29 décembre 2005

C'est long longtemps

J’ai l’impression que le temps s’est arrêté. Que la terre a cessé de tourner. Qu’il n’y a plus 24, mais 72 heures dans une même journée. C’est long. Pis c’est long longtemps.
Les courriels envoyés prennent une éternité avant de recevoir une réponse. Les appels téléphoniques lancés sont aussi longs à revenir qu’une demande de rendez-vous en chirurgie orthopédique.
La boîte de courriels est vide. La boîte vocale est vide. Le plateau de télécopie est vide. La salle de rédaction est vide.
Tout le monde est en vacances. Je suis toute seule. Snif.
Le rythme de vie effréné auquel je suis habituée a cédé sa place à une lente succession de moments qui me paraissent aussi longs que 14 épisodes de La Semaine verte en rafale.
Je n’ai pas à courir après le bus de Maxim le matin. Je n’ai pas besoin de courir à la garderie de Filou le soir. Je n’ai pas besoin de courir à l’épicerie, pour une entrevue, chez le médecin. Rien. Rien. Rien.
C’est long.
Pis c’est plate.
La semaine entre Noël et le jour de l’An, quand tu travailles, que les enfants sont chez leur père et que toute la terre entière est en vacances, c’est loooooong longtemps. Et c’est ça qui est complètement ridicule. C’est tout un paradoxe.
Quand je suis dans le jus, quand je dors quatre heures par nuit, quand je cours ici et là, que je jongle avec ma pelle et mon balai, que j’ai un 56 pages à produire, je rêve du jour où rien ne me pressera de faire le souper pour 17h30, où je pourrai lire jusqu’à ce que je fasse des plaies de divan, ou je n’aurai rien d’autre à faire que de répertorier les types de grains de poussières qui se logent sous mon frigo.
Mais l’affaire, c’est que lorsque ce moment arrive, je m’emmerde. Ça ne bouge pas assez pour maintenir mon cerveau dans un état satisfaisant d’activités. Je me lamente. Je me plains. Je tourne en rond. L’adrénaline des journées sans queue ni tête me manque. C’est pas mongole mon affaire, c’est pathétique.
Incapable de rester à rien faire.
J’écris cette chronique depuis une heure maintenant. J’ai revérifié la boîte vocale. Rien. J’ai revérifié la boîte de courriels. Niet. J’ai revérifié le plateau de télécopies. Nada. Je suis en train de penser que je suis victime d’une conspiration. Que plus personne ne veut m’écrire. Que plus aucun Sherbrookois ne veut me parler. Où êtes-vous ? C’est quoi l’idée de prendre des vacances en plein mois de décembre ?
J’ai hâte à la rentrée. Quand le monde recommencera à tourner. Quand le temps reprendra son rythme normal. Quand les journées auront huit heures plutôt que 24. Que j’oublierai de dîner parce que j’ai 42 articles à rendre. Que je sacrerai après l’école parce que Max a trop de devoirs à faire et que j’ai huit brassées de lavage qui attendent. Que je m’insulterai contre la garderie de fermer si tôt parce que le journal n’est pas terminé.
J’ai hâte de maudire ma boîte de courriels qui sera remplie de pourriels. Je suis impatiente de répondre à vos téléphones pour les anniversaires alors que j’ai mille autres choses à faire. Je suis pressée de faire le ménage dans les tonnes de télécopies qui m’attendront chaque matin.
Au moins, j’aurai l’impression de ne plus être seule.

La vie, la mort selon Julie-Anaé

Dans la vraie vie, je suis historienne. Du moins, c’est ce qui est inscrit sur mon relevé de prêts étudiants du ministère de l’Éducation. Un de mes dadas d’étudiante, un de mes sujets de recherche fétiche, c’était la mort. Je sais, ce n’est pas très jojo comme thématique, pour ne pas dire tabou. Mais ça me passionnait, rien n'était plus étranger ni plus noir que le coup fatal qui frappe chacun de nous, mais aussi rien n’était plus captivant pour moi.
Je me suis donc farci tout Philippe Ariès, l’Historien de la mort en Occident. Puis aussi Serge Gagnon qui s’est attardée à la chose au Québec pour tenter de comprendre comment nous avons vécu la mort au fil des décennies en sol québécois.
Et ce matin, avec la nouvelle qui est tombée sur Pierre-Hugues Boisvenu, j’ai eu besoin de me replonger dans mes livres, dans mes travaux. Pour tenter de comprendre. Pour chercher une parcelle de réconfort dans cette nouvelle tragédie qui frappe cette famille.
Mais rien.
Je n’ai rien trouvé de réconfortant.
Rien. Niet. Nada.
Pas une seule phrase n’a réussi à m’expliquer le drame des Boisvenu.
Tout ce que j’ai déniché, c’est que la mort s’est éloignée de nous. Avant, les gens mourraient à la maison, on les veillait au salon, on les enterrait au cimetière de la paroisse. Aujourd’hui, on meurt à l’hôpital, on reste à la morgue, on est exposé au salon et on est incinéré.
Pendant plus d'un millénaire, depuis le VIe siècle après Jésus-Christ jusqu'à la Renaissance, la mort ne faisait pas peur aux gens. Elle était l'un des grands moments de la vie. Aujourd’hui, on rejette la mort. On ne veut pas d’elle dans nos maisons.
Pour se sortir de sa peine, Pierre-Hugues Boisvenu a choisi de donner un sens à la mort de sa fille aînée, Julie. Grâce au combat qu’il a mené depuis trois ans, il a repris goût à la vie. En entrevue, l’an dernier alors que La Nouvelle le nommait Leadership 2004, il m’avait dit : « Dès le lendemain de la mort de Julie, ma conjointe Diane m’a dit qu’il fallait trouver un sens, une raison, une cause à ce drame. C’est une phrase que je n’ai jamais oubliée. Une phrase qui me fait avancer chaque jour. »
Nous sommes une quinzaine de représentants des médias dans la petite cuisine de Monsieur Boisvenu. Tous ont les yeux rouges, remplis de larmes. Personne ne parle. Après le point de presse, tous se mettent en file pour faire une accolade à cet homme au cœur grand comme ça qui ne méritait certes pas que le malheur frappe a nouveau chez lui.
En arrière-plan, on entend la petite Julie-Anaé qui babille. Du haut de son un an, elle ne mesure pas la grandeur du drame que vit son grand-père. Mais l’entendre jacasser de la sorte a quelque chose de réconfortant. Elle nous rappelle que la vie continue… tout simplement.
Je n’avais pas besoin de retourner dans mes bouquins. Seulement me rappeler la petite Julie-Anaé.

23 décembre 2005

Un téléphone chanceux

Vendredi matin, il est 7h. Tout le monde ronfle chez moi. Le téléphone sonne. C’est Sandra qui m’apprend que les écoles sont fermées et qui m’offre de prendre Maxim pour la journée. J’ai su à ce moment que ce serait une bonne journée.
J’ai fait la sourde oreille aux 875 cm de neige qu’on annonçait à la radio. Il n’était pas question de gâcher ma journée pour une simple question de pelletage de cour et de déblayage de voiture.
Par je ne sais pas quel miracle, les filles sautent du lit sans chigner, s’habillent sans chialer et mangent sans se lamenter. Je touche leur front, mais rien ne semble démontrer qu’une fièvre les a assaillies.
Je ne prends pas de chance. Je cours au dépanneur m’acheter un 6/49. Je le sens que je vais gagner. Tout va trop bien. En arrivant au bureau, je prendrai une minute pour regarder les offres de voyages dans le sud. Je veux être prête quand j’encaisserai mon lot.
Première assignation de la journée : la distribution des Paniers de l’espoir. J’aimerais bien me glaner une petite histoire touchante de Noël. Il y a beaucoup d’action dans l’édifice Céras. On pousse et on remplit des paniers d’épicerie, on emballe des victuailles. Les sourires côtoient l’entraide. Les adolescents se mêlent aux personnes âgées. Les frustrations, les insatisfactions et les mésententes ont été laissées sur le pas de la porte.
Et voilà, j’accoste Alice. Elle me raconte que sept membres de sa famille sont présents pour l’occasion. Ça y est. J’ai mon article. Mais quelle belle histoire !
La bonne humeur d’Alice m’a contaminée. En sortant de là, je suis énergisée. Tout le monde est beau, tout le monde est fin. Quel avant-midi ! Non seulement j’ai une belle histoire à raconter, mais la solidarité envers les plus démunis que démontrent ces gens m’a renversée.
En arrivant à la maison, la charrue est passée laissant au moins quatre mètres de neige dans l’entrée de ma cour. J’ai donc six heures de pelletage en vue. Je sens la déprime m’envahir alors que j’attrape ma pelle. C’est à ce moment que Joël sort avec sa souffleuse m’épargnant ainsi maux de dos et écoeurantite aiguë de l’hiver.
J’avais promis à Katia de garder ses filles en soirée pour qu’elle puisse aller à son souper de Noël de son travail. Quatre petites filles qui s’amusent dans un salon, ça défait un ménage dans le temps de le dire. Ken s’est retrouvé sur la télévision. Barbie au désespoir de voir son homme prendre la fuite courrait vers lui accrochant au passage quelques boules du sapin.
Pendant que la plus petite de ma copine renverse son verre de lait par terre, ma plus grande s’efforce d’étendre le plus de vêtements de poupée par terre. Le bordel ! Je panique à la seule pensée d’aller les coucher. J’en aurais pour au moins deux heures.
Ben non ! En moins de dix minutes, le salon était tout rangé et les filles ronflaient. Vraiment la chance était de mon côté.
En soirée, je vérifie les numéros gagnants de la 6/49 sur Internet. J’ai gagné ! Pas 10 millions $, mais 10$. Mais je pourrai entendre la valideuse chanter.
Vraiment, je savais que ce serait une bonne journée. En espérant que Sandra me rappelle demain matin.

13 décembre 2005

Sale menteur!

Il m’avait promis qu’il reviendrait dans sept ans. Pas avant. J’ai été patiente. Plus que patiente même. Mais j’attends depuis onze ans maintenant et toujours aucune lueur d’espoir de voir son avion atterrir en sol québécois dans les prochains mois, voire les prochaines années. Snif. David Gilmour, un sale menteur ?
La semaine dernière, quand ma copine Véro m’a offert un billet pour aller au spectacle de The Australian Pink Floyd Show, elle n’avait aucune idée du cadeau qu’elle pouvait me faire. Enfin, je mettrais un baume sur ma plaie ouverte de ne pas avoir revu Pink Floyd en show depuis 1994.
***
Le 21 février 1994. Je dors à la belle étoile ce soir. Je sais bien que la saison de camping est terminée depuis quelque temps déjà, mais coûte que coûte, je coucherai devant le Archambault, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il fasse -89, qu’il fasse tous les temps. Demain, je repartirai avec un de ces billets. Ne tentez pas de me convaincre du contraire. Je suis très tête de cochon à mes heures.
Pink Floyd est mon groupe. Le mien depuis plusieurs années. En fait, depuis que j’ai acheté la cassette avec tout plein de lits dessus (A momentary lapse of reason). Depuis, je ne jure que par cette troupe irlandaise un peu mythique et dont la popularité est loin de vouloir s’effondrer avec les années.
Bref Pink Floyd sera de passage au Stade olympique pour un seul soir en mai prochain. Et je tiens mordicus à être des 60 000 fans qui s’entasseront au stade afin d’entendre ce groupe. Il était hors de question que je rate le plus gros happening rock sur terre. Que non !
La nuit s’est bien déroulée. À l’ouverture des guichets à 9h, c’est la folie, la frénésie. On se croise les doigts. Mais voilà, à trois personnes avant mon tour, on annonce que le show est « sold out ». Ça y est. J’ai le cœur brisé. Je suis inconsolable.
Des plus chanceux que moi m’offrent de leurs miteux billets, situés derrière la scène, au niveau 400, pour la modique somme de 100$. Des places à chier quoi. Je réfléchis à l’offre. Je la considère. L’important, c’est juste d’être dans cet amphithéâtre. Je veux vivre ça. Point. Je flanche donc…
Quand tout à coup, un employé du Archambault sort pour nous informer qu’une supplémentaire vient d’être annoncée ! Et moi qui est la troisième en ligne ! Imaginez mes places !
Comme des millions de fans de ma génération, j’ai repéré le courant d'énergie de Pink Floyd, je m'y suis branchée et je m’y alimenterai au printemps au Stade olympique. Je suis la fille la plus heureuse du monde.
Sonorisation quadriphonique, effets spéciaux, lasers inédits, immense arche sous laquelle le groupe se produira ce soir, technologies conçues spécialement pour le méga-groupe. Un show à la hauteur de sa réputation. Je suis comblée.
***
Onze ans plus tard, voilà qu’un groupe hommage débarque du bout du monde pour me faire revivre toute cette frénésie. Les Australians s'avèrent de savants copieurs. Ils reproduisent fidèlement et avec vigueur chaque note de chaque chanson, trop fidèlement peut-être. Le spectacle monté avec une précision chirurgicale gagne en justesse, mais perd en chaleur et en émotion.
Tout y était. Les horloges de Times, les caisses-enregistreuses de Money, les cloches de High Hopes, l’interminable Shine on you crazy diamond, les enfants de Another brick in the wall. Tout était pareil.
Il ne manquait qu’une chose. David Gilmour.

05 décembre 2005

Ma lettre au Père Noël

Cher Père Noël,
J’ai le sourire fendu jusqu’aux oreilles depuis quelques temps. Je respire la joie. Je transcende le bonheur.
Mais là, Monsieur le barbu, j’ai la chienne. J’ai peur. J’ai la trouille. Et c’est un peu pour ça que je vous écris. J’espère qu’une de vos oreilles sera sensible à mes doléances. Que vous penserez à moi, dans cette nuit du 24 au 25 décembre.
Voilà. Ça va bien. Trop bien même. Et je sens la menace qui plane au dessus de moi. Ça sent mauvais et ça m’inquiète. Ne dit-on pas « après la pluie, le beau temps » ? Mais l’inverse se peut-il aussi ?
Parce que tout va bien dans ma vie. Quand on dit tout, c’est vraiment tout. J’ai un bon travail qui me passionne. Mon patron semble satisfait de mon boulot. Je ne manque pas de sous. Le frigo est plein.
Mes enfants sont des merveilles. Aucun rhume, aucune gastro, aucune otite n’est venue les assaillir encore. Maxim réussit super bien à l’école. Félixe est un ange à la garderie.
Et la jubilation suprême ; je n’ai pas pelleté encore cette année.
Ma peine d’amour est classée au dossier des archives. Aucune menace de maladie chez mes proches. La mort ne rôde pas au-dessus de ma famille. Même en plein mois de décembre, le soleil brille à l’extérieur. C’est vous dire.
Je cherche et je ne trouve rien qui ne va pas. Tout va bien. TOUT.
Mais ce bien-être a un drôle de côté. Une façade à laquelle je ne m’attendais pas. L’appréhension que tout change.
Je deviens donc parano. Inquiète. Anxieuse. J’ai peur de voir débarquer les mauvaises nouvelles chez moi. Je crains que le vent tourne m’apportant un lot de situations exécrables. Je n’ai pas envie de vivre avec une boule d’angoisse dans la gorge. Les maux de ventre, les migraines, les pleurs, puis-je laisser ça à quelqu’un d’autre s.v.p. ?
Je redoute un appel du prof de Maxim me disant qu’elle a cassé une fenêtre de sa classe. J’ai peur de voir un visage connu dans la chronique nécrologique de La Tribune. Je tremble à l’idée d’apprendre qu’une grave maladie s’est abattue sur ma grand-mère. Et s’il tombait 50 cm de neige à chaque jour d’ici le mois d’avril ?
Je vois un chat noir ? Ça y est, je verrai une pluie de malheurs s’abattre sur moi. Je n’ose plus ouvrir un parapluie à l’intérieur, je ne veux pas attirer le bide sur moi. Si par mégarde, je dépose le pied gauche par terre en me levant le matin, je me signe trois fois, je me recouche, puis je me relève du pied droit. On n’est jamais trop prudent.
J’échappe du sel de la salière ? Pour conjurer le sort, je jette une pincée de sel par-dessus mon épaule gauche. J’ai également décidé de biffer tous les vendredis 13 du calendrier. Ne sait-on jamais.
Dites-moi, Père Noël, est-ce possible de m’accorder du répit un peu ? De pouvoir savourer ces moments de tranquillité d’esprit. De vivre pleinement ce bonheur ?

26 novembre 2005

Des dimanches et des crêpes

C’est une tradition qui remonte au temps où Maxim était locataire de mon bedon. Chaque dimanche que le calendrier amenait, j’étais de corvée devant le mélangeur à concocter un mélange à crêpes. Besogne qui me remplissait de joie alors que je voyais mon monde s’empiffrer avec régal.
Alors que certains attendent avec fébrilité le septième jour de la semaine pour regarder La Semaine verte ou pour aller écouter le sermon du curé, ici on attend avec impatience que je m’atèle à la confection de ce déjeuner dominical.
Maxim a su casser des œufs dans le mélangeur avant de savoir marcher. Même si Félixe n’a aucune idée de l’ordre des jours de la semaine, ne tentez pas de la méprendre si nous sommes dimanche. Elle ne se trompe jamais le dimanche. Parce que dimanche, c’est le jour des crêpes, et ça, ça ne s’oublie pas.
Selon mes humeurs ou mes envies du moment, la saveur des crêpes varie. Parfois, en saison, j’y ajoute des bleuets ou des framboises. Des fois, on y va de manière des plus conventionnelles avec simplement du sirop d’érable comme assaisonnement. Quand je me sens l’âme généreuse, j’y vais avec la spectaculaire crêpe banane-chocolat qui ravit Félixe au plus haut point.
Il y a des dimanches où je me délaisserai de ce rituel hebdomadaire. Où un simple bol de céréales ferait l’affaire pour moi. J’ai beau tenter de convaincre les filles que ce matin, ça serait cool de manger autre chose. Mais impossible de passer outre cette habitude. Elles ne veulent rien entendre.
Dès que je me lève, plus souvent qu’autrement, Filou m’attend debout sur une chaise devant le mélangeur avec deux œufs dans les mains. Quant à elle, Maxim a déjà mis la table et elle a aligné tous les ingrédients nécessaires à la recette sur le comptoir.
Mais aujourd’hui, il n’y a pas de crêpes au menu et pourtant, nous sommes dimanche. En me réveillant ce matin, j’ai tendu l’oreille pour tenter d’entendre Maxim disposer les ustensiles sur nos napperons, mais rien. Aucune Félixe n’est venue me réveiller m’implorant de commencer les crêpes « maintenant ».
Aucun œuf, pas la moindre trace de farine et aucune goutte de lait n’est visible dans le bol du mélangeur. Aucune poêle n’est sur la cuisinière prête à recevoir le délicieux mélange qui fait le bonheur de mes puces semaine après semaine.
Non. Les filles, comme à chaque deux semaines depuis deux ans maintenant, sont chez leur père. Et j’avoue que je ne m’habitue pas.
Et pourtant, je me promets toujours de faire 56 000 affaires pendant ce week-end de congé. D’aller voir ce dernier film. De faire du scrapbooking. D’aller prendre un verre avec une amie. De penser à moi. De me reposer. De faire tout ce que je n’ai jamais le temps de faire.
Mais je tuerai pour pouvoir faire des crêpes. Juste des crêpes.

