C’est une tradition qui remonte au temps où Maxim était locataire de mon bedon. Chaque dimanche que le calendrier amenait, j’étais de corvée devant le mélangeur à concocter un mélange à crêpes. Besogne qui me remplissait de joie alors que je voyais mon monde s’empiffrer avec régal.
Alors que certains attendent avec fébrilité le septième jour de la semaine pour regarder La Semaine verte ou pour aller écouter le sermon du curé, ici on attend avec impatience que je m’atèle à la confection de ce déjeuner dominical.
Maxim a su casser des œufs dans le mélangeur avant de savoir marcher. Même si Félixe n’a aucune idée de l’ordre des jours de la semaine, ne tentez pas de la méprendre si nous sommes dimanche. Elle ne se trompe jamais le dimanche. Parce que dimanche, c’est le jour des crêpes, et ça, ça ne s’oublie pas.
Selon mes humeurs ou mes envies du moment, la saveur des crêpes varie. Parfois, en saison, j’y ajoute des bleuets ou des framboises. Des fois, on y va de manière des plus conventionnelles avec simplement du sirop d’érable comme assaisonnement. Quand je me sens l’âme généreuse, j’y vais avec la spectaculaire crêpe banane-chocolat qui ravit Félixe au plus haut point.
Il y a des dimanches où je me délaisserai de ce rituel hebdomadaire. Où un simple bol de céréales ferait l’affaire pour moi. J’ai beau tenter de convaincre les filles que ce matin, ça serait cool de manger autre chose. Mais impossible de passer outre cette habitude. Elles ne veulent rien entendre.
Dès que je me lève, plus souvent qu’autrement, Filou m’attend debout sur une chaise devant le mélangeur avec deux œufs dans les mains. Quant à elle, Maxim a déjà mis la table et elle a aligné tous les ingrédients nécessaires à la recette sur le comptoir.
Mais aujourd’hui, il n’y a pas de crêpes au menu et pourtant, nous sommes dimanche. En me réveillant ce matin, j’ai tendu l’oreille pour tenter d’entendre Maxim disposer les ustensiles sur nos napperons, mais rien. Aucune Félixe n’est venue me réveiller m’implorant de commencer les crêpes « maintenant ».
Aucun œuf, pas la moindre trace de farine et aucune goutte de lait n’est visible dans le bol du mélangeur. Aucune poêle n’est sur la cuisinière prête à recevoir le délicieux mélange qui fait le bonheur de mes puces semaine après semaine.
Non. Les filles, comme à chaque deux semaines depuis deux ans maintenant, sont chez leur père. Et j’avoue que je ne m’habitue pas.
Et pourtant, je me promets toujours de faire 56 000 affaires pendant ce week-end de congé. D’aller voir ce dernier film. De faire du scrapbooking. D’aller prendre un verre avec une amie. De penser à moi. De me reposer. De faire tout ce que je n’ai jamais le temps de faire.
Mais je tuerai pour pouvoir faire des crêpes. Juste des crêpes.
26 novembre 2005
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire