29 juin 2009

Elle est cool, elle est cool, elle est cool!

J’ai un peu la trouille j’avoue. Je regarde les pages du calendrier s’arracher les unes après les autres, de façon hyper rapide, et j’ai peur.
Peur de me lever un matin, à 80 ans, vieille, laide, grognonne, chialeuse, pis ridée.
J’ai la crainte de prendre deux heures au guichet automatique pour retirer 20$ tout en faisant perdre patience aux dix personnes qui attendent en file derrière moi.
J’appréhende de causer de multiples accidents parce que je conduis sur la voie de gauche à 32 km/h amenant ceux qui me suivent à devenir des enragés du volant.
J’imagine avec terreur l’idée que je pourrais passer mes journées à ressasser le passé. Vous savez, parce que c’était donc mieux dans notre temps…
Je refuse de croire qu’un jour je serai de celles qui passent leur après-midi à faire de l’artisanat en écoutant du Céline Dion. «Ma petite-fille, ça c’était de la vraie musique», que je sermonnerai à mes petites-filles refusant de croire que rien d’autre n’a d’égal que notre diva nationale.
Ça ne me rentre pas dans la tête, qu’un jour, la seule activité d’inscrite à mon agenda sera de me bercer dans ma chaise en regardant par la fenêtre d’un air nostalgique.
Il m’est impossible d’imaginer que je puisse un moment donné dans ma vie prendre une éternité à payer à l’épicerie parce que je ramasse tous les sous disponibles dans le fond de mon porte-monnaie.
Je ne veux pas envisager ma vie d’octogénaire de façon ennuyante et sans attrait.
Mais heureusement, il y a quelqu’un qui me réconcilie avec l’idée que c’est possible d’avoir du plaisir même s’il y a 80 chandelles sur son gâteau d’anniversaire.
Ma grand-mère à moi est loin de l’image que les jeunes peuvent se faire des plus vieux. Même que souvent, en la regardant, je me dis qu’à bien des niveaux elle est d’avant-garde.
La première fois où ça m’a frappé, j’étais au Cégep. Nous devions faire un travail en psycho sur les différences entre les générations. Nous devions poser quelques questions à trois générations différentes et analyser les résultats.
Toute une surprise que j’ai eue quand ma grand-mère a répondu à ma question qui demandait si elle réagirait si l’un de ses enfants était homosexuel. Vous savez ce qu’elle a dit? «Je l’accepterais! Si tu penses que je vais me priver de mes enfants pour ça! Ça ne me regarde pas moi si une de mes filles aurait préféré aimer une autre femme.»
Tiens-toi!
Vous savez qui m’amenait dans les montagnes russes de l’Expo de Sherbrooke quand j’étais petite? Qui m’a initié aux joies du Space Mountain à Disney? Pas mon père. Pas ma mère. Nenon. Ma grand-mère. Oui oui!
Quand je la regarde, je me dis qu’elle n’est pas de son temps. Elle n’a pas de ti-kleenex dans sa manche de cardigan vert menthe. Non, elle est plutôt du style à se promener dans l’un de ses 44 bikinis avec un sun tan et un corps à faire mourir de jalousie toutes les femmes jeunes et moins jeunes confondues, moi la première!
Pas de son temps, parce que sa principale préoccupation, quand elle se lève le matin, n’est pas de laver son plancher à quatre pattes et de préparer sa soupe aux tomates pour le repas du midi. Que non! Elle a d’autres chats à fouetter comme fouiner sur Internet, lire les blogs de sa petite-fille et petite-nièce, écrire des courriels à tous.
Pas de son temps parce que ma grand-mère n’est pas encrée dans de vieilles traditions qui voulaient qu’une femme devait rester à la maison et prendre soin de sa famille au détriment de ses ambitions personnelles et de son propre bonheur. Elle a été sur le marché du travail toute sa vie et n’a jamais eu peur de prendre action pour être heureuse.
Vraiment, ma mamie a toute mon admiration. Bon 80e anniversaire!

16 juin 2009

Je divorce!

Ne vous fiez pas à mon titre de chronique. Je ne le clame pas si haut et pas si fort que je divorce. Faut pas planifier tout de suite un party de séparation. Je ne suis pas tellement certaine que je fais le bon choix, que la décision que je m’apprête à prendre est la meilleure pour moi.
Parce que des impacts sur ma vie, il y en aura si je vais jusqu’au bout. Si je le fous à la porte, sûrement qu’un jour ou l’autre, je le regretterai. Mes doigts seront sûrement plein de morsures un moment donné, résultats de nostalgie soudaine.
Bref, je réfléchis toujours. Chaque matin qui vient amène avec lui son lot d’arguments positifs qui font pencher la balance du côté du divorce.
Le soir, la tête posée sur l’oreiller, c’est plutôt la colonne des contres qui s’alourdit de plus en plus m’amenant du même coup à ne pas aller trop vite. À ne pas mettre les bœufs devant la charrue.
J’admets que je ne m’attendais pas à une telle réaction de ma part. Pas après tant d’années passées à ses côtés. Il faisait partie intégrante de ma vie, de mon quotidien.
Mais depuis quelques semaines, nous avons pris nos distances. Vous allez paniquer, mais je suis même allée voir ailleurs si c’était mieux. Et surprise, je l’ai été. Vraiment, je ne déteste pas l’idée de ne plus l’avoir dans mon champ de vision.
Ouf! C’est tellement tabou dans mon milieu, vous n’avez même idée. Oser avouer une infidélité au lave-vaisselle fait de nous une puissante névrosée.
Pourtant, depuis que ma laveuse à vaisselle est au rancart (il faut faire venir un spécialiste pour l’installer dans la nouvelle maison), je prends plaisir à laver mes coupes à vin et mes cuillères à dessert dans l’évier avec ma guenille et mon savon écolo.
Oui, oui. Je vous le jure. J’adore me tremper les mains dans l’eau savonneuse et frotter ma sauce à spagh qui a collé dans le fond du chaudron tout en regardant par la fenêtre les nouvelles fleurs qui poussent.
Suis-je folle?
Peut-être.À bien y penser, j’ose espérer que non. Que vous suivrez peut-être même mon idée.
Hier, par exemple, j’ai fait la vaisselle avec Maxim. Je lave. Elle essuie. «Et puis, ma cocotte, commences-tu à avoir des papillons pour ton spectacle?» «Non, ça va. Je suis prête. Je connais bien mes pièces et j’ai très hâte que tu vois mon costume.»
On a jasé comme ça, de tout et de rien, pendant la vingtaine de minutes qu’a duré notre besogne. Si le lave-vaisselle avait été en fonction, en moins de deux minutes, tout aurait été réglé et peut-être que je n’aurais jamais su le nom de celui qui fait battre le cœur de ma pré-ado…
J’aime de plus en plus ces moments tous calmes qui nous permettent à l’amoureux et à moi de se raconter les potins du jour, les anecdotes croustillantes d’un tel, les frustrations vécues par l’autre. On analyse les dossiers chauds de l’heure («Crois-tu que gris et raisin seraient beau pour la chambre?»), on débat de grandes questions philosophiques («Que penses-tu de ça toi que Rhianna soit retourné avec Chris Brown?»).
Souvent, ça nous prend une éternité pour laver que quatre assiettes, mais je m’en fous un peu. Parce que pendant cette éternité, on prend le temps de se jaser, de rire, d’être ensemble tout simplement.
Pas toujours facile de discuter la tête dans la sécheuse ou en passant la tondeuse. Mais en faisant la vaisselle, ça l’est. Et j’adore ça.
Alors chéri, ne sois pas surpris que je fasse la sourde oreille quand tu demandes que j’appelle le spécialiste. Je retarde volontairement le moment… Mais je ne suis pas prête pour autant à signer un contrat de divorce!

