À la minute même où j’ai vu son courriel tomber dans ma boîte de réception, un énorme sentiment de regret m’a envahi. Les « j’aurais donc dû » et les « pourquoi je n’ai pas » ont assailli mes pensées.
C’était la copine Marie-Claude qui me conviait à son party de départ. Celle qui s’est fait connaître dans le coin pour ses clichés de bedons met le cap sur Waterloo, en Ontario à la fin du mois. Une nouvelle vie l’attend là-bas où son conjoint a dégoté un boulot de rêve.
En quelques instants, j’ai revu notre escapade de sacoches, en camping, l’été dernier avec nos marmots. Quelle aventure! Nous étions cinq dans une Aveo avec tout notre matériel de camping. À peine pouvions-nous respirer tellement nous étions coincés. Mais de voir Alexandre, Maxim et Félixe courir après les grenouilles, nos soirées autour de feu à se conter nous vies quinze fois, nos soupers communautaires valaient amplement ces heures passées inconfortablement dans ma mini auto.
Je l’ai revue aussi l’été dernier, quand elle a dit oui à Kaan, les yeux pétillants, à quelques pas du ruisseau à Jouvence.
J’ai pensé à cette exposition que nous avions faite ensemble où nous avions marié son talent pour la photographie à mon scrapbooking.
J’ai songé à toutes les fois où elle me parlait de ses photos. Qu’elles aient été prises à Hawaï, en Écosse, en Californie ou ici à Sherbrooke, ces photos évoquaient tant de passion et d’amour.
* * *
Je sais depuis décembre dernier que Marie quitterait Sherbrooke l’été qui vient. J’avais amplement le temps de faire le plein d’elle avant son envol vers cette contrée ontarienne. Mais la vie étant ce qu’elle, le temps passe trop vite et nous voilà rendus à quelques semaines du jour J. Et je regrette terriblement de ne pas en avoir profité.
Je regarde peut-être trop la télévision, mais je m’attendais à quelque chose de triste comme party. Une gang de cœurs gros rassemblés autour d’un buffet et de deux caisses de 24. Je nous imaginais tous avec le trémolo dans la voix et les larmes aux coins des yeux. Je m’attendais à ce que Élaine, Romuald et Bianca racontent 1001 anecdotes issues d’un moment ou d’un autre de la vie trépidante de notre Marie-Claude.
Je suis arrivée à la Nef, où avait lieu la soirée, l’âme en peine. Mon six pack d’une main, mes loulous de l’autre, des kleenex dans le manteau, j’étais prête à faire mes adieux à ma copine.
Mais ce ne fut pas le cas.
Le six pack est toujours plein. Et les Kleenex sont toujours secs.
Contrairement aux autres copains qui étaient présents, ce « bye bye party » était mon premier. Eux, ils ont vécu celui de la tournée européenne du Cirque du Soleil, son départ vers Las Vegas et combien d’autres. Ils sont des habitués en la matière. Moi, je manquais d’expérience.
Ils m’ont rassurée. Marie-Claude, elle revient toujours. Elle doit bouger. Vivre éternellement dans sa petite maison jaune du nord de Sherbrooke n’était pas pour elle. Les projets filent à une vitesse folle dans sa tête. Bouger, remuer, se déplacer, s’agiter, ça c’est elle. Ma copine reviendra donc à Sherbrooke, un jour. C’est ce qui la rend heureuse.
Alors, j’ai rangé ma tristesse dans mon sac à dos. Kaan a sorti sa mallette de poker et on a joué. Jusqu’à tard dans la nuit. On a ri. J’ai perdu des sous. J’ai appris que j’étais incapable de bluffer. J’ai fait choquer le cousin de Marie-Claude avec mon « King and low ».
Et puis après tout, Waterloo, ce n’est pas à l’autre bout du monde. Qui sait si Marie-Claude ne me verra pas débarquer avec mon six pack de bières d’une main, mes loulous de l’autre et ma joie de voir son sourire dans ce nouveau défi que la vie lui a amené.
Bonne route Marie-Claude!
12 juin 2006
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire