09 mai 2007

La faute aux médias?

C’est la faute aux médias qui disent.
Si nos pré-ados se promènent le nombril à l’air. Si nos ados portent des jupes « aura le pompon », c’est la faute aux médias.
C’est à cause des photos de mode des magazines si nos filles ne veulent rien mettre d’autre que des bretelles spaghetti et des g-strings.
C’est parce que les éditeurs manipulent l’industrie de la mode que les demoiselles lèvent le nez sur les vêtements sur lequel on ne retrouve pas les mots Roxy, Billabong, Mexx, Point Zero.
C’est parce que les émissions de télé sont peuplées de pré-pubères juchées sur des talons de deux pouces que nos loulous ne veulent plus rien savoir des running shoes.
Vraiment, c’est la faute aux médias. Aux méchants médias. Voici donc le seul coupable, le seul responsable de l’hypersexualisation des adolescentes.
Vraiment?
C’est un peu à tout ça que je pensais lorsque j’ai fais ma tournée de magasinage printanière avec mes deux loulous le week-end dernier. Complètement découragée devant les dizaines de présentoirs de vêtements, je l’étais.
Voyez-vous, ma grande a huit ans. Elle passe ses journées à jouer à la Barbie, à sauver Luigi dans Princess Peach de son Nintendo, à lire Amos Daragon, à faire du vélo dans la rue.
Alors l’idée de séduire la gente masculine avec la beauté de son nombril, c’est loin dans sa tête encore. Le besoin de montrer le bronzage de ses épaules dans son cours de math ne figure pas parmi ses priorités. Et elle n’a aucunement la volonté de paraître plus grande avec des échasses et ainsi multiplier les chances de se casser les chevilles.
Elle n’a que huit ans. Pas 12, pas 14, pas 16. Non, huit!
Mais ça l’air que c’est ici un concept que les grands designers de fringues pour enfants ne saisissent pas. Parce que réussir à regarnir la garde-robe de mon aîné pour la chaude saison est loin d’être simple.
Les t-shirts semblent être en voie d’extinction. Ils ont perdu le combat face aux bretelles capelli d’angelo. Les chandails proposés ont déjà rétréci au lavage (au moins une bonne affaire de réglée). Les blouses proposent des décoltés que même moi je ne porterais pas. Quelqu’un peut me dire où sont passées les simples sandales si utiles pour jouer au parc? Je ne crois pas que la semelle compensée soit absolument nécessaire pour grimper l’échelle du toboggan…
J’ai cru bon questionner la vendeuse du magasin. C’était peut-être moi le problème? Si j’étais un brin coincée? Si je refusais de voir ma fille grandir?
Nenon. Elle n’était pas tant dans le champ que ça la maman. À huit ans, les enfants ne sont pas encore des ados
Le problème, selon la vendeuse? Les designers. Ceux là-même qui, dans leur tour à bureaux, dessinent et décident ce que nos enfants porteront. Ce sont eux qu’il faut blâmer en premier lieu.
Et pas loin derrière, les parents qui passent à la caisse avec ces mêmes vêtements. C’est simple. C’est une roue qui tourne. Les designers proposent, les parents achètent. Si on achète pas; ils proposeront autre chose non?
La faute aux médias disions-nous?

3 commentaires:

tango a dit...

Wow Geneviève, t'as complétement faux ce matin. Quand Britney décide de porter une chemise au nombril, le mal est fait....Quand Madonna s'habille n'importe comment, sois certaine que le lendemain les usines en Chine recoivent des commandes. Pourquoi tu penses ? Designer ? nope! simplement parce Dieu cotes d'écoutes a fait son oeuvre et que l'homme veut profiter de la manne. Je suis père de deux filletes, 8 et 10 ans, et designer entre autre, de vêtements pour enfants. (vêtements de ski heureusement ;-) La majorité des designers recoivent des commandes et dis toi qu'a partir du moment qu'on a vue Britney 1,000 et une fois sur toutes les chaines TV et dans tous les journaux...et bien il est trop tard....le mal est fait!! désolé, il faut assumer ton métier....mais c'est pas de ta faute, tu veux probablement bien faire, Dieu cotes d'écoutes fait parti de ta vie...et de la mienne aussi.

slts

Bernard Desrochers - designer

Folly a dit...

@tango, je suis bien d'accord avec vous!

J'ajouterai que la responsabilité revient aussi aux parents, mais si la mode, le milieu artistique et l'inter-influence des jeunes s'entremêlent, il est difficile de cibler uniquement un coupable.

Marc-André Caron a dit...

La première fois que j'ai vu des filles se promener le nombril à l'air, c'était dans les vidéos de Britney. Ensuite, comme par magie, les gilets se sont mis à rapetisser et les manches à se transformer en bretelles. Je travaille avec des enfants et je n'en reviens pas des vêtements qu'ils portent. Une tournée des boutiques confirme que l'industrie à une grande part de responsabilité dans le fait que nos jeunes s'habillent différemment de ce que nous portions à leur âge. Mais comme le dit si bien Geneviève, ce sont les parents qui paient. L'argent est le nerf de la guerre. Si les parents n'achetaient pas, la mode changerait. Mais nous, consommateur, nous n'avons pas l'épine dorsale très robuste. Nous suivons la mode et consommons ce que l'on nous offre sans trop broncher. C'est le même problème avec la malbouffe. L'industrie offre des produits gras et sucrés, les consommateurs paient et mangent. C'est pourtant nous qui avons le gros bout du bâton: l'argent. Si les parents du Québec disaient non aux bretelles spaghetti et aux nombrils à l'air, l'industrie du prêt-à-porter s'adapterait à nous après un ou deux sondages.

Salutation.
Marc-André Caron