11 juin 2009

Une fête sur toute une année

Misère.
Ça arrive tout le temps trop rapidement. À la vitesse grand V. Le calendrier tourne définitivement ses pages trop vite.
Alors voilà, je suis encore en train d’organiser la fête d’anniversaire de Filou. Pis je déteste. Royalement à part ça.
Peut-être suis-je devenue une vieille grébiche frustrée. Peut-être ai-je perdu mon cœur d’enfant. Peut-être suis-je rendue impatiente et intolérante.
Sais pas.
Mais ce que je sais, c’est que ça m’énerve.
«Maman, mon prochain gâteau de fête, j’aimerais vraiment avoir une belle coccinelle!», a-t-elle déclaré tout juste après que l’on ait déballé nos cadeaux… de Noël!
«Mamaaaan, est-ce que l’on peut faire mes cartes d’invitation?», me demande-t-elle en janvier alors que sa fête est en juin.
«Mamaaaaaan, à ma fête, j’aimerais ça inviter Mayra, Noémie, Jayden, Geneviève, Sarah, Camille, Gabrielle», m’a-t-elle dit en février dernier.
«Mamaaaaaaaaaaaaaaaan, à ma fête, est-ce que mes amies vont pouvoir dormir à la maison?», m’a-t-elle questionné pendant la relâche de mars.
«Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan, ça serait vraiment le fun à ma fête d’aller au cinéma avec toutes mes amies», m’a-t-elle souligné un matin d’avril.
«Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan, voici ma liste de cadeaux que j’aimerais recevoir à ma fête. Mais je veux surtout un trampoline, SVP», m’a-t-elle donné le matin de la fête des mères.
«Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan, est-ce que c’est aujourd’hui que l’on va faire les invitations à ma fête?» me demande-t-elle tous les jours depuis que nous avons mis les pieds dans le mois de juin.
Misère.
Dès que sa fête est passée, déjà elle commence à parler de celle de l’an prochain. Pas une semaine qui passe sans qu’elle n’aborde le sujet. Elle élabore des scénarios de fête («Pas une fête de princesse cette année maman, je suis rendue trop grande. Mais une de Star Académie, ça serait vraiment cool!», magazine des idées de surprises à offrir aux amies («On pourrait prendre des photos, ou faire une vidéo de la fête et pendant que l’on mange le gâteau, tu pourrais les mettre sur un dvd pour les donner à tout le monde avant qu’elles ne partent»), fais d’interminables listes d’invités, planifie l’horaire de cette journée.
Bref, elle peut passer les deux tiers de sa vie à préparer cette foutue journée.
Mais moi, ça m’emmerde de jouer l’animatrice d’OTJ toute une journée avec des enfants surexcités boostés au sucrose. Ça m’ennuie de courir les magasins pour acheter des trucs pour constituer le sac à surprises par excellence. Ça me désespère de passer trois jours devant mon fourneau à préparer le gâteau du siècle.
Peut-être un simple sentiment de jalousie? Quand j’étais petite, ce n’était pas la mode les fêtes d’amies. Ma mère invitait mes grands-parents, une ou deux tantes. Je recevais trois ou quatre cadeaux et c’était tout. Le tour était joué. Ma mère n’angoissait pas avec mon anniversaire trois mois d’avance. Et moi, j’étais la plus heureuse des petites filles quand je soufflais mes bougies sur mon gâteau rond au chocolat.
La première fête d’amie à laquelle j’ai pris part, je devais avoir 10 ans! Alors que Filou, du haut de ses presque huit ans, fête les anniversaires de ses petites copines depuis qu’elle a deux ans!! Elle a tellement d’invitations que j’ai dû mettre sur pied un agenda de fête d’amies seulement pour Loulou et je pense engager une secrétaire sous peu. Bien sûr, j’ai ajouté un poste à mon budget pour pouvoir pallier à tous ces cadeaux que je dois, par conséquent, acheter.
Bon je file. Il faut que je m’y mette rapidement si je veux avoir le temps de tout faire d’ici samedi: bouchées nutritives et attrayantes, gâteau en forme de coccinelle avec fondant, shopping pour les surprises, location d’un module de jeux gonflable, réservation d’un clown, magasinage pour le cadeau, mise sur pied de l’horaire, achat de la pinata, conception des cartons d’invitation avec Photoshop, recherche sur internet d’idées de jeux pour amuser cette ribambelle d’enfants, etc.
Vraiment, faut que je prenne congé le reste de la semaine. Mais même si ça m’énerve, je le fais pareil. Juste pour voir le sourire et les yeux brillants de ma loulou en cette journée toute spéciale.

02 juin 2009

J'ai le feu au...

Je vous jure, il est gros de même. Tellement gros que j’ai l’impression que j’ai reçu une bombe nucléaire qui a éclaté en plein sur la lèvre inférieure.
Je tente de cacher les impacts par tous les moyens possibles: fond de teint, gloss, rouge à lèvre. Il n’y a rien à faire. Rien ne fonctionne.
Alors, depuis une semaine, personne ne me parle en me regardant dans les yeux. Leurs pupilles sont littéralement attirées par cet ingrat de feu sauvage qui trône au bas de mon visage et qui fait de moi une défigurée de première.
Un herpès buccal hérité de ma grand-mère (pas de danger qu’elle m’ait légué ses yeux bleus là…) qui revient me hanter en moment de stress, de fatigue extrême, de fièvre.
Le coupable cette semaine? Le déménagement sûrement.
Faut dire que lorsque ça fait cinq calendriers que l’on lave sa vaisselle seule, le fait de se retrouver du jour au lendemain avec une nouvelle paire d’yeux avec qui prendre son jus d’orange le matin peut amener son lot d’inquiétudes. De tensions. De stress.
Alors normal que ce volcan logé sous mes babines ait fait éruption cette semaine.
Même si on a fait ça comme des grands, qu’on a suivi tout plein de conseils pour réussir notre vie à deux, reste qu’on ne peut pas tout contrôler.
Par exemple, avant même que nos bobettes partagent le même tiroir, nous nous sommes mis d’accord sur le budget. Pas question que l’argent vienne à bout de notre couple. Que j’en vois juste un billet de 20 $ venir tenter de semer la bisbille entre l’amoureux et moi.
Autre exemple, juste pour vous démontrer le sérieux de notre entreprise, nous avons jasé tâches domestiques. Si, si. La fille n’avait pas vraiment envie de se retrouver avec deux fois plus d’ouvrage sur les bras que dans le temps où il n’y avait que trois brosses à dents sur le comptoir de la salle de bain. Donc, l’amoureux a hérité de tout ce qui est en lien avec les planchers ainsi que de la vaisselle. Moi, je deviens la boss des repas pis du lavage.
On pensait être parés. Prêts à tout.
Mais de prévoir à l’avance qu’il y aurait un imbroglio chez la compagnie de location de camions de déménagement et que ma réservation serait perdue, ça, c’est impossible.
De prévoir à l’avance que cette même compagnie de location n’aurait donc qu’un camion de 10 pieds à ma disposition à moins de 24 h d’avis, ça également, c’était impossible.
De prévoir à l’avance que c’est justement pendant la semaine précédent mon déménagement que la ville déciderait de venir faire le trottoir tout juste devant chez moi, rendant ainsi l’accès à mon entrée de cour impensable, ça aussi, c’est impossible.
De prévoir à l’avance que dans la nouvelle maison, il n’y aurait pas de raccord de prêts pour accueillir mon lave-vaisselle, c’était quasi impossible. (Imaginez maintenant la face de l’amoureux quand il a appris la tonne de vaisselle qu’il aurait à faire en attendant la visite de l’installateur…!)
De prévoir à l’avance que le nouveau garde-manger serait trop petit pour accueillir toutes mes boîtes de conserve, ma réserve de jus, mes pots de farine et de sucre et mes innombrables épices, ça non plus je ne le pouvais pas.
De prévoir à l’avance que la sortie du câble serait située du mauvais côté du salon rendant une configuration optimale de l’espace complètement nulle, ça, j’aurais pu le prévoir, mais je n’y ai pas pensé.
Bref, le bidule qui prend place dans ma face ces jours-ci est sans doute là pour me rappeler quand dans la vie à deux, comme ailleurs, c’est impossible de tout prévoir.