imagination. C’est parfois d’un jaune serin que le calcaire, et les années, ont fait prendre à ces parois rocheuses. D’autres fois, c’est d’un rouge éclatant. Le vert du lac Powell, dû à la présence d’algues au fond rappellent les mers des Bermudes.
Mais j’ai tout de même manqué le rose sur les joues de Filou au retour de sa première journée d’école. J’ai raté l’étincelle dans le vert des yeux de Maxim quand elle est partie voir Simple Plan au Centre Bell samedi dernier.
J’ai plongé dans un nouveau monde. Je suis sortie de ma zone de confort. J’ai élargi mes horizons. J’ai avalé une tête de crevette (avec les yeux et les antennes svp). J’ai mangé de l’oursin. Du snapper. Du Yellowtail.
Mais j’ai raté ce simple pâté chinois arrosé de Ketchup que j’aurais partagé avec mes poulettes dans le rush du soir entre les devoirs et le bain. Ce filet mignon en tête à tête avec mon amoureux. Ce rôti de porc lors du souper familial dimanche dernier.
J’ai assisté en direct à une touchante demande en mariage sur Rodeo Drive. J’ai marché sur la plus que parfaite Wisteria Lane entre les maisons de Bree Van de Kamp, Linette Scavo, Susan Mayer et de Gabrielle Solis. J’ai fait du tandem entre deux rues des plus pentues de San Francisco.
Mais je n’ai pas préparé de lunchs pour mes héritières. Je n’ai pas aidé Filou à décortiquer ses premiers devoirs de l’année. J’ai passé droit devant les émotions que peut apporter un retour à l’école pour ma grande.
J’ai été charmée par une danse traditionnelle offerte par des Mexicains en plein cœur de Los Angeles. Je me suis laissée bercer par la douce musique d’un erhù qu’un Chinois faisait chanter dans le Chinetown de San Francisco. Le vacarme incessant des machines à sous de Las Vegas retentit encore dans mes oreilles…
Mais pas un son du violon de Max. Pas une note du violoncelle de Filou. Pas de touches de piano enfoncées par ces petites mains si délicates.
Mes pieds ont gelé dans le Pacifique. Les 41 degrés qu’affichaient les thermomètres de San Diego m’ont fait suer un brin. Ma petite laine était nécessaire lorsque le soleil se couchait sur la baie de San Francisco.
Mais je n’ai pas eu à convaincre Maxim de laisser tomber les sandales. Je n’ai pas réchauffé Filou quand elle sortait du bain. Je n’ai pas eu chaud quand elle est tombée de sa bicyclette.
Une balade avec les Simpson m’a donné mal au cœur à Universal Studios. Un 5 à 7 plutôt bien arrosé m’a donné un foutu mal de tête. Les coups de soleil que m’a laissé le soleil de la Californie a fait des ravages sur ma peau.
Je n’ai pas amené Filou chez le dentiste pour la soulager de cette dent qui la faisait souffrir. Mon épaule n’était pas disponible pour le cœur brisé de Dominique. Mes bras étaient très loin pour faire des câlins à ceux qui étaient restés ici.
C’est certain que mes pitounes, mon amoureux, mes sœurs, mes copines m’ont manqué terriblement. Qu’à chaque moment de mon absence, j’aurais souhaité plus que tout au monde d’être avec eux.
Mais, les mamans, les amoureuses, les sœurs, les amies, c’est comme autre chose. Un jour ou l’autre, les piles tombent à plat. Et pour éviter qu’elles ne soient plus bonnes à rien, vaut mieux les foutre sur le chargeur.

11 août 2008

Le bain, ce remède si puissant

Depuis que je suis toute petite, ma mère a toujours la solution à tout.
« Maman, j’ai mal à la tête. »
« Vas prendre un bon bain chaud ma cocotte. Ça va passer. »
Sans rechigner, je filais dans le bain, faisant ainsi une pierre deux coups : je guérissais ma migraine et j’en épargnais une à ma maman.
« Snif… Maman… Resnif, Annie m’a appelée Geneviève Prouuuuutttt aujourd’hui. Bou hou hou… »
« Pauvre pitoune… viens, je vais te faire couler un bon bain chaud. Ça va te faire le plus grand bien. »
Ma peine s’apaisait effectivement dans le bain. Point positif, je profitais de ce moment pour ébaucher des plans machiavéliques pour faire ravaler à Annie toutes les sottises qu’elle disait à mon propos.
« Mom, je ne l’ai pas pantoute. Je vais pocher mon examen de maths demain. Je ne comprends rien. Pis si je poche, je vais pocher mon étape. Pis si je poche mon étape, ben je vais pocher mon année itou, pis j’aurai pas mes maths 536, pis ça va être full poche mom. »
« Tu es trop stressée ma grande. Vas dans le bain. Ça va te relaxer et tu verras, demain tout ira bien avec tes formules. N’oublie pas de mettre de l’huile de lavande, ça va aider à ta détente.»
Même si à cette époque, je trouvais ma mère full poche, j’y allais quand même. Qu’avais-je à perdre? Pour me calmer, ça me calmait. Mais de là à dire que je pétais des scores avec les cosinus, il y a toute une marge.
« Ahhhh! Maman! Je ne suis pas capable de dormir. J’ai trop hâte d’arriver à Paris. J’ai hâte de voir ma cousine. J’ai hâte de prendre l’avion. J’ai hâte de voir la Tour Eiffel. J’ai hâte de boire du vin. »
« Fais-toi couler un bain. Ça va te détendre et tu vas t’endormir dans le temps de le dire. Tu dois être en forme. Tu as une grosse journée demain. »
Vingt minutes plus tard, je ronflais sur l’oreiller et j’étais en super forme pour traverser l’Atlantique.
« Maman, j’ai des méchantes contractions aux dix minutes depuis une heure, mais je ne sais pas si c’est du vrai travail. Elles font mal quand même. Je ne sais pas trop si je dois appeler ma sage-femme.»
« Vas dans le bain. Tu verras. Si ça arrête, c’est que c’est du faux travail. De toute façon, ça va te faire le plus grand bien de te reposer un peu avant la naissance. »
Comme une petite fille, j’écoutais ma maman. Je me doutais bien qu’elle aurait raison. Elle n’avait jamais tort quand il était question de la baignoire. Les contractions n’ont pas passé. Félixe est née cinq heures plus tard… dans le bain du Centre de maternité de l’Estrie.
Pis là, j’ai le «rhube». Mon nez coule. Mes yeux aussi. Je panique devant l’immensité du boulot que j’ai à abattre avant de partir avec mes poules en vacances lundi prochain. J’ai même pas besoin d’appeler ma mère pour lui partager mon anxiété. Je sais quoi faire pour atténuer mes angoisses.
Si vous me cherchez au cours des quatre prochaines semaines, prenez un bain. Ça devrait vous aider à alléger votre inquiétude.

Mon truc météo

Ces jours-ci, s’il y a bien une job que je ne voudrais pas faire, c’est celle de météorologue. Quoique celle de miss météo ne doit pas être cool non plus. Il leur faut un moral d’acier et une colonne de fer pour annoncer de la pluie encore et encore à un peuple fana de météo qui n’espère que voir du soleil dans les prévisions.
Faudrait leur demander s’ils aiment leur boulot ces jours-ci. J’ai déjà entendu dire que Colette se fait régulièrement apostropher dans la rue pour se faire enguirlander sur ce qu’elle annonce au bulletin de nouvelles, comme si c’était elle qui décidait du nombre de millimètres de pluie qu’il tombera lors des prochains jours.
Il ne faudrait donc pas se surprendre qu’un moment donné, un fru fatigué de chanter « Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille » ait commis un acte violent envers un de ces spécialistes des prévisions météo.
Sais pas s’il existe des congrès de météorologues, mais je crois qu’il serait pertinent de mettre un atelier à l’agenda sur les effets psychologiques des petits nuages gorgés de pluie sur le moral des présentateurs météo. Il ne faudrait pas attendre qu’il y ait une hausse marquée du nombre de suicides dans la profession pour bouger. Soyez proactifs!
Contente tout de même de ne pas avoir passé mes années universitaires dans une fac de météorologie. Parce que travailler dans un domaine où l’on se plante une fois sur deux (si ce n’est pas deux fois sur trois…) doit amener un lot important de frustrations et de déprime. Je serais très curieuse de connaître le nombre de prescriptions de Prozac qui circulent parmi eux.
Et vous, vous l’aimez votre boulot? Quand vous punchez in le matin, c’est fait avec sourire et entrain? Comptez-vous les minutes qui vous séparent du retour vers la maison? Votre travail, vous l’avez choisi avec cœur et passion ou bien la vie vous y a mené? Vous le faites pour la paye ou pour ce que ça vous apporte psychologiquement?
Si on vous retournait en arrière, referiez-vous les mêmes choix? Seriez-vous plus sérieux dans vos études? Tenteriez-vous de vous lancer dans une carrière qui semble étrange aux yeux des autres et dont les débouchés sont quasi nuls?
Quand j’étais petite, je rêvais de devenir première ministre du Canada, rien de moins. Au fil des années, mes aspirations ont changé. J’ai troqué le Parlement pour une craie à tableau. Je voulais devenir alors professeur. Je me voyais enseigner l’histoire. Tellement que j’en ai fait un baccalauréat.
La vie s’est chargée de m’amener ailleurs. Ai-je des regrets? Pense pas. Par moment, surtout quand je vois le beau Dr Shepherd dans Grey’s Anatomy, je me surprends à m’imaginer bosser en chirurgie dans un hôpital. Passer mes journées à sauver des vies et à côtoyer de séduisants doc, ça me plairait bien. (Ne m’enlevez pas mes illusions svp.)
Parfois, je pense à ce que serait ma vie professionnelle si j’avais choisi les chiffres plutôt que les lettres. Mon compte de banque ne flirterait probablement pas avec le rouge, ce qui serait un très bon avantage selon mon comptable actuel…
Travailler dans un centre anti-terroriste pourrait me faire du bien à l’égo. Je suis certaine que je ferais une très bonne Jack Bauer (24). Sauver le monde des attaques terroristes ferait de moi une super-héros dont le travail serait reconnu à travers le monde. Avoir l’impression que nos actions ont une influence et qu’elles amènent un sentiment de sécurité à la population, ça doit être formidable.
Quand je suis fatiguée, je me dis qu’un job d’usine ferait bien mon affaire. Emballer des draps ou assembler des roues de motoneige, le genre d’emploi parfait pour mettre mon cerveau à off. Passer huit heures par jour à effectuer les mêmes confortables mouvements qui me permettraient de rêver à mes prochaines vacances, d’analyser la situation de la baleine bleue en Antarctique ou de repenser tranquillement au souper d’hier soir.
Mais c’est drôle, je ne pense jamais à faire des cours du soir en météorologie. Pas du tout. Je ne veux pas porter sur mes épaules toute la mauvaise humeur des Québécois. Je laisse ça à d’autres.

