Il y avait un soleil de plomb. Le mercure bouillait presque. Et bien sûr, les filles n’avaient pas un seul truc à se mettre sur le dos qui était approprié à la température estival qui sévissait samedi. Même si les pantalons de l’été dernier faisaient un super capri à Filou, je devais me rendre à l’évidence. Une tournée de shopping s’imposait si je ne voulais pas que mes héritières se promènent en bobettes tout l’été…
Chaque jour, on nous rabat les oreilles sur l’importance d’acheter québécois. Je ne dis pas ça pour chialer. Je suis la première à le dire «Voyez-vous, j’ai encore sur le cœur ma mise à pied de la CS Brooks parce que les patrons préféraient envoyer leurs contrats de literie au Mexique ou en Chine…»
M’enfin.
Toujours est-il qu’armée de ma conscience sociale, j’ai entrepris cette mission vestimentaire printanière avec la volonté certaine d’acheter le plus possible québécois.
Premier arrêt : Souris Mini. De beaux vêtements, d’une originalité certaine et d’une qualité éprouvée, designés à Cap-Rouge, mais fabriqués en… Chine. Déception.
Deuxième arrêt : Clément, où l’on retrouve les marques Blü et Deux par Deux, toutes les deux sont québécoises. J’adore la première pour ses couleurs flamboyantes, ses mélanges de tissus uniques et ses imprimés qui sortent de l’ordinaire. La deuxième m’attire pour son look européen et son style avant-gardiste. En prime, les deux compagnies ne cherchent pas à faire de mes puces des filles de joie.
Mais même si les deux entreprises ont leur siège social à Montréal, elles font tout de même coudre leurs fringues par de petites chinoises… Pareil constat pour Justine ma copine, Point Zéro, Roméo et Juliette, Louis Garneau, Perlimpinpin.
Impossible donc de fringuer mes poules avec de la guenille cousue au Québec. Désolant non? Cette triste réalité a été mise à l’ordre du jour du souper que j’ai partagé avec des amis samedi soir.
« Quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi c’est impossible d’habiller ma progéniture en vêtements fabriqués ici au Québec alors que nos boutiques débordent pourtant de compagnies québécoises? »
Ma question tombait bien. Deux designers de vêtements étaient assis à la table avec nous. « L’argent, m’ont-ils tout simplement répondu. Ça coûte un bras produire au Québec et les gens ne sont peut-être pas prêts à payer pour ça. »
Ok, je comprends l’argument. Mais j’aimerais quand même savoir pourquoi Souris Mini et Deux par deux, entre autres, n’ont pas baissé leurs prix après avoir envoyé leur production en Chine. Malheureusement, personne n’avait de réponse à me fournir…
Toujours est-il que les copains Virginie et Sébastien étaient assez fiers de me dire que eux, ils font TOUT faire dans la Belle Province. Du design à la teinture de la fibre en passant par l’assemblage, pas une étape de production ne prend le bateau pour l’Asie. Et pas question qu’un jour on pense à embaucher une main-d’œuvre chinoise chez Ruelle. L’étiquette Made in Québec qui est apposée sur chaque tricot de la ligne Ruelle l’est avec une fierté certaine et une conviction à toute épreuve.
Et ça fonctionne! Ruelle est distribuée dans une quarantaine de points de dépôt partout au Canada. De Terre-Neuve au Yukon, ils sont des milliers de personnes à croire qu’acheter local peut faire toute une différence. Peut faire LA différence.
Reste à savoir quand des designers de vêtements d’enfants saisiront cette opportunité.
24 avril 2008
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1 commentaire:
Super chronique!
Les trucs fabriqués en Chine ne font pas que peupler nos gardes-robes. Y'a même les meubles, même le bois franc qu'on peut mettre sur les planchers! Faut s'informer, essayer de trouver les rares options qui sont fabriquées dans des conditions de travail décentes... Rien de simple, mais y'a souvent des solutions.
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