01 novembre 2010

Battements de cils

Ça aurait pu être «Claquement de doigt». Ou «Vitesse de l'éclair». Ou encore «Trop vite». J'ai penché aussi pour «Vitesse grand V» comme titre de cette chronique. Finalement, je crois que «Battement de cils» résume bien ce qu'il m'arrive.

Parce que, depuis quatre mois pile poil, ma vie va beaucoup, mais beaucoup trop rapidement. Je me sens continuellement à bord d'un wagon du Cobra à La Ronde. J'ai à peine le temps d'ouvrir l'oeil que déjà ma journée est passée. Que je dois enfiler mon pyj à nouveau en me croisant les doigts pour que ma #3 me laisse dormir plus de trois heures en ligne.

Pis je sais que c'est demain la veille que je reprendrai le boulot à temps plein. Que je devrai laisser ma petite à la gardo. Que je réembarquerai dans cette roue infernale, cette course olympique entre le travail et la vie familiale.

Alors «de kessé qu'elle fait là, elle?» «Pourquoi reprendre le clavier si rapidement?», direz-vous.

Ouin.

Ce n'est pas que je m'emmerde. Loin de là. Parce qu'il n'y a pas à dire, mais j'ai en masse de quoi occuper mes journées. Même le PM, en pleine Commission Bastarache-crise des gaz de schiste, en a moins que moi dans ses bottes.

Voulez une liste?

- Prendre de longues marches sous le soleil automnal avec ma nouvelle héritière dans le porte-bébé.

- Lui donner des centaines de bisous dès que l'occasion se pointe.

- L'admirer sous toutes ses coutures et tenter de mémoriser chaque partie de sa petite personne.

- La bercer longtemps longtemps seulement pour le plaisir.

- La regarder dormir paisiblement avec ses petits poings en l'air.

- Lui murmurer à l'oreille 200 000 fois par jour que je l'aime.

- Lui faire découvrir le monde : «Regarde ma poulette, c'est une marguerite.» «Touche le doudou comme il est doux.» «Est-ce que tu sens l'odeur de la croustade aux pommes de maman?»

- Vivre avec le coeur qui craque chaque fois qu'elle me sourit. Chaque fois qu'elle émet un son. Chaque fois qu'elle me regarde tout simplement.

- Lui chanter tous plein de chansons. «C'est la poulette grise qui a pondu dans l'église...»

- Analyser si elle aura les beaux yeux bleus de son père ou les yeux bruns laids de sa mère.

- M'émerveiller chaque fois qu'elle réussit un nouveau truc qui peut être aussi banal que d'être capable d'agripper un jouet de son tapis d'éveil.

- Sauter sur le téléphone pour aviser l'amoureux du nouveau truc que la petite fait.

- Prendre trop de photos de ma poulette qui fait un nouveau truc.

- Mettre le tout sur Facebook, question que je puisse me péter les bretelles d'être la mère d'un futur prix Nobel.

Parce que ce n'est pas vrai que la vie de congé de maternité tourne uniquement autour de couches à changer et à laver, de tétées qui reviennent trop souvent, de pleurs sans solution qui ne finissent jamais, de nuits qui n'en sont pas vraiment.

Ce n'est pas vrai que je passe mes journées habillée en mou. Que je mange froid sur le coin du comptoir parce que je n'ai jamais le temps de mettre un couvert sur la table. Que je compte les minutes avant le retour de l'amoureux afin que je puisse passer sous la douche.

J'aime ma vie de maman en congé de maternité. Vraiment. Et tout va tellement vite que j'en profite à la puissance 1000. Non 10 000.

Alors pas question de reprendre le chemin du bureau. De confier mon poussin à des plumes inconnues. Pas encore. Mais mon clavier me manque quand même un tout petit peu. Rien qu'un tout petit peu. Alors avant mon retour officiel au journal, en juin prochain, je continuerai ce rendez-vous hebdomadaire que j'entretiens avec vous depuis six ans déjà.

Mais ça sera tout. Simplement 650 mots chaque semaine. Parce que j'ai trop à faire. Trop de sourires à enregistrer dans ma tête. Trop de câlins à faire. Trop d'amour à donner.

Et que le tout passera à la vitesse d'un battement de cil.

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