30 juillet 2008

Une histoire de confiance

C’est une histoire de confiance.
Pas grand-chose d’autre à expliquer ou à analyser.
De la confiance, c’est tout. Rien de plus.
Le week-end dernier, j’ai amené mes poules faire de l’équitation. Depuis longtemps, j’avais cette envie de surmonter ma crainte, pour ne pas dire ma peur bleue, des chevaux. Il était hors de question de transmettre cette frayeur à mes puces.
Alors, c’est armées de tout notre courage que nous nous sommes pointées à l’écurie. Dès notre arrivée, Filou est immédiatement attirée vers l’un des 16 chevaux de l’endroit. Elle le flatte et lui parle. Elle a même l’idée de lui donner de la paille à manger. Le proprio lui donne une brosse et elle s’active agilement sur le flan de Ayla.
Moi? Je suis encore dehors. Je regarde de loin. Je fais un sourire timide à Filou. « Pourquoi restes-tu dehors maman? » « Des allergies cocotte », que je lui sers comme excuse…
Il faut que je me parle. Très fort. J’ai envie d’aller la chercher et de l’amener près de moi. J’ai l’impression qu’elle n’est pas en sécurité à côté de cette grosse bête et que je fais défaut à mes responsabilités de mère. Avec ses 32 livres lorsqu’elle est mouillée, ma fille pourrait être réduire en miettes par Ayla dans le temps de le dire. Les pires scénarios défilent dans ma tête. « Tu fais attention hein loulou? », lui ai-je dit d’une voix pas très rassurée.
Elle trippe la cocotte. Elle rigole. Elle écoute avec une attention déconcertante les directives de Guylaine, la compagne du propriétaire de l’endroit, sur la façon de brosser le cheval. Elle l’aide à attacher les sangles de la selle. À s’assurer que tout est ordre pour notre initiation à l’équitation. Filou s’était fait un nouvel ami.
Mais le pire est arrivé quand elle est montée sur le dos d’Ayla. « Es-tu correcte cocotte? » En lui posant la question, je regarde Guylaine avec des yeux paniqués qui disent : « Arrange-toi pour que rien ne lui arrive… »
À plusieurs reprises, je voudrais courir vers ma fille pour la descendre du cheval et me sauver dans un endroit où notre sécurité ne serait pas compromise. J’imagine la bête partir au galop, catapultant du même coup ma petite cavalière par terre. J’ai peur qu’elle fasse un faux mouvement et qu’elle se coince les pieds dans les étriers. Je vous dis, une vraie folle.
Le proprio commence à lui expliquer comment conduire son cheval. « L’important, c’est de démontrer à Ayla que c’est toi le boss. Qu’il peut avoir confiance en toi. Que tu es là pour le protéger quoi qu’il arrive. Alors c’est à toi de lui dire où aller et quoi faire. Si tu as peur, il le sentira et fera n’importe quoi. »
Ce n’est pas entré dans l’oreille d’une sourde. Armée de toute la détermination du monde, Félixe est partie avec Ayla à la conquête de la confiance en soi.
Je suivais pas loin derrière avec Nebraska. Insécure, angoissée, anxieuse. Mon cheval allait à droite quand je voulais qu’il aille à gauche. Il s’arrêtait quand je voulais qu’il avance. Ma conduite chevaline, c’était n’importe quoi parce que ma confiance, c’était n’importe quoi.
Filou? Une championne. Elle guidait son cheval comme si ça faisait 20 ans qu’elle faisait ça. Les deux doigts dans le nez.
La cocotte ne voyait pas que le cheval était 20 fois plus gros qu’elle. Elle ne s’imaginait pas 52 000 scénarios apocalyptiques.
Elle avait confiance. En son cheval certes, mais surtout en elle. Félixe croyait fermement en ses capacités.
Ma puce m’a appris beaucoup ce week-end. Beaucoup.

22 juillet 2008

Enfin les vacances de la construction?

Je les attendais depuis tellement longtemps.
Je comptais même les dodos comme une petite fille à l’approche de Noël.
Les dates étaient encerclées en rose fluo dans mon agenda.
Je faisais des projets de grasses matinées. J’avais des idées de soupers tranquilles. De lunchs pris paisiblement sur le balcon. Je mourais d’envie de jouer dans le jardin au son des oiseaux. D’admirer le coucher du soleil sans que ma vue ne soit dérangée.
Toutes des choses qui m’étaient impossibles jusqu’à présent.
Pourquoi?Parce que, voyez-vous, je vis dans un interminable chantier de construction. Depuis octobre dernier qu’on l’on dynamite sous ma fenêtre de chambre, que des pelles mécaniques obstruent la vue de ma porte de salon, que des dizaines de camions lourds font la file devant ma cuisine pour ramasser des voyages et des voyages de terre et de pierres.
Et vous le devinez, le tout ne s’effectue pas dans le même silence que l’on retrouve dans une bibliothèque ou dans un monastère… Par moments, je suis certaine que c’est plus tranquille à Kaboul. L’enfer je vous dis.
La bonne nouvelle, s’il faut en chercher une, c’est que depuis l’automne, je n’ai pas eu à régler le réveil-matin. Les travailleurs de la construction se chargeaient de me lever du lit parfois aussi tôt qu’à 6 h 15 (note à moi-même : vérifier avec la Ville la réglementation municipale concernant le bruit matinal).
Va pour le matin, mais quand je rentre du bureau le soir et que je vois encore ces foutus marteaux-piqueurs en action, j’avoue que mon impatience (et que dire de mon agressivité?) monte d’un cran. (Note à moi-même : penser à me procurer des bouchons d’oreilles pour amoindrir les impacts de ce vacarme sur ma vie familiale.)
Ajoutez à cela la télé que les filles écoutent, le bruit du lave-vaisselle, le chien qui jappe, le téléphone qui sonne, le MSN qui buzz, la hotte de ventilation du four, ne vous demandez pas comment je ne suis pas encore virée folle…
Vous comprenez maintenant pourquoi j’attendais avec une impatience démesurée ces fameuses vacances de la construction où seraient rangés pour deux semaines marteaux, scies radiales et bâtons de dynamite.
Ce grand jour est enfin arrivé samedi dernier. J’avais débranché le téléphone. Envoyé le chien chez ma sœur. Fermé l’ordi. Tout ce qui était prévu à mon agenda, c’était de vivre dans le silence. De me réveiller par moi-même. Écouter mes plants de tomates pousser. Tenter de différencier les espèces d’oiseaux qui vivent près de chez moi, non pas par leur plumage, mais par leur chant.
Si le temps me le permettait, je me promettais un grand bain où le seul bruit que j’entendrais serait celui des pages de mon livre que je vais tourner. En soirée, je pourrais me permettre de prendre un verre de vin sur la pelouse en admirant le ciel étoilé.
Je voulais faire une cure intensive de silence avant que mes oreilles se syndiquent pour utilisation abusive. Fallait que je mette mes tympans au repos au plus vite. J’avais même l’impression que mes marteaux et mes tambours avaient un projet caché de retraite. Fallait agir et vite.
Ce samedi, donc, je me réveille non pas à 11 h. Pas même à 10 h. Non, non. À 7 h 15, mes yeux étaient grands ouverts.
Ce n’est pas le bruit d’un dynamitage qui m’a réveillée. Ce n’est pas celui d’un marteau-piqueur non plus. De ce côté, tout allait.
C’est le bruit qu’il y a dans la maison quand mes poules sont absentes. Vous savez, ce son de solitude.
Dans la planification de cette journée de rêve, j’avais oublié un léger détail. Les vacances de la construction coïncident avec les deux semaines où mes héritières désertent le nid familial pour migrer chez papa.
Puis-je vous dire comment j’ai hâte de revoir un marteau-piqueur se faire aller dans ma fenêtre de salon?

15 juillet 2008

J'ai la meilleure fille au monde

En tout cas, ce n’est pas pour vous écœurer, mais j’ai la meilleure fille au monde moi.
Oui, oui. Je vous raconte.
Hier après-midi, le téléphone sonne au bureau. C’est mon aînée qui venait d’arriver du camp de jour. « Salut ma maman d’amour! Est-ce que tu vas bien? »
Bon, ça y’est. Que veut-elle me demander? C’est bien connu. J’ai affaire ici à une tactique vieille de l’époque de Mathusalem. Elle prend une voix mielleuse pour demander une faveur à sa mère.
Je le sais, je faisais pareil. Combien de fois ai-je dit à la mienne qu’elle était la meilleure mère au monde pour ensuite lui demander d’aller passer mon vendredi soir à la danse du Trio? Ou encore pour aller dormir chez Catherine.
Et sans gêne aucune, elle renchérit : « As-tu eu une grosse journée? Est-ce que tu es fatiguée? »
Ouin. Je suis mieux de me préparer une flopée d’arguments. Parce que ce que ma grande veut me demander doit être terrible pour qu’elle soit licheuse comme ça.
« Ça va Max. C’est juillet tu sais, et en juillet la terre cesse de tourner. Donc, pas de téléphone, de courriel, de fax, de conférences de presse, de réunion. C’est mort. Alors, je ne peux pas dire que je suis fatiguée, au contraire! »
Au moment même où j’imagine qu’elle me suppliera de la laisser aller prendre un verre dans un bar (je vous rappelle qu’elle a dix ans…), elle me dit : « J’imagine que ça ne te tente pas de faire le souper hein? »
Ah c’est ça! Elle veut que je ramasse du McDo ou du Saint-Hubert pour notre repas. Je ne suis pas née de la dernière pluie ma grande, ai-je pensé. Le frigo est plein et pas question de manger du resto ce soir.
Alors je lui réponds : « Ça ne me dérange pas ma cocotte de cuisiner. Il y a plein de trucs à manger dans le garde-manger. Que dirais-tu de manger un filet de porc aux pommes ou des côtes levées. Ah oui! Des côtes levées sur le BBQ, ça me tente. Je pourrais faire une bonne salade avec ça. »
« Ahhhh…, laisse-t-elle tomber quelque peu débinée. Dans combien de temps arrives-tu? »
« Bah… il me reste un article à terminer d’écrire. Dans 45 minutes, je dirais. Ça te va? »
Avant même que je termine ma phrase, elle avait raccroché. Étrange tout de même cette conversation. Je n’avais pas su ce qu’elle voulait finalement. Ce qui m’avait valu toutes ces belles paroles.
Une heure pile poil plus tard, je franchis le pas de la porte. Ça sent bon dans la maison. On dirait que quelqu’un a cuisiné. J’étais en train d’enlever mes chaussures quand Max est arrivée en courant vers l’entrée.
« Vite, vite, Maman! Ton souper est prêt! »
Hein?
La panique s’est emparée de moi. J’imaginais ma grande se battre avec une friteuse en feu. J’espérais qu’elle ne s’était pas électrocutée avec le four. Et si elle avait cassé une douzaine d’œufs sur la céramique de la cuisine? Pis j’ai prié tous les dieux de toutes les religions afin qu’elle n’ait pas eu l’idée de faire cuire les filets mignons au micro-ondes…
Rien de tout ça n’était arrivé. Heureusement.
La table était impeccablement mise. À ma place, il y avait une assiette dans laquelle on retrouvait un œuf tourné, une toast et une salade (je n’ai pas encore compris ce que les raisins verts faisaient là, mais bon).
Peut-être qu’on ne verra jamais ce repas figurer dans les livres de recettes des plus grands chefs. Mais ce n’est pas tellement grave, parce que pour moi, c’était le meilleur au monde. Un œuf tourné rempli d’amour fait par sa grande adorée, il n’y a personne pour battre ça.

08 juillet 2008

Il y a un an...

Il y a un an, Marie-Chantal avait un bedon tellement gros qu’elle se cognait partout. Sa grenouille s’amusait à cœur joie dans cette belle piscine. Elle donnait des coups dans les côtes de sa maman et, du même coup, l’amenait à la salle de bain quatre fois l’heure. Pas grave, elle avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles en permanence.
Il y a un an, la copine avait bouclé sa valise d’hôpital. Tout y était. Les petits pyjamas à pattes, les cache-couches roses, les compresses d’allaitement, la suce, la petite tuque pour la protéger du froid. Le siège d’auto était bien installé dans la voiture. La dernière couche de peinture avait été donnée dans la chambre du petit trésor.
Il y a un an, Coralie et Félix comptaient les dodos avant l’arrivée de leur nouvelle petite sœur. Des plans de jeux fraternels étaient concoctés. La grande sœur veillerait à bien lui montrer comment prendre soin des poupées. Le grand frère, lui, verrait à lui apprendre comment fonctionne les autos téléguidées.
Il y a un an, la belle piscine de Marie-Chantal a fendu, inondant par le fait même son plancher. Un petit peu avant le temps. Rien d’alarmant. Ça arrive à tous les jours que l’on crève ses eaux avant d’arriver aux 40 semaines réglementaires. Et des bébés prématurés, on en sauve des milliers chaque jour.
Et pourtant, il y a un an, la petite Évangéline, qui s’était fait bercer au chaud par les doux battements cardiaques de Marie-Chantal pendant plus de 27 semaines, a pris un vol direct pour le ciel. Elle est partie sourire avec les anges laissant ses parents complètement démolis.
Depuis un an, il y a eu des hauts et des bas. Beaucoup de bas. De la tristesse. Des questions. Tellement de questions. Des milliers de si. «Si je n’avais pas crevé mes eaux, est-ce que…?» «Si on n’avait fait ma césarienne plus tôt, est-ce que…?» Beaucoup de questions. Aucune réponse, malheureusement.
Depuis, Marie-Chantal regarde souvent le ciel le soir venu. Elle n’y cherche pas vraiment de réponse. Elle ne tente pas d’apprendre le nom de toutes les étoiles de notre système solaire. Elle veut seulement voir une toute petite étoile filante. Pourtant, elle en a vu des centaines dans sa vie. Mais chaque fois qu’elle en voit une, elle arrive toujours au bon moment. À la minute ou elle en a vraiment de besoin.
«Les étoiles filantes, il y en a qui se plaisent à faire un voeu avant qu'elles ne disparaissent. Moi, je les vois comme un signe, un clin d'oeil, une tape dans le dos de l'au-delà. Des fois, j'ai l'impression que c'est ma tante, d'autres fois, que c’est mon grand-père. Mais ce soir, j'ai vraiment eu l'impression que c'était Évangéline que me faisait un petit coucou.»
«Je ne saurai jamais ce qui serait arrivé si les choses s’étaient passées différemment il y a un an, mais, chaque fois que je vois ces petits signes: une étoile filante, un papillon qui se pose sur moi, un regard échangé avec un oiseau, j'ai l'impression qu’Évangéline vient me dire qu'elle est là encore. Et que si notre histoire s'est terminée ainsi, c’est pour le mieux.»
Les beaux yeux verts de Marie-Chantal sont peut-être pleins d’eau quand elle nous raconte cette histoire. Ils le seront probablement encore longtemps quand elle pensera à Évangéline. Pour toujours, peut-être. Elle pleure parce que chaque fois qu’elle voit un de ces signes, la douleur se ravive. Mais ces larmes sont un véritable baume pour son cœur.

17 juin 2008

Qu'est-ce qu'on mange?

Je dois avoir au moins une trentaine de livres de recettes. Attendez. Je vais les compter. Oups! J’étais dans les patates. Il y en a 53 dans ma bibliothèque. Je suis aussi abonnée au site internet S.O.S. Cuisine et j’ai au moins une vingtaine de sites du même genre dans mes favoris de mon Explorer.
J’achète régulièrement le Coup de pouce et plein d’autres magazines où on trouve des trucs alléchants à cuisiner. Je regarde assidûment À la Di Stasio et Curieux Bégin. J’ai trippé au fond sur Daniel Pinard. Je ne déteste pas Ricardo, et quand ça adonne, j’écoute Louis à Canal Vie pis Nicolas Moreau. Je voue un culte sans borne à plusieurs chefs dont Normand Laprise, Jean Soulard et Daniel Vézina, pour ne nommer que ceux-là. Il y a à peu près juste Martin Picard (Au pied de cochon) qui me laisse de glace. Tant qu’à être dans les confidences, je dois avouer que le beau Stéfano Faïta éveille en moi des sentiments semblables à ceux que j’avais à l’époque où il y avait des dizaines de posters de Donny des New Kids dans ma chambre.
Alors, pouvez-vous m’expliquer quelqu’un comment ça se fait que je sois toujours à court d’idée pour faire le souper?
Il me semble que c’est toujours la même maudite affaire qui se retrouve dans mon assiette soir après soir. C’est toujours pareil. Aussi monotone qu’un cours de philo. Aussi prévisible que si je vous disais qu’il va pleuvoir demain.
Spaghetti, macaroni, pâté chinois, timbales au poulet, rôti de porc, steak.
Spaghetti, macaroni, pâté chinois, timbales au poulet, rôti de porc, steak.
Spaghetti, macaroni, pâté chinois, timbales au poulet, rôti de porc, steak.
Toujours pareil.
Quand je veux faire diversion, je fais des grilled cheese. Et quand je veux vraiment m’énerver, je mets du bacon dedans. Là, c’est la fête!
Tenez, encore ce soir. J’arrive à la maison et j’ouvre le frigo. Il est plein. Il déborde même. Soupir. Je ne trouve rien qui me donne envie de cuisiner. Je tente une approche vers le congélo. C’est encore pire. Et si je trouvais cette inspiration dans le garde-manger? Peine perdue. C’était rêver en couleur que de croire qu’aujourd’hui, j’aurais l’idée du siècle pour le lunch du soir.
Sans farce, ça commence à me taper sur les rognons ces soupers qu’il faut toujours faire soir après soir. Vous savez, ce que vivent les gens du Darfour, c’est de la petite bière à côté de mon ennui face à la besogne du souper. Et que dans l’échelle des drames humains, mon absence d’imagination culinaire vient tout juste devant la famine dans le tiers monde, l’épidémie de sida en Afrique, le réchauffement planétaire, les 21 millions de mines antipersonnel en Irak, le cyclone en Birmanie et les camps de concentration de la 2e Guerre mondiale.
Je ne sais pas qui attend pour financer de la recherche sur cette grave problématique qui touche des millions de femmes chaque jour sur la terre. Si le solde de mon compte comptait plus de trois chiffres, je pense que je créerais une chaire de recherche sur le sujet. Il me semble que c’est important que l’on s’attaque à ce fléau qui touche tant de familles. Que l’on enraye le plus rapidement possible ce grave problème qui cause tant de soucis aux chefs de famille de ce monde.
Je pense que ce n’est pas demain la veille que l’on trouvera une solution. En attendant que ce grand jour arrive, j’ai demandé aux filles ce qu’elle voulait manger ce soir. Vous savez ce qu’elles ont répondu? Du spagh!
Bah… pourquoi pas. Ce sera juste la troisième fois cette semaine…

10 juin 2008

Que celui qui n'a jamais pêché...

Avez-vous déjà « callé » malade au boulot pour aller skier? Prenez-vous toujours vos antibiotiques jusqu’au bout? Votre peau, vous l’enduisez de crème solaire FPS 30 lorsque le soleil se pointe le bout du nez dans le ciel?
Feignez-vous d’être très occupé quand la belle-mère appelle? Avez-vous déjà dit à une maman que son bébé était le plus beau du monde alors que vous pensiez tout le contraire? Votre voiture, roule-t-elle à plus de 100 km/h sur l’autoroute?
Vos factures d’Hydro et de Bell sont-elles acquittées dans les délais? Est-ce que vous vous êtes déjà retrouvé derrière un volant alors que votre taux d’alcoolémie dépassait les 0.08? La fête de la copine, du frère ou du collègue de travail, vous l’avez déjà oubliée?
Faites-vous toujours 30 minutes d’exercice chaque jour? Vos draps, ils font un tour dans la laveuse chaque semaine? Le café que vous buvez, il est équitable et bio?
Levez la main ceux qui ne passent jamais plus de trois minutes sous une douche brûlante. Qui ne passe jamais du temps de bureau à vérifier ses courriels sur Hotmail? Avez-vous déjà oublié une « batch » de linge dans la laveuse?
Votre auto est-elle chaussée de pneus d’hiver durant la froide saison? Triez-vous adéquatement vos déchets entre le noir, le brun ou le vert ou bien parfois des matières recyclables et compostables se retrouvent parmi celles qui s’en vont au dépotoir?
Déléguez-vous les tâches qui vous rebutent le plus? Avez-vous déjà remis une pinte de lait vide au frigo? Rendez-vous vos films au club vidéo toujours à temps?
Le savon qui se retrouve dans votre lave-vaisselle est-il immanquablement exempt de phosphate? Suivez-vous inlassablement les directives de vos livres de recettes? Omettez-vous de changer le rouleau de papier de toilette quand c’est vous qui touchez au dernier carreau?
Avez-vous déjà « flushé » quelqu’un par message texte? Êtes-vous du type à succomber à un méga cornet trois boules de crème glacée au caramel trempé dans le chocolat, et ce, même si vous n’avez pas faim?
Vous arrive-t-il de prendre plus que les 15 minutes de pause auxquelles vous avez droit? Portez-vous toujours une veste de sauvetage en bateau? Téléchargez-vous de la musique illégalement sur le net?
Avez-vous déjà oublié de nourrir le chat? D’arroser les plantes? De sortir les vidanges?
Est-ce qu’il vous arrive d’imaginer avec plaisir que votre petite sœur suffoque en enfer? L’idée de foutre votre marmaille dans le bac à récupération vous a-t-elle déjà traversé l’esprit? Avez-vous déjà triché au Monopoly?
Vos chèques, il arrive qu’ils soient sans fonds? Le solde de votre carte de crédit, il est réglé intégralement chaque mois? Investissez-vous 18 % de votre revenu dans un REER?
Vous arrive-t-il d’oublier vos sacs réutilisables à la maison? Avez-vous déjà trahi la confiance de quelqu’un? Est-il dans le domaine du possible qu’un jour vous ayez égaré un livre emprunté?
Est-ce que d’avoir oublié un rendez-vous chez le dentiste figure dans la liste des erreurs commises au cours de votre vie? Avez-vous déjà bu de l’alcool alors que vous portiez la vie? Croyez-vous avoir autre chose à faire que de prêter main-forte au beau-frère qui déménage sous un soleil de plomb?
Êtes-vous soudainement allergique au latex alors que vos amis décrètent une corvée de peinture dans leur nouveau logis? Êtes-vous tout à coup submergé de boulot quand une invitation à aller souper chez les beaux-parents arrive? Êtes-vous toujours heureux de participer à l’échange de cadeaux de Noël du bureau?
Pas simple d’être une parfaite personne. De ne jamais faire d’erreur. De toujours être dans le droit chemin. D’agir à tout moment selon les conventions établies. Pourtant, c’est d’une facilité déconcertante que de juger toute personne qui ne respecte pas ces multiples règles. Étrange quand même.

09 juin 2008

Encore 15 millions de mots à écrire...

Lu sur mon rapport annuel de mon régime de retraite que j’ai reçu cette semaine : « Date de retraite prévue : 1er mai 2041. »
Gloup!
C’est donc dire qu’il me reste 33 ans à bosser, soit presque l’équivalent de mon âge.
Ce sont encore 8 520 semaines à piocher sur mon ordi.
Ou bien 278 850 heures à chercher des sujets qui feront le journal du mercredi.
Et ce seront quelque 35 000 articles qui sortiront de ma tête.
Pire encore, je tenterai d’écrire 15 336 000 mots sans faire une seule faute.
J’aurai également signé plus de 10 296 chèques de paye à nos pigistes.
J’aurai vu passer plus de 213 000 carnets communautaires, corrigé plus de 340 800 pages de textes, écrit près de 8000 blogues, lu 660 livres pour la chronique littéraire et tapé plus de 426 000 noms dans la section « Une année de plus » du journal.
J’aurai également écoulé plus de 200 semaines de vacances.
Je « snoozerai » mon cadran environ 17 160 fois. J’aurai teint mes cheveux à 2130 reprises. J’userai 132 paires de chaussures et je n’ose pas écrire combien j’aurai investi dans ma garde-robe de travail au moment où je recevrai mon premier chèque de la Sécurité de la vieillesse.
Ce métier de journaliste m’aura amenée à faire plus de 850 000 km de route pour aller à la rencontre de gens que j’ai eu à interviewer. Ces personnes, j’en aurai rencontré plus de 50 000 d’ici le temps où j’encaisserai mes REER.
Épeurant non? Normal que j’aie le vertige. Ça ne vous fait pas trop peur vous?
Pas que je m’emmerde dans mon travail et que je veuille en finir au plus vite pour toucher ma rente de retraite et migrer vers la Floride dès que les premiers flocons se montreront le bout du nez. Mais 33 ans à m’imaginer faire la même besogne, ça m’effraie un tantinet.
Si je manquais de motivation en cours de route? Si je ne suis plus capable de suivre la cadence? Si je suis complètement dépassée par les manières de faire?
La Nouvelle évoluera probablement au cours de ces années amenant ainsi défis et apprentissages nouveaux. La vie m’amènera peut-être ailleurs. Sûrement que je me renouvellerai dans de nouvelles avenues. Les choses changent tellement vite.
Reste que 33 ans, c’est long non? Ça représente toute ma vie! Difficile tout de même de se représenter ce laps de temps de façon concrète.
Et ne cherchez pas à me faire encore plus peur en me disant que d’ici le temps où je soufflerai 65 chandelles sur mon gâteau d’anniversaire, l’âge de la retraite sera probablement fixé à 70 voire à 75 ans svp!
Cinq ans déjà que je bosse ici. Ç’a filé comme l’éclair. Je n’ai rien vu passer et j’ai même l’impression de n’avoir que six mois d’ancienneté à mon dossier. Si la tendance se maintient, il n’est pas si loin le jour où je n’aurai plus besoin de « puncher in » et « out. ».
Et dans le temps de le dire, j’ai retranché 547 mots des 15 millions qu’il me reste à écrire. Petit train va loin…

