La vie est étrange pareille. La semaine dernière, ma principale préoccupation était la nouvelle couleur que j’allais donner à mes armoires. Tout se qui dépassait de mon petit nombril, sauf mes armoires bien entendu, était tout à fait puérile.
J’ai fouillé le net de fond en comble. J’ai cherché conseil chez des copines. J’ai acheté un lot de magazines de décoration. J’ai demandé l’avis d’expert en la rénovation d’armoires. J’en parlais avec Katia, avec mes parents, mes collègues de travail, mes sœurs. La vie ne tournait qu’autour de cette foutue mélamine qui trône dans ma cuisine.
Je ne trouvais rien. Rien qui coûtait en bas de 1 500$. Rien qui ne prenait pas des mois d’ouvrage. Sweet nothing.
Découragée, je l’étais. Je tente donc une expérience. Je dépense 60$ en teinture, en pinceau et en autres trucs pour falsifier l’apparence hideuse des mes armoires. Malheur à moi. En tentant d’ouvrir ma bouteille de teinture couleur cerise, voilà que la moitié du liquide s’est retrouvée sur mon nouveau plancher de bois franc. Snif.
Alors, en plus de mon problème d’armoires, voilà que j’ai un problème de plancher, super. Pendant que je frottais à quatre pattes mes belles lattes de bois neuves, je me disais que c’était trop injuste, que tout m’arrivait à moi. « Dans l’art de se victimiser, je suis imbattable.)
Parce qu’en plus d’avoir un plancher tout neuf avec une immense tache de teinture, le nouveau look que j’ai voulu donner à mes armoires s’est avéré être un échec retentissant. Malgré que, si j’avais voulu donner un air de chalet des années 60 à ma cuisine, j’aurais réussi haut la main. Un beau 60$ jeté à l’eau. Soupir.
Pendant que je constatais les dégâts, j’aperçois à la télé les images de la tuerie de Dawson. J’ai le bec cloué. Je suis consternée. Moi qui pensais que le drame de la Polytechnique ne pouvait pas se reproduire à nouveau. Je n’y croyais tout simplement pas. Pas encore une fois.
Puis, la copine Caroline qui m’envoie un courriel remplit de photos de son nouveau ti-lou. Un courriel comme on reçoit régulièrement. Rien pour énerver personne. Mais quand on sait qu’il y a presque deux ans jour pour jour, nous étions tous réunis pour enterrer la grande sœur du nouveau-né, on mesure toute l’importance que ces photos ont pour Caroline.
La réflexion s’est poursuivie vendredi soir. J’avais été conviée à un 5 à 7 du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel de l’Estrie. J’avoue que j’y allais de reculons un brin. Je feelais beaucoup plus pour faire la lâche devant la télé. Mais bon, le patron insistait. C’était important disait-il.
J’ai compris pourquoi. Les gens du CALACS m’ont décerné un prix pour avoir écrit une multitude de textes sur la prévention des agressions à caractère sexuel. J’étais mal à l’aise. Je n’ai fais que mon travail. Et voilà que devant une trentaine de personnes qui eux oeuvrent sans relâche à rendre la société beaucoup plus sécuritaire, je reçois un prix.
Je me suis rappelé Pierre-Hugues Boisvenu et ses deux filles. Je me suis rappelé Marcel Bolduc. Je me suis rappelé tellement d’autres choses.
Je me suis surtout rappelé qu’il y a rien là une cuisine avec des armoires au look chalet. Parce que nous sommes en vie.
18 septembre 2006
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5 commentaires:
Je pense la même chose que toi Geneviève, même si je suis aussi déçu pour toi et tes armoires au look chalet !!!!!
Ayoye Geneviève, tu viens de nous ramener à l'essentiel! Il y a des gens qui ont des malheurs tellement pire que les nôtres, hein?
Félicitations pour cet hommage, il est bien mérité. Les membres de la Calacs travaillent fort mais ce sont les bonnes journalistes comme toi qui nous le fait savoir. Vous vous complétez bien.
Je te souhaite quand même de trouver la solution à tes armoires... et à ton plancher.
Quand on se regarde, on se désole.
Quand on se compare, on se console.
La petite fille de ma copine a eu des poux la semaine dernière, la maman pleurait parce qu'elle a dû couper les belles boucles de sa cocotte... mais il y a des enfants qui perdent leurs cheveux à cause de la chimiothérapie! Ça relativise, n'est-ce pas?
Je suis désolée pour ton plancher, je suis désolée pour tes armoires, mais je me réjouis pour le prix que tu as reçu. Félicitations!
C'est un plaisir de te lire! Continue!
Bonjour,
Je t' écris pour la deuxième fois afin de te dire que ce texte m' a
interpellé.Il était bien monté et le parrallèle avec ton job à la CS BROOK était pertinent mais j' espérais que tu retournerais le meuble chez Walmart. Hé non! quelle déception.On ne règlera rien à discuter, seul les actions comptes vraiment.
Bonne journée
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