23 octobre 2008

Nostalgique marmite

Certains sont tombés dans une marmite remplie de hockey quand ils étaient petits. Les week-ends, ils les passaient à geler l’aréna à tenter de ne pas tomber en bas de leurs petites lames. Pour d’autres, leur chaudron d’Obélix était rempli de soccer, de cours de piano, de religion peut-être.
La mienne? Plein à ras bord de politique. Me suis intéressée très tôt à nos leaders gouvernementaux. Pas le choix, avec une mère adjointe de député, un père directeur de campagne électorale, une ex-belle-mère candidate au provincial, un ami attaché politique, des grands-parents bénévoles aux élections, une tante et un oncle employés d’Élections Canada. J’arrête, la liste pourrait être longue et vous avez le souper à préparer. J’abrège donc.
Me suis donc impliquée et impliquée encore dans de multiples campagnes électorales. J’ai été la fatigante qui appelait le soir chez vous pour savoir pour qui vous voterez. J’ai tenté de ne pas me péter la gueule en posant des pancartes sur les poteaux de téléphone. J’ai rempli les pages de l’agenda d’un candidat de poignées de mains et de débats animés. J’ai fait du porte à porte avec un autre. J’ai distribué des dépliants à des automobilistes au coin d’une rue. J’ai entré des données sur un ordi. Bref, vous saisissez.
Ce n’était pas tant la cause que le trip de travailler ensemble dans un même but qui m’animait. L’idée de se sentir dans la gang. De se retrouver ensemble et d’espérer avoir fait le maximum pour voir notre candidat arriver premier au fil d’arrivée.
On a, quelques fois, pleuré de déception. Souvent, on a crié notre joie de voir l’un des notres prendre le chemin du gouvernement. Mais peu importe l’issue du vote, nous avions tissé des liens solides, forts. Passer 35 jours ensemble, de 8h le matin à très tard le soir, ça soude une équipe. Rien de mieux qu’une campagne électorale pour se magasiner des amis.
Depuis que je gagne ma vie en écrivant dans un journal, j’ai dû laisser tomber ce pan de ma vie, impartialité journalistique oblige.
Ce matin, avec toute la fébrilité entourant l’élection d’aujourd’hui, me suis sentie nostalgique. J’aurai eu le goût d’aller prêter main forte à une équipe. Peu importe laquelle. Juste pour le fun de vivre un jour J à nouveau.
J’ai prétexté le sujet d’une chronique pour me pointer dans un local électoral. Moi qui avais toujours vu tout de l’intérieur, je regardais ces abeilles bosser dans cette ruche avec détachement. Et j’étais béate d’admiration.
Ils étaient une vingtaine. En plus d’une dizaine de chauffeurs qui offraient du transport aux électeurs, des téléphonistes répartis dans les huit maisons différentes, des releveurs de liste, des conseillers juridiques, des préposés à l’informatique, etc. Ils sont 175 en tout sur le terrain aujourd’hui.
Ce sont 175 personnes qui auront skippé l’école, auront pris off du bureau, auront sacrifié une journée de congé pour bosser bénévolement pour ce candidat. « Faut y croire en maudit! », me disait le grand patron de cette équipe. Impressionnant non?
La dernière nuit a été difficile pour plusieurs. « J’étais un peu nerveuse, alors j’ai pris quelque chose pour dormir. Je n’arrivais pas à fermer l’œil », me racontait la dame de l’accueil en riant. Mais il était hors de question pour elle d’être ailleurs qu’ici aujourd’hui. « Je suis ici par conviction. Pour gagner. Nous sommes une belle gang. Tout le monde est de bonne humeur. C’est quelque chose que de travailler pour une campagne électorale! »
Et ils reviennent. La politique, c’est une drogue. L’exemple de ce monsieur est éloquent : « Depuis 1970, je n’ai pas raté une seule élection ou référendum tant au fédéral, au provincial et au municipal… »
Malgré tout ce boulot abattu, ils seront quatre équipes ce soir à retourner à la maison le cœur gros parce que la population aura décidé que leur candidat n’était pas le bon.
Mais ils n’auront pas perdu leurs élections. Ils auront gagné des amis pour la vie.

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