26 décembre 2006

Le nouveau jeu du réveillon

Nous avons inauguré une nouvelle tradition à notre réveillon de Noël. Pendant le souper, entre le potage et l’entrée, j’ai lancé mon projet. Érik s’est étouffé avec son verre de vin alors que ma mère s’écriait que c’était une super idée. Même Chuck, un nouveau venu dans la famille, a embarqué à pieds joints dans l’aventure sans se sauveret ne s’est pas sauvé de la maison en courant!
Mon jeu, en fait, ce n’était que de répondre à trois questions. Trois petites réponses que chacun des membres de la tribu Proulx auraient à trouver et qui serviraient à boucler l’année 2006 et à s’ouvrir sur la nouvelle qui se pointera sur le calendrier sous peu.
Alors, dites-moi, chers convives, quel a été votre meilleur coup de l’année? J’ai ouvert le bal en disant que je n’étais pas peu fière de me retrouver avec un prêt hypothécaire à mon seul nom. Mon père a suivisuivit la parade en évoquantinvoquant le nouveau look qu’il avait lui-même donné à mon chez-nous. Même Filou s’est jointe au jeu en disant que les A de son bulletin la rendaientl’a rendait très heureuse. Tour à tour, chacun a vanté ses mérites réalisés au cours de l’an 2006.
Puis, nous sommes passés au vote. Qui avait eu le meilleur coup? J’ai gagné la première manche et j’ai eu le privilège de piger dans la boîte à cadeaux spéciaux. Mon tête-à-tête avec le notaire m’a valu quatre nouveaux sous-verre. Chouette!
Puis, nous avons enchaîné avec ma deuxième question mystère. Quel a été votre pire coup de l’année. Le truc que vous avez fait dontdonc vous êtes le moins fier? J’ai faitfais rire mes sœurs avec ma révélation (bien que j’aie également horrifié ma mère avec ce même aveu!) Et ne cherchez pas à savoir; c’est notre petit secret à nous!.
Chuck a, quant à lui, avoué qu’il était bien désolé d’avoir recommencé à fumer, résultat d’une grosse peine d’amour. Lalie a profité du moment pour prendre la parole en évoquantinvoquant sa désertion des bancs d’école ce qui a amenéamneé un flot de larmes sur ses joues, mais également un support inconditionnel de nous tous. Malgré les mouchoirs utilisés par Anne-Marie, c’est l’ex-nouveau fumeur qui a remporté la 2e manche.
La ronde finale devait nous ouvrir sur 2007. Pas question de résolutions qui ne tiendraient pas plus que trois semaines. Non, il fallait annoncer un truc que nous aimerions réaliser pendant les douze mois qui nous tiendront compagnie l’an prochain. Alex a souligné qu’elle aimerait bien trouver ce qu’elle aimerait faire de sa vie. Chuck a annoncé son intention d’arrêter de fumer. Et mon père souhaite venir à bout de mes rénos (et moi donc!). À l’unanimité, nous avons voté pour la petite sœur.
* * *
Bon, je n’avais rien inventé. C’est en faisant le journal d’aujourd’hui que l’idée m’est venue. Nous voulions faire une revue de fin d’année à la mode La Nouvelle. Pas une rétrospective de l’actualité en 2006. Non. Nous voulions aller plus loin et présenter un côté plus humain aux événements qui ont parsemé le calendrier qui se terminera sous peu.
L’idée de présenter nos meilleurs coups a donc fait son chemin. Concept que nous avons bonifié un peu. En effet, nous avons rappelé nos coups de cœur afin de savoir où ils étaient rendus. Que s’était-il passé depuis la parution de l’article parlant d’eux?
Vraiment, l’édition de cette semaine est impressionnante. Elle est à l’image des gens que nous présentons semaine après semaine : vivante, humaine, étonnante, mais surtout remarquable.
Bonne lecture et surtout, bonne année!