28 mai 2008

Un monde étrange

C’est étrange. Il y a des choses vraiment bizarres qui se passent chez moi. Je commence à me demander si je suis la seule à vivre ce genre de truc. Dites-moi que c’est pareil chez vous s’il vous plaît, question que je me sente moins seule dans mon monde.
Tenez, par exemple, mon panier à linge sale. Malgré tous mes efforts, même en foutant une dizaine de brassées dans la laveuse chaque jour, je n’en vois jamais le fond. C’est déprimant non? De la magie, je vous dis. Chaque fois que j’ai le malheur de dire « Cool, après cette brassée, j’ai fini! », il y a des vêtements sales qui apparaissent dedans. En y pensant bien, je pourrais tenter de vendre le concept à Alain Choquette. Fortune assurée. Les spectateurs seraient complètement mystifiés devant ce tour de magie des plus originaux.
Un autre truc vraiment incompréhensible se situe du côté de mon lave-vaisselle. Pourquoi il n’est jamais vide quand je dois le remplir? Qu’est-ce qui explique que c’est toujours le foutoir dans l’armoire où sont rangés les plats de plastique? Pourquoi il ne reste jamais de ketchup dans la bouteille quand j’en ai besoin?
Aussi, je commence à avoir peur des sacs à lunch de mes filles. Je crois qu’ils se nourrissent secrètement des cuillères que j’y mets chaque jour pour le yogourt ou la compote de pommes. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai acheté des petites cuillères à dessert pour remplacer celles disparues mystérieusement. Mais là, je crois avoir trouvé les coupables. Reste à me peaufiner un plan d’attaque pour que cesse la disparition de ces ustensiles. Vous avez une idée géniale?
J’aimerais bien comprendre un jour le phénomène qui veut que les jours de la semaine, je sois incapable de tirer mes héritières du lit et que les jours de congé, elles se lèvent avant même que le soleil ait eu la même idée. Je pense à leur jouer un tour un de ces quatre. Le vendredi soir, au moment du coucher, je vais leur dire que demain, nous sommes lundi. Bernées, elles le seront assurément et bonjour la grasse matinée pour moi!
Étrange aussi de constater que les poulettes n’ont jamais de devoirs au retour de l’école. Par contre, dans la nuit, une force mystérieuse se glisse tout doucement dans leur sac à dos pour inscrire à leur agenda des exercices à compléter ou une dictée à corriger. Quoi qu’il en soit, c’est toujours dix minutes avant que le bus ne se pointe au coin de la rue qu’elles allument qu’elles avaient finalement des trucs à faire pour la journée même.
Je pourrais aussi vous parler du rouleau de papier de toilette qui est toujours vide, de la pinte de lait dans laquelle il ne reste, plus souvent qu’autrement, qu’une seule gorgée, des dizaines de bas orphelins qui traînent sur ma sécheuse (que je conserve dans l’espoir de retrouver leurs douces moitiés), et quoi d’autre?
J’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui cloche avec le modèle d’enfant qu’on m’a donné. Chaque fois que le téléphone sonne, c’est immanquable, elles se garochent sur moi ou elles se mettent à crier à tue-tête. Sans compter qu’elles n’ont jamais faim pour le souper, mais qu’il reste toujours beaucoup de place dans leur bedon pour du dessert.
Je ne surprendrai personne en disant que même si leurs yeux sont remplis de dodos, qu’elles baillent aux corneilles, que leurs paupières sont devenues beaucoup trop lourdes, ni Félixe, ni Maxim ne sont fatiguées et refusent d’aller au lit.
Pis quand elles se chicanent, c’est toujours de la faute de l’autre. Ce ne sont jamais elles qui ont laissé traîner leur pyjama dans le salon, qui ont renversé un verre de jus dans la chambre, qui n’ont pas fait couler l’eau du bain et qui n’ont pas flushé la toilette.
Étrange non?

20 mai 2008

Elle est cheap votre fée des dents?

On a eu de la visite à Proulxville la semaine dernière. De la belle et grande visite.
En fait, on sait qu’elle est passée, mais personne ne l’a vraiment vue. On le sait parce qu’elle a laissé sa trace.
C’est du moins ce que prétendait Filou, à 6 h 40 du mat, l’autre jour, alors qu’elle s’est pointée dans le cadre de la porte de ma chambre, montrant fièrement le dollar que la fée des dents lui avait laissé sous son oreiller en échange d’une petite incisive que ma loulou y avait glissée.
On a donc jasé fée des dents au boulot. Semble que celle qui dessert mon territoire est un tantinet radine. Dans certains secteurs de la ville, elle pourrait laisser jusqu’à 5 $ la quenotte. À ce prix-là, une fois que tout le dentier de Filou aura passé sous l’oreiller, la fée sera ruinée! Une chance que les paiements (sans intérêt!) seront étalés sur quelques années…
J’avoue que je vois ici un beau sideline. Parce qu’à ce prix-là, dans le coin où j’habite et où les enfants sont nombreux, je ferais fortune dans le temps de dire. Avis à tous ceux qui cherchent à s’endetter en étudiant longuement en dentisterie, l’avenir est dans le ramassage de dents sous l’oreiller. Où puis-je postuler svp?
N’empêche que c’était un grand moment dans la (petite) vie de ma cocotte. Ça faisait quelques semaines que sa tite dent branlait et cherchait à s’enfuir de sa gencive. Elle est finalement tombée un soir où, pour mal faire, je n’étais pas là.
Le drame. Les pleurs. La panique totale il paraît. Selon les dires de la gardienne, Filou aurait trouvé très difficile de perdre sa dent. La promesse de retrouver une surprise le lendemain matin, gracieuseté de la fée, ne réussissait pas à sécher ses larmes.
Pourtant, elle a l’habitude la cocotte. À deux ans et demi, à la suite d’un accident, elle s’était retrouvée avec deux palettes en moins. Je pensais qu’elle était armée pour faire face à cette situation. Et dans mes souvenirs, j’avais l’inéluctable impression que c’était cool de perdre une dent et d’attendre avec hâte la visite de la fée en se demandant ce qu’elle laisserait cette fois-ci.
Même si par chez nous, les dollars faisaient place aux 25 sous et à une Caramilk, j’adorais perdre des dents et j’ai voulu croire très longtemps à cette histoire. D’ailleurs, selon un sondage mené par l’Association dentaire canadienne, 25 % des adultes canadiens croient à la fée des dents!
Pis là, j’ai l’impression de ne plus reconnaître ma peanut avec son sourire tout édenté. Et elle rush la cocotte pour manger sa pomme et ses carottes. D’ailleurs, ce n’est pas toujours chic de la voir aller au souper! Heureusement que c’est temporaire. Déjà, on voit la nouvelle venue se frayer une place entre ses petites dents de lait. Mais ce qu’elle a l’air immense cette dent aux côtés des autres! Quelle époque disgracieuse que l’arrivée des dents d’adulte dans un sourire d’enfant, non?
Bah, c’est pas grave. Dent pas dent, elle est belle pareil ma cocotte.

13 mai 2008

J'ai le coeur brisé

Déjà. C’est déjà terminé.
C’est fini nous deux pis j’ai le cœur brisé.
Je le savais que ça finirait de même. J’aurais dû m’écouter.
Je m’étais quand même attachée moi.
J’ai peine à croire que je ne m’endormirai plus jamais avec toi. Que lorsque j’ouvrirai les yeux le matin, tu ne seras plus là à côté de moi. Que l’on ne partagera plus de bain ensemble. Que tu ne deviendras qu’un souvenir. Que tu rejoindras les autres qui étaient là avant toi.
Tout est allé si vite. Je n’ai pas pris le temps de te savourer. De te déguster à petites doses pour faire durer le plaisir. Au contraire, dès le départ, je me suis jetée tête première dans notre histoire. Oubliant du coup toutes les promesses que je m’étais faites. Je n’apprendrai donc jamais?
Pourtant, au départ, je te regardais du coin de l’œil, me disant que tu serais pareil comme les autres. Je n’avais pas envie d’embarquer là-dedans, encore une fois, pour finir déçue. Je ne voulais pas avoir l’impression de perdre mon temps. Je ne désirais pas investir dans une relation qui ne m’apportait pas ce que je voulais, qui ne m’amènerait pas où j’aime aller.
Ç’a été difficile de ne pas succomber à ton charme malgré tout. Tu étais constamment sous mes yeux. J’entendais parler de toi à tout moment. Et puis, tes belles promesses de bon temps que nous passerions ensemble m’ont fait flancher.
Je t’ai pris dans mes bras et j’ai dit : « Ok, je te laisse entrer dans ma vie. Ok, je vais te faire de la place dans mon horaire chargé. Mais ne me déçois pas. Sois honnête. Sois ce que tu dis que tu es. »
Je t’ai pris dans mes bras et je t’ai observé sous toutes tes couvertures. Je t’ai regardé par devant, par derrière. Et je n’ai pas haïs ce que j’ai vu. Au premier regard, tu me plaisais bien.
Je t’ai pris dans mes bras et je t’ai senti. Jamais je ne me lasserai d’une telle odeur. J’ai approuvé le choix de ton parfum.
Je t’ai pris dans mes bras et je t’ai amené chez moi. Je voulais te connaître au plus vite. Savoir ton histoire. Découvrir tes vilains défauts. Tes petites habitudes.
Dès les premiers instants, tu m’as fait crouler de rire. Même que je repense à certains instants et je souris encore malgré la peine que j’ai. Plus tard, tes propos m’ont fait réfléchir. Je me suis questionnée sur moi-même. Sur ma façon de mener ma barque. Quand tu m’as raconté pour ton père, ma gorge s’est nouée, mes yeux se sont embués. En si peu de temps, nous avions réussi à être proches. Très proches même.
Je t’apportais partout. Tu étais toujours avec moi. Dès que j’avais une minute, je me demandais où tu étais rendu et je me plongeais avec joie dans le récit de tes rocambolesques aventures.
Et puis, même si je la sentais venir, c’est avec tristesse que j’ai vu le mot « fin » arriver dans notre histoire. Je ne pouvais pas me résoudre que tout ça soit terminé après ces quelques semaines merveilleuses passées ensemble.
C’était trop beau pour être vrai.
Je sais. Je sais. Vous me direz que je referai confiance à nouveau un jour. Qu’un autre me fera rire. Que je passerai de merveilleux instants encore à deux.
Mais pour l’instant, je ne suis pas prête à m’investir. Je ne veux pas brûler toutes les étapes du deuil. Je veux prendre le temps de bien faire les choses. Relaxer aussi. Apprécier ces moments de solitude.
Ma prochaine virée à la librairie attendra donc un peu. Quoique le dernier Guillaume Musso a l’air drôlement bon…