22 novembre 2005

Je courriel, tu e-mail, il tchat…

Il y a eu tout d’abord François et Isabelle qui ont trouvé l’amour grâce à un site Internet de rencontres. Depuis le jour où ils ont échangé quelques messages via MSN Messenger, leur vie fut changée à tout jamais. Il n’y a qu’à regarder François et ses petits oiseaux qui tournent autour de lui en sifflant des chansons joyeuses pour le croire.
Puis, il y a eu l’histoire de Sophie qui se désennuie en magasinant l’homme de sa vie sur Réseau Contact comme d’autres dressent leur liste de Noël dans le catalogue Sears. Elle est confiante de trouver celui qui partagera sa vie pour longtemps grâce à ce catalogue virtuel. Mais en attendant, après tout, cela met du piquant dans ses soirées de solitude.
Un autre 5 à 7. D’autres sacoches. Fanny a rencontré un nouveau mec. Elle sent que ça clique entre eux, mais deux jours plus tard et toujours aucun appel de la dite créature. Elle demande conseil auprès des spécialistes du sujet.
« Tu pourrais lui envoyer un courriel où tu lui dis que tu as apprécié la soirée tout simplement. C’est plus facile à faire et c’est beaucoup moins agressant pour l’autre », a suggéré Marie-Claude. Et en prime, si le gars ne veut rien savoir, on a l’air moins tarte qu’au bout du fil à dire : « Euh… » Le courriel a donc des avantages indéniables.
Une discussion s’ensuit sur la place qu’a pris le courriel dans nos relations avec le sexe opposé. « Ça permet de connaître l’autre en douceur. L’Internet efface les inhibitions et nous permet d’être nous-mêmes. Aussi, il y a l’avantage que l’on peut rencontrer plusieurs gars en un laps de temps assez court », croit Marie-Claude.
« Oui, mais en même temps, les chances de se faire avoir sont grandes. C’est facile, par exemple, de dire que nous avons un poids qui correspond à votre taille, alors que la réalité dépasse souvent ce qui est inscrit sur une fiche d’identification d’un site de rencontres… », souligne Alex.
Parce que ce qui nous plaît, ce ne sont pas seulement des mots que l’on lit sur un écran. Il y a aussi le timbre de voix, la gestuelle, le langage non verbal, la façon que l’autre se comporte qu ipriment. À ce sujet, on s’est souvenu de l’histoire désastreuse de Nathalie et de sa seule « date » à vie sur le net.
« C’était fou. On s’est écrit pendant quelques jours. Il me faisait rire, il avait de la répartie, il écrivait bien, il était intelligent, il était beau, nous avions les mêmes goûts. J’avais frappé le jack pot ! », se rappelle-t-elle.
Puis, il y a eu la fameuse rencontre. « Je suis arrivée au rendez-vous à 19h. Cinq minutes plus tard, je n’étais déjà plus capable de le sentir. Il me tapait royalement sur les nerfs. J’ai eu tellement l’impression d’avoir perdu mon temps. J’ai promis qu’on ne m’y reprendrait plus ! », dit-elle en riant de sa mésaventure.
Je suis de cette génération qui est née avec une souris dans une main et une adresse Hotmail dans l’autre. Je vérifie ma boîte de courriel plus vite que mon ombre. Je n’ose imaginer comment serait ma vie sans l’Internet. Mais pour l’instant, je vais me contenter de magasiner chez Sears…

14 novembre 2005

Les sans réponses

Ben… Ben… Ben… J’ai passé la soirée de vendredi à entendre ce mot. Ben par ci. Ben par là. Même si ce fut une agréable soirée, n’empêche que nous sommes restées un peu sur notre faim quant aux réponses obtenues à nos multiples questions.
Vous êtes perdus ? Précisons tout d’abord que « Ben » ce n’est pas dans le sens du diminutif de Benoît ou de Benjamin ou encore du nom de famille de la journaliste culturelle Bendo. Non non. Le « en » de « Ben » se prononce « in » un peu comme dans agenda. Vous suivez maintenant ?
Bref. Un 5 à 7, cinq sacoches, deux cravates. Comme dans toute démocratie, la majorité l’a emporté. Les sujets chers aux sacoches ont détrôné la possibilité pour le Canadien de conquérir la coupe Stanley cette année ou les nouvelles caractéristiques du dernier modèle de la Civic de se retrouver au centre de nos discussions de la soirée.
Et tant qu’à avoir deux cravates à notre portée, pourquoi ne pas en profiter pour les questionner sur leur véritable nature. Et si on découvrait enfin ce qui se cache vraiment dans le cerveau de la moitié mâle de la population ? L’occasion était trop belle, nous avons sauté à pieds joints dans cette opportunité.
« Dis-moi Luc, comment un gars peut-il entretenir une relation adultère ? », fut la première question soulevée par une Marie fort intriguée. Question complexe à nos yeux d’œstrogène, réponse simple remplie de testostérone. « Ben… les gars ne sont pas capables de choisir. Ils veulent les deux ou le meilleur des deux mondes », a-t-il répondu, sourire en coin et sans la moindre honte.
Deuxième question, qui l’espérons-nous, nous apportera plus d’informations sur la gente masculine que la première. « Qu’est-ce qui est « politically correct » de faire le lendemain d’un « one night » ? Est-on encore dans l’ère où c’est le gars qui doit sentir qui est en contrôle ? La fille peut-elle rappeler sans passer pour une névrosée en manque d’amour ? », s’est interrogée Pascale.
Là, les deux cravates se raclent la gorge. Il semble que nous tombons dans un sujet plus délicat. Percerons-nous ce mystère qui semble être aussi énigmatique que le secret de la Caramilk ?
C’est Nicolas qui lance la première tentative de réponse. « Ben… Ben… Ce n’est pas facile à dire comme ça. Ben... ça dépend tellement des circonstances », tente-t-il de nous refiler en guise d’explication.
Mais nous ne le lâcherons pas. Nous aurons nos réponses. Nous insistons. « Ben… Si la fille rappelle la première, ça peut nous donner l’impression qu’elle veut du sérieux et ça peur faire peur », concède-t-il. Et nous qui pensions être au 21e siècle, à l’ère de l’égalité des sexes… Soupir.
Et si on vous laisse rappeler, on doit attendre combien de temps messieurs avant d’enterrer nos espoirs ? Luc, le roi de la réponse évasive reprend la parole. « Ben… c’est jamais pareil. Ça dépend. Des fois le lendemain, mais si dans la même semaine vous êtes sans réponse, votre chat est mort. »
« Mais c’est pas un peu niaizeux ces histoires ? Après les stratégies politiques ou sportives, voici les stratégies de l’amour. Franchement, on a plus 14 ans! Si un gars m’intéresse, je ne vois pas pourquoi j’attendrai comme une conne à côté du téléphone. Je l’appelle et je lui dis. S’il n’est pas content, tant pis pour lui », s’est indignée Julie. Propos appuyés par les quatre autres sacoches profondément outrées.
La soirée s’est terminée très tard. Au total, 386 « ben » ont été prononcés, 16 questions sur les relations homme-femmes ont été posées. Mais nous n’avons réussi à obtenir aucune réponse satisfaisante. Morale de cette histoire : « Ben… il n’y a rien à comprendre ! »

Culture démocratique

La journée des élections fut l’occasion pour moi de tenter d’inculquer un brin de culture démocratique à mes héritières. Nous sommes donc allées voter en famille au Centre communautaire Richard-Gingras à St-Élie. Chemin faisant, j’expliquais aux filles que dans plusieurs pays du monde, les gens n’avaient aucun droit de choisir le chef de leur ville ou de leur pays. Mais qu’ici, nous étions chanceux et que nous pouvions décider qui dirigerait notre patelin. Que c’est donc notre devoir d’aller voter.
Nous rentrons donc au bureau de vote. Je vais vers l’isoloir et je fais mon choix. En insérant mon bulletin de vote dans l’urne électronique, ma Filou, impressionnée par l’opération me questionne : « Maman, est-ce que tu as voté pour Stéphanie ou pour Audrey ? »
Parce que dans la tête de ma benjamine, un vote est synonyme de choix à Star Académie. « Moi, je voulais que tu votes pour Audrey maman », a-t-elle pensé rajouter.
D’autres questions se bousculaient dans sa tête de quatre ans. « À qui as-tu donné ton dollar maman ? ». La petite était très inquiète que je n’aie pas eu à débourser pour me prévaloir de mon droit de vote. Pas besoin de vous dire que les sorties de ma puce ont provoqué l’hilarité dans ce bureau de scrutin.
* * *
Alors que seulement 44% de la population de la ville s’est prévalue de son droit de vote, il est à l’honneur de la trentaine de personnes d’avoir osé poser leur candidature. Parce qu’une campagne électorale, ce n’est pas simple. C’est beaucoup de temps passé sur le terrain et beaucoup moins passé dans le lit. Personne ne méritait de perdre la course. Tous méritaient leur place à l’Hôtel de ville.
Mais pour une candidate, cette campagne électorale a été beaucoup plus que du porte à porte et des conférences de presse. Pour cette aspirante au pouvoir, il y avait encore d’avantage que des débats et des pancartes.
C’est pourquoi qu’il faut lever son chapeau à une femme courageuse. Une personne qui n’a pas eu peur de quitter un emploi assuré et bien rémunéré pour défendre ses idées et ses convictions. Lorsque Hélène Gravel a décidé de se porter candidate à la mairie de Sherbrooke, elle n’avait aucune idée de ce qu’il l’attendrait au lendemain du 6 novembre. Mais peu importe, elle a foncé. Elle a foncé pour vous.
Au-delà des résultats obtenus et de mes convictions politiques, on se doit de saluer l’audace de celle qui aspirait à devenir la première femme maire de la Ville de Sherbrooke. Elle n’a aucunement craint de se retrouver devant rien.
Et ce, contrairement à d’autres personnes avec des positions en vue, qui ont déjà brigué les suffrages, elle a eu le cran, mais surtout l’intégrité de quitter son poste de directrice de la Chambre de commerce de Sherbrooke.
Parions que Madame Gravel n’aura toutefois pas à faire la queue au bureau d’assurance-chômage, qu’un employeur saura flairer cette candidate au potentiel irréfutable.

Découvertes et politique

La dernière semaine fut fertile en découvertes. J’ai augmenté mon bagage de connaissances du domaine politique. Mais aucune de mes trouvailles ne m’a convaincue de réorienter ma carrière dans ce domaine. Que non.
J’ai appris qu’en politique, les amitiés sont aussi solides qu’un costume d’Halloween cheap acheté au Wal-Mart à 7,97$. Quand ta supposée amie te plante dans une lettre ouverte publiée dans un quotidien où elle accuse ton organisation de manipulation, tu te rends compte que les valeurs d’entraide et de collaboration entre femmes fondent aussi vite qu’un glaçon dans une poêle à frire très chaude dans ce domaine mesquin.
J’ai été initiée à la mollesse des candidats qui se battent pour un poste de conseiller municipal. Un seul, parmi la trentaine d’aspirants, a osé appuyer un des trois candidats à la mairie. Alain Demers, qui se présente à Rock Forest, a été le premier et est toujours le seul à appuyer ouvertement et fermement l’un des deux candidats, en l’occurrence Hélène Gravel.
Même Serge Forest, l’adversaire d’Alain Demers, qui pourtant a passé son samedi après-midi dernier à faire du porte-à-porte avec Hélène Gravel dans son district n’a jamais voulu affirmer qu’il appuyait la candidate. Non, monsieur a un « penchant favorable » pour elle. Franchement.
Un autre exemple ? J’ai croisé Louida Brochu au local électoral de Jean Perrault jeudi dernier. J’imagine que le conseiller sortant dans l’arrondissement de Fleurimont n’a pas fait la même visite de courtoisie à l’adversaire du maire de Sherbrooke. Pourtant, Monsieur Richard n’a pas pris position encore…
J’ai tenté de questionner un des deux candidats dans mon district à ce sujet. Samedi dernier Pierre Harvey s’est pointé chez moi. Après m’avoir défilé son boniment, je l’ai questionné sur son appui à l’un ou l’autre des candidats à la mairie. Vous devinez la suite. Monsieur Harvey n’a jamais osé prendre position. Lui, il saura défendre les intérêts des gens de St-Élie peu importe le maire en place, m’a-t-il dit. Hum.
C’est quoi cette crainte d’asseoir ses opinions ? Pensez-vous que si vous appuyez l’un des aspirants à la mairie vos électeurs vont vous en vouloir ? Au contraire ! Dites-moi lequel des programmes vous séduit le plus et je serai encore plus aiguillée pour faire un bon choix. Parce que pour le moment, j’hésite.
Après on se demande pourquoi les jeunes sont désintéressés de la politique. C’est simple. Nous voulons des élus qui ont une colonne vertébrale. Qui n’ont pas peur de leurs convictions. On ne veut pas des mous qui voient là un side-line à 40 000$ par an à la tête de notre ville. Et pour le moment, dans toute la gang qui est à la mairie, ça semble n’être que ça.
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26 octobre 2005

Migraine d'automne

Ce fut un réveil brutal auquel j’ai eu droit samedi dernier. Ça martelait dans ma tête me rappelant, à tous moments, les excès de la veille. La nuit a été courte. Trop courte même. Nous avions eu une belle soirée la veille alors que nous fêtions l’anniversaire du collègue Stephen. Depuis le temps qu’il en parlait. Bref.
Mais voilà, Maxim est déjà habillée en ballerine me démontrant qu’il était hors de question que nous rations son rendez-vous avec les pointes et les tutus. Pourtant je n’ai qu’une envie. Me laver les dents, prendre deux Tylenols et me recoucher au plus vite.
C’est avec toutes les misères du monde que je parviens à me tirer du lit. Pour faire exprès, les filles sont énervées comme ce n’est pas possible. Ce n’est pas une tempête qui s’abattra sur nous, c’est un ouragan si j’en juge leur comportement que l’on pourrait juger d’agité.
L’idée me passe d’appeler leur père pour qu’il me remplace. Mais il a eu l’idée d’aller encourager les Alouettes à Montréal. Ma mère ? En réunion électorale. Mon père, ma sœur travaillent. Je n’ai donc pas le choix. Soupir.
Arrivée sur place, je suis gagnée par l’excitation de ma grande. Elle fait la révérence, pointe du pied, fait des tourniquettes. Elle exécute ses mouvements avec précision, ardeur et joie.
En sortant de la session de ballet, les filles me demandent d’aller marcher au Marais St-François. J’hésite un moment. L’appel du divan est encore assez fort. L’envie de m’y coucher, en pyjama, avec un doudou et de regarder les insignifiantes émissions du samedi matin me plaît assez.
« Ok, mais pas trop longtemps », ai-je concédé.
Arrivée sur place, je me laisse prendre au jeu. Filou est émerveillée devant les multiples feuilles mortes qu’elle trouve sur son chemin. Maxim est à la recherche d’oiseaux, de canards, de couleuvres peut-être. Pendant ce temps, j’immortalise ces sourires avec mon appareil photo.
Les petites courent le long des sentiers. Elles rigolent. S’inventent des jeux. Parlent aux gens qu’elles croisent. S’interrogent sur les espèces d’arbres ou de plantes qu’elles rencontrent. Elles sont définitivement contentes que j’ai acquiescé à leur demande de venir ici.
Les puces ont raison. En cette rare journée d’automne où le soleil est présent, le décor est magnifique, la température est idéale. L’air frais nous fait le plus grand bien.
La preuve ? Mon mal de tête est parti. Et malgré la croyance populaire, ce n’est pas Aspirine qui a réglé ça, mais l’émerveillement sans borne de mes cocottes devant ce magnifique spectacle.

