Si je me fie à mon certificat de naissance, je venais à peine de souffler six chandelles sur mon gâteau au chocolat en septembre 1982. Au moment même où naissait La Nouvelle, ma courte existence allait connaître un grand tournant.
Je commence à maîtriser les rudiments de la lecture et à être capable de lire sans problème « Luc va à l’école avec son chien Fido ». J’adore d’ailleurs prendre l’autobus qui me conduit à ma nouvelle école de Stoke même s’il y a des grands de sixième qui tentent de me faire faire toutes sortes de coups pendables. Je ne laisse pas ma place en entraînant ma petite sœur Anne-Marie dans mes expériences culinaires : « Qu’est-ce que ça fait du jus de raisin mélangé avec du lait et de la farine? » Je vous laisse imaginer le résultat…
1982, c’est aussi une année de bouleversements pour mes parents. J’entends encore ma mère s’inquiéter de ces taux d’intérêts qui montent en flèche. Je n’y comprends rien à ce charabia d’adulte, et pourtant, je sais compter jusqu’à 100. C’est assez frustrant! Et je ne comprends pas trop pourquoi mon père ne va plus travailler le matin. C’est à six ans que j’ai appris la signification du mot chômage.
C’est aussi l’année où nous avons quitté notre maison de Deauville située entre celle de mes grands-parents et de mes tantes pour emménager dans une autre à Stoke. Une belle maison blanche avec un étang en avant et une petite ferme sur le côté.
Nous avons une dinde et un dindon, une dizaine de poules et un coq. Il y a aussi Suzanne, la brebis, Daisy, son bébé, et deux magnifiques lapins. Je n’oublie pas les jolis canards qui voguent sur l’étang.
Derrière la ferme, il y a un immense jardin potager et des dizaines d’arbres fruitiers. Des pommiers, des pruniers, des poiriers même sont plantés dans ce grand champ qui s’étend à perte de vue. Je crois que je n’ai jamais autant mangé de fraises, de framboises, de bleuets et de mûres que cet été là.
Et je ne vous ai même pas parlé de l’intérieur de la maison. C’est vraiment le sous-sol qui mérite le plus mon attention! Un sous-sol de rêve. Sur le sol, il y a un jeu de marelle de peint, une balançoire et un trapèze étaient accrochés au plafond. Vous imaginez les heures que j’y ai passées…
Je me souviens de ces journées où j’allais au poulailler chercher des œufs pour notre déjeuner. Je me rappelle de ces parties de cachette que l’on faisait avec mes parents. Je repense à mon père qui me poussait sur ma balançoire. Je rigole en pensant à ma mère qui s’était transformée en coach pour mon équipe de soccer. Je revois tout ça dans ma tête et je souris.
Mais chaque fois que l’on évoque « l’année Stoke » dans ma famille, le visage de mes parents s’assombrit. Ils ne veulent pas se souvenir, eux. Ils auraient préféré oublié cette année si difficile.
Pourtant, et de loin, l’année 1982 a été la plus belle de mon enfance. Celle où mes souvenirs les plus importants sont logés.
Vingt-cinq ans plus tard, jour pour jour, je revivrai en quelque sorte l’année de mes six ans. Dans quelques semaines, nous serons à nouveau tous réunis dans notre quadruplex. Il n’y aura peut-être pas de ferme ou de balançoire, mais mes parents seront tout près, prêts à rire j’en suis certaine.
Bref, il n’y a pas que La Nouvelle qui fête!
18 septembre 2007
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1 commentaire:
Oui, moi aussi je me rappelle de votre petite ferme de Stoke mais le souvenir que j'en ai, c'est le dindon qui nous attaquait dès qu'on sortait de la voiture et qui faisait crier mes filles de peur. Curieux comme le même endroit peut rappeler des choses différentes pour chaque personne... Par contre, je me souviens de l'événement qui attristait tes parents en cette année 1982 et je suis très heureuse que la page soit tournée et que toute la famille se retrouve bientôt dans son Proulxville de rêve!
Jo
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