13 novembre 2008

La vérité sort de la bouche des enfants

J’ai 32 ans et zéro expérience.
J’ai 32 ans et pas une goutte de savoir-faire dans ce domaine.
J’ai 32 ans et je dois admettre que je fais dur devant cette situation.
Pourtant, j’ai l’âge de raison depuis un bail. J’ai fait mes dents comme adulte. J’ai vécu mon lot d’expériences.
J’ai mon opinion sur plein de trucs. Je sais plein de choses. Je peux m’inviter dans n’importe quelle conversation et avoir quelque chose à dire.
Mais là je suis bouche-bée. Pour ne pas dire complètement bouchée. Je suis muette. Sciée. Incapable de dire un seul mot.
Ma langue refuse de se mettre en mouvement. Mes lèvres sont cousues. Mes cordes vocales sont parties en vacances.
Pire encore, mon cerveau ne fonctionne pas. Quelqu’un l’a mis à off et je ne retrouve pas la switch pour le repartir.
Je n’ai pas vécu de sommeil paradoxal depuis plus de deux semaines. J’ai épuisé mes réserves de cache-cernes. J’ai le nez tout rouge en raison de l’utilisation abusive de mouchoirs.
Je tremble. J’ai la gorge serrée. J’ai le cœur pris dans un étau. J’ai froid. Je flotte dans mes jeans.
Je pense tout le temps. Il y a 100 questions à la minute que je me pose. Je me réveille la nuit et je me demande ci. Je me couche le soir et je me demande ça. Je me lève le matin et je me demande encore ci. Je suis un jeu questionnaire ambulant. Malheureusement, aucun choix de réponse.
Rien. Niet. Nada.
Je vis un deuil. Un vrai. Un solide. Un qui vous envoie sur la planète mystère et boule de gomme. Un qui vous empêche de fonctionner normalement. Un qui vous colle au derrière. Un qui ne va jamais prendre son Bovril question de vous laisser deux minutes de répit.
Il est là, tout le temps. A déménagé dans ma tête, dans mon cœur, dans ma gorge. Il vit dans la poche arrière de mon jean trop grand désormais. Il est dans mon lit, sur mon écran d’ordinateur. Partout où je pose les yeux, il est là. Pas moyen de m’en défaire.
« Mais les enfants Geneviève, comment vont les enfants? »
Filou joue avec Lili Bunny. Elle lui raconte des histoires abracadabrantes. Ma puce rit aux éclats en voyant sa petite lapine réintégrer sa cage parce qu’elle est effrayée par le chien. « Regarde maman, Gucci a fait peur à Lili! »
Maxim jase sur MSN avec ses amies. En même temps, elle se construit un blogue où elle parle de tendances vestimentaires de la saison et de ses groupes de musique préférés. Il y a Louis-José Houde à la télé. Je l’entends rire de ses idioties.
« Maman, est-ce que le souper est bientôt prêt? J’ai super faim! » qu’elle me crie. Filou l’a rejointe dans sa requête. « Oh moi aussi j’ai faim maman. Est-ce qu’on peut manger du spaghetti? »
Je les regarde de la tête aux pieds. Je les examine sous toutes leurs coutures. Pas de perte de poids. Pas de rougeurs au nez. Pas de yeux remplis d’eau salée.
Ce que je vois? Des yeux pétillants. Des joues roses. Des sourires éclatants. Des dos droits.
Une envie de profiter de la vie. Une grande volonté de regarder vers demain. Un désir de ne pas se laisser abattre.
À sept et dix ans, mes puces ont compris que ça ne servait à rien d’arrêter de vivre. Que des oreillers mouillés de larmes, ça ne ramenait pas un papa. Que d’arrêter de rire n’allait pas leur permettre de serrer leur père à nouveau dans leurs bras. Que même s’il ne pourra plus jamais signer les dictées de Maxim, il sera toujours fier des résultats de sa gringalette hawaïenne. Que même s’il ne pourra plus aider Filou à lacer ses chaussures, il sera toujours de bons conseils pour sa crapounette.
À sept et dix ans, mes puces ont compris des choses que je n’avais pas comprises encore à 32…

7 commentaires:

Anonyme a dit...

C'est ça la force des enfants et c'est de cette façon qu'ils nous donnent des bonnes leçons de vie. Je te souhaite de retrouver ton coeur d'enfant au plus vite!

Bisous,

Jo XX

juliec a dit...

bordel j'ai tellement de frissons a te lire..... je suis tes chroniques ca fait longtemps , j'ai jamais osé laisser de commentaires..... mais me semble qu'aujourd'hui j'ai pas d'autres choix que de te dire à quel point j'admire ta force, ton courage et que j'apprécie énormément de pouvoir te lire régulièrement!!!!

Nancy a dit...

Paradoxal et drôle à dire mais les enfants ont souvent réponse à ce qui nous tourmente le plus, nous les adultes.
Regarde à travers leurs yeux pour retrouver ton regard d'enfant sans soucis.
Je pense à toi très fort et laisses-toi guider par leur courage maman.
Becyk ton amie

Annick a dit...

ils nous surprennent souvent ces petites bebittes là!!! et j'admire encore et toujours ta façon de le raconter si vraie.

Karine a dit...

Comme elles sont merveilleuses tes puces! Je suis certaines que tu vas retrouver ta force d'avant bientôt et toi aussi tu pourras sourire à nouveau !!! Laisse-toi emporter par leur joie de vivre...Fais le pour elles ! ;)

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Gros câlins !!! Pis arrête de maigrir parce que je vais être la grosse à côté de toi !!! ;)

Je t'aime fort ma Gege! Lâche pas !

caméléon (happygirl) a dit...

Les enfants retombent vite sur leurs pattes et ils savent nous ramener au moment présent!

Tu vis un deuil.... un "grand" deuil! Tu vis la perte d'un être important dans ta vie(le père de tes filles). Celà peut te prendre plus de temps qu'à tes filles.

Essaie de vivre au moment présent!

Amitié

Sonia a dit...

C'est tellement mais tellement touchant ce que tu écris......... Et ^ca me fait tellement mal........................

M^^eme si je n'ai pas fait suite à nos messages, je pense très fort à toi!