16 octobre 2005

Ma politique à moi

Il arrive souvent que l’on me demande pourquoi je ne jase jamais politique dans cette chronique. Pourquoi je ne prends pas position dans la course à la chefferie du Parti Québécois. Quand est-ce que je commenterai la campagne électorale municipale. Soyez patient, ce ne sera pas demain la veille.
Non pas que je me désintéresse de la politique. La politique fait partie de ma vie comme d’autres carburent à la philatélie ou au trekking. Et ce, depuis toujours.
Mon premier souvenir remonte à loin. Je devais avoir sept ou huit ans. J’avais passé la journée entière le nez collé sur la télévision à suivre la course à la chefferie qui opposait Pauline Marois à Pierre-Marc Johnson. J’espérais fermement que Madame Marois remporte la course. Une femme première ministre, wow !
Nombre de professeurs que j’ai traumatisé en leur affirmant que lorsque je serai grande, je serai première ministre du Canada. Dans ma famille, chez mes amis, c’était acquis. Je deviendrai politicienne. Être professeur, infirmière ou secrétaire, très peu pour moi.
Les années ont passé. Puis, ma belle-mère s’est présentée aux provinciales en 1994. J’ai jasé avec Parizeau sur un bateau sur le Memphré, rencontré Bouchard dans un sous-sol d’église, joué à la balle avec Marois. Quelle chance de rencontrer ces grands, moi qui aspirait à être des leur un de ces quatre.
Malgré tout, plus les semaines avançaient et plus j’étais déçue de ce que je voyais. Plus le jour « J » approchait et moins l’idée de me lancer en politique me tentait. Cette histoire d’image qui primait sur les idées me répugnait. Ces obstinations sur les virgules à ajouter ou à enlever sur le dépliant de la candidate me tapaient sur les nerfs. On oubliait l’essentiel.
Ma belle-mère a perdu. Nous avons pleuré pendant des semaines. Nos rêves de changer le monde s’étaient écroulés en une seule journée où 4 000 personnes ont préféré son adversaire.
Ginette avait peut-être mis de la brume dans les lunettes de son adversaire, mais cette campagne électorale en a mis dans mes aspirations politiques également.
Ma mère s’est retrouvée à travailler pour différents députés autant au fédéral qu’au provincial. Mon père s’est, quant à lui, investi au niveau municipal. Chaque souper de famille amène avec lui un lot de discussions sur les dernières interventions d’un tel, sur le scandale d’un autre. Nous analysons et commentons le tout. Et j’avoue que ça me suffit amplement.
Ma mouman est présentement en campagne. Elle dort quatre heures par nuit, ne m’appelle plus deux fois par jour et son chat ne la reconnaît plus. C’est admirable de la voir se défoncer pour un but, mais je n’ai pas envie de vivre de cette façon.
Je veux voir mes enfants grandir. Je veux leur donner leur bain. Je veux faire les devoirs avec Maxim. Je veux écouter Filou me raconter sa journée à la garderie. Je veux respirer. Je veux vivre.
Je ne serai jamais première ministre du Canada, député du comté d’Orford ou conseillère de St-Élie, Non. Je n’ai pas renoncé à mes buts pour le moins. Moi, ma politique je la fais autrement. En écrivant dans ce journal.

10 octobre 2005

J’ai le mors aux dents



Je vous ouvre un grand pan de ma vie ce matin. Une petite gêne que je me réservais. Mais voilà, je ne peux plus garder ça pour moi. Et surtout, j’ai vraiment mal.
Mes dents se dérobent de leur obligation. Elles manquent à leur tâche de me protéger contre ces caries qui se veulent si agressantes. Je serre les dents.
Alors que certains doivent rivaliser d’imagination pour camoufler leur crâne dégarni, moi je carbure à l’Advil. Pendant que d’autres doivent intégrer le lavage de lentilles de contact à leur quotidien, moi je suis devenue la plus grande consommatrice d’Oragel au monde. Tandis que vous vous taper une troisième migraine cette semaine, je dois composer avec un budget déficitaire because j’ai une déficience en émail. Ça me fait grincer des dents.
Pourtant, je respecte les règles élémentaires en matière de santé buccodentaire. J’utilise plusieurs kilomètres de soie dentaire chaque année. J’observe les trois minutes réglementaires d’un brossage bi-journalier. Je ne bois ni café, ni boisson gazeuse et je maintient ma consommation de sucre au plus bas. Je pousse même mes habitudes jusqu’à me gargariser chaque jour avec du fluor. Mais rien n’y fait. Snif.
Pour la cinquième fois en autant d’années, je dois faire face à un diagnostic fort déprimant ; traitement de canal à faire sur une molaire.
C’est que mes caries à moi trouvent mes racines dentaires fort confortables j’imagine. Un confort qui coûte la peau des fesses croyez-moi : 600$ au minimum. Faites le calcul. J’ai une véritable mine d’or dans la bouche !
Je vous jure que tous les dentistes de la ville se bousculent pour m’avoir comme cliente. Une patiente comme moi, ça rentabilise un prêt étudiant assez vite merci.
D’ailleurs, c’est quelque chose que je n’ai jamais compris. Pourquoi les soins dentaires ne sont pas couverts par le régime d’Assurance-maladie du Québec ? Pourtant, les dents sont une partie intégrante du corps non ? Moi, j’aimerais bien mieux présenter ma carte soleil plutôt que ma carte de guichet quand je me pointe chez le dentiste.
Tout ça, c’est sans compter la peur qui me tressaille à chaque visite dans ces cabinets. Les piqûres dans le palais, ce n’est pas ce qu’il y a de plus jojo. Jumelé avec le fait que j’ai besoin de deux fois plus de novocaïne que la normal, donc deux fois plus d’aiguilles, je claque des dents.
Face à ce triste constat, il me reste que deux choix : porter une prothèse dentaire ou marier un dentiste. J’aime mieux la deuxième idée !

05 octobre 2005

Un rhume qui cajole

Ma loulou est moche. Je sens un vilain virus l’envahir. Elle parle comme Brian Mulroney et ses yeux sont pleins de dodo. Et mon cœur de maman est triste à chaque fois que ces méchants microbes se pointent chez moi. Je suis incapable de m’habituer à ces invasions.
La cocotte s’est levée marabout hier matin. Dès les premières paroles qu’elle m’a lancées, pour ne pas dire garochées, j’ai senti qu’il y avait quelque chose qui clochait. Elle, qui habituellement, est pleine de vie, était remplie d’impatience.
Elle se pointe devant les marches et avec une mine toute découragée, elle m’implore de faire l’ascenseur. Filou est trop fatiguée pour les gravir, me dit-elle.
Ma petite s’installe devant la télé. Ce sont les nouvelles du sport et ça ne semble pas l’importuner pour deux cennes alors qu’habituellement, pas grand-chose d’autre que les princesses ou les Calinours peuvent défiler à l’écran.
Décidément, ça ne marche pas.
Je m’assois à côté d’elle question de vérifier si elle est fiévreuse. J’en profite pour lui flatter le dos tout tranquillement. « Maman d’amour, fais-moi des dessins dans le dos s’il te plait. » Comment refuser ?
Je laisse ma sauce à spagh et le bain à laver en plan. J’y reviendrai plus tard. De toute façon, c’est beaucoup plus plaisant de dessiner que de faire du ménage hein ?
La voilà rassasiée de dessins tactiles. Il était temps, ça sent le brûlé. Les oignons ont collé. Je m’affaire à tenter de récupérer la sauce. La voilà qui s’accroche à mes pantalons (Félixe, pas ma sauce). « Maman, je veux m’asseoir sur le comptoir et te regarder faire la sauce à spagh. »
Je lui déniche une petite place entre le robot culinaire et le monticule de vaisselle à laver. Sans dire un mot, elle m’observe couper l’aubergine, laver les piments, épépiner les tomates. Sans un mot, elle regarde dans le chaudron où les saveurs de basilic et d’ail se mêlent et hume l’odeur de son met favori.
Une fois le couvercle posé, la voilà bien triste. « Maman, veux-tu me raconter une petite histoire s’il te plait ? » Hum. Moi qui avais prévu terminer les rénos de la salle de bain aujourd’hui. Je suis un peu à bout de prendre ma douche entre les pots de peinture, l’escabeau et la sableuse.
« C’est l’heure. Simon fait la grimace. Il enfile son pyjama, démêle ses cheveux, boit un grand verre de lait ; se débarbouille de la tête aux pieds et se brosse soigneusement les dents. Puis, il monte l’escalier, tape son oreille, pousse ses couvertures et plonge dans son lit. Tous les soirs du monde, c’est pareil. Le papa de Simon monte l’escalier, il s’installe à côté de son fils et se prépare à endormir la planète. »
Pendant ma lecture, ma puce se love tout contre moi toute attentive à mon histoire. Plus rien ne compte pour nous que les aventures rocambolesques que le papa de Simon raconte. Je tourne la dernière page.
Ma loulou a le rhume. Ce n’est pas si triste que cela finalement. Parce que lorsque la maladie sévit chez moi, c’est l’occasion de prendre le temps avec mes puces. Quelque chose que j’oublie trop souvent. Vivement l’hiver !

27 septembre 2005

Ma contribution à l'histoire

C’est chose faite. Je peux maintenant mourir en paix. J’aurais laissé ma marque dans l’histoire de l’humanité en écrivant cette chronique et en vous dévoilant la grande découverte que j’ai faite ce matin. On se souviendra de moi comme étant la fille qui se fait niaiser dans les centres de rénovation et les centres de location. Parce qu’une fille qui fait de la réno, c’est aussi pire qu’une fille dans un garage. On la prend pour une cruche qui ne connaît rien aux trucs remplis de testostérone.
Dimanche dernier, je me suis butée à un de ces types qui croit tout connaître de ce monde et qui me regardait avec un air hautain. Je viens de terminer le plancher de la chambre des filles cette semaine. J’attaque donc celui de ma chambre maintenant.
Je me rends donc à ce méga centre de rénovation, où j’ai toujours de l’excellent service habituellement, question de me faire une idée sur la couleur du plancher que je désire. Je questionne le commis concernant deux paquets de plancher flottant en liquidation. « Ma p’tite madame, c’est tout ce que j’ai. C’est une fin de lot », me dit-il d’un ton sans appel.
Oui, mais c’est lui que j’aime et le prix me sourit. « Est-ce qu’il peut y en avoir dans votre magasin à Granby ? », lui demandais-je pleine d’espoir.
« Écoutez ma p’tite madame. Je vous ai dit que c’est tout ce que j’ai. Il y a plein de clients qui m’attendent. » Ouf.
Même histoire ce matin, alors que je retournais au centre de location de mon patelin, à St-Élie, une machine à décoller la tapisserie que j’avais louée pour le week-end. Le préposé à l’accueil tout souriant s’est immédiatement dirigé vers moi pour m’aider avec ce bidule. Tout en rentrant dans le commerce, il m’interroge sur l’efficacité de l’appareil.
« Je crois qu’il ne fonctionne pas très bien. Il n’y avait pas beaucoup de vapeur qui sortait ; c’était plutôt de l’eau très chaude. Et le manche n’est pas très solide. Bref, j’ai eu plus de facilité avec mon seau d’eau et mon éponge qu’avec votre machine », lui dis-je, sans être arrogante. Je cherchais seulement à l’informer qu’il y avait peut-être un problème.
C’est alors qu’un autre préposé se mêle de notre conversation. « Ben, ma p’tite madame, vous avez mis trop d’eau dans la machine », me dit-il d’un ton accusateur.
C’est drôle, mais j’ai lu les instructions, j’ai vérifié sur l’emballage et ce n’était mentionné à nulle part, qu’il y avait une quantité maximale d’eau à y verser. Mais bon.
« Et puis, il faut viser ces deux vis ma p’tite madame ! C’est normal que ça ne marchait pas, franchement ! »
Ok. Je ne savais pas que lorsque l’on louait des appareils, il fallait aussi les réparer. Vraiment, je me coucherai moins niaiseuse ce soir.
Et tant qu’à y être, est-ce que l’on peut régler quelque chose ? On s’entend-tu pour dire que je suis loin d’être petite. Je crois qu’à cinq pieds et huit pouces, j’ai le droit de revendiquer un autre statut, il me semble.
J’ai donc claqué la poste, insultée de me faire prendre pour une épaisse.
Peut-être n’ai-je pas un bacc en génie de la construction. Peut-être suis-je plus habile avec mes chaudrons qu’avec mon marteau. Peut-être ai-je à apprendre dans le domaine.
Mais au moins, j’ai l’intérêt de le faire moi-même. J’ai l’ambition de réussir. J’ai la débrouillardise de faire seule. Et malgré votre réticence, je réussirai.

16 septembre 2005

Les boomerangs


Vous connaissez le boomerang , ce jeu des Aborigènes australiens? Ce n’est pas seulement un film moche de la fin des années 80, avec en vedette Eddy Murphy et qui passe à 23h30 à TVA. Non.
Ce n’est pas non plus qu’un simple bout de bois qui habilement lancé vous revient dans le front dans le temps de le dire. Vraiment pas.
Un boomerang, c’est quelque chose que tu pensais parti pour toujours qui, un beau matin, revient dans ta vie sans crier gare.
Un boomerang, c’est quelqu’un que tu n’as pas vu depuis belle lurette qui te téléphone, par un après-midi pluvieux, pour te dire qu’elle pensait à toi.
Un boomerang, c’est un poste que tu ne croyais jamais obtenir après toutes ces années et que lorsque tu as complètement perdu espoir arrive comme par enchantement.
Un boomerang, c’est un bon vin que tu as oublié dans ton cellier qui te tombe sur le gros orteil.
Un boomerang, c’est un 10$ oublié dans une poche d’un manteau d’hiver que tu retrouves l’année suivante.
Un boomerang, c’est une boucle d’oreille que tu avais perdue qui réapparaît dans ta laveuse.
Un boomerang, c’est un nomade qui après de nombreux mois de voyage à travers le monde, revient auprès des siens.
Un boomerang, c’est une personne qui s’est égarée longuement et qui retrouve enfin son chemin.
Un boomerang, c’est un amoureux qui, après plusieurs mois d’abstinence, offre un massage dans le cou à la femme de sa vie, qui l’embrasse dans le cou, comme aux premiers jours.
Un boomerang peut prendre du temps à retrouver son chemin, mais il revient toujours à son point de départ. C’est simple, c’est mathématique, c’est peut-être même physique, mais il réapparaît toujours, il ne se perd jamais.
Toujours est-il que je collectionne les boomerangs ces jours-ci. Je commence à en avoir une belle panoplie. Sébas est passé aux sports de La Tribune. Consolidation de poste et augmentation de salaire en prime pour moi. Super.
Mon amie Nathalie m’a téléphoné le week-end dernier après plusieurs années de silence. Comme ça. Tout bonnement. Joie.
J’ai aussi retrouver 10$ dans les poches d’une vielle paire de jeans. Je suis riche !
Puis, il y a l’autre. Soupir.
Un boomerang, c’est un jeu dangereux. Un tir mal lancé et vlan ! Vous voilà avec deux dents en moins et peut-être même un œil au beurre noir.
Un boomerang, peut sembler être un jeu fort amusant. Mais les risques de se faire mal sont élevés. Aussi bien laisser ce bout de bois dans le placard. C’est moins dangereux.

12 septembre 2005

D'où sort-elle?

Il n’y a pas une journée qui passe sans que je me demande d’où sort ma grande. (En réalité, je le sais très bien d’où elle sort. À 8,11 livres difficile d’oublier. Mais je parle ici au sens figuré, pas au sens propre.)
Toujours est-il que Maxim est tout le contraire de sa mère. Une chance que je l’ai portée, car en la regardant, bien peu d’entre vous pourraient trouver des ressemblances entre sa génitrice et elle.
Alors que moi je ne jure que par le noir, elle fait du rose nanane sa couleur fétiche. Que ce soit ses sandales, ses bobettes, son sac d’école, sa boîte à lunch, les murs de sa chambre, « name it », en autant que ce soit rose, et nanane de préférence, c’est cool.
La dernière fois que j’ai porté une sacoche, c’est quand mon amie Maryse avait bu un verre de trop et que je l’ai aidée à grimper dans son lit. Maxim devait avoir quatre ans quand elle a demandé son premier sac à main au Père Noël. Depuis, elle est incapable de respirer si sa bourse, rose nanane évidemment, n’est pas à portée de main.
Vous savez où elle passe ses samedis matins ma puce ? Dans une salle de danse où elle apprend les rudiments du ballet classique avec ses chaussons roses nananes, son chignon et toute la grâce du monde. Ne lui parlez pas de soccer, de natation ou de ski alpin, elle veut faire des pointes sur Casse-Noisette elle.
Pourtant, je suis loin d’être une pro du pas de danse. Une soirée passée avec DJ Champion, samedi dernier, a bel et bien confirmé que je suis nulle dans le domaine. Imaginez, mon style varie entre le cueilleur de pommes, le skieur de slalom et le sauteur de trampoline. Chic, je vous dis.
Si vous cherchez dans ma garde-robe quelconque robe, vous risquerez d’être drôlement déçu. La dernière fois où j’en ai porté une, j’étais en troisième année. Un petit gars, qui se trouvait drôle, s’amusait à lever sans cesse ma robe pour voir la couleur de mes bobettes.
Un moment donné, je me suis choquée et je lui ai fais payer son acharnement en lui donnant un de ces coups de genou vous savez où. Une raclée qui a fini sa course sur son nez. Il ne m’a plus jamais achalé, mais je n’ai plus jamais porté de robe. (Soyez discret sur cette histoire, car c’est tout de même du fils du maire dont on parle…)
Toujours est-il que si j’ai le malheur d’acheter des pantalons à Maxim, c’est la déception totale. C’est à peine si elle ne me dénoncerait pas à la DPJ de l’habiller « comme un gars ». Si ce n’était que d’elle, il n’y aurait que des robes, des jupes, des jumpers, rose nanane bien sûr, dans sa garde-robe.
Tandis que l’on retrouve à peine un mascara dans ma pharmacie, mon aînée se passionne pour le maquillage. Petit conseil. Tenez vous loin des comptoirs de cosmétiques lorsque vous êtes en sa compagnie, car vous n’êtes pas sorti du bois.
« Oh ! Regarde ce beau rouge à lèvre rose maman ! J’aimerais tellement ça avoir un fard à paupières rose. Maman, tu veux m’acheter ce vernis à ongles (rose, j’imagine) ? » Soupir.
Vraiment, je ne sais pas d’où elle sort. Mais maudit que je l’aime comme ça !

08 septembre 2005

Tu es une bricoleuse!

« Tu es une bricoleuse ! » Vous savez, cette phrase de la pub de Rona? Il y a plusieurs mois que je me la répète. Depuis de nombreuses semaines, je tente de me convaincre que moi aussi, je suis capable de taper du clou et de jouer de la scie.
Mais là, je n’avais plus le temps d’attendre. Je devais prendre le taureau par les cornes ou la perceuse électrique par le manche. Ça commençait à presser, il fallait débuter les travaux de rénovations de la salle de jeux pour la transformer en chambre pour Alex. La petite sœur est tannée de dormir sur le divan.
Au menu : sortir le congélo (un vieux, mais un très vieux congélateur de quatre tonnes), aller chercher un autre congélo pour remplacer le défectueux, défaire un mur, le reconstruire, arracher le tapis, repeindre toute la chambre, installer du plancher flottant. Ce n’était pas une mince tâche pour celle qui doit se reprendre à six reprises seulement pour accrocher un cadre au mur.
Mais voilà. Ce samedi, j’étais prête. La confiance était là. Le timing était bon. La température juste correcte. Je convoque Alexandra et Katia pour leur annoncer la bonne nouvelle. C’est aujourd’hui que ça se passe !
Première étape : aller chercher le nouveau congélo chez Katia. Ça va bien jusqu’au moment où je décide de me faire un tour de rein dans les marches avec un immense rectangle blanc de 200 livres dans les mains. On réussit à s’en sortir. Vive l’ibuprofène.
Me voilà maintenant inefficace pour les travaux manuels. Je deviens donc la contremaître du chantier. Ma première réalisation en tant que patropn ? « Alex, vas chercher ton chum. Il vous aidera à sortir le vieux congélo de la maison. »
Deuxième étape : superviser l’arrachage du tapis. Vraiment, mes coéquipières-bricoleuses sont championnes en la matière. Malgré mon dos qui me fait souffrir, je tiens à participer aux travaux. J’appelle au resto pour une pizza.
Troisième étape : Défaire le mur. Katia prend les choses en main. En moins de deux, le mur se retrouve dans la poubelle et déjà le nouveau prend place.
Quelques jours plus tard, les joints sont tirés, gracieuseté du père de Katia. Les murs sont peinturés, grâce à l’habile coup de pinceau de Alex. Puis, le plancher est posé, gracieuseté de mon père.
Constat #1 : Je ne suis pas une bricoleuse.
Constat #2 : Rona fait de la fausse publicité.
Constat #3 : Ça me tente de refaire la chambre des petites maintenant !

