Je dis souvent que je suis « full bilingue » après avoir avalé deux bières. À ce moment, je suis d’une fluidité étonnante dans la langue de Shakespeare, une facilité que je n’ai pas en temps normal. Je peux soutenir une conversation sans problème, jaser politique, analyser les dernières conneries de Britney ou de Paris comme si on jasait en français.
Par contre, quand aucune goutte d’alcool ne se promène dans mes veines, j’ose à peine ouvrir la bouche. Sauf les « sorry » et « number three with Coke please » que je m’efforce de dire par obligation dans certains moments importants, je me tais.
Mais samedi dernier, alors que je me promenais à Provincetown, une petite bourgade de 3 500 personnes, qui sont en majorité gaies, située complètement à l’extrémité de Cape Cod, j’ai laissé ma gêne à l’hôtel et j’ai discuté avec des gens très sympathiques.
J’ai été étonnée d’apprendre que le Québec est fort connu dans cette région du Massachusetts et pas parce que nous débarquons en masse pendant les vacances de la construction.
Premièrement, grâce au restaurant The Outer Crepe. En effet, la chef de l’endroit est Québécoise. Sylvie Richard fait d’ailleurs flotter fièrement, devant de son resto situé sur Commercial Street, un fleurdelisé rappelant ses origines.
Mais la Belle Province est reconnue surtout pour l’ouverture que ses habitants ont face aux homosexuels. En tout cas, c’est ce que j’ai appris samedi dernier alors que j’ai mis les pieds dans une boutique.
À première vue, ce magasin semblait être ce qu’il y a de plus commun : t-shirts, stylos et autres babioles se retrouvaient sur les étagères. Mais les profits de la vente des trucs de cette boutique vont directement à l’organisme Human Rights Campaing qui œuvre pour que les gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres aient les mêmes droits que les hétérosexuels.
J’ai été attirée rapidement par de grands graphiques qui ornaient un des murs de l’endroit et qui représentaient des cartes des 50 États du pays sur lesquels on pouvait y apprendre des trucs fascinants sur le pays de l’Oncle Sam. Comme que le Massachusetts est le seul État américain où le mariage entre personnes de même sexe est légalisé. Pour le moment, l’union civile (et non le mariage) est acceptée dans quatre autres États (Vermont, Connecticut, Californie et New Jersey) et en 2008, le New Hampshire et l’Oregon leur emboîteront le pas.
Le commis de l’endroit s’est donc empressé de me dire que les Américains avaient beaucoup de croûtes à manger avant d’arriver au même stade que le Québec en ce qui concerne l’acceptation de l’homosexualité. Qu’il rêvait que son pays en arrive là.
Là, j’étais bouche bée. Vraiment.
C’est là que j’ai sorti mon anglais. « Oui, Monsieur, le mariage entre personnes de même sexe est légal depuis 2004 au Canada, mais cette loi n’a pas été votée si simplement. Mon propre député s’y est opposé! Et aux dernières élections, notre actuel premier ministre a fait sa campagne sur l’idée de reprendre le vote sur cette question à la Chambre des communes! »
Il m’a montré les graphiques. « En Floride, les couples gais ne peuvent adopter d’enfants, les homosexuels n’ont aucune loi les protégeant face à la discrimination dont ils peuvent être victimes, aucune loi ne protège les gais et lesbiennes qui se voient refuser un poste d’enseignant à cause de leur orientation. De tels exemples sont nombreux aux États-Unis. Au Québec, vous avez tous ces droits et lois qui protègent les homosexuels. C’est déjà extraordinaire. Le premier pas est fait. Le reste suivra. Ici, nous en sommes encore loin », m’a-t-il dit tristement.
Peut-être avons-nous des lois et des droits qui protègent les gais et lesbiennes. Mais pouvons-nous accepter qu’un homosexuel enseigne à nos enfants? Quelle est votre opinion concernant les couples gais qui adoptent un bébé? Comment réagissez-vous quand vous voyez deux hommes se tenir par la main? Les réponses parlent d’elles-mêmes…
24 juillet 2007
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