Cher Père Noël,
J’ai le sourire fendu jusqu’aux oreilles depuis quelques temps. Je respire la joie. Je transcende le bonheur.
Mais là, Monsieur le barbu, j’ai la chienne. J’ai peur. J’ai la trouille. Et c’est un peu pour ça que je vous écris. J’espère qu’une de vos oreilles sera sensible à mes doléances. Que vous penserez à moi, dans cette nuit du 24 au 25 décembre.
Voilà. Ça va bien. Trop bien même. Et je sens la menace qui plane au dessus de moi. Ça sent mauvais et ça m’inquiète. Ne dit-on pas « après la pluie, le beau temps » ? Mais l’inverse se peut-il aussi ?
Parce que tout va bien dans ma vie. Quand on dit tout, c’est vraiment tout. J’ai un bon travail qui me passionne. Mon patron semble satisfait de mon boulot. Je ne manque pas de sous. Le frigo est plein.
Mes enfants sont des merveilles. Aucun rhume, aucune gastro, aucune otite n’est venue les assaillir encore. Maxim réussit super bien à l’école. Félixe est un ange à la garderie.
Et la jubilation suprême ; je n’ai pas pelleté encore cette année.
Ma peine d’amour est classée au dossier des archives. Aucune menace de maladie chez mes proches. La mort ne rôde pas au-dessus de ma famille. Même en plein mois de décembre, le soleil brille à l’extérieur. C’est vous dire.
Je cherche et je ne trouve rien qui ne va pas. Tout va bien. TOUT.
Mais ce bien-être a un drôle de côté. Une façade à laquelle je ne m’attendais pas. L’appréhension que tout change.
Je deviens donc parano. Inquiète. Anxieuse. J’ai peur de voir débarquer les mauvaises nouvelles chez moi. Je crains que le vent tourne m’apportant un lot de situations exécrables. Je n’ai pas envie de vivre avec une boule d’angoisse dans la gorge. Les maux de ventre, les migraines, les pleurs, puis-je laisser ça à quelqu’un d’autre s.v.p. ?
Je redoute un appel du prof de Maxim me disant qu’elle a cassé une fenêtre de sa classe. J’ai peur de voir un visage connu dans la chronique nécrologique de La Tribune. Je tremble à l’idée d’apprendre qu’une grave maladie s’est abattue sur ma grand-mère. Et s’il tombait 50 cm de neige à chaque jour d’ici le mois d’avril ?
Je vois un chat noir ? Ça y est, je verrai une pluie de malheurs s’abattre sur moi. Je n’ose plus ouvrir un parapluie à l’intérieur, je ne veux pas attirer le bide sur moi. Si par mégarde, je dépose le pied gauche par terre en me levant le matin, je me signe trois fois, je me recouche, puis je me relève du pied droit. On n’est jamais trop prudent.
J’échappe du sel de la salière ? Pour conjurer le sort, je jette une pincée de sel par-dessus mon épaule gauche. J’ai également décidé de biffer tous les vendredis 13 du calendrier. Ne sait-on jamais.
Dites-moi, Père Noël, est-ce possible de m’accorder du répit un peu ? De pouvoir savourer ces moments de tranquillité d’esprit. De vivre pleinement ce bonheur ?
05 décembre 2005
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire