Lu dans le Sélection du Reader’s Digest de janvier 2007, dans un article vantant les mérites d’une directrice d’école hors pair de Saint-Hyacinthe :
«Près de 50% de nos élèves ont des difficultés d’apprentissage. Et 64% d’entre eux sont issus de familles monoparentales.»
Après avoir repris mes esprits et décoincé le morceau de toast avec lequel je m’étais étouffé à la lecture de cette phrase, j’ai pris la peine de relire bien calmement le tout.
Je ne m’étais pas trompée. Malheureusement.
J’ai ensuite regardé mes deux pitounes qui jouaient aux Bratz par terre. Et je me suis longuement interrogée sur le futur de Max et Filou.
Est-ce que je les conduisais directement sur le chemin de la misère humaine? Est-ce que le fait que la partie gauche de mon lit soit vide leur donnait un laissez-passer direct pour une vie sans avenir? Filou ira-t-elle frapper à la porte d’un gang de rue parce que je coche «séparée » sur mon rapport d’impôt? Est-ce possible que Maxim devienne bénéficiaire de l’aide sociale uniquement parce que ses parents n’ont pas réussi leur couple?
Mon cœur s’est serré. Très fort.
Je refusais complètement d’envisager ce scénario. Pas seulement pour mes enfants, mais aussi pour ceux de Katia, d’Édith, de Maryse et pour la famille sherbrookoise sur cinq qui vit dans la même situation que la mienne.
Dites-moi donc, grands penseurs, qu’est-ce qui fait que les enfants qui sont issus de la monoparentalité en arrachent plus que les autres? La pauvreté, j’imagine.
Parce que 81% des familles monoparentales sont dirigées par une femme et que c’est bien connu que les madames, ça gagne moins de sous que les monsieurs.
Elle est où, donc, la solution? Que faire pour que les comptes de banque qui sont plus souvent qu’autrement dans le rouge ne soient pas un frein à l’épanouissement de nos loulous?
Et si on revendiquait des mesures de conciliation travail-famille-vie qui ont du bon sens? Vous savez, des garderies ouvertes le soir et la nuit, des congés payés pour nos marmots malades, ce genre de truc.
Et si on demandait des programmes financiers pour les mères qui choisissent de rester à la maison?
Et si on exigeait de l’aide économique suffisante pour les femmes les plus démunies par des logements sociaux, des prestations décentes, des mesures volontaires de réinsertion au travail adaptées à leurs besoins et menant à des emplois de qualité?
Et si la société valorisait un peu plus le programme de pensions alimentaires? Si le gouvernement facilitait encore plus le recours à ce programme? Le Programme universel de perception des pensions alimentaires adopté dans les années 90 et le Modèle québécois de fixation de la pension ont secouru plusieurs femmes de la misère, mais il faut plus.
Pour bénéficier d’une perception automatique de la pension, il faut débourser au minimum 3 000$ en frais d’avocat pour obtenir un jugement de cour. Des peanuts pour certaines, mais une somme astronomique pour plusieurs. Pas étonnant que plusieurs renoncent.
Mais au-delà de ça, il y a la notion de dépendance envers l’ex qui en dérange plus d’un. C’est correct de recevoir une pension alimentaire du père de ses enfants, mais pas une trop grosse, sinon l’image de la salope-frustrée-qui-veut-laver-l’ex revient au galop. Dommage que les mères payent pour les quelques femmes qui ont abusé du système.
Je regarde encore mes cocottes qui habillent et déshabillent inlassablement leurs Bratz. Je n’ai pas encore trouvé l’antidote miracle qui les prémunira d’un avenir économique difficile. Je ne peux que souhaiter que ma situation de maman-solo aura moins d’impact que si nous avions, leur père et moi, décidé de poursuivre notre vie à deux avec les disputes et l’amour qui n’y est plus.
Je me le souhaite, mais aussi aux 10 000 familles de Sherbrooke qui sont dans la même situation.
02 janvier 2007
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4 commentaires:
Tout ça fait bien réfléchir et je me demande bien qui pourrait répondre à tes très bonnes interrogations...Mais je crois encore l'amour et le bons sens que tu donnes à tes filles sont encore plus important que tout l'argent que tu pourrais gagner.
L'argent donne beaucoup de liberté, mais l'amour que ma mère nous a donné même si elle était seule et qu'elle ne pouvait pas nous payer tout nos petits caprices d'ado, nous a offert beaucoup: de la confiance en soi, l'envie de travailler pour réussir et de ne pas attendre que le bonheur nous tombent dessus mais d'aller le chercher par nos propres moyens...
Alors à tous les parents solos: garder le coeur à la bonne place même si parfois le gouvernement est un peu trop indifférent à vos problèmes qui touchent beaucoup de gens qu'on le veuille ou pas...
Tu sais, ce ne sont que de résultats de recherche. Si tu t'en fais avec ton statut matrimonial, il y a baucoup de chance que tes filles le ressentent et que oui elles finissent pas avoir certaines difficultés scolaire et autres. Mais si tu vis bien avec toi-même et avec tes choix de vie cela se ressentira aussi et elles grandiront heureuse et épanouies malgré que leurs deux parents ne cohabitent plus ensemble.
En passant, si cela te coûte 3000$ en frais d'avocat pour avoir une pension alimentaire dépêche-toi de faire une plainte au barreau contre ton avocat et celui de ton ex car c'est clair que tu as été floué. Cela ne devrait pas te couter plus de 500$.
Une mère monoparentale
Étudiante en psychologie
Allo!
Je vais essayer de te rassurer! Je suis issu d'une famille de parents séparés et je me suis toujours tenu loin des mauvaises influences! Je pense être une femme équilibrée qui a eu une enfance et une adolescence équilibré...
Ne t'en fais pas! Je suis certaine que tu es une maman formidable et ça, c'est ce qui compte le plus dans la balance...
Mais je suis d'accord avec tes propos... Il va falloir que ça change, que les gouvernements se réveillent.
Tu ne mets plus tes chroniques sur ton blog? Ça me manque, snif, snif...
Jo
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