Il arrive souvent que l’on me demande pourquoi je ne jase jamais politique dans cette chronique. Pourquoi je ne prends pas position dans la course à la chefferie du Parti Québécois. Quand est-ce que je commenterai la campagne électorale municipale. Soyez patient, ce ne sera pas demain la veille.
Non pas que je me désintéresse de la politique. La politique fait partie de ma vie comme d’autres carburent à la philatélie ou au trekking. Et ce, depuis toujours.
Mon premier souvenir remonte à loin. Je devais avoir sept ou huit ans. J’avais passé la journée entière le nez collé sur la télévision à suivre la course à la chefferie qui opposait Pauline Marois à Pierre-Marc Johnson. J’espérais fermement que Madame Marois remporte la course. Une femme première ministre, wow !
Nombre de professeurs que j’ai traumatisé en leur affirmant que lorsque je serai grande, je serai première ministre du Canada. Dans ma famille, chez mes amis, c’était acquis. Je deviendrai politicienne. Être professeur, infirmière ou secrétaire, très peu pour moi.
Les années ont passé. Puis, ma belle-mère s’est présentée aux provinciales en 1994. J’ai jasé avec Parizeau sur un bateau sur le Memphré, rencontré Bouchard dans un sous-sol d’église, joué à la balle avec Marois. Quelle chance de rencontrer ces grands, moi qui aspirait à être des leur un de ces quatre.
Malgré tout, plus les semaines avançaient et plus j’étais déçue de ce que je voyais. Plus le jour « J » approchait et moins l’idée de me lancer en politique me tentait. Cette histoire d’image qui primait sur les idées me répugnait. Ces obstinations sur les virgules à ajouter ou à enlever sur le dépliant de la candidate me tapaient sur les nerfs. On oubliait l’essentiel.
Ma belle-mère a perdu. Nous avons pleuré pendant des semaines. Nos rêves de changer le monde s’étaient écroulés en une seule journée où 4 000 personnes ont préféré son adversaire.
Ginette avait peut-être mis de la brume dans les lunettes de son adversaire, mais cette campagne électorale en a mis dans mes aspirations politiques également.
Ma mère s’est retrouvée à travailler pour différents députés autant au fédéral qu’au provincial. Mon père s’est, quant à lui, investi au niveau municipal. Chaque souper de famille amène avec lui un lot de discussions sur les dernières interventions d’un tel, sur le scandale d’un autre. Nous analysons et commentons le tout. Et j’avoue que ça me suffit amplement.
Ma mouman est présentement en campagne. Elle dort quatre heures par nuit, ne m’appelle plus deux fois par jour et son chat ne la reconnaît plus. C’est admirable de la voir se défoncer pour un but, mais je n’ai pas envie de vivre de cette façon.
Je veux voir mes enfants grandir. Je veux leur donner leur bain. Je veux faire les devoirs avec Maxim. Je veux écouter Filou me raconter sa journée à la garderie. Je veux respirer. Je veux vivre.
Je ne serai jamais première ministre du Canada, député du comté d’Orford ou conseillère de St-Élie, Non. Je n’ai pas renoncé à mes buts pour le moins. Moi, ma politique je la fais autrement. En écrivant dans ce journal.
16 octobre 2005
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