Un Noël au pensionnat

Maxim est un brin excitée cette semaine. On pourrait croire qu’elle se pique au glucose. Vraiment, elle ne tient pas en place. C’est que vendredi ce sera fête de Noël dans sa classe. Un échange de cadeaux est organisé et j’avoue que l’ami secret de ma grande sera grandement gâté.
Toute cette fébrilité me replonge du temps où j’étais pensionnaire. Je suis persuadée d’y avoir vécu la plus belle fête de Noël qui puisse exister.
Comme à l’habitude, les lumières du dortoir se sont éteintes à 21h25. Après ma pratique de basket et ma journée d’école, le sommeil ne fut pas difficile à trouver. Il ne restait qu’une journée à passer sur ma chaise d’écolière avant de plonger des mes vacances. Je rêve déjà aux multiples activités qui m’occuperont pendant ces deux semaines.
Tout à coup, j’entends au loin des voix. Je crois qu’on chante. Je suis un peu mêlée. Je me demande si c’est dans mon rêve ou si c’est la réalité.
Le son devient de plus en plus fort. Je peux maintenant distinguer le Sainte Nuit très clairement. Je suis de plus en plus confuse surtout lorsque j’ouvre les yeux et que j’aperçois Jacques, mon prof de maths, en soutane blanche avec une chandelle à la main. Il est suivi ma Brigitte, celle qui enseigne l’histoire, par Michèle le professeur de français et de musique, sans oublier les Jean, Denis, Sylvie, Micheline, Claude, Josée, Soeur Ginette et Sœur Évangeline. Tous ceux qui m’enseignent sont là!
Vraiment, je ne comprends rien. Je me frotte les yeux. Je reprends mes esprits. Mais ils sont toujours là qui ne cessent de chanter avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles. C’est à ce moment que Sœur Denise vient nous secourir dans nos multiples questionnements en nous disant que nous avions cinq minutes pour s’habiller et traverser vers l’église où nous assisterions à la messe de minuit. Oui oui, vous avez bien lu!
Mais ce n’était pas tout. En revenant de cette célébration de Noël, on nous conduit dans la palestre où nous attendent un immense sapin et des centaines de cadeaux! Toutes les filles présentes ont reçu un paquet en plus d’une dizaine qui ont gagné de magnifiques trésors allant de l’équipement de ski alpin à la télévision en passant par des billets de spectacles. Vraiment, nous sommes toutes estomaquées devant tant de générosité.
Mais que serait une veillée de Noël sans le traditionnel réveillon? Nous descendons donc à la cafétéria pour y déguster dinde, tourtière, sauce aux canneberges, alouette. Tout y est. Même une pianiste et un violoniste qui ont le mandat de nous faire chanter et danser. Rigodons et chansons à répondre se succèdent au travers les rires et les sourires.
L’horloge indique trois heures du mat. La fatigue commence à se faire sentir. Sœur Jeanne D’Arc et Sœur Jacqueline nous invitent à retrouver notre lit. Question d’être capable d’affronter la dernière journée d’école avant les vacances.
Le sommeil a été difficile à trouver. Trop fébrile j’imagine ou sous le choc. Encore aujourd’hui, je n’en reviens pas encore de toute l’implication qu’a nécessité cette nuit de Noël. Du curé de la paroisse en passant par ces profs qui sont revenus au boulot en pleine nuit et sans oublier toutes ces sœurs qui nous ont popoté un repas d’enfer. Vraiment, je suis toute autant émerveillée que lorsque j’avais 14 ans.
Je reste persuadée que la plus belle fête scolaire de Noël, c’est moi qui l’ai vécue. Désolé Max.

18 décembre 2006

Un sapin de souvenirs

C’était pourtant très clair dans ma tête. Mes souvenirs me semblaient intacts.
Il y avait mon père qui arrivait avec le sapin jonché sur le toit de la Reliant K familial. Puis, il y avait l’attente. La maudine d’attente.
L’attente que mon père grimpe l’arbre au troisième étage de l’immeuble où nous habitions. Une opération qui semblait simple au départ, mais qui pouvait s’avérer quand même périlleuse.
Une fois l’objectif atteint, il fallait encore attendre. Patienter pendant que l’arbre dégèle. J’avoue n’avoir jamais compris l’utilité de cette étape, mais bon il nous était tout à fait impossible de penser à y mettre une seule boule tant que les branches n’étaient pas redescendues. Soupir.
Pour nous réconforter, ma sœur et moi, pendant ces longs moments, ma mère tentait de nous occuper alors qu’elle faisait l’une de ses 75 tourtières à la cuisine. On sortait les emporte-pièces pour faire des sapins et des bonhommes de neige dans la pâte à tarte afin de décorer la croûte plus tard.
Il y avait les petits Simard qui chantaient des airs de Noël. J’avoue que j’étais grandement embêtée d’imaginer la mère de Nathalie embrasser le Père Noël. Mais à tout bout de champ, on entendait : « papa, est-ce que l’on peut maintenant? »
Dès que l’on entendait se lever de son divan, on laissait tomber rapidement notre pâte à tarte pour se lancer tête première dans la boîte de décorations. Mais il fallait attendre. Encore.
Attendre que mon père installe les milliers de lumières. Technique très difficile disait-il qu’il devait réaliser seul. Alors, on admirait le professionnel à l’œuvre. Mais c’était loooooooong!
Plusieurs heures plus tard, on avait enfin le ok pour participer à l’œuvre. Nous pouvions mettre notre talent à profit. Rapidement, nous pouvions admirer notre travail collectif. Chaque année, nous étions béates d’admiration devant notre sapin, qui était assurément le plus beau de la ville. Nous étions tellement fières d’avoir participer pour faire de cet arbre une véritable œuvre d’art.
Je me souviens des multiples fous rires, des histoires que racontait mon père, de l’ambiance qu’il y avait dans notre appartement, de l’odeur du sapin.
Depuis que je suis moi-même maman, j’attends le moment de la décoration du sapin avec impatience chaque année me rappelant toutes ces fois où nous mettions la main à la pâte avec mon père.
Pourtant, ça ne marche pas. Pendant que le sapin dégèle, les filles se chicanent. Pendant que j’installe les lumières, Félixe renverse son verre de lait et Maxim fout le bordel dans le salon. Et c’est sans parler des multiples soupirs d’exaspération lancés.
Quand c’est le moment d’installer les décorations, l’histoire dégénère. Le sol a vu tomber pas une, mais deux boules. Je sors le balai en grondant Max et Filou de prendre leur temps, que rien ne presse, que c’est très fragile des boules de Noël.
Voilà que la petite grimpe sur une chaise afin d’aller porter un ange le plus haut possible et la voilà qui tombe par terre. La grande en profite pour rire de sa cadette ce qui fait encore plus enrager mon bébé. Et ça c’est sans parler de la bataille générale pour savoir qui aura le privilège de mettre l’étoile au sommet. Vraiment l’ambiance est géniale!
La maison a l’air d’un véritable chantier. Il y a du raffia, des épines de sapin et des décos partout dans la maison. J’en ai pour deux heures à ranger. Je suis triste. Je voudrais tellement recréer mes souvenirs d’antan.
Deux jours plus tard, voilà que je demande à Max si elle a aimé décorer le sapin. « Oh! Oui! C’est tellement le fun maman! »
Et si c’était pareil quand j’avais huit ans? Si ma mémoire me jouait des tours et que seuls les bons moments sont restés imprégnés dans ma tête? Peut-être que mes filles ont déjà oublié ce qui n’allait pas pour se souvenir que du beau. Je l’espère vraiment.

