31 juillet 2007

Regrette-t-on nos folies?

Oscar Wilde disait que les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais. C’est peut-être à lui que pensait mon copain Hugues la semaine dernière lorsqu’il a acheté, sur un coup de tête et à moins de trois heures de l’événement, un billet pour le show de The Police. Et ce n’est pas le coût monstrueux du billet qui l’aurait fait reculer.
« Ce n’était pas abordable, mais quand je serai vieux, en chaise roulante au foyer et que j'observerai attentivement ma voisine tricoter, je ne me souviendrai plus du prix exorbitant du billet, mais bien du fun que j'ai eu ce soir-là », m’a-t-il raconté le lendemain.
Pas fou, pas fou la pensée du copain.
Ça vous est déjà arrivé de vous lever un matin avec un goût de viennoiseries? Et tant qu’à avoir le goût d’engloutir ces pâtisseries, pourquoi ne pas aller en plein cœur de l’Autriche pour les savourer? Vous êtes déjà allé frapper des balles à Myrtle Beach parce qu’ici il pleuvait? Avez-vous déjà sorti 200 $ de votre portefeuille pour un cd de votre groupe préféré enregistré à Tokyo?
Peut-être est-ce un saut en parachute, une virée en Ouzbékistan ou l’achat d’une décapotable qui a été votre plus grande folie? Est-ce que ç’a été de tout abandonner ici pour retrouver votre Français d’amoureux à 6 000 km de votre terre natale? Est-ce que vous avez quitté votre emploi-permanent-bien-payé pour retourner aux études?
Dites-moi, avez-vous des regrets? Disait-il vrai ce grand écrivain?
Je cherche quelle a été ma plus grande folie. J’hésite, il y en a une tonne.
Un matin, je racontais à mon amoureux du temps un voyage étudiant fait dans la Grosse Pomme. Le soir même, nous soupions à Manhattan.
Alors que mon prêt étudiant tardait à rentrer, qu’il n’y avait à peu près rien dans le frigo, j’ai dépensé une petite fortune pour une salopette Tommy Hilfiger pour le premier anniversaire de ma grande. C’était complètement débile de dépenser 75$ pour un morceau de jean qu’elle a porté quelques semaines, je sais. Mais encore aujourd’hui, je me souviens d’elle avec ses petits poings en l’air exécutant ses premiers pas. Elle était tellement mignonne.
Il y a bien sûr la fois où je me suis tapé un aller-retour à Québec dans la même soirée pour aller voir les Red Hot Chili Peppers en show. Ça m’a pris quelques jours à récupérer, mais maudit que c’était bon!
Je ne regrette pas du tout l’idée que j’ai eue de prendre une femme de ménage à la maison. Chaque fois que je reviens chez moi et que la maison est « spik n’ span », je jubile. Quelle belle folie!
En plein milieu de mon bac, je me suis retrouvée avec un bébé dans le bedon. Malgré les conseils de tous et chacun, même si, selon plusieurs, je prenais le chemin de la misère et même si on m’a fait voir les pires scénarios, j’ai choisi de prendre rendez-vous au Centre de maternité plutôt qu’à la Clinique de planification des naissances…
Ouep. Je pense que c’est ça ma plus belle folie : Maxim. Samedi dernier, je fêtais d’ailleurs le neuvième anniversaire de cette folie. Une folie que je n’ai, jamais, au grand jamais, regrettée. Une folie qui me fait rire chaque jour. Qui donne des câlins à profusion. Une folie qui me fait voir la vie autrement depuis près d’une décennie maintenant. Qui chaque jour me donne envie de foncer en avant.
Il disait vrai Oscar Wilde. Vraiment.

24 juillet 2007

En avance le Québec?

Je dis souvent que je suis « full bilingue » après avoir avalé deux bières. À ce moment, je suis d’une fluidité étonnante dans la langue de Shakespeare, une facilité que je n’ai pas en temps normal. Je peux soutenir une conversation sans problème, jaser politique, analyser les dernières conneries de Britney ou de Paris comme si on jasait en français.
Par contre, quand aucune goutte d’alcool ne se promène dans mes veines, j’ose à peine ouvrir la bouche. Sauf les « sorry » et « number three with Coke please » que je m’efforce de dire par obligation dans certains moments importants, je me tais.
Mais samedi dernier, alors que je me promenais à Provincetown, une petite bourgade de 3 500 personnes, qui sont en majorité gaies, située complètement à l’extrémité de Cape Cod, j’ai laissé ma gêne à l’hôtel et j’ai discuté avec des gens très sympathiques.
J’ai été étonnée d’apprendre que le Québec est fort connu dans cette région du Massachusetts et pas parce que nous débarquons en masse pendant les vacances de la construction.
Premièrement, grâce au restaurant The Outer Crepe. En effet, la chef de l’endroit est Québécoise. Sylvie Richard fait d’ailleurs flotter fièrement, devant de son resto situé sur Commercial Street, un fleurdelisé rappelant ses origines.
Mais la Belle Province est reconnue surtout pour l’ouverture que ses habitants ont face aux homosexuels. En tout cas, c’est ce que j’ai appris samedi dernier alors que j’ai mis les pieds dans une boutique.
À première vue, ce magasin semblait être ce qu’il y a de plus commun : t-shirts, stylos et autres babioles se retrouvaient sur les étagères. Mais les profits de la vente des trucs de cette boutique vont directement à l’organisme Human Rights Campaing qui œuvre pour que les gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres aient les mêmes droits que les hétérosexuels.
J’ai été attirée rapidement par de grands graphiques qui ornaient un des murs de l’endroit et qui représentaient des cartes des 50 États du pays sur lesquels on pouvait y apprendre des trucs fascinants sur le pays de l’Oncle Sam. Comme que le Massachusetts est le seul État américain où le mariage entre personnes de même sexe est légalisé. Pour le moment, l’union civile (et non le mariage) est acceptée dans quatre autres États (Vermont, Connecticut, Californie et New Jersey) et en 2008, le New Hampshire et l’Oregon leur emboîteront le pas.
Le commis de l’endroit s’est donc empressé de me dire que les Américains avaient beaucoup de croûtes à manger avant d’arriver au même stade que le Québec en ce qui concerne l’acceptation de l’homosexualité. Qu’il rêvait que son pays en arrive là.
Là, j’étais bouche bée. Vraiment.
C’est là que j’ai sorti mon anglais. « Oui, Monsieur, le mariage entre personnes de même sexe est légal depuis 2004 au Canada, mais cette loi n’a pas été votée si simplement. Mon propre député s’y est opposé! Et aux dernières élections, notre actuel premier ministre a fait sa campagne sur l’idée de reprendre le vote sur cette question à la Chambre des communes! »
Il m’a montré les graphiques. « En Floride, les couples gais ne peuvent adopter d’enfants, les homosexuels n’ont aucune loi les protégeant face à la discrimination dont ils peuvent être victimes, aucune loi ne protège les gais et lesbiennes qui se voient refuser un poste d’enseignant à cause de leur orientation. De tels exemples sont nombreux aux États-Unis. Au Québec, vous avez tous ces droits et lois qui protègent les homosexuels. C’est déjà extraordinaire. Le premier pas est fait. Le reste suivra. Ici, nous en sommes encore loin », m’a-t-il dit tristement.
Peut-être avons-nous des lois et des droits qui protègent les gais et lesbiennes. Mais pouvons-nous accepter qu’un homosexuel enseigne à nos enfants? Quelle est votre opinion concernant les couples gais qui adoptent un bébé? Comment réagissez-vous quand vous voyez deux hommes se tenir par la main? Les réponses parlent d’elles-mêmes…

16 juillet 2007

La terre a cessé de tourner...

La terre a cessé de tourner lundi matin.
Il y aurait eu un attentat terroriste au Carrefour de l’Estrie, ça n’aurait pas été pire. Il y aurait eu un ouragan de force 12 balayant les trois quarts des maisons sherbrookoises sur son passage, nous n’aurions pas été autant désemparés. Une véritable épidémie de grippe aviaire aurait amené la majorité des habitants de la ville à l’hôpital qu’on n’aurait pas autant paniqué.
Vraiment, la terre a cessé de tourner.
Parce qu’on s’entend que d’être incapable de se connecter à son courriel Hotmail, que de ne pas pouvoir se brancher sur MSN pour jaser de la pluie et du beau temps avec ses amis ou encore de ne pas pouvoir consulter Météomédia pour connaître les prévisions à long terme à Cape Cod, c’est terrible pour ne pas dire impossible à vivre.
Une grave panne de fibre optique a coupé la moitié du Québec du reste de la civilisation lundi matin. Le bris d'une pièce dans une centrale de Bell de l'Ouest de Montréal serait à l'origine du problème. Une grande partie des Québécois ont été isolés, incapables d’entrer en communication avec l’autre moitié de la province. Le drame.
Des milliers de consommateurs n’ont pu utiliser leur Visa pour payer leurs achats. Il était impossible pour d’autres de retirer des sous au guichet automatique. La panique.
Être coupé de l’Internet, c’est aussi pire que manquer d’oxygène. C’est aussi grave que d’être privé de l’amitié de Snoopy pour Charlie Brown. C’est aussi paniquant que d’arriver au bout de sa méthadone pour un héroïnomane. Et c’est sans parler de l’humeur de mes collègues qui étaient incapables de visionner le dernier Têtes à claques… ;-)
Bref, c’était l’enfer lundi matin.
Nous étions inquiets. Cette panne serait-elle longue? J’attendais des réponses à des demandes d’entrevues par courriel. Je voulais entrer en contact avec une personne, mais c’était mission impossible : ses coordonnées étaient dans mon Outlook. J’étais complètement prisonnière de ma dépendance au Web.
Les six heures qu’a duré cette panne du cyber espace m’ont paru comme six jours, voir six mois. J’étais dysfonctionnelle. Complètement invalide.
Dites-moi, vous faisiez comment avant?
Comment faisiez-vous pour respirer sans connaître les prévisions météo à toutes heures du jour?
Comment réussissiez-vous à vivre sans suivre l’évolution de votre compte bancaire minute par minute?
Comment était la vie quand vous deviez vous contenter du bulletin de 18h pour connaître les nouvelles de la journée?
Je sais, il y avait une vie avant l’arrivée de l’Internet. Je me souviens encore de ma mère qui s’était pointée dans notre salon en 1994 en clamant haut et fort : « C’est décidé, je nous branche à l’Internet! » Nous l’avons tous regardée en se demandant qu’elle mouche l’avait piquée. « L’Inter quoi? », lui avions-dit.
Même avec notre modem 6 900kps d’une lenteur illégale aujourd’hui, nous avons tout de même été rapidement enchantés par les possibilités que nous offrait ce nouveau moyen de communication. De pouvoir visiter l’usine de Lego, d’admirer les œuvres du Louvre ou de contempler le coucher de soleil de Sidney en direct de notre salon nous laissaient complètement béat d’admiration et ce, même si la boule jaune prenait une demi-heure à apparaître sur notre écran. Nous étions contaminés. Le monde s’offrait à nous!
Nos modems ont évolué tout comme la place qu’occupe cet outil de communication dans notre quotidien. Même si nous respirions avant 1994, jamais je ne retournerais en arrière. Même si j’aurais aimé mieux ne pas voir que Météomédia annonce de l’orage à Cape Cod alors que j’y serai le prochain week-end…

10 juillet 2007

Les mamans sont difficiles à comprendre

Les mamans sont difficiles à comprendre. Vraiment.
Alors qu’elle court à gauche et à droite pour satisfaire les besoins de ses enfants, la maman rêve du jour où elle pourra se la couler douce.
Pendant qu’elle prépare les 21 repas nécessaires à l’épanouissement physique et mental de sa marmaille tout en respectant les indications du nouveau Guide alimentaire canadien et en jonglant avec les restrictions alimentaires de son plus jeune, imposées par des allergies sévères, et par celles de son plus vieux, exigées par ses préférences, elle fantasme sur un souper au resto où la seule tâche qu’elle