Ne le dites à personne et surtout pas au patron, mais vendredi, j’ai « foxé » le travail. Ne faites pas ces yeux d’épouvante. Il faisait soleil pour la première fois depuis six mois, le mercure était sous le point de bouillir et Maxim était en congé. Une folle d’une poche.
Alors tant pis pour le journal, mais ma peau couleur collier de perles avait besoin de basaner un peu et ma grande n’a pas trouvé meilleure gardienne que moi. Je me suis donc sacrifiée pour le bien de ma fille. Je sais, je sais, j’ai une grandeur d’âme incommensurable.
Nous voilà donc en duo mère-fille pour une journée entière où tout ce que nous avons à faire, c’est de relaxer et de profiter de Galarneau.
Nous avons débuté notre journée de travail buissonnier par une partie de Uno dans la cour arrière. Je ne sais pas trop comment elle réussit son coup, mais elle gagne toujours à ce jeu. C’est à croire qu’elle a un jeu truqué. Même si je perds tout le temps, de voir son sourire lorsqu’elle dépose sa dernière carte sur la table vaut largement l’atteinte à mon orgueil que de se faire battre par une puce de sept ans.
Tant qu’à être en congé « forcé » aussi bien en profiter pour faire quelques commissions. Nous faisons donc un arrêt chez la décoratrice où je dois récupérer des trucs que j’avais commandés. « Maman, c’est vraiment beau les rideaux que tu as choisis. Est-ce que je pourrais t’aider à les installer? » me demande-t-elle les yeux pleins d’admiration.
Ne lui dites surtout pas que c’est Mélissa qui a tout décidé. Ça pourrait détruire l’image très positive qu’elle a de sa mère et moi ça me fait plaisir qu’elle ressente ça pour moi. Nous sommes donc toutes deux gagnantes.
Vous comprendrez que cet avant-midi très chargé nous a ouvert grandement l’appétit. Lorsque je propose à Max de manger sur une terrasse au centre-ville, vous devinerez que c’est sans hésitation qu’elle a répondu positivement à ma demande.
Alors que nous marchions main dans la main rue Wellington Sud en direction du resto, j’appréciais le fait qu’elle accepte encore de me témoigner de l’affection en public et je songeais tristement au jour où elle ne le voudra plus.
« Maxim, est-ce que tu crois que tu voudras toujours me tenir la main en public? » lui ai-je demandé, craignant du même coup la réponse qui viendrait.
« C’est sûr maman! »
Sceptique, je la relance. « Même quand ta mère sera vieille-moche-poche et que ça ne sera plus cool d’aimer sa mère? »
« Maman, premièrement tu ne seras jamais vieille-moche-poche et je vais toujours trouver ça cool de t’aimer », m’a-t-elle répondu d’un ton rempli de sourires.
Du coup, je n’ai plus eu peur de l’avenir. Et j’ai souhaité encore plusieurs vendredis de congé.
19 juin 2006
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