06 mai 2008

Une peine d'amitié

Vous avez entendu parler de la nouvelle brique de Denise Bombardier? Elle jase amitié. La madame, après avoir écrit sur ses relations avec les hommes, son enfance et son besoin d’amour, entre autres, a noirci moult pages blanches sur ses relations avec ses nombreuses (dit-elle) copines et sur celles qui ne portent plus le titre d’amie-de-Madame-B.
Mes chères amies serait d’ailleurs né après une peine d’amitié. Oui, oui, vous z’avez bien lu. L’écrivaine ne s’en vante pas, mais ce serait une chicane de fefilles qui lui aurait donné l’idée d’écrire sur le sujet.
Surprise, je l’ai été grandement. Est-ce que l’on se chicane encore avec nos amies passé 50 ans? Je pensais que ce genre d’histoire était réservé exclusivement aux cours de récréation. Je croyais qu’en grandissant, on apprenait à tempérer nos propos, à mieux accepter l’autre, à pardonner plus facilement, à discuter plutôt qu’à se chanter des bêtises, mais surtout à se soutenir quoi qu’il advienne.
Mais faut dire que l’on n’a pas tous le tempérament flamboyant et intempestif de l’auteure, quand même. Et heureusement! Parce que le mot amitié serait probablement rayé du Petit Robert dans le temps de le dire!
Ça m’a portée à réfléchir toute cette histoire. Quelle était la place de l’amitié dans ma vie? Quelle importance mes copines avaient-elles pour moi? Et surtout, peut-on dire à son amie : « c’est fini nous deux »?
On ne parle pas souvent « rupture amicale » dans les magazines ou dans les soupers de filles, et pourtant il y en aurait long à dire sur le sujet. Il y a comme une espèce de tabou entourant l’idée que l’on puisse volontairement mettre fin à une amitié entre deux personnes.
Ça m’est arrivé l’été dernier. Après plusieurs années d’amitié tissée serrée, j’ai mis fin à cette relation qui m’épuisait. Ç’a cogité dans ma tête pendant plusieurs semaines, voire quelques mois. Je n’étais plus certaine que j’étais l’amie dont elle avait besoin. Celle à qui elle s’attendait. Et surtout, celle qu’elle méritait d’avoir.
Je n’étais plus d’accord avec ses choix. Ses idées. Je n’étais plus capable de la supporter dans ses décisions ni de respecter la tangente que prenait sa vie.
Chaque fois que je voyais son numéro sur l’afficheur, j’avais peur de répondre. Pas par ennui de lui parler, mais parce que j’étais effrayée à l’idée de la blesser, de dire quelque chose qu’elle n’avait pas envie d’entendre. J’étais craintive qu’une fois encore une bombe ait explosé dans sa vie et que je doive me transformer en motivateur pour lui remonter le moral.
Ces conversations me grugeaient une énergie folle. Me bouleversaient outre mesure. Je n’en pouvais tout simplement plus. J’avais envie de rire, de déconner, de placoter de tout et de rien, d’imaginer nos vies dans vingt ans et d’en rire. Bref, je voulais du positif dans ma vie.
C’est là que les questionnements sont arrivés. Étais-je une amie déloyale qui se défile à la moindre difficulté? Étais-je sans cœur de ne plus être capable de supporter ma copine dans ces moments difficiles?
J’ai longtemps voulu en parler avec d’autres personnes, question de me faire une tête sur la question. Je n’ai jamais été capable de le faire. Par peur des réponses sans doute.
Je fêterai bientôt le premier anniversaire de cette rupture. Et ça ne fait pas très longtemps que le tout est digéré et accepté. Même si j’ai compris qu’au fil du temps, nos valeurs changent, que nos vies prennent des chemins différents, que l’on aspire à autre chose en amour comme en amitié.
Reste qu’au plus profond de moi-même, elle restera toujours ma meilleure amie. Et que si demain elle appelle, je serai là.

Deux Noëls, deux fêtes, deux chambres, ....

Quand j’étais petite, j’avais la ferme conviction qu’une famille, c’était une maman, un papa et des enfants qui vivaient tous dans la même maison. Je pensais que c’était la norme puisque dans ma classe, nous étions tous dans la même situation. Ou à peu près.
Bon, il y avait bien Annie qui habitait toute seule avec sa mère et son grand frère. Mais son père était mort quand elle avait quatre ans. Ça ne comptait donc pas. Il y avait aussi l’autre Annie qui demeurait seule avec sa mère. Mais un vendredi sur deux, on voyait apparaître devant l’école la Mercedes de son père, qui venait la chercher pour le week-end.
On la trouvait cool la Annie. Elle avait deux chambres à coucher, la chanceuse. Mieux encore, elle fêtait deux fois Noël, elle déballait des cadeaux de fête à deux reprises et elle se bourrait la fraise dans le chocolat à Pâques deux fois plutôt qu’une. En prime, son papa faisait plein d’activités amusantes avec elle : ciné, resto, parc. Vraiment, elle avait une belle vie la copine. On l’enviait tous.
Je me souviens même d’avoir balancé l’idée à mes parents alors qu’ils se parlaient un peu plus fort qu’à l’habitude. « Pourquoi vous ne divorcez pas? » Du haut de mes huit ans, je ne réalisais pas tout ce qu’impliquait une séparation. Je n’y voyais que les bons côtés, moi.
Au fil des années, j’ai compris qu’un divorce, ce n’était pas aussi simple qu’une double part de bonbons d’Halloween. Qu’une séparation amenait beaucoup plus de Kleenex trempés, d’yeux bouffis et de cœurs brisés qu’autre chose. Annie n’était plus la seule dans le lot. Elle a été rejointe par Catherine, Karine, Charline, Valérie, Patricia, Pascale et Caroline.
Elles étaient tellement rendues nombreuses dans leur situation que j’en étais devenue l’exception. La seule qui ne changeait pas de lit aux deux fins de semaine et qui ne fêtait pas Noël plus d’une fois. Pis j’avoue que je ne détestais plus l’idée…
Parce qu’au dépouillement de l’arbre de Noël, j’aimais être blottie entre ma mère et mon père pour développer les cadeaux que le père Noël m’apportait. Parce que je n’avais pas envie de manger une fondue au chocolat à la Saint-Valentin en tête à tête avec un seul de mes parents. Puis surtout, je n’avais pas envie que l’on m’impose la venue d’un nouveau conjoint qui débarquerait avec ses enfants chez moi.
Quand l’idée m’est venue de fonder une famille, c’était très clair dans ma tête que j’allais offrir la même chose à mes futures héritières. Mes filles grandiraient entourées de leurs parents. Point à la ligne.
Aujourd’hui, on compte plus d’une famille sur cinq à Sherbrooke qui est monoparentale. J’en suis. Mes filles ont donc deux chambres, deux Noëls, deux Pâques, deux anniversaires.
Peut-être qu’elles n’ont pas le modèle d’une famille unie dont rêvent toutes les mamans du monde. Mais je crois et j’ose espérer qu’elles ont gagné beaucoup plus qu’elles ont perdu au compte.
Maxim et Félixe voyagent peut-être entre la maison de maman et celle de papa, mais elles ont pu rencontrer des gens formidables. Nathalie et Myriam, les deux femmes qui ont partagé la vie de leur père depuis notre séparation, entre autres. Du coup, mes puces se sont retrouvées avec de nouveaux grands-parents qui les gâtent dès que l’occasion se présente.
Parce que même si mes loulous ne soupent pas à la même table chaque soir, j’ai la certitude qu’elles sont beaucoup plus heureuses entourées de parents qui s’entendent que lorsqu’ils s’entredéchiraient.
J’ai réussi ce que je voulais. Mes filles grandissent entourées de leurs deux parents. Point à la ligne.

