29 mai 2007

Petite scène de la vie quotidienne...

Voici le récit d’une petite scène très banale tirée de ma dernière semaine de vie. Une discussion ordinaire entre Julie, Martin et moi. Une jase entre parents souvent dépassés par les événements occasionnés par leurs petits marmots. Quoi de plus banal?
C’est Julie qui a initié la conversation. La nouvelle maman, qui peut compter ses heures de sommeil sur une seule main, se questionnait à savoir comment faisaient les nouveaux parents pour voyager avec de jeunes enfants.
Moi j’en ai rajouté en disant comment j’avais hâte de pouvoir trainer ma marmaille un peu partout avec moi sans avoir peur au kidnapping ou à la crise au milieu du musée. Que j’avais hâte de faire découvrir le Rocher Percé, la Tour du CN, les Rocheuses à mes héritières. Mais malgré ma hâte à faire le tour du monde avec Maxim et Félixe, je me devais d’être patiente. Elles étaient encore petites selon moi. Que je me contenterai du camping de Lac Mégantic cet été encore.
Martin faisait non de la tête. Il n’était définitivement pas d’accord avec nous le papa de deux ados. « C’est maintenant que vous devez en profiter. Pas l’année prochaine. Maintenant. Vous verrez, rapidement ce sont vos enfants qui ne voudront plus vous suivre. Il faut le faire maintenant alors qu’ils ont envie d’être avec vous. Et surtout, c’est qu’on ne sait jamais ce qu’il peut nous arriver. Vous allez voir les filles, c’est facile et en plus vous vous construirez des souvenirs pour toute la vie. »
Puis, il nous a raconté les quelques voyages qu’il avait à son actif avec sa marmaille. Ses yeux brillaient. Son sourire éclatait. Son enthousiasme était contagieux. Nous avions envie, Julie et moi de sauter sur le téléphone et de réserver pour un safari en Afrique, pour un trek au Guatemala ou pourquoi pas pour une descente en rafting de la rivière Colorado.
Cet épisode banal de ma petite vie l’est resté. Jusqu’à vendredi.
Le Martin en question est l’animateur de Rythme-FM. Celui qui a perdu la vie en frappant avec sa voiture un orignal à la fin de la semaine dernière.
D’ordinaire, cette conversation est devenue des plus importantes pour moi. Ses paroles lancées entre deux interventions à la radio résonnent d’ailleurs encore dans ma tête.
Il avait raison Martin. C’est quoi cette foutue peur qui nous tenaille et qui nous empêche de foncer? À quoi sert l’attente, la remise des projets au lendemain, si la certitude que nous y serons n’est pas là?
C’est décidé. Mes vacances estivales prévues avec ma petite marmaille ne se dérouleront pas sur le bord du lac Mégatic à faire des châteaux de sable et à griller des guimauves sur le feu de bois.
Nenon.
Nous prendrons la route 91 en direction de la Grosse pomme. J’irai montrer la Statue de la liberté à Filou. J’expliquerai à Maxim ce que Chapman a fait à Lennon en face du Dakota building. Nous marcherons dans Central Park. On magasinera chez FAO Schwartz, le paradis du jouet ou encore au Disney Store de neuf étages. Nous irons faire un brin d’histoire à Ground Zero. Nous dînerons à Greenwich Village et souperons dans l’univers chinois.
Et tant pis s’il y a une crise au Metropolitan Museum of Art. Les guides en auront certainement vu d’autres. Mais moi, j’aurais vu tellement plus dans les yeux des mes deux filles. Pour le reste, j’ai confiance.
Bonne route Martin et merci pour cette petite jase. Nous aurons une pensée pour toi en haut de l’Empire State Building.

14 mai 2007

Gucci et la vie à deux

Quand ma sœur est débarquée chez moi avec sa valise, elle n’est pas arrivée seulement avec ses bobettes et son shampoing pour mèches blondes. Il y avait aussi une petite bête à poil de quatre pattes qui jappait derrière elle. Sans que je m’en rende compte, ce petit Yorkshire terrier de sept livres allait complètement changer ma vie.
Parce que ma sœur n’est pas souvent à la maison, les besoins de Gucci se sont ajoutés à ma longue liste de besognes. Une espèce de tâche connexe comme on pourrait dire. Alors, c’est à moi qu’est revenue la responsabilité de sortir le pitou le matin venu, de remplir ses bols de nourriture et d’eau et de le coucher dans sa petite maison lorsque le soleil va voir ailleurs s’il y est.
Au départ, l’idée de voir à l’entretien d’un chien en plus de m’occuper de mes loulous était loin de faire mon affaire. Mais, je me suis fais prendre au jeu.
On s’est trouvé un terrain d’entente tous les deux. Il ne prend pas mon plancher de bois franc pour une litière et en échange, j’accepte volontiers de jouer à « ramène » avec lui. J’adore revenir à la maison et le voir, là sur le pas de la porte, à m’attendre. J’aime lui dire « auto » et le voir courir vers ma voiture où on partagera une balade ensemble.
Quand les filles ont déserté le salon pour rejoindre leur chambre pour la nuit, Gucci vient coller ses petites fesses à côtés des miennes et on regarde la télé ensemble. Quand je préfère l’ordi, il s’installe à mes pieds. Si j’ai envie de lire dans le bain, Gucci se couche tout simplement sur le tapis et attend patiemment que je sorte de l’eau.
Quand Gucci s’ennuie, il met sa tête sur ma cuisse. C’est le signe qu’il veut se faire flatter ce que je fais sans broncher. Quitte à passer pour une folle, je lui parle. Je lui raconte mes journées. Je le questionne sur la sienne. Il ne comprend probablement rien à ce que je radote, mais bon, je n’en fais pas grand cas.
Inévitablement, quand sonne les 21h, le chien se lève et va se placer tout juste devant l’armoire où le pop corn est rangé. Si je ne comprends pas le message, il pleurniche un tout petit peu. J’abdique à tout coup et je fais sauter des grains de maïs soufflé dans le micro-onde. Pendant les deux minutes que durent le temps de cuisson, Gucci ne bouge pas d’un poil et attend patiemment le régal qui viendra. Ensuite, je profite de la situation pour lui faire faire le singe. Il roule, fait le beau, donne la patte, l’autre patte, se couche, bref il ferait n’importe quoi pour obtenir un de ces pop corn.
Bref, une belle complicité s’est installée entre nous deux au fil du temps. Mais samedi soir, j’ai senti que quelque chose avait changé entre nous deux. Pendant que je préparais mon souper, il a levé le nez sur une coupe de vin rouge. Il n’a pas touché à son assiette de poulet à la moutarde de Dijon. Il a profité du fait que j’avais le dos tourné pour aller jouer dans le salon. Le comble? Il s’est endormi pendant qu’on écoutait Grey’s anatomy. Soupir.
Après trois ans de célibat pur et dur, la présence de Gucci chez moi a fait beaucoup plus que me désennuyer. Elle m’a rappelé comment la vie à deux pouvait être agréable. Et comment ça me manquait…

09 mai 2007

La faute aux médias?

C’est la faute aux médias qui disent.
Si nos pré-ados se promènent le nombril à l’air. Si nos ados portent des jupes « aura le pompon », c’est la faute aux médias.
C’est à cause des photos de mode des magazines si nos filles ne veulent rien mettre d’autre que des bretelles spaghetti et des g-strings.
C’est parce que les éditeurs manipulent l’industrie de la mode que les demoiselles lèvent le nez sur les vêtements sur lequel on ne retrouve pas les mots Roxy, Billabong, Mexx, Point Zero.
C’est parce que les émissions de télé sont peuplées de pré-pubères juchées sur des talons de deux pouces que nos loulous ne veulent plus rien savoir des running shoes.
Vraiment, c’est la faute aux médias. Aux méchants médias. Voici donc le seul coupable, le seul responsable de l’hypersexualisation des adolescentes.
Vraiment?
C’est un peu à tout ça que je pensais lorsque j’ai fais ma tournée de magasinage printanière avec mes deux loulous le week-end dernier. Complètement découragée devant les dizaines de présentoirs de vêtements, je l’étais.
Voyez-vous, ma grande a huit ans. Elle passe ses journées à jouer à la Barbie, à sauver Luigi dans Princess Peach de son Nintendo, à lire Amos Daragon, à faire du vélo dans la rue.
Alors l’idée de séduire la gente masculine avec la beauté de son nombril, c’est loin dans sa tête encore. Le besoin de montrer le bronzage de ses épaules dans son cours de math ne figure pas parmi ses priorités. Et elle n’a aucunement la volonté de paraître plus grande avec des échasses et ainsi multiplier les chances de se casser les chevilles.
Elle n’a que huit ans. Pas 12, pas 14, pas 16. Non, huit!
Mais ça l’air que c’est ici un concept que les grands designers de fringues pour enfants ne saisissent pas. Parce que réussir à regarnir la garde-robe de mon aîné pour la chaude saison est loin d’être simple.
Les t-shirts semblent être en voie d’extinction. Ils ont perdu le combat face aux bretelles capelli d’angelo. Les chandails proposés ont déjà rétréci au lavage (au moins une bonne affaire de réglée). Les blouses proposent des décoltés que même moi je ne porterais pas. Quelqu’un peut me dire où sont passées les simples sandales si utiles pour jouer au parc? Je ne crois pas que la semelle compensée soit absolument nécessaire pour grimper l’échelle du toboggan…
J’ai cru bon questionner la vendeuse du magasin. C’était peut-être moi le problème? Si j’étais un brin coincée? Si je refusais de voir ma fille grandir?
Nenon. Elle n’était pas tant dans le champ que ça la maman. À huit ans, les enfants ne sont pas encore des ados
Le problème, selon la vendeuse? Les designers. Ceux là-même qui, dans leur tour à bureaux, dessinent et décident ce que nos enfants porteront. Ce sont eux qu’il faut blâmer en premier lieu.
Et pas loin derrière, les parents qui passent à la caisse avec ces mêmes vêtements. C’est simple. C’est une roue qui tourne. Les designers proposent, les parents achètent. Si on achète pas; ils proposeront autre chose non?
La faute aux médias disions-nous?

La leçon d'Onil

Le premier talon de paye que j’ai reçu était identifié du Mont Orford. Chaque week-end de l’hiver 1990-1991 j’étais enfermé dans la grande cafétéria de cette saison de ski. Un job que j’ai eu à la volée. À 14 ans, n’entrait pas qui veut sur le payroll de l’entreprise. Ce sont mes cinq pieds huit pouces qui m’ont permis de décrocher le job.
Ce n’était pas seulement la passe de saison promise avec le 5,30$/l’heure qui m’attiraient. Je voulais travailler, même si ce n’était que pour passer la moppe avais-je supplié à Onil Langlois, le responsable de l’embauche. J’ai réussi à le convaincre et comme je n’avais pas l’air de mes 14 ans, deux semaines plus tard, je me pointais à mon entraînement avec mon nouveau tablier et mon tout premier nametag identifié à mon nom.
La première chose que mon nouveau patron m’a dite c’est : « Ne perdez jamais l’idée que vous ne savez pas qui vous servez. Peut-être que cette personne sera votre prochain employeur et vous n’aurez jamais une deuxième chance de faire une première impression. »
Cette phrase m’a marquée. Je ne l’ai jamais oubliée. Chaque fois que je rencontre une nouvelle personne, ces quelques mots me reviennent en tête. On ne sait jamais à qui on parle. On ne connaît pas l’impact que peut avoir cette personne plus tard dans notre vie.
C’est un peu ce qui est arrivé la semaine dernière quand j’ai appelé au garage pour une inspection, car ma garantie arrive à échéance bientôt. Le préposé au service, sans même voir l’état de ma voiture, sans même me questionner sur l’usage que j’en faisais, sans rien m’a grandement surprise en me disant que je devais me préparer à une facture de 632$ plus taxes, rien de moins.
Ébranlée, je raccroche. J’appelle mon père, mon beau-frère mécano, je parle à mon collègue Steph. « What the fuck 700$ pour une inspection? Est-ce moi ou on exagère un brin? » Je n’ai pas une minoune, c’est une 2004. Même si je déteste aller au garage, mes changements d’huile sont faits à temps et tout le tra la la.
J’ai donc sorti le manuel d’entretien de ma voiture. C’est bel et bien inscrit que je dois faire inspecter ma courroie de distribution (timing belt) à 50 000 km. Mais pourquoi veut-il me la remplacer alors qu’il ne l’a pas vue? Pourtant on inscrit dans mon manuel que ce remplacement est prévu à 100 000 km.
C’est tout simplement ce sentiment d’insécurité qui m’habitait que j’ai voulu traduire dans ma chronique de la semaine dernière. Comme je n’y connais à peu près rien dans le domaine, j’ai toujours le sentiment de me faire avoir. Je n’ai pas dis que tous les mécanos de la terre étaient des crosseurs de la pire espèce.
Toute la semaine j’ai entendu parler de cette chronique. Les histoires d’honneur de gens confrontés à des garagistes sans scrupule se sont succédé dans ma boîte vocale et dans ma boîte de courriels. Je ne suis pas la seule à me questionner sur les pratiques de l’industrie automobile, c’est clair.
C’est certain qu’il y a des garagistes honnêtes et qui ne cherchent pas à gonfler leur compte de banque avec l’ignorance mécanique de leurs clients et je leur lève mon chapeau. Mais n’empêche que c’est questionnant de savoir que la plupart des commis au service des garages de la région sont rémunérés au bonus. Plus la facture est élevée, plus la paye est grosse.
Peut-être que le commis qui m’a répondu aurait eu à apprendre d’Onil. On ne sait jamais à qui on a affaire. Surtout si c’est une journaliste qui écrit une chronique d’humeur semaine après semaine. Une journaliste quelque peu insécure en matière automobile.