16 septembre 2008

Le rechargeur de maman

J’ai la tête pleine d’images. La carte mémoire est bourrée. Les albums photos débordent.
Même si je le voulais très très fort, j’ai été incapable de trouver une place pour caser toutes ces choses que j’ai vues, goûtées, entendues, touchées au cours des quatre dernières semaines.
Il y a l’immensité du Grand Canyon qui occupe une large part de mes souvenirs de voyage. Toutes ces couleurs magnifiques défient l’imagination. C’est parfois d’un jaune serin que le calcaire, et les années, ont fait prendre à ces parois rocheuses. D’autres fois, c’est d’un rouge éclatant. Le vert du lac Powell, dû à la présence d’algues au fond rappellent les mers des Bermudes.
Mais j’ai tout de même manqué le rose sur les joues de Filou au retour de sa première journée d’école. J’ai raté l’étincelle dans le vert des yeux de Maxim quand elle est partie voir Simple Plan au Centre Bell samedi dernier.
J’ai plongé dans un nouveau monde. Je suis sortie de ma zone de confort. J’ai élargi mes horizons. J’ai avalé une tête de crevette (avec les yeux et les antennes svp). J’ai mangé de l’oursin. Du snapper. Du Yellowtail.
Mais j’ai raté ce simple pâté chinois arrosé de Ketchup que j’aurais partagé avec mes poulettes dans le rush du soir entre les devoirs et le bain. Ce filet mignon en tête à tête avec mon amoureux. Ce rôti de porc lors du souper familial dimanche dernier.
J’ai assisté en direct à une touchante demande en mariage sur Rodeo Drive. J’ai marché sur la plus que parfaite Wisteria Lane entre les maisons de Bree Van de Kamp, Linette Scavo, Susan Mayer et de Gabrielle Solis. J’ai fait du tandem entre deux rues des plus pentues de San Francisco.
Mais je n’ai pas préparé de lunchs pour mes héritières. Je n’ai pas aidé Filou à décortiquer ses premiers devoirs de l’année. J’ai passé droit devant les émotions que peut apporter un retour à l’école pour ma grande.
J’ai été charmée par une danse traditionnelle offerte par des Mexicains en plein cœur de Los Angeles. Je me suis laissée bercer par la douce musique d’un erhù qu’un Chinois faisait chanter dans le Chinetown de San Francisco. Le vacarme incessant des machines à sous de Las Vegas retentit encore dans mes oreilles…
Mais pas un son du violon de Max. Pas une note du violoncelle de Filou. Pas de touches de piano enfoncées par ces petites mains si délicates.
Mes pieds ont gelé dans le Pacifique. Les 41 degrés qu’affichaient les thermomètres de San Diego m’ont fait suer un brin. Ma petite laine était nécessaire lorsque le soleil se couchait sur la baie de San Francisco.
Mais je n’ai pas eu à convaincre Maxim de laisser tomber les sandales. Je n’ai pas réchauffé Filou quand elle sortait du bain. Je n’ai pas eu chaud quand elle est tombée de sa bicyclette.
Une balade avec les Simpson m’a donné mal au cœur à Universal Studios. Un 5 à 7 plutôt bien arrosé m’a donné un foutu mal de tête. Les coups de soleil que m’a laissé le soleil de la Californie a fait des ravages sur ma peau.
Je n’ai pas amené Filou chez le dentiste pour la soulager de cette dent qui la faisait souffrir. Mon épaule n’était pas disponible pour le cœur brisé de Dominique. Mes bras étaient très loin pour faire des câlins à ceux qui étaient restés ici.
C’est certain que mes pitounes, mon amoureux, mes sœurs, mes copines m’ont manqué terriblement. Qu’à chaque moment de mon absence, j’aurais souhaité plus que tout au monde d’être avec eux.
Mais, les mamans, les amoureuses, les sœurs, les amies, c’est comme autre chose. Un jour ou l’autre, les piles tombent à plat. Et pour éviter qu’elles ne soient plus bonnes à rien, vaut mieux les foutre sur le chargeur.

3 commentaires:

Élisou a dit...

Tu as aussi raté mon potage flamboyant au betteraves et ma marmite de ratatouille fumante. Mais au moins tu es revenue à temps pour le sauté de crevettes au lait de coco et les battements de coeur de petit bibi mystère!

Anonyme a dit...

Ravie de te lire, tu m'as manquée.

Jo

Karine a dit...

Quoi Eliseest enceinte !!!