29 janvier 2008

Chantal, je m'excuse

J’étais en première secondaire la première fois que j’ai pris la plume pour écrire une lettre d’opinion destinée à mon journal local. Du haut de mes 13 ans bien sonnés, je pensais détenir la vérité. J’étais persuadée que j’avais des arguments de béton et que suite à la publication de ma lettre, plus personne n’irait cogner à la porte d’une clinique d’avortement. Je voulais que toutes ces femmes, que je croyais insouciantes, prennent leurs responsabilités et qu’elles assument leurs actes.
C’était l’été de la saga Chantal Daigle-Jean-Guy Tremblay.
Tremblay avait fait la manchette des journaux, en 1989, lorsqu'il s'était rendu jusqu'en Cour suprême pour tenter d'empêcher sa compagne d'alors, Chantal Daigle, de subir un avortement. Lors de son témoignage, Mme Daigle avait soutenu que Tremblay avait été violent et possessif.
Mais moi, dans ma petite tête d’adolescente, j’étais convaincue de savoir ce qui était bon pour les autres. J’avais lu sur la question. Je m’étais renseignée. C’était très clair dans ma tête : un avortement, c’était tout simplement un crime. Chantal Daigle voulait commettre un meurtre et voulait être cautionnée par la Cour suprême du pays. Nous devions nous ranger de son côté et accepter l’horrible fin qu’attendait son petit bébé.
À mon grand désarroi, ma lettre n’a pas été publiée. À mon avis, le rédacteur en chef de l’époque était dans le champ de patates pour refuser de mettre mon opinion en page du courrier des lecteurs. Je criais à l’injustice. Il y avait une vie en jeu!
Les années ont passé. Le temps a fait son œuvre. Et j’ai compris.
J’ai compris l’importance du droit à l’avortement libre et gratuit. Aujourd’hui, 20 ans après la décriminalisation de l’avortement au Canada, mon fusil a changé d’épaule. Après avoir mis au monde deux enfants, mais surtout après avoir goûté aux joies (et aux difficultés!) de les élever, je ne pense plus du tout pareil.
Quand je vois à la télé ou dans les journaux des images de faux cimetières remplis d’enfants non-nés, je suis insultée. Quand je vois les provie manifester avec leurs grandes affiches avec des images de fœtus avortés, ma colère grimpe.
En fait, une foule de questions me viennent à l’esprit : Qui êtes-vous pour vous incrustez dans nos vies privées? Quels droits vous sont donnés de nous dire ce qui est bon ou non pour nous? Pour qui vous prenez-vous pour juger ainsi nos décisions?
On ne peut pas être pour ou contre l’avortement collectivement. C’est une question hautement personnelle. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons de subir cette intervention chirurgicale. Toute est une question de situation. Par exemple, pour nous, se faire avorter parce que le sexe du bébé ne convient pas ne nous rentre pas dans la tête. Mais pour une famille chinoise, qui n'aura qu'un seul bébé dans toute sa vie et pour qui avoir une fille représente bien des tracas, je peux comprendre.
Et on ne peut pas interdire l’avortement aux femmes qui avortent comme elles changent de chemise sous prétexte que ce n’est pas un moyen de contraception. Encore ici, c’est une question de perspective. Si une femme collectionne les avortements, c’est peut-être mieux qu’elle ne mette pas ces enfants au monde, question de ne pas aller grossir la banque de 60 000 enfants signalés chaque année à la DPJ…
Je ne sais pas s’il est trop tard. Mais près de 15 ans après avoir signé cette lettre, j’offre mes plus profondes excuses à Chantal Daigle. Désolé d’avoir porté un jugement sur votre situation bien personnelle qui ne me regardait pas, mais pas du tout.
Parce que tout ceci ne concerne qu’une seule personne et c’est celle qui doit prendre cette décision. Personne d’autre. Et surtout pas les provie.

Déculpabilisez-moi quelqu'un!

Il n’y a personne qui m’avait prévenue quand même temps que la balance montrait des chiffres de plus en plus gros, dû à mon état de grossesse, que grandirait en moi un tout nouveau sentiment : la culpabilité.
Coupable tout d’abord de siroter un touti verre de vin alors que tous les spécialistes de la terre s’entendent pour dire que c’est la pire chose alors que pousse en nous un magnifique petit bébé pétant de santé.
Coupable par la suite de ne pas avoir fait ces foutus exercices d’étirement du périnée tant préconisés par les sommités en la matière. Faut dire qu’une épisiotomie longue comme ça, ça culpabilise une madame assez longtemps. Du moins, le temps que prend à guérir une épisio, soit six à huit semaines.
Coupable de retourner au boulot alors que le bébé tout neuf n’a pas encore son permis de conduire, qu’il n’est pas sur le point d’aller à son bal de finissant ou que l’idée de retirer ses REER ne lui a pas effleuré l’esprit encore.
Coupable de ne pas avoir allaité les deux ans prescrits par l’Organisation mondiale de la santé et d’avoir osé mettre de l’Enfalac dans le biberon à sept mois pour l’une et à un an pour l’autre les exposant ainsi délibérément à de nombreuses allergies et maladies.
Coupable d’être de mauvaise humeur à 4h du matin alors que bébé se réveille pour la huitième fois en hurlant, car il a perdu sa foutue suce. « À quoi ai-je bien pu penser de lui foutre une suce dans la bouche alors qu’elle aurait pu se démerder toute seule avec son puce? »
Coupable ensuite de ne pas être capable de sevrer de sa suce sa grande de deux ans.
Et pourquoi pas se sentir coupable de donner une petite sœur à l’autre lui imposant ainsi nombre de responsabilités qui viennent avec une titre de grande sœur.
Coupable de ne pas démontrer d’enthousiasme à la 44e lecture de Caillou Le petit pot parce que la lecture en bas âge c’est tellement bénéfique sur le succès futur de son enfant dans la sphère scolaire.
Coupable de ne pas avoir su prévenir une gastro, une otite, une sinusite, une pneumonie.
Coupable de ne pas avoir vu arriver la prune sur le front, le bleu sur la cuisse, la graffigne sur le genou.
Coupable de « ploguer » ses rejetons devant la télé et de ne pas profiter des beautés que la nature nous offre en allant jouer dehors.
Coupable de ne pas offrir des repas quatre étoiles trois fois par jour ainsi que des collations hautement équilibrées.
Coupable. Je me sens tout le temps coupable. Coupable de n’importe quoi. Bref, c’est toujours de ma faute.
Culpabilité. Culpabilité. Culpabilité.
Elle est toujours présente. Toujours là. Elle ne « punch » jamais « out » elle? Ne va jamais en vacances? N’a pas de journées de congés prévus à sa convention collective?
Avec des conditions de travail aussi moches, elle devrait se voter un bon mandat de grève et faire du piquetage. Elle devrait demander une réduction importante de ses heures de travail ainsi qu’une bonification de ses congés flottants. N’importe quel arbitre en matière de négociation syndicale ne s’y opposerait, j’en suis certaine.
Pour toutes les mères membres de l’Alliance mondiale pour la non-culpabilité, autorisez rapidement la culpabilité à prendre une année, non une décennie, sabbatique. Nous avons autre chose à faire que de se morfondre avec les « j’aurais donc dû » et les « si j’avais fait ça… »

16 janvier 2008

De quel type êtes-vous?