29 avril 2008

Échecs et Mat

Je déteste l’échec.
Et pourtant. Dieu sait que j’en cumule tout un lot. Je possède même une très belle collection d’échecs. Dès mon plus jeune âge, j’ai été confrontée sans cesse aux insuccès, aux déceptions, aux déboires.
Par exemple, j’ai raté mon test d’admission à l’école Sacré-Cœur quand j’étais en maternelle. Je n’ai pas été sélectionnée, alors que j’en avais très envie, pour participer à l’émission Au Jeu qui était de passage à l’école Carillon. Je n’ai pas réussi à me tailler une place dans la finale de patinage artistique des Jeux du Québec l’hiver de mes neuf ans. Je n’ai jamais réussi à convaincre Jean-Nicolas, le plus beau gars de la cour de récré, que je serais une super blonde pour lui malgré quatre ans de travail acharné.
Je n’ai pas été élue représentante des élèves de secondaire 1 au pensionnat. Je n’ai pas remporté de médaille à l’épreuve du saut en longueur aux Championnats provinciaux d’athlétisme de 1991. Malgré le super slow que j’ai dansé avec Karl au party du Trio, il ne m’a jamais rappelé (le salaud!). L’évaluateur de la SAAQ n’a pas jugé bon de me donner mon permis de conduire à la première tentative (tant pour le théorique que le pratique…). J’ai poché mes maths de secondaire 5.
Je n’ai jamais réussi à convaincre mes patrons du McDo que je méritais le titre d’employée du mois en dépit des 48 occasions où cela aurait été possible. Malgré toute la volonté qui m’habitait, j’ai été incapable d’installer le pneu de secours sur ma Fiero toute seule. Et j’ai tellement souvent perdu en flippant dans les bars que tous les saoulons du centre-ville voulait tenter le coup contre moi.
On m’a refusé l’admission en enseignement à l’université. Patrick n’a jamais voulu s’installer en appartement avec moi malgré mes promesses de soupers divins et de ménage étincelant. Le juge de la cour municipale ne s’est pas rangé à mes arguments qui m’auraient évité de payer cette amende salée.
Mes pleurs n’ont pas ému le moins du monde mon patron de la CS Brooks et j’ai fait la file au chômage. Je n’ai pas réussi à avoir ce logement de la rue Bacon qui me faisait tant rêver. En finissant mes études, j’espérais bien me trouver un super job payant. À la place, j’ai fait des photocopies à 8$ de l’heure.
Ma première récolte de tomates a été tellement mince que je n’ai même pas réussi à faire un seul sandwich (même en incluant les caps…). Je ne suis jamais venue à bout des millions de pissenlits qui poussaient sur mon terrain tout en suivant à la lettre les conseils des plus grands experts de ce monde. Je ne suis jamais parvenue à voir le fond de ma manne à linge sale.
Mon souhait d’accoucher dans l’intimité du Centre de maternité en moins de six heures et sans intervention médicale s’est terminé au 5e étage du CHUS avec une péridurale dans le dos, de l’oxygène dans le nez, un soluté dans le bras, un monitoring fœtale sur la bedaine, une sonde urinaire vous savez où, une épisiotomie, des forceps et un travail de 28 heures dans une chambre où l’on retrouvait 12 intervenants médicaux...
J’aurais voulu allaiter Filou jusqu’à ses 18 mois, mais elle en a décidé autrement lorsqu’elle a soufflé sa première chandelle. Mon rêve d’offrir une famille unie pour la vie à mes filles s’est retrouvé en Chambre de la famille du Palais de justice avec une requête en garde légale et pension alimentaire.
Là, je pense que j’ai donné suffisamment dans le domaine. Je crois avoir contribué pour de nombreuses décennies à venir. Je veux rayer ce mot de mon vocabulaire.
Parce que je n’ai pas du tout envie que Mat soit le prochain échec de ma liste. Non.

24 avril 2008

Made in Québec; possible?

Il y avait un soleil de plomb. Le mercure bouillait presque. Et bien sûr, les filles n’avaient pas un seul truc à se mettre sur le dos qui était approprié à la température estival qui sévissait samedi. Même si les pantalons de l’été dernier faisaient un super capri à Filou, je devais me rendre à l’évidence. Une tournée de shopping s’imposait si je ne voulais pas que mes héritières se promènent en bobettes tout l’été…
Chaque jour, on nous rabat les oreilles sur l’importance d’acheter québécois. Je ne dis pas ça pour chialer. Je suis la première à le dire «Voyez-vous, j’ai encore sur le cœur ma mise à pied de la CS Brooks parce que les patrons préféraient envoyer leurs contrats de literie au Mexique ou en Chine…»
M’enfin.
Toujours est-il qu’armée de ma conscience sociale, j’ai entrepris cette mission vestimentaire printanière avec la volonté certaine d’acheter le plus possible québécois.
Premier arrêt : Souris Mini. De beaux vêtements, d’une originalité certaine et d’une qualité éprouvée, designés à Cap-Rouge, mais fabriqués en… Chine. Déception.
Deuxième arrêt : Clément, où l’on retrouve les marques Blü et Deux par Deux, toutes les deux sont québécoises. J’adore la première pour ses couleurs flamboyantes, ses mélanges de tissus uniques et ses imprimés qui sortent de l’ordinaire. La deuxième m’attire pour son look européen et son style avant-gardiste. En prime, les deux compagnies ne cherchent pas à faire de mes puces des filles de joie.
Mais même si les deux entreprises ont leur siège social à Montréal, elles font tout de même coudre leurs fringues par de petites chinoises… Pareil constat pour Justine ma copine, Point Zéro, Roméo et Juliette, Louis Garneau, Perlimpinpin.
Impossible donc de fringuer mes poules avec de la guenille cousue au Québec. Désolant non? Cette triste réalité a été mise à l’ordre du jour du souper que j’ai partagé avec des amis samedi soir.
« Quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi c’est impossible d’habiller ma progéniture en vêtements fabriqués ici au Québec alors que nos boutiques débordent pourtant de compagnies québécoises? »
Ma question tombait bien. Deux designers de vêtements étaient assis à la table avec nous. « L’argent, m’ont-ils tout simplement répondu. Ça coûte un bras produire au Québec et les gens ne sont peut-être pas prêts à payer pour ça. »
Ok, je comprends l’argument. Mais j’aimerais quand même savoir pourquoi Souris Mini et Deux par deux, entre autres, n’ont pas baissé leurs prix après avoir envoyé leur production en Chine. Malheureusement, personne n’avait de réponse à me fournir…
Toujours est-il que les copains Virginie et Sébastien étaient assez fiers de me dire que eux, ils font TOUT faire dans la Belle Province. Du design à la teinture de la fibre en passant par l’assemblage, pas une étape de production ne prend le bateau pour l’Asie. Et pas question qu’un jour on pense à embaucher une main-d’œuvre chinoise chez Ruelle. L’étiquette Made in Québec qui est apposée sur chaque tricot de la ligne Ruelle l’est avec une fierté certaine et une conviction à toute épreuve.
Et ça fonctionne! Ruelle est distribuée dans une quarantaine de points de dépôt partout au Canada. De Terre-Neuve au Yukon, ils sont des milliers de personnes à croire qu’acheter local peut faire toute une différence. Peut faire LA différence.
Reste à savoir quand des designers de vêtements d’enfants saisiront cette opportunité.

15 avril 2008

Être dans la gang

J’ai envie de jaser sport national aujourd’hui.
Pas le lever du coude. L’autre sport national.
Pourtant, je n’y connais rien. Vraiment rien. Sweet nothing.
Imaginez la scène. Quand ça adonne que je doive écouter un match pour une quelconque raison, ma première question est : « Ok, on prend pour qui? Les bleus ou les rouges? »
J’aime bien poser cette question. Entre autres, pour l’hilarité générale que ma sottis cause. Et surtout, parce que c’est certain qu’on me fichera la paix tout au cours de la soirée. Pas de question sur les raisons qui ont poussé Carbo à mettre un tel sur le 2e trio. Pas d’analyse à faire sur l’incapacité du CH de profiter de ses avantages numériques. Et surtout je n’ai pas à me démener à tenter de prononcer correctement les noms « Kostitsyn », « Kostopoulos » et « Smolinski ».
À la place, je bois de la bière et je potine plutôt sur la réaction de la copine de Guillaume Latendresse devant la nouvelle coupe de son chum. Parce que la madame n’aime pas du tout le coco rasé de l’ailier gauche de l’équipe montréalaise. Ou j’analyse le plus sérieusement du monde si un t-shirt rose nanane du bleu-blanc-rouge a sa place dans la collection d’articles promotionnels de notre équipe.
Mais heureusement que le collègue Jonathan m’a apprise deux-trois phrases chocs à lancer ici et là et qui serviront à me rendre non seulement plus intelligente aux yeux de la bande, mais surtout qui verront à jeter par terre mon auditoire devant mon grand savoir en matière de rondelle et de bâton.
J’attends donc le moment opportun. Ainsi, quand personne ne s’y attend, je lance, avec un air désinvolte : « Vous savez, le Canadien n’a pas le choix de gagner la Coupe Stanley cette année ou au plus tard l’an prochain parce que depuis les touts débuts de l’équipe, elle a toujours mis la main sur le précieux trophée au moins une fois par décennie. »
Il n’y a pas à dire que la plupart du temps, mes compagnons cessent de parler complètement ébahis devant ma grande culture sportive. Pendant quelques minutes, mes oreilles ont donc un break des commentaires des gérants d’estrade qui m’accompagnent sur telle attaque à cinq qui paraît au ralenti ou si le coach ne devrait pas plutôt utiliser les vétérans de l’équipe dans des moments cruciaux plutôt que les jeunes.
Malgré mon manque de connaissances véritables sur le monde du hockey, j’avoue ne pas détester l’ambiance des séries éliminatoires qui sévit au Québec actuellement. Il me semble que je verrai la fenêtre de mon auto avec un petit fanion de la Sainte-Flanelle. Je fais maintenant partie des Montreal Canadiens Fans sur Facebook. Pis j’ai envie d’aller souper à la Cage aux sports au prochain match.
Même que j’ai passé très près d’aller à Boston pour assister au match de mardi. Oui oui. J’étais prête à dépenser une fortune et faire huit heures de route aller-retour pour aller encourager Carey Price et Mathieu Dandenault.
Difficile à comprendre la fille?
Nenon. C’est simple pourtant. La fille aime l’atmosphère qui règne en ce moment. La fille aime ce sentiment de gang. La fille aime sentir que l’instant de la conquête de la Coupe Stanley, les Québécois espèrent tous la même chose. Et pas question pour la fille de bencher pendant ce temps.

