Ça devait faire cinq ans que je n’avais pas vu Kathy. Cinq ans, c’est long. Il s’en passe des trucs dans un quinquennat. Un chum, un petit, une séparation, une monoparentalité. Bang.
Quand on s’est vue la semaine dernière, elle était encore sous le choc. Une séparation quand un kid est impliqué, c’est de la job.
« Toi, comment tu t’en sors ? », m’a-t-elle demandé, les yeux inquiets.
« Super bien », lui ai-je dit.
Elle ne semblait pas du tout convaincue que viendra le temps où elle aussi pourra répondre de cette manière.
Mais c’est ça la beauté de la chose dans une séparation. C’est qu’un jour, toutes pourront répondre la même chose.
C’est un peu comme la première fois où l’on fait du ski. On ne peut s’imaginer qu’un moment donné on pourra descendre d’autres monts que Bellevue. Mais il faut de la patience, de l’acharnement et de la persévérance. Et un jour ou l’autre, ce moment viendra. Parce qu’il vient tout le temps.
Il ne faut pas avoir l’idée de se lancer dans la Super à Orford tout de suite en partant. C’est une étape à la fois. C’est une entreprise de longue haleine. On commence par apprendre à marcher avec ces mastodontes de bottines. Puis, on va dans la pente école pour faire du chasse-neige. On fait la Quatre kilomètres tranquillement. Et sans qu’on s’en rende compte, on est prêt à aller dans la Magog puis dans la Trois Ruisseaux.
Assez rapidement, on prend de la vitesse, de l’assurance et de l’aplomb. On n’a plus du tout peur de se retrouver au sommet. La montagne nous paraît tout à coup toute petite.
On regarde alors en arrière tout le chemin parcouru. Les petites batailles gagnées. Les plus grandes victoires obtenues. Et on est fière. Mais il faut se donner du temps Kathy, du temps.
J’ai commencé par apprivoiser ce lit qui était pourtant si petit et qui était devenu tout à coup si grand. J’ai appris à lâcher prise quand les filles partent chez leur père. J’ai appris à réparer une tondeuse, à démonter un abri tempo, à utiliser une scie à onglets. J’ai fait le deuil d’une famille unie pour la vie.
J’ai découvert les joies d’avoir la manette de la télé pour moi toute seule. J’apprécie mes vendredis soirs seule avec mon saumon fumé et mon brie sans entendre Cornemuse à la télé. Je ne peux plus me passer de mon week-end sur deux où je peux sortir du lit passé 10h.
J’ai monté mon BBQ toute seule. J’ai arraché le tapis dans le sous-sol toute seule. J’y ai posé du plancher flottant toute seule. J’ai rénové la salle de bain toute seule. Je me suis achetée une auto toute seule. Et à chaque fois, j’étais étonnée de la facilité avec laquelle j’accomplissais le tout. J’étais d’autant plus fière que je l’avais réalisée sans l’aide de personne.
Me retrouver à la tête du jour au lendemain d’une famille monoparentale a été difficile certes. Mais j’y suis passé au travers. Tranquillement. Et toi aussi, Kathy, tu y arriveras. On y arrive toutes.
13 janvier 2006
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