29 août 2005

Des rêves pour 2$



Il était là depuis longtemps. Depuis le neuf juillet dernier en fait. Nous avions fait connaissance au dépanneur du coin alors que je m’étais laissée tenter par son alléchant panneau-réclamme.
14 millions$, ça ne change pas le monde sauf que. C’est ce que je me dis invariablement lorsque le gros lot du moment frôle les 15 millions$ Et si j’étais la prochaine ? Si c’était mon jour de chance ? Si c’était mon tour ?
J’ai sorti les deux dollars demandés pour me porter acquéreur de ces six numéros. Une sizaine de chiffres qui pourraient tellement changer ma vie certes, mais celle de mes filles, de mes sœurs, de mes parents, de mes amies.
Et depuis, ce petit rectangle blanc aux contours bleu royal prenait place à bord de ma voiture. À chaque virée à bord de ma sous-compacte, je le regardais en m’imaginant comment je pourrais dépenser un tel lot.
Mes plans changeaient au gré des mes sorties. Parfois, je me voyais partir à la conquête de l’Europe et découvrir ses trésors historiques. Tandis que d’autres fois, c’était plus le soleil et les châteaux de sable que nous pourrions construire qui attiraient mon imagination.
Je me voyais me porter acquéreur d’une villa au bord de la Méditerranée ou d’un petit chalet sur le rivage du lac Brompton. Peut-être que j’aurais préféré l’achat d’un véhicule récréatif qui m’aurait amené aux quatre coins de l’Amérique ?
Plus aucune dette ne figurerait à mon relevé bancaire ainsi que de celui de mes parents et de mes sœurs, de mes grands-parents. Une nouvelle auto pour Anne-Marie, un condo pour Alex et tant qu’à y être, un gros bateau pour Érik seraient sur ma liste de cadeaux d’avant Noël.
Maxim pourrait suivre ses cours de ballet classique en Russie et j’aurais engagé Grant Hackett pour enseigner la natation à Filou. La grande jouerait du violon avec un Stradivarius. La seconde aurait un terrain de jeu aussi grand que Disneyland.
Parfois la réalité me rattrapait. Que ferais-je de mon travail ? J’aime écrire. J’aime les gens. J’aime me casser la tête à trouver des sujets. Je suis trop jeune pour la retraite. Une entente avec le boss pour l’écriture de mes récits de voyages. Voilà la solution.
Les semaines passaient, et je refusais de faire valider mon billet de loto. J’aimais l’idée que peut-être j’étais LA gagnante. Mes virées automobiles me faisaient rêver. 14 millions$ ça permet de faire nombre de choses. Beaucoup de trucs.
En racontant tout ceci à ma sœur, elle s’est mise à rigoler. « Allez Ge ! Déniaize ! Fais valider ton billet. J’aimerais le savoir avant de m’acheter ma nouvelle voiture ! »
Je n’aurais pas dû l’écouter. Je n’ai pas gagné. Même pas un p’tit 10$. Et depuis, mes balades en auto sont ennuyantes à mourir.

23 août 2005

Ma copine Carrie



Je me suis faite une nouvelle amie le week-end dernier. Mis à part le fait que je n’ai pas baisé les trois quarts de la ville de New York, que je ne m’achète pas de chaussures à 300$ et que je ne passe pas mes soirées dans tous les coquetels branchés de la ville, nous avons plusieurs autres points en commun elle et moi.
On fait le même travail par exemple. Bon, elle écrit dans un journal tiré à plusieurs centaines de milliers de copies, le New York Star. Mon journal est plus petit, je le concède, mais beaucoup plus sympathique. Précision ; je n’écris pas sur le sexe à Sherbrooke non plus.
Même si je n’ai que deux paires de sandales alors qu’elle en a 800. Même si je ne bois pas de Cosmopolitain alors qu’elle ne carbure qu’à ce drink. Même si elle est habillée par les plus grands designers de cette planète alors que la seule griffe qui se retrouve dans ma garde-robe est Tommy Hilfiger. Nos univers sont à mille lieues, mais nos quotidiens se ressemblent tellement.
Vous la connaissez peut-être. C’est Carrie Bradshaw. L’héroïne de la série télé, Sex in the city. Nous avons fait connaissance le week-end dernier alors que les DVDs des deux premières saisons de l’émission se sont retrouvés dans mon salon.
Depuis, j’ai à peine dormi. Pas juste parce que je me suis enfilé 26 épisodes en deux jours. Non, la cause de mon insomnie réside dans les questionnements de cette journaliste qui a fait du sexe, mais aussi des relations homme-femme, sa spécialité.
Elle enfile les hypothèses, les théories, les spéculations sur nos comportements en couple à la vitesse de l’éclair. Les six saisons et les 94 épisodes de la série nous démontrent clairement que le thème des relations amoureuses est inépuisable et que l’on ne se lasse jamais d’en parler, de questionner, de revirer la question, d’analyser sous toutes ses coutures ce lien indéfectible qui nous unit à une autre personne.
Par exemple. Je n’avais jamais remarqué comment les femmes peuvent être obsédées par leur rupture, à se demander ce qui a pu clocher alors que les hommes, eux, se contentent de hocher la tête et de passer à la suivante. Mais Carrie si. Et si les hommes avaient raison ? Si on perdait notre temps dans cette analyse ?
Sex in the city, c’est beaucoup plus qu’une partie de jambes en l’air ou des séquences de films pornos en rafales. Non. Ce sont les relations homme-femme vues sans tabou par quatre femmes libérées et ouvertes sous l'angle de la comédie.
Bon, ce soir, j’attaque la quatrième saison. Parce que j’ai encore tout plein de questions sans réponse.

16 août 2005

Horloge biologique




Ironique, grinçant, réaliste du monde qui nous entoure, ce film amène tout un lot de questionnements. Les hommes sont-ils victimes autant des pulsions reproductives des femmes? Lorsqu'ils sentent leur jeunesse s'envoler, est-ce tous les hommes qui réagissent de cette façon? Nos relations de couple sont-elles toutes empreintes de mensonges et d'infidelités?
Excellent film à voir en couple pour observer les réactions de votre partenaire et en discuter par la suite!
Le second long-métrage de Ricardo Trogi nous entraîne dans l’univers fascinant et complexe de la paternité. Pour Fred, jeune trentenaire, rien ne presse si ce n’est le désir de sa conjointe Marie de devenir mère. Il tente donc de repousser par tous les moyens l’échéance de la paternité, en voulant conserver sa relation amoureuse. Dans le ventre d’Isabelle, un petit être ne se doute pas que son arrivée prochaine plonge son géniteur Paul dans une angoisse profonde. Quant à Sébastien, nouveau papa d’un petit garçon de huit mois, sa nouvelle cellule familiale lui apporte beaucoup de joie, mais il ne peut cacher sa déception face à ses amis. Il aurait voulu que ceux-ci soient conscients de l’importance de ce moment dans sa vie et qu’ils partagent avec lui un peu d’émerveillement. C’est dans cet enchevêtrement de situations et de sentiments qu’on suivra la recherche de ces trois hommes qui tentent d’atteindre le bonheur et la tranquilité, l’harmonie souhaitée entre les pulsions de l’instinct et le calme de la raison. Une quête qui ne se fera toutefois pas sans bouleverser leur existence et sans heurter les femmes qui les accompagnent dans ce cheminement.

J'ai pourtant essayé



La semaine passée, je vous demandais des trucs pour m’aider à décrocher de mon boulot pendant mes vacances. Mille mercis à ceux qui se sont donnés la peine de m’aider à apprivoiser le mode loisir et détente.
Je crois avoir réussi ma part du boulot de vacancière. Par contre, vous ne m’avez pas rendu la tache facile…
Jour 1 : Destination Parc Safari. Entre les tigres, les singes et les girafes, je devais être en mesure d’oublier que mes collègues du bureau sont en pleine heure de tombée et que le boss devait s’arracher les cheveux de la tête.
La diversion animalière a fonctionné jusqu’à temps que : « Oh ! C’est toi qui écrit dans La Nouvelle ? J’ai beaucoup aimé ta chronique sur le célibat. »
Jour 2 : Destination La Ronde. Entre la Pitoune, le Monstre et le Vampire, les gens auront sûrement autre chose à penser que j’écris dans l’hebdo de Sherbrooke. Effectivement, personne ne m’a accosté dans les files d’attente, trop anxieux à l’idée de se retrouver avec la rate dans la gorge et les oreilles plus bas que les pieds j’imagine.
Malgré tout : « Il me semble que je te connais toi. Ah ! Oui ! Tu as écrit un article sur moi l’été dernier. Tu es toujours à La Nouvelle ? » C’était l’animateur Guy Jodoin qui enregistrait sa quotidienne, Sucré Salé, tout juste à côté de la Grande roue.
Jour 3 : Destination Brigthon Park, dans le Vermont. Un minuscule parc national d’une vingtaine d’emplacements de camping. À mon avis, c’était certain que, dans cette toute petite bourgade de 4 000 habitants, il n’y aurait personne qui ferait de lien. Parce que les Américains qui lisent La Nouvelle doivent être, sommes toutes, assez rare.
Mes voisins de droite débarquent du Connecticut. Yé ! Ceux de gauche ont fait un long voyage depuis la Virginie. Hourra ! Ceux d’en face… tout droit de Sherbrooke. « J’ai remarqué dans ta voiture une pancarte de presse. Tu es journaliste ? À La Nouvelle ? Je me souviens d’un texte qui parlait du célibat. C’est toi ? »
Jour 6 : Destination Sandbanks sur le lac Ontario. Un immense parc national de 600 sites. Les chances que des Sherbrookois se retrouvent dans mon coin étaient fort minces. Effectivement, nous étions entre des gens de Québec, de Repentigny et de Kingston. Enfin, j’allais pouvoir oublier mon travail.
Arrivées sur la plage, entre ma séance de crème solaire et la construction d’une grenouille de sable (les châteaux, c’est passé mode), une petite famille a planté ses pénates à quelques pas de nos chaises et de nos magazines. Filou a tout de suite repéré la possibilité de mettre leur bambine à la tâche avec l’érection de son barrage et en moins de deux, me voilà en discussion avec la maman.
« Bonjour ! Vous venez d’où ? Sherbrooke ? Non ! Le monde est trop petit, nous aussi. Vous travaillez où ? Non ! Pas à La Nouvelle. On la lit assidûment chaque semaine. Ce n’est pas toi qui a écrit quelque chose sur les célibataires ? »
La prochaine fois que je veux décrocher, premièrement, j’arrête d’écrire sur le célibat. Deuxièmement, je me pousse en Ouganda!

01 août 2005

Comment on fait?


J’ai beau avoir cassé les oreilles de tous et chacun depuis avril dernier concernant mes futures vacances, mais voilà, je suis dedans, et je n’ai aucune idée comment ça fonctionne ce machin truc.
Tout l’été, j’ai vu mes collègues partir tour à tour en mode loisir et je mourrais d’envie d’être à leur place. Tout l’été, j’ai compté les dodos avec impatience me séparant de mes deux semaines de congés. Tout l’été, j’ai prié Dame Nature afin qu’elle me laisse un peu de soleil pour ces 14 jours de détente.
Et me voilà, en plein dans mes vacances. Les premières depuis que je suis sur le marché du travail. Et je dois avouer mon incapacité à gérer ça. Une inaptitude totale dans le dossier absence du travail.
Ce n’est pas parce que les pages de mon agenda sont vides pour la prochaine quinzaine. Que non. Nous serons occupés, sans aucun doute. Nous irons camper au lac Crystal, dans le Vermont, quelques jours avec mon amie Marie-Claude. Puis, nous prendrons la route de SandBanx, au lac Ontario, avec Anne-Marie. Entre les deux, le Parc Safari et la Ronde nous attendent.
Mais dans l’immédiat, j’avoue que je tourne en rond, que je pense à mon travail sans cesse. Je cherche des idées de sujets, un titre pour ma chronique. Je me sens coupable d’écouter Des Kiwis et des hommes alors que le boss doit en avoir par dessus la tête.
Alors, dites-moi, comment on fait pour décrocher ? Comment fait-on pour ramener notre tête à 100% à la maison ? Elle est où la switch off ? Je l’ai cherché tout le week-end, et je n’ai rien trouvé pour mon plus grand découragement.
Parce que pour le moment, je suis nulle en gestion de vacances. Vous savez la première chose que j’ai faite ce matin au réveil ? J’ai appelé au bureau. « Séb, veux-tu que j’écrive un chronique ? » Et me voilà, à regarder mes doigts courir sur le clavier.
J’ai encore le goût d’appeler. J’ai une histoire qui ferait un super article. Je me demande comment ça se passe sans moi. Sont-ils dans le jus ? Vont-ils avoir besoin d’aide ? Si le journal n’était pas prêt pour l’impression de demain ? Je sais, c’est poche. Et ce n’est rien pour décrocher et j’en fais des cauchemars.
Vous connaissiez ça, vous autres, l’anxiété des vacances ? Ça se soigne docteur ?
Alors, donnez-moi vos trucs. Que faites-vous pour vous évader complètement ? De quelle façon vous y prenez-vous pour ne pas téléphoner au bureau aux 15 minutes ? Allez, dites-moi, parce que je suis désespérée, pis le boss itou…

27 juillet 2005


Laisse tomber, il te merite pas! Posted by Picasa

Laisse tomber!

Qu’est-ce que j’ai rigolé ce samedi alors qu’au beau milieu de ma cour arrière, bien installée sur ma chaise longue, j’ai dévoré ce livre atterri sur mon bureau quelques jours plus tôt. Son titre accrocheur avait capté ma curiosité.
Laisse tomber, il te mérite pas ! est ce fameux livre qui s'est vendu à plus d'un million et demi d'exemplaires aux États-Unis seulement l’an dernier. Une véritable tornade qu’il a crée chez les femmes célibataires de l’oncle Sam. Voir un tsunami ! Rédigé par deux des scénaristes de la fort populaire série américaine, Sex and the city, ce bouquin fait des ravages non seulement chez les libraires, mais surtout dans les relations hommes-femmes nord américaines.
Ce livre vous apprendra, en 16 leçons hilarantes et efficaces, la vérité sur le « sexe fort ». Un remède pour arrêter de fantasmer sur des hommes qui n'en valent VRAIMENT pas la peine! Les filles, arrêtez de leur trouver toutes les excuses et suivez les quelques pistes de Greg Behrendt et Liz Tuccillo.
L’histoire
Les deux auteurs se sont rencontrés pendant une séance de remue-méninges pour la série Sex and The City. Greg était le seul homme hétérosexuel parmi sept scénaristes de sexe féminin et deux producteurs gais.
Lorsqu'une des filles lui a demandé son avis sur le comportement d'un prétendant, il lui a répondu sans détour: «Il ne trippe tout simplement pas tant que ça sur toi.» Voilà! La formule-choc était lancée.
On en a fait le pivot d'un des épisodes de l'émission, puis un livre a suivi et même un spectacle. Ils étaient d’ailleurs de passage la semaine dernière lors du Festival Juste pour rire de Montréal. Mais encore ? Un film est aussi en cours de préparation. Quand on parle de bible de célibataires, on niaize pas avec le puck comme ils disent.
Alors votre nouvelle flamme ne trouve pas une minute dans sa journée fort chargée pour vous appeler ? Laissez-le tomber. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Votre mec préfère vous envoyer un courriel plutôt que de passer du temps avec vous ? Il n’est pas du tout amoureux. Laissez-le tomber. Celui qui, habituellement, partage la moitié de votre lit s’est pris l’envie d’aller visiter une autre moitié de lit ? Laissez-le tomber.
Mais surtout, arrêtez de chercher des excuses. « Ouais, mais peut-être que… » devrait être rayé de votre vocabulaire. Parce que selon les auteurs, un homme amoureux appelle sa dulcinée 49 fois par jour, la marierait dans les 24 fuseaux horaires de la planète et lui fait l’amour à chaque jour. Point. Ne cherchons pas plus loin.
Bon, c’est un peu psycho-pop bonbon, mais c’est drôle et ça nous fait passer un bel après-midi. Vous savez la meilleure ? C’est que Greg planche sur une suite au bouquin : It's Called a Breakup Because It's Broken.

22 juillet 2005

Quelle competition! Quels plongeons extraodinaires! Ouf!
Vous y etiez hier devant votre televiseur a regarder la serie de six plongeons qui ont mene Alexandre vers la plus haute marche du podium, vers le titre de champion du monde?
Moi oui.
Assise sur le bout de mon divan, le coeur palpitant, les nerfs au vif, la boule au ventre, les poings serres. A chaque plongeon r�ussi, j'ai crie. � la vue des notes obtenues, j'ai hurle. Quand Alexandre a gagne, la boule de mon ventre a gagne ma gorge.
Je me souviens d'un petit bout de 13 ans aux Jeux du Commenwealth, Annie Pelletier avait alors dit de surveiller ce futur champion. Elle avait eu le pif la madame.
Que de chemin parcouru depuis!
A voir comment les Quebecois reagissent devant les exploits de nos athletes a ces jeux, je m'interroge. Pourquoi ne pas teledifuser plus souvent ce type de competition?
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Alexandre le grand Posted by Picasa