08 avril 2008

Épelez-moi bonheur

Ça m’a sauté au visage dimanche soir. Ç’a pété aussi fort qu’un tremblement de terre d’une magnitude de 8,3 sur l’échelle de Richter. Ç’a fait un gros bang dans mon salon!
C’est arrivé pendant que je jasais avec Kat sur MSN. Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas parlé. On a donc fait la ronde des questions habituelles, toutes plus banales les unes que les autres. Mais au final, quand on prend l’ensemble des réponses, on se rend compte ce n’est pas si insignifiant.
Je vous copie notre conversation.
Katia dit :
Ça va toi?
Geneviève dit :
Oui! Je reviens d’un super week-end de ski au Massif dans Charlevoix avec ma copine Dany. Il a fait beau et les conditions étaient parfaites. On a fait de la bosse et du bois toute la journée. J’ai les jambes en compote et j’ai mal au dos, mais c’était génial!
Katia dit :
Pis, les filles vont-elles bien? Et l’école?
Geneviève dit :
Oui, les poulettes sont en pleine forme. Imagine, elles n’ont pas manqué une seule journée d’école cet hiver. Aucun virus ne s’est incrusté chez moi depuis belle lurette. Et à l’école, tout roule. J
Katia dit :
Tu t’amuses toujours autant au journal?
Geneviève dit :
Toujours. Pense que je vais finir ma vie là! Hihihi!
Katia dit :
Et tes amours…? ;-)
Geneviève dit :
Oh! Si tu savais… Je n’ai rien à déclarer de moche à ce sujet. Au contraire! :-P
***
C’est à ce moment que j’ai pris conscience qu’à ce moment même, à cet instant précis, j’étais heureuse. Que tout allait bien dans ma petite existence. Que je ne demanderais rien de plus à la vie. Que le bonheur avait élu domicile chez moi.
J’aurais eu envie de crier de joie. J’aurais voulu célébrer l’événement. J’aurais aimé le dire à tout le monde.
Mais je n’ai rien fait.
J’ai gardé cette pensée pour moi.
Juste au cas où je conjurerais le sort. Comme si affirmer haut et fort que je suis heureuse ferait débarquer chez moi subito presto un malheur. Une grave maladie. Une mort. Une rupture. Une très mauvaise nouvelle qui me chamboulerait pendant des mois. J’ai peur de savourer ces instants de bien-être par crainte du pire.
Paradoxal non?
Pensée judéo-chrétienne? Peut-être.
Me suis raisonnée. Plutôt que d’attendre la fin de mon bonheur, j’ai joint le Collectif pour la journée du bonheur. http://www.collectifpourlajourneedubonheur.com

01 avril 2008

Des questions sans réponses

Je me questionne sans cesse. À tout bout de champ, une interrogation se pointe dans ma tête. Je me demande. Je me cuisine. Je cherche à savoir. À comprendre. À deviner le futur. Je suis curieuse. J’aimerais savoir ici et maintenant ce que me réserve l’avenir. Comment seront les prochaines années pour moi, mes héritières, la tribu Proulx au grand complet.
N’importe quoi peut donner lieu à un questionnement. Des questions ouvertes. Pièges. Sans réponse. Des fois absurdes ou stupides. Des questions à 100$. Des épineuses. Des insolubles. D’autres qui pourraient être controversées. Des graves. Des plus légères. Tout m’amène à me questionner. Le point d’interrogation est devenu mon complice.
Pas étonnant que je gagne ma vie en posant des questions!
Tenez, par exemple, quand je regarde Maxim, je ne peux m’empêcher de me demander où elle sera dans dix ans. Combien de fois irai-je chez le directeur avec elle? Pour quel programme demandera-t-elle des prêts et bourses? Comment gagnera-t-elle sa vie? Combien d’enfants pousseront-ils dans son bedon? Sera-t-elle toujours aussi belle? Jouera-t-elle encore du violon une fois adulte? Du piano? Me dira-t-elle encore que je suis la meilleure maman du monde? Voudra-t-elle encore manger des crêpes le dimanche matin quand un homme partagera son lit?
Et Filou? Saura-t-elle se sortir de sa gêne? Combien de cœurs brisera-t-elle? Son vilain caractère s’adoucira-t-il avec les années? Arrêtera-t-elle un jour de me réveiller aux aurores pour réclamer son lait de soya au chocolat chaud? Deviendra-t-elle une médaillée d’or olympique de ski? Mangera-t-elle autre chose que des spaghettis? Lira-t-elle encore autant? Sera-t-elle encore la championne des câlins? Qui seront ses amis? Ses cheveux changeront-ils de couleur? Voudra-t-elle encore jouer à Dance Dance Revolution avec sa vieille mère? Me dira-t-elle encore que je ne suis pas vieille?
Et moi, que ferai-je dans le futur? Est-ce que ce sera toujours La Nouvelle qui m’emploiera? Dans quel genre d’auto me déplacerai-je? Est-ce que Proulxville sera le nouvel arrondissement de Sherbrooke? Ma famille sera-t-elle plus grande? Combien serons-nous à déjeuner le dimanche matin? Serai-je une grande championne de Scramble sur Facebook? Qu’écouterai-je dans mon Ipod? Est-ce que mon père m’invitera encore autant à souper? Mes sœurs seront-elles encore collées à mes baskets? Gucci dormira-t-il encore avec moi? Jacob sera-t-elle encore ma boutique de fringues préférée? Serais-je devenue végétarienne? Élise m’appellera-t-elle encore souvent? Dany voudra-t-elle encore skier avec moi?
Et nous, où serons-nous demain? La semaine prochaine? En mai? Dans un an? Seras-tu là encore? Comment m’appelleras-tu dans le creux de l’oreille? Sur quels sujets serons-nous en désaccord? Mes niaiseries te feront-elles encore rire autant? Auras-tu le même numéro de téléphone que moi? M’auras-tu remplacée pour une plus jeune? La vie à deux sera-t-elle moins difficile que je le croyais pour la vieille fille que je suis? Quels seront nos petits rituels? Quelle sera notre chanson?
Je n’ai à peu près pas de réponses pour les 49 questions que je viens de poser à la vie. Bah… J’ai envie d’avoir confiance. De croire que les lendemains de Geneviève et de sa tribu seront les plus beaux. Je suis remplie d’espoir que tout ira bien. J’ai la certitude que la vie sera bonne avec nous.

25 mars 2008

Fatiguée, je suis fatiguée

Je dors debout.
J’ai le teint d’une pinte de lait.
J’ai des cernes qui descendent en bas de mon menton.
Je baille à écorner les bœufs. À m’en décrocher la mâchoire.
Mes yeux ferment tout seul.
Je suis sur les genoux. Je suis incapable de me concentrer. De bosser pour la peine.
Pis j’ai un caractère de chien.
Je suis fatiguée. Claquée. Crevée. Extenuée. Complètement vidée.
Je ne rêve que de mon lit. De mon oreiller. De ma couette. De mon pyjama.
Pas un son. Pas un téléphone qui sonne. Pas une télé qui joue en sourdine. Pas de lave-vaisselle qui travaille. Pas de Filou qui joue aux Pet Shop. Pas de Maxim qui pratique son piano. Pas de témoins de Jéhovah qui veulent me convertir. Pas de sondage téléphonique. Aucuns stimuli externes. Juste du silence svp.
Je veux une nuit de 20 heures sans réveil. Un marathon de rêves. Une succession non-stop de cycles de sommeil paradoxal, intermédiaire et lent. Je veux subir une baisse de mon tonus musculaire. Je veux baver sur mes draps.
Je veux m’effondrer comme une roche dans mon lit. Je veux me prendre pour le duo Lennon-McCartney et chanter à tue-tête : I should be sleeping like a log. Je veux être mis K.O. par Rocky.
Je veux la visite du marchand de sable. Je veux dormir du sommeil du juste. Je ne veux plus compter de moutons.
Je souhaite faire une cure intensive de sommeil. Et même tomber en état d’hibernation. Je veux souffrir de narcolepsie ou d’hypersomnie.
Je veux être la Belle au bois dormant. Je tuerai pour que Morphée m’invite chez elle. Je veux me réincarner en Schtroumpf Paresseux. Je veux personnifier le Dormeur des sept nains.
Je veux dormir à poings fermés. Comme un loir. Une marmotte. Un bienheureux.
Je veux répondre oui quand on me demande si j’ai bien dormi. Je ne veux pas me faire réveiller par le cadran. Je ne veux plus snoozer le matin.
Je veux me coucher en même temps que le soleil. Et l’ignorer quand il se lèvera le lendemain.
Je veux aller au dodo. Au plumard. Je veux me pieuter. Me coucher à l’heure des poules.
Ce soir, je vais aller au lit tôt. Très tôt. C’est décidé. Rien ne pourra contrecarrer mes plans. Pas de télé. Pas de souper qui s’éternise. Pas de livre à dévorer. Pas de bain pour relaxer. Pas de game de Scramble sur Facebook. Pas de jasette au téléphone avec ma copine Dany. Je vide l’agenda de ses obligations. Et je me tape un tête à tête avec ma couette.
Demain, cette lassitude qui m’habite, cet épuisement qui me colle au cul sera de l’histoire ancienne. Demain, sera un autre jour. Demain, je serai remplie d’énergie, prête à relever mille et un défis. Demain, mes jours seront meilleurs.
Tout était prêt. C’était un plan si simple. Entrer dans ma chambre. Me déshabiller. Enfiler mon pyj. Me réfugier sous les doudous. Fermer mes paupières. Mettre la switch à off. Plonger dans un coma profond. Et si j’ai du temps, rêver.
Ça c’était le plan.
La réalité? Toute autre. Rien à voir. Mes idéaux ont pris le chemin de la poubelle. Bebye. Mes espoirs? Anéantis. Mon moral? Complètement à plat.
Filou s’est tapé une petite crise de somnambulisme. Un mauvais numéro à 1h du matin. La déneigeuse, deux heures plus tard. Le camelot qui mène un train d’enfer à 6h. Les pelles mécaniques à 7h le matin. Le dynamitage par la suite.
Vous ai-je dit que je suis fatiguée?