Êtes-vous de type sauce ou poulet? Choisissez-vous la salade crémeuse ou traditionnelle? Préférez-vous le Coke ou le Pepsi? Votre poutine, vous la préférez nature ou arrosée de ketchup?
Chaque jour, nous sommes confrontés à de multiples choix. À tout moment, nous devons favoriser une option au détriment d’une autre.
Dormez-vous à gauche ou à droite du lit? La porte ouverte ou non? Le chauffage dans le tapis ou à zéro? Et au réveil, c’est la radio ou l’agressant buzzer qui vous tire de Morphée?
Préférez-vous la douche rapide ou un long bain moussant et très chaud? Êtes-vous du type pyjama à pattes ou petit baby doll sexy? Vous avez des pantoufles dans votre garde-robe ou le contact du plancher froid sous vos pieds vous plaît d’avantage?
Qu’aimez-vous le plus : la télé ou la radio? Radio-Canada ou TVA? Canal Vie ou RDS? Musique Plus ou Musimax? Le Retour de Dominic et Martin ou Estrie Express? Les Midis de Véro ou Lavoie en direct?
Apportez-vous votre lunch au bureau ou vous connaissez par cœur les menus du midi de tous les restos de la ville? Votre compte, il est à la Caisse ou à la banque? Vous êtes de type Visa ou Master Card? Votre téléphonie, elle passe par Bell ou par Vidéotron? Le matin, vous déjeunez ou non? Êtes-vous pour ou contre le maintien des arrondissements?
Que de choix. Que de sélections à faire. Que de cases à cocher.
J’apprends ce matin que la neige artificielle produite par les stations de ski a des impacts négatifs considérables sur son environnement. Elle brise les arbres, augmente l’érosion de la montagne sans parler de la quantité d’eau nécessaire à la chose. Que faire? Dois-je arrêter la pratique de mon sport préféré afin d’aller dans le même sens que ma conscience écologique?
La semaine dernière, la Chine a banni la production et la vente des milliards de sacs de plastique mince sur son territoire afin de réduire la prolifération de cette «pollution blanche» et de réduire le gaspillage d'énormes quantités de pétrole. Je dis bravo à cette initiative! Je veux bien utiliser des sacs de coton pour mettre y mes emplettes. Dommage que la plupart proviennent de la… Chine ce qui a pour effet d’augmenter les gaz à effet de serre. Qu’est-ce qui est le moins dommageable : plastique ou coton?
Je tuerais pour une framboise. Quand juillet arrive, je peux engloutir des centaines de casseaux de ce fruit rouge produit près d’ici, à Johnville. J’en mets partout : dans mes salades, avec mon filet de porc, dans une tarte. Mais le reste de l’année, dois-je me priver de mon péché mignon parce que les framboises offertes à l’épicerie se sont tapées 5 000 km en camion déversant ainsi des tonnes de CO2 dans l’atmosphère?
Dans mon nouveau chez-moi, il y a un refroidisseur à vin. J’adore ce nouvel électroménager qui libère beaucoup d’espace dans mon frigo. J’aime passer du temps à la SAQ à la recherche de bonnes bouteilles qui rempliront mon nouveau joujou. Mais à chaque fois que je débouche une bouteille, mon cœur se serre pensant à cette ressource naturelle, l’écorce du chêne-liège, qui est grandement en danger. Il faut entre huit et 12 ans à cette écorce pour se régénérer. Ish. Serai-je obligée de me contenter de piquette twist cap pour faire ma part pour préserver ce joyau naturel?
Je me promène dans une toute petite auto. Tellement petite que mon épicerie ne rentre pas au complet dans le coffre. Quand les filles et moi allons en ski, c’est l’enfer entre les trois paires de planches, les bâtons, les bottes, les casques, le sac à lunch. Imaginez quand nous voulons aller camper. Il y a des bagages partout : un sac de couchage sous mes fesses, un oreiller dans la fenêtre de Filou, la tente sous les pieds de Maxim, la passoire à spaghetti sur l’appui-tête côté passager. Tous les centimètres carrés de la voiture sont alors utilisés. Je rêve donc du moment où ma location se terminera. Je mettrai la main sur une bagnole plus grosse…. et qui demandera plus d’essence et qui émettra encore plus de gaz à effets de serre que ma mini.
Pas simple de choisir. De faire des choix qui n’ont aucun impact sur le futur de notre planète tout en se faisant plaisir. Pas simple.

