13 décembre 2005

Sale menteur!

Il m’avait promis qu’il reviendrait dans sept ans. Pas avant. J’ai été patiente. Plus que patiente même. Mais j’attends depuis onze ans maintenant et toujours aucune lueur d’espoir de voir son avion atterrir en sol québécois dans les prochains mois, voire les prochaines années. Snif. David Gilmour, un sale menteur ?
La semaine dernière, quand ma copine Véro m’a offert un billet pour aller au spectacle de The Australian Pink Floyd Show, elle n’avait aucune idée du cadeau qu’elle pouvait me faire. Enfin, je mettrais un baume sur ma plaie ouverte de ne pas avoir revu Pink Floyd en show depuis 1994.
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Le 21 février 1994. Je dors à la belle étoile ce soir. Je sais bien que la saison de camping est terminée depuis quelque temps déjà, mais coûte que coûte, je coucherai devant le Archambault, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il fasse -89, qu’il fasse tous les temps. Demain, je repartirai avec un de ces billets. Ne tentez pas de me convaincre du contraire. Je suis très tête de cochon à mes heures.
Pink Floyd est mon groupe. Le mien depuis plusieurs années. En fait, depuis que j’ai acheté la cassette avec tout plein de lits dessus (A momentary lapse of reason). Depuis, je ne jure que par cette troupe irlandaise un peu mythique et dont la popularité est loin de vouloir s’effondrer avec les années.
Bref Pink Floyd sera de passage au Stade olympique pour un seul soir en mai prochain. Et je tiens mordicus à être des 60 000 fans qui s’entasseront au stade afin d’entendre ce groupe. Il était hors de question que je rate le plus gros happening rock sur terre. Que non !
La nuit s’est bien déroulée. À l’ouverture des guichets à 9h, c’est la folie, la frénésie. On se croise les doigts. Mais voilà, à trois personnes avant mon tour, on annonce que le show est « sold out ». Ça y est. J’ai le cœur brisé. Je suis inconsolable.
Des plus chanceux que moi m’offrent de leurs miteux billets, situés derrière la scène, au niveau 400, pour la modique somme de 100$. Des places à chier quoi. Je réfléchis à l’offre. Je la considère. L’important, c’est juste d’être dans cet amphithéâtre. Je veux vivre ça. Point. Je flanche donc…
Quand tout à coup, un employé du Archambault sort pour nous informer qu’une supplémentaire vient d’être annoncée ! Et moi qui est la troisième en ligne ! Imaginez mes places !
Comme des millions de fans de ma génération, j’ai repéré le courant d'énergie de Pink Floyd, je m'y suis branchée et je m’y alimenterai au printemps au Stade olympique. Je suis la fille la plus heureuse du monde.
Sonorisation quadriphonique, effets spéciaux, lasers inédits, immense arche sous laquelle le groupe se produira ce soir, technologies conçues spécialement pour le méga-groupe. Un show à la hauteur de sa réputation. Je suis comblée.
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Onze ans plus tard, voilà qu’un groupe hommage débarque du bout du monde pour me faire revivre toute cette frénésie. Les Australians s'avèrent de savants copieurs. Ils reproduisent fidèlement et avec vigueur chaque note de chaque chanson, trop fidèlement peut-être. Le spectacle monté avec une précision chirurgicale gagne en justesse, mais perd en chaleur et en émotion.
Tout y était. Les horloges de Times, les caisses-enregistreuses de Money, les cloches de High Hopes, l’interminable Shine on you crazy diamond, les enfants de Another brick in the wall. Tout était pareil.
Il ne manquait qu’une chose. David Gilmour.

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