Mon amie Annie est partie pour la gloire. À 25 ans et maman de trois fillettes, je pensais bien que le Canal famille était fermé, qu’elle avait assez fait pour peupler la collectivité québécoise. Mais non, elle vient de m’apprendre qu’un quatrième papillon a pris son bedon pour y faire son cocon. Je n’en reviens pas. Je suis béate d’admiration.
Dans notre société où tout doit aller très vite, où l’argent et les biens matériels priment, Annie fait des bébés comme d’autres font des tourtières. Ma copine va à l’encontre des conventions. Et c’est tant mieux!
Ne pensez pas qu’elle n’a d’autres choses à faire que de changer des couches et allaiter. N’imaginez pas qu’elle a un quelconque problème mental qui la pousse à enfanter. Parce que si c’est le cas, il faudra vous mettre un doigt dans l’œil jusqu’au coude.
Inhalothérapeute aux soins intensifs dans un grand hôpital, Annie comble ses temps libres en accompagnant des futures mamans dans leur grossesse et leur accouchement. Elle a fait de la maternité une véritable passion. Pendant que d’autres dépenses des milliers de dollars en trucs de toutes sortes, ma copine a mis sa famille au centre de sa vie.
N’empêche que quatre loulous à la table, ça fait augmenter radicalement une facture d’épicerie. Mais pas assez pour l’énerver, ni elle, ni son chum, ni même son gérant de banque.
« Les enfants, c'est la richesse. Plus tard, tout ce que j'aurai acheté, ça ne vaudra presque plus rien, mais mes enfants seront toujours là. Leurs rires, leur bonheur, ça entrent directement dans mon cœur. C'est ça la monnaie de mon cœur. »
Ça porte à réfléchir hein ?
Mais reste que j’ai de la difficulté à concevoir qu’elle sera encore un an sans dormir. Je ne comprends pas comment elle réussira à concilier les besoins de tous ces petits êtres sans craquer. Sans regretter le temps où tout était si simple, où elle n’avait qu’à s’occuper de son petit nombril.
Je sais, quatre enfants ce n’est pas la mer à boire. Que d’autres ont fait cinq, six, dix enfants. Mais vous, quatre bambins, seriez-vous capable ? Personnellement, j’avoue qu’entre le travail et mes deux loulous, j’en pédale un coup. J’ai comme un blocage à voir plus que Maxim et Félixe sur mon portrait de famille.
Pourtant, même si Annie est à la tête d’une marmaille aussi imposante, elle ne manque jamais de temps pour elle. « Je prends le temps de prendre le temps. Ce soir, la vaisselle n’est pas faite et les jouets traînent dans le salon, mais personne ne va en mourir », m’a-t-elle dit.
Elle n’a pas tort la copine.
Levez la main celles qui d’entre vous lisent le journal avec un sentiment de culpabilité parce que le plancher de la cuisine ne reluit pas? Combien d’entre vous se sentent de mauvaises mères parce le souper ne comportait pas les quatre groupes alimentaires du Guide alimentaire canadien? Dites-moi, c’est quand la dernière fois que vous avez pris une heure pour vous sans avoir un petit diable à l’oreille qui insinuait qu’il y avait mieux à faire que de jouer les paresseuses dans le bain?
Je serais la première à lever la main. La première à crouler sous les normes sociales. La première à dire que je ne veux plus d’enfants parce que je veux être capable d’avoir du temps pour moi, mais surtout afin de pouvoir offrir ce qu’il y a de mieux à mes puces.
Mais ce soir, Annie m’a servi toute une leçon. Laurie, Justine Léanne et son nouveau locataire dans son bedon sont tout ce qu’on a besoin pour être heureuse. Il faut cesser de chercher plus loin.
25 avril 2006
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