09 janvier 2008

Un souvenir lointain

Un de mes souvenirs les plus anciens remonte à mon Noël de six ans. Nous étions réunis chez mes grands-parents paternels. Toute la famille y était : mes tantes, mes oncles, mon cousin et ma cousine, mes parents et ma petite sœur. La soirée était prometteuse. À cet âge, un sapin enseveli sous les cadeaux ça rend n’importe qui heureux de toute façon.
Mais ne me demandez pas ce que j’ai reçu ce soir-là. M’en souviens plus.
Tout ce que je me rappelle, c’est de mon grand-père qui descendait au sous-sol. Une fois en bas, comme il ne se souvenait plus pourquoi il y était, il remontait. Mais dès qu’il mettait le pied sur la dernière marche de l’étage, ce qu’il avait à faire au sous-sol lui revenait en tête et il y redescendait donc. Une fois en bas, il avait déjà oublié ce qu’il avait à faire…
Le manège s’est poursuivi très longtemps. Sur le coup, je trouvais ça amusant de le voir faire. Mais rapidement, à regarder les visages tristes de ma famille, j’ai compris qu’il n’y avait rien de drôle dans les agissements de mon grand-père.
Nous assistions en avant-première (et bien impuissants) à une pièce de théâtre intitulée : « En route vers l’Alzheimer ». Mon grand-père y jouait le rôle principal, bien malgré lui, et à notre plus grand désarroi, il nous avait offert des billets aux premières loges…
Quelques temps plus tard, mon grand-père a fait son entrée à l’hôpital. Il était devenu difficile pour ma grand-mère de veiller sur lui. Il tombait partout, refusait de se laver et perdait de plus en plus la mémoire.
Il n’en est plus jamais sorti. Sauf ce matin d’avril 1990 où on l’a transporté au cimetière Saint-Michel. Ce matin-là, après avoir oublié tout à tour le nom de ma grand-mère, celui de ses enfants et petits-enfants et bon nombre d’événements qui ont ponctué sa vie, il avait oublié de respirer.
On estime qu’en 2008, il y aura 450 000 Canadiens de 65 ans et plus qui seront atteints de la maladie d’Alzheimer ce qui représente 1 personne sur 13. Chez les Canadiens de plus de 85 ans, ce taux grimpe à 1 sur 3. Seulement ici, en Estrie, plus de 8 000 personnes doivent conjuguer avec maladie.
Malgré l’évolution des connaissances et la découverte de médicaments spécifiques, le nombre de personnes atteintes augmentera de 57% d’ici 15 ans. Malheureusement, pour le moment, il n'existe encore aucun moyen de guérir ou de prévenir la maladie.
Janvier est le mois de la sensibilisation à la maladie d’Alzheimer. Alors pour tout ces Canadiens qui vivent avec cette affection chaque jour, pour les 20% de la population qui ont dans leur famille une personne atteinte de cette maladie, je vous invite à faire un don à la Société Alzheimer de l'Estrie soit directement sur leur site Internet au www.alzheimerestrie.com ou encore par la poste au 375, rue Argyll, Édifice Norton, bureau 0725, Sherbrooke, J1J 3H5.

02 janvier 2008

Que ferais-je sans elles?

Me suis amusée ce week-end. Les filles étaient chez papa jusqu’au jour de l’An. Ça me laissait un popire répit parental. Rien n’était prévu à l’agenda de ces quatre jours de childs free. Rien. Sweet nothing.
J’ai rempli la baignoire à ras bord. J’y ai mis tout plein de bulles. Pis j’ai trouvé une petite place pour y déposer une coupe de vin. Je me suis glissée dans cette eau bouillante annonciatrice de détente. Ce n’est qu’une fois complètement mouillée, que je me rends compte que j’ai oublié mon livre dans ma chambre. Déception.
Bon, je ne vais pas gâcher cet instant. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je me suis mise à penser à ce que serait ma vie sans mes guidounes. Que ferais-je de mon temps si je n’avais pas d’héritières à m’occuper? Comment occuperais-je mes dix doigts devant toutes ces cases vides de mon agenda?
Facile. Trop facile même.
Premièrement, les nuits écourtées seraient terminées. Fini les réveils à 2 heures du mat parce qu’un cauchemar est venu hanter mon bébé ou qu’une gastro a choisi ma plus vieille comme victime.
Deuxièmement, comme je n’aurais pas à accourir à la maison à chaque soir pour remplir deux petits estomacs qui crient famine, je pourrais travailler plus tard et plus fort et ainsi être dans les bonnes grâces du patron. Je serais sans aucun doute une femme grandement valorisée grâce à son boulot.
Aussi, sans devoir à superviser et bain à donner, je serais libre de voir tous les nouveaux films au ciné, d’admirer toutes les expositions culturelles récentes, d’assister à bon nombre de spectacles. Sans enfants, vraiment je serais une fille super cultivée!
Sans calendrier de vaccination à gérer, sans agenda scolaire à regarder, sans horaire de cours de ski (et de ballet et de natation et de violon) à respecter, je serais libre de déjeuner en début d’après-midi, de souper avec un bol de céréales Froot Loops, de me coucher à pas d’heure et de me réveiller quand bon me semblera.
Fini le cassage de bicycle devant le Guide alimentaire canadien, les recommandations de l’Association canadienne de pédiatrie, les rappels de Mattel et les mise en garde importantes du Docteur Chicoine. Maintenant, je peux manger des gras trans, ne pas verrouiller mon armoire à médicaments, jouer avec des Polly Pocket, ne pas me questionner sur les séquelles de la garderie dans la vie d’un enfant et ce, sans culpabilité aucune.
Comme je ne serais plus obligée de jouer les clowns pour divertir mes filles, de me prendre pour un coach de football pour les motiver à aller dehors ou de me transformer en savant mathématicien pour déchiffrer les bulletins scolaires, j’aurais tout mon temps pour lire des tonnes de romans ou encore pour m’instruire d’avantage en m’inscrivant à un cours de point de croix ou de m’ouvrir sur le monde en suivant des leçons de cuisine angolaise.
Mes cotisations aux régimes d’épargnes-études seraient remplacées par des investissements d’épargne-voyage. Mes versements trop fréquents dans les boutiques de fringues pour enfants seraient convertis en mise de fond sur un bateau ou sur une résidence secondaire en Provence.
Sans enfant sous ma gouverne, je ne manquerais plus jamais un 5 à 7. Je répondrais toujours présente aux soupers entre amis. Plus question de rater un seul get together.
Vraiment, ma vie de femme sans progéniture serait comblée.
Mais maudit que ma vie serait plate et ennuyante sans mes deux petits soleils. Vivement qu’elles reviennent jouer les trouble-fête!

Le réveillon de la réconciliation

Les temps changent. Les gens aussi.
Nous avançons de deux pas, nous reculons d’un, puis nous avançons à nouveau. Des émotions qui étaient autrefois si douloureuses ont laissé leur place à d’autres beaucoup plus paisibles. Les nuits d’insomnie sont de plus en plus rares. Les moments de mélancolie, les crises de larme, les instants de nostalgie sont allés voir ailleurs s’ils y étaient.
Les temps changent. Les gens aussi.
Nous oublions pourquoi nous étions si fâchés. Les mauvais souvenirs cèdent leur place à d’autres plus doux. L’amertume qui était devenue une grande complice est allée se chercher une nouvelle bande d’amis.
Les temps changent. Les gens aussi.
Ces Noël, si difficiles à traverser, sont devenus beaucoup plus amusants et joyeux. Toutes ces réunions familiales et cette effervescence, qui nous étaient insupportables, sont à présent des plus agréables à vivre. Ces décorations, qui nous semblaient superficielles, trouvent à nouveau place dans notre demeure. Cette redondante musique, qui débarque sur les ondes une fois la page de novembre arrachée du calendrier, devient tout à coup la plus belle de toutes.
Les temps changent. Les gens aussi.
Alors qu’avant le cœur nous levait devant la besogne de la décoration du sapin, voilà que maintenant nous courons les boutiques à la recherche de l’étoile parfaite qui illuminera l’arbre. On fouille les magazines de déco pour faire de cet arbre le plus beau des plus beaux. Nous chantons Petit papa Noël en emballant nos cadeaux en prenant soin d’agencer le papier d’emballage avec la couleur des boules accrochées aux branches du conifère. Nous écoutons Le sapin a des boules ou encore Réellement l’amour en répétition sans maudire le fait que Rumeurs et Les hauts et les bas de Sophie Paquin soient retirés des ondes pendant les fêtes.
Les temps changent. Les gens aussi.
J’ai eu l’occasion de le vérifier en début de semaine. Quatre ans après notre dernier Noël tous ensemble, mes filles ont pu célébrer à nouveau avec leurs deux parents. Les conflits, les frustrations, les désaccords n’étaient pas invités à notre réveillon. Ce sont plutôt la bonne humeur et la volonté de faire passer un merveilleux Noël à nos héritières qui ont reçu un carton d’invitation à notre petite fête.
Nous avons partagé un bon repas pendant lequel nous avons rigolé des sottises de Filou et écouté les dernières péripéties de Maxim. Puis, nous nous sommes délectés des sourires et des yeux émerveillés de nos loulous déballant leurs cadeaux. Nous avons pouffé de rire devant les exploits maladresses de Max au bowling de notre nouvelle Wii. Puis, Félixe nous a grandement impressionnés avec son revers digne de n’importe quelle Martina Hingis de ce monde lorsque nous avons joué au tennis avec cette même console de jeux.
Bref, ce fut une magnifique soirée où les réjouissances occupaient le premier plan. Une fête dont les filles se souviendront longtemps. Et je pense qu’au-delà des cadeaux espérés et déballés, nous leur avons offert le plus beau : des parents séparés qui s’entendent bien et qui mettent en tête de liste le bien-être de leurs enfants avant tout.
Les temps changent. Les gens aussi. L’avenir est prometteur non?