09 janvier 2008

Un souvenir lointain

Un de mes souvenirs les plus anciens remonte à mon Noël de six ans. Nous étions réunis chez mes grands-parents paternels. Toute la famille y était : mes tantes, mes oncles, mon cousin et ma cousine, mes parents et ma petite sœur. La soirée était prometteuse. À cet âge, un sapin enseveli sous les cadeaux ça rend n’importe qui heureux de toute façon.
Mais ne me demandez pas ce que j’ai reçu ce soir-là. M’en souviens plus.
Tout ce que je me rappelle, c’est de mon grand-père qui descendait au sous-sol. Une fois en bas, comme il ne se souvenait plus pourquoi il y était, il remontait. Mais dès qu’il mettait le pied sur la dernière marche de l’étage, ce qu’il avait à faire au sous-sol lui revenait en tête et il y redescendait donc. Une fois en bas, il avait déjà oublié ce qu’il avait à faire…
Le manège s’est poursuivi très longtemps. Sur le coup, je trouvais ça amusant de le voir faire. Mais rapidement, à regarder les visages tristes de ma famille, j’ai compris qu’il n’y avait rien de drôle dans les agissements de mon grand-père.
Nous assistions en avant-première (et bien impuissants) à une pièce de théâtre intitulée : « En route vers l’Alzheimer ». Mon grand-père y jouait le rôle principal, bien malgré lui, et à notre plus grand désarroi, il nous avait offert des billets aux premières loges…
Quelques temps plus tard, mon grand-père a fait son entrée à l’hôpital. Il était devenu difficile pour ma grand-mère de veiller sur lui. Il tombait partout, refusait de se laver et perdait de plus en plus la mémoire.
Il n’en est plus jamais sorti. Sauf ce matin d’avril 1990 où on l’a transporté au cimetière Saint-Michel. Ce matin-là, après avoir oublié tout à tour le nom de ma grand-mère, celui de ses enfants et petits-enfants et bon nombre d’événements qui ont ponctué sa vie, il avait oublié de respirer.
On estime qu’en 2008, il y aura 450 000 Canadiens de 65 ans et plus qui seront atteints de la maladie d’Alzheimer ce qui représente 1 personne sur 13. Chez les Canadiens de plus de 85 ans, ce taux grimpe à 1 sur 3. Seulement ici, en Estrie, plus de 8 000 personnes doivent conjuguer avec maladie.
Malgré l’évolution des connaissances et la découverte de médicaments spécifiques, le nombre de personnes atteintes augmentera de 57% d’ici 15 ans. Malheureusement, pour le moment, il n'existe encore aucun moyen de guérir ou de prévenir la maladie.
Janvier est le mois de la sensibilisation à la maladie d’Alzheimer. Alors pour tout ces Canadiens qui vivent avec cette affection chaque jour, pour les 20% de la population qui ont dans leur famille une personne atteinte de cette maladie, je vous invite à faire un don à la Société Alzheimer de l'Estrie soit directement sur leur site Internet au www.alzheimerestrie.com ou encore par la poste au 375, rue Argyll, Édifice Norton, bureau 0725, Sherbrooke, J1J 3H5.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Ton message me chavire au plus haut point. Quelques signes subtils font que ma mère redoute pour mon père. Mais elle ne lui en parle pas.Donc à son r-v chez le médecin elle n'a pas eu le courage de poser des questions.Je me sens impuissante dans cette situation. Je vais être plus à l'écoute et chercher à sensibiliser mon père si je suis témoin de quelque chose.