04 décembre 2006

Cauchemar et cosinus

Voici une histoire vécue. C’est le récit du cauchemar de mon cinquième secondaire : mon prof de math.
Ça s’est passé de l’automne 1992 à l’été 1993. Dix mois de terreur en ligne. J’ai passé 180 jours à redouter mon rendez-vous quotidien avec les théorèmes de Pythagore.
En début d’année, j’ai pourtant essayé. J’ai donné mon effort. Chaque jour, avec une rigueur peu commune, j’ai bossé sur mes devoirs. J’ai passé des heures à plancher pour préparer mes examens. Je profitais même des heures de récupération du midi pour tenter de comprendre d’avantage la matière.
Résultat sur le bulletin de la première étape? Échec. Un échec retentissant soi dit en passant. Le drame. La déconfiture.
Je n’étais donc pas douée pour les maths. Les dés étaient jetés. Mon sort était scellé. Il n’y avait plus rien à faire, mon hémisphère droit ne savait pas jongler avec les formules mathématiques.
Ce constat fait, j’ai quand même dû me taper un tête à tête quotidien avec elle. Cette prof, obstinée, avait en tête que j’étais capable de déchiffrer ces mauzus de formules algébriques. Mais non, il n’y avait rien à faire. Ça ne rentrait pas.
De semaine en semaine, la frustration entre nous deux grandissait. Bah je peux la comprendre. Je passais souvent la totalité de mes cours de maths à dessiner dans mon agenda, à étudier pour l’examen d’anglais qui s’en venait ou à manger des M&M. Ma haine des maths s’est transformée. J’ai commencé à détester la prof qui enseignait la matière aussi.
Reste que c’était dur sur l’ego. Alors que les 30 autres filles de ma classe réussissait bien dans cette matière, moi je ne valais rien. Je m’en voulais de ne pas avoir été codée génétiquement pou réussir à jongler avec la géométrie et les cosinus.
Le matin de notre examen de fin d’année, je suis restée couchée. Comme il m’aurait fallu 400% pour penser à réussir mon année, j’ai pensé qu’il valait mieux investir mon temps dans le sommeil que dans un paquet de questions que des fonctionnaires du ministère de l’Éducation avaient mises sur papier.
Le temps a passé. J’ai décroché un bac en Histoire, un certificat en Lettres et langue française. Je suis devenue journaliste et puis rédactrice en chef de La Nouvelle. J’avais oublié à peu près tout de ce qui avait assombri ma dernière année au Mont. Jusqu’à ce matin où un message spécial est arrivé dans ma boîte de courriels.
C’était Guylaine qui m’écrivait. Cette même prof qui m’avait donné tant de fil à retorde qui venait me hanter 12 ans plus tard. Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter ça? Soupir.
En l’espace de deux lignes, mes pires craintes étaient tombées. C’était un courriel de félicitations. Le cauchemar de mon secondaire V avait pris le temps de m’écrire pour me dire que les maths ce n’étaient pas tout dans la vie, qu’il y avait bien plus. Qu’il y a d'autres façons de se réaliser.
Ce fut le plus beau de tous les mots de félicitations que j’ai reçus. Celui qui m’a fait le plus chaud au cœur. La hache de guerre était enterrée. Nous pouvions être amies maintenant.
Depuis, j’ai collaboré avec Guylaine à plusieurs reprises dans le cadre de mes fonctions. Et chaque fois, c’est avec plaisir que je me pointe aux rendez-vous.
Je n’ai plus peur de couler maintenant.