25 septembre 2006

Les bananes, un remède contre l’ennui

J’ai passé un week-end ordinaire. Bien ordinaire.
Le genre de fin de semaine dont on ne garde aucun souvenir. Que l’on n’inscrit pas en mémoire dans son agenda.
Il n’est rien arrivé de grave. Il n’est rien arrivé d’extraordinaire. Juste du plate, de l’ennui.
La température était moche. Elle m’a rappelée les dimanches plates qu’il y avait quand j’étais petite, que les magasins étaient fermés, que mon père écoutait l’interminable Semaine verte et qu’on n’avait rien d’autre à faire que regarder la pluie tomber sur la porte patio.
Un genre de week-end où on a seulement le goût de vacher. Où tout paraît être une énorme montagne. Il y a pourtant l’aspirateur à passer dans les escaliers et les salles de bain à laver. Mais je suis tellement bien assise dans mon divan à regarder (encore) Lance et compte que je repousse les tâches à accomplir au lendemain.
De toute façon, c’est bien connu, la machine à laver travaille bien mieux le dimanche. Le Comet est beaucoup plus puissant le jour du Seigneur. Sans parler du balai qui ramasse copieusement en ce jour de repos.
Maxim aussi s’emmerde. Elle sort son Nintendo et dès que Mario meurt écrasé par une méchante tortue, elle soupire et ferme son jeu. Elle lorgne sa Barbie. Ouvre sa valise et devant l’immensité de la tâche, celle d’habiller ses poupées, Maxim renonce et déclare : «Maman, c’est plate aujourd’hui.»
C’est vrai que c’est dull un brin. Je propose l’idée de la sieste. Idée rejetée en bloc par mes deux marmots. Je vous dis, si on avait des résultats aussi clairs lors de nos référendums, l’idée de la souveraineté serait exclue pour longtemps. M’enfin, ce n’est pas le sujet de mon propos.
Il est à peine 14h. Nous avons encore sept heures à attendre encore avant d’aller nous coucher pour passer au jour suivant. Une éternité quoi.
Filou aussi trouve le temps long. «Maman, c’est quand que je retourne à la maternelle, parce qu’on s’amuse bien plus à l’école?» Ouf, quand c’est rendu que les enfants préfèrent l’école à leur maison, on est dans la schnout.
Avant que les filles usent le nouveau plancher en tournant en rond, je me dis qu’il faut remédier à la situation, trouver une solution pour au moins rendre cette journée moins ennuyante.
La seule chose qui me vient à l’idée c’est de faire des muffins. Je sais, ce n’est peut-être pas la solution du siècle. Mais je me dis qu’au moins c’est pratique. Le problème des collations de la semaine sera réglé.
Les filles embarquent dans le projet avec autant d’enthousiasme qu’un ado de 15 ans qui doit aller à la messe le dimanche. Filou sort la farine (le sac semble peser 800 livres...). Max apporte les œufs. Je m’occupe des bananes.
Nous mettons toutes la main à la pâte. Ma grande s’occupe de mélanger. Filou voit à licher les batteurs. Je mets notre recette au four. En 20 minutes, le miracle s’est produit; notre délice est prêt, nos bedons sont pleins, mais surtout, on a mis fin à notre monotonie.
Max propose une partie d’Uno. Félixe accepte l’idée avec joie. Je me fais battre à plate couture. Ce n’est pas grave. Max est tellement fière de gagner.
L’après-midi a passé comme un éclair. Et toute la maisonnée est de bonne humeur. Avoir su, j’aurais mis le four en marche bien avant.

18 septembre 2006

La vie est étrange

La vie est étrange pareille. La semaine dernière, ma principale préoccupation était la nouvelle couleur que j’allais donner à mes armoires. Tout se qui dépassait de mon petit nombril, sauf mes armoires bien entendu, était tout à fait puérile.
J’ai fouillé le net de fond en comble. J’ai cherché conseil chez des copines. J’ai acheté un lot de magazines de décoration. J’ai demandé l’avis d’expert en la rénovation d’armoires. J’en parlais avec Katia, avec mes parents, mes collègues de travail, mes sœurs. La vie ne tournait qu’autour de cette foutue mélamine qui trône dans ma cuisine.
Je ne trouvais rien. Rien qui coûtait en bas de 1 500$. Rien qui ne prenait pas des mois d’ouvrage. Sweet nothing.
Découragée, je l’étais. Je tente donc une expérience. Je dépense 60$ en teinture, en pinceau et en autres trucs pour falsifier l’apparence hideuse des mes armoires. Malheur à moi. En tentant d’ouvrir ma bouteille de teinture couleur cerise, voilà que la moitié du liquide s’est retrouvée sur mon nouveau plancher de bois franc. Snif.
Alors, en plus de mon problème d’armoires, voilà que j’ai un problème de plancher, super. Pendant que je frottais à quatre pattes mes belles lattes de bois neuves, je me disais que c’était trop injuste, que tout m’arrivait à moi. « Dans l’art de se victimiser, je suis imbattable.)
Parce qu’en plus d’avoir un plancher tout neuf avec une immense tache de teinture, le nouveau look que j’ai voulu donner à mes armoires s’est avéré être un échec retentissant. Malgré que, si j’avais voulu donner un air de chalet des années 60 à ma cuisine, j’aurais réussi haut la main. Un beau 60$ jeté à l’eau. Soupir.
Pendant que je constatais les dégâts, j’aperçois à la télé les images de la tuerie de Dawson. J’ai le bec cloué. Je suis consternée. Moi qui pensais que le drame de la Polytechnique ne pouvait pas se reproduire à nouveau. Je n’y croyais tout simplement pas. Pas encore une fois.
Puis, la copine Caroline qui m’envoie un courriel remplit de photos de son nouveau ti-lou. Un courriel comme on reçoit régulièrement. Rien pour énerver personne. Mais quand on sait qu’il y a presque deux ans jour pour jour, nous étions tous réunis pour enterrer la grande sœur du nouveau-né, on mesure toute l’importance que ces photos ont pour Caroline.
La réflexion s’est poursuivie vendredi soir. J’avais été conviée à un 5 à 7 du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel de l’Estrie. J’avoue que j’y allais de reculons un brin. Je feelais beaucoup plus pour faire la lâche devant la télé. Mais bon, le patron insistait. C’était important disait-il.
J’ai compris pourquoi. Les gens du CALACS m’ont décerné un prix pour avoir écrit une multitude de textes sur la prévention des agressions à caractère sexuel. J’étais mal à l’aise. Je n’ai fais que mon travail. Et voilà que devant une trentaine de personnes qui eux oeuvrent sans relâche à rendre la société beaucoup plus sécuritaire, je reçois un prix.
Je me suis rappelé Pierre-Hugues Boisvenu et ses deux filles. Je me suis rappelé Marcel Bolduc. Je me suis rappelé tellement d’autres choses.
Je me suis surtout rappelé qu’il y a rien là une cuisine avec des armoires au look chalet. Parce que nous sommes en vie.

2 000 visiteurs!

Ouf! Plus de 2 000 personnes sont venus visiter mon blogue. Je suis bouche-bée. Merci beaucoup à vous tous!

12 septembre 2006

Êtes-vous maintenant convaincus?

Ça fait déjà plusieurs semaines que je me cherche un îlot à mettre dans ma cuisine. J’ai exploré le Home Dépôt, le Rona, le Réno Dépôt, le Zellers, le Maxi, le IKEA au grand complet et je n’ai rien trouvé. Trop petit. Trop cher. Pas beau. Trop grand. Bref, rien qui ne me plaisait nulle part.
C’était jeudi dernier. Petit saut chez Canadian Tire dans l’espoir de trouver ce meuble de cuisine qui ferait mon affaire. Après avoir fais les 40 allées de fond en comble, j’ai lorgné vers le commerce voisin. Tout à coup?
Ça fait plus d’un an et demi que je n’ai pas mis les pieds au Wal Mart, soit depuis que la multinationale a fermé sa succursale de Jonquière pour activités syndicales. Mais bon, je suis là alors pourquoi ne pas en profiter pour jeter un coup d’œil dans leur section de meubles?
Voilà. Il était là. Celui que je recherchais. Pareil comme je me l’imaginais. Il était vraiment beau. Et le prix était fort tentant. En moins de deux, la grosse boîte s’est retrouvée à bord de l’Aveo, direction Saint-Élie.
* * *
Le lendemain matin, j’apprends que la CS Brooks est au bord du gouffre. La compagnie demande à ses employés de leur consentir une diminution de 25% de leur salaire sans quoi elle ne sait pas ce qu’il adviendra de l’usine.
J’ai reçu un chèque de pays de cette entreprise à la fin des années 90. Pendant trois ans, j’ai fabriqué des milliers de douillette pendant mes études universitaires. Probablement que celle qui orne votre lit est passée entre mes mains d’ailleurs.
Toujours est-il que ce jour-là, j’ai eu une pensée pour ceux que j’ai côtoyés pendant toutes ces années. J’ai fais la rencontre de gens tous plus spéciaux les uns que les autres. Des personnes qui ont marqué ma vie. Qui ont fait en sorte que je ne porte plus de préjugés sur les travailleurs d’usine.
J’ai pensé à Paul qui avait une peur bleue du dentiste, mais qui prenait tellement à cœur son rôle au sein de la brigade des pompiers volontaires. Chaque été, on le voyait débarquer à la « shop » avec ses douzaines de tomates et de concombres qu’il distribuait à tout le monde avec joie.
J’ai revu Marie-Josée qui avait réalisé le rêve de sa vie en achetant une Beetle de collection rose nanane. Elle et son amie Christine, la tatoueuse passionnée, nous passions toutes nos pauses illégales ensemble dans les salles de bain à nous raconter nos vies encore et encore.
Il y avait Josée, avec qui j’ai plié des centaines et des centaines de jupes de lit, qui me racontait ses déboires amoureux. Malgré tout, son amour de ses quatre marmots m’a beaucoup plus marqué que ses échecs.
C’était sans oublié Isabelle, qui est devenue ma grande amie. François avec qui j’ai partagé de nombreuses fois la route Magog-Saint-Élie. J’ai pensé aussi à Sylvie, Josiane, Pierre, Colette, Françoise, Hubert, l’autre François, Michel, Anette et aux autres dont le nom m’échappe.
Je me suis demandée combien d’entre eux ont fait la file au bureau d’assurance-chômage dans les dernières années parce qu’ils avaient été « slaqués ». Et surtout, combien pouvait faire encore leur bonus chaque jour. Nous étions près de 1 000 employés à l’époque. Ils sont à peine 80 maintenant. Et ils sont tous en arrêt de travail cette semaine.
Et encore on leur demande de couper leur salaire de 25% parce que Wal-Mart aurait réclamé à Springs Canada de réduire de 10% le prix des articles de literie qu'il lui vend et qui proviennent de la Brooks.
Pendant que nous autres, bande de caves, on va encore magasiner chez Wal Marde. Parce que l’on économise 52¢ sur le Tide et le papier de toilette. Par notre égoïsme, on fout du monde à la porte de leur boulot chaque jour. Par notre égocentrisme, on réduit des milliers de personnes à des conditions d’emploi exécrables. Bravo!
Du coup, je l’ai trouvé pas mal moins beau mon meuble avec toutes ces marques de gens qui ont vu leur destin chamboulé par les pratiques déloyales de la multinationale américaine.

04 septembre 2006

Un plan simple pour Audrey

Quand je travaillais au McDo, je pouvais manger des Big Mac à 50% de rabais. Quand j’étais caissière chez Tristan, je pouvais acheter des fringues à la moitié du prix étiqueté. Quand je bossais au CHUS, il m’était possible de connaître l’opinion des spécialistes sur mes bobos du moment.
Chaque travail amène son lot d’avantages autres que financiers. Des privilèges qui amènent un petit plus à notre boulot. Mais que m’apporte mon travail de journaliste? Des places à des spectacles qui font mourir d’envie bien du monde.
Encore, jeudi dernier au show de Simple plan, j’étais aux premières loges. Vraiment aux premières loges. Vous savez l’espace entre la scène et la barrière de sécurité? Bien, c’est là où j’ai assisté au spectacle de ce band montréalais. Et j’avoue que bien des adolescentes auraient fait bien des choses pour se retrouver à mes côtés. À quelques mètres de leurs idoles.
C’est à ce moment que j’ai vu ma cousine Audrey. Une ado comme des milliers d’autres qui capotent sur Pierre Bouvier, David Desrosiers et les autres. Coiffée d’une casquette à l’effigie du groupe et vêtue d’un t-shirt de leur précédente tournée, Audrey était véritablement prête à entendre les Simple Plan.
Je me suis revue à son âge, du haut de mes 12 ans, quand mon t-shirt de The Cure n’allait pas souvent faire un tour dans la machine à laver tellement je le portais tout le temps. J’ai repensé à toutes ces heures pendues devant Musique Plus à attendre que la vidéo de In between days passe. Ça m’a rappelé les coiffures de Robert Smith que Catherine et moi tentions d’imiter. Et je ne vous parle pas de la jalousie que j’éprouvais face à Éric qui avait eu le droit, lui, d’assister à leur concert au Forum.
Chaque mois, j’attendais avec impatience la sortie du magazine Wow! en espérant y voir un reportage sur mon groupe à moi. Dès que j’avais la chance, je me pointais au Le Rock où je bavais de désir devant les dizaines de posters qui ornaient les murs de ce magasin du centre-ville. Je ne sais plus combien de milliers de piles j’ai usé dans mon walkman à écouter en boucle Kyoto song.
Et j’ai trouvé que la cousine était tout de même chanceuse de pouvoir assister, ici à Sherbrooke, à une prestation « live » de son groupe fétiche. J’aurais donné beaucoup pour avoir pareille chance à son âge.
Mais elle avait beau être dans l’édifice CÉRAS, reste qu’avec les 4 000 personnes présentes, ce n’était pas simple de se frayer un chemin pour avoir une vue correcte de la scène. C’est là, quand je la voyais s’étirer sur la pointe des pieds pour espérer voir plus que les oreilles du gars en avant d’elle, que j’ai allumé. Vraiment, je n’ai pas été vite sur ce coup-là!
Il aura fallu une bonne demi-heure avant d’avoir ce déclic qui rendrait ma cousine si heureuse. Je suis donc allée la chercher au milieu de la foule pour l’amener avec moi aux premières loges.
C’est un peu abasourdie qu’elle a dansé sur les Jump, Untitled et Crazy à quelques mètres de ceux qui tapissent les murs de sa chambre. Et j’avoue que voir les yeux pétillants d’Audrey regardant Simple Plan valait bien plus que les chansons du quintette...
À chacun ses avantages disions-nous.