30 mars 2007

Moi aussi, j'ai perdu

J’ai perdu.
J’ai perdu beaucoup.
Nenon. Je ne cause pas politique ici. J’ai perdu autre chose que mes élections. Je laisse à d’autres le soin de vous entretenir sur le sujet.
Ma saison de ski s’est terminée abruptement. Trois semaines de salaire se sont envolées en fumée. Et je vous épargne la longue liste des autres trucs perdus depuis le 1er mars dernier.
Une tête radiale, ça vous dit queque chose? Moi non plus je ne connaissais pas. Maintenant, je sais non seulement c’est quoi et c’est où, mais je peux vous dire à quoi ça sert. Parce que lorsque l’on se casse cet os du bout du coude, on en apprend beaucoup, mais surtout assez vite sur son utilité.
Un petit vol plané lors d’une partie de soccer m’a valu une petite visite à l’hosto. La volonté d’enlever ce ballon à ce grand gaillard de six pieds m’a clouée au divan pendant trois semaines. Je deviens un peu tête de cochon quand il est question de mettre un ballon dans un but.
L’orthopédiste rencontré à l’urgence du CHUS m’a pourtant dit que ce n’était pas une très grosse fracture, qu’aucune opération n’était nécessaire, que d’ici six à douze semaines (gloup!), tout serait rentré dans l’ordre.
Mais maudit que ça fait mal!
Je vous le dis, dans les gestes les plus anodins de la vie, le coude trouve son utilité. Difficile d’ouvrir un pot de moutarde, de conduire une voiture à transmission manuelle, de se laver d’une seule main. Par moment, j’avais l’impression d’avoir deux ans parce que c’est loin d’être évident de virer une crêpe de côté, d’attacher ses lacets (et que dire du soutien-gorge?), de se peigner avec un coude en break syndical. Je vous le jure, un coude c’est très pratique.
Clignoter dans la voiture était devenu un véritable supplice. Enfiler un pantalon était un vrai calvaire. Tenter de laver un chaudron avec un bras dans une écharpe peut s’avérer un exercice périlleux. Et je ne vous parle même pas des difficultés rencontrées pour faire quelque chose de potable avec mes cheveux. Soupir.
Alors, j’ai passé les trois dernières semaines à raconter mon malheur, à expliquer pourquoi on ne met pas un plâtre sur une fracture du coude, à pleurer sur les magnifiques conditions de ski que j’ai ratées, à regarder Deux filles le matin et Les Saisons de Clodine.
Mais au bout de ces trois semaines de repos forcé, j’ai réalisé que ce n’était pas si désagréable que ça d’être à la maison quand Filou revenait de la maternelle. Que c’était assez sympathique de se permettre une petite sieste l’après-midi. Et prendre son bain le matin en écoutant le dernier épisode de Grey’s Anatomy sur son Ipod est franchement très relaxant.
Je n’ai pas goûté au ski de printemps cette année, tant pis. Mais j’ai déjà réservé ma place pour un voyage à Salt Lake City en janvier prochain. J’ai manqué tout plein de jours de travail, peut-être. Mais j’ai fait le plein de temps pour moi, denrée assez rare quand on est une maman mono. J’ai fait des réserves de sommeil qui pourraient me permettre de ne plus dormir du tout pour le prochain mois. Et j’ai appris à conduire la voiture avec ma cuisse gauche.
Après tout, je n’ai donc pas tant perdu que ça. Vraiment, cette fracture a été bénéfique finalement. Mais pas de là à me casser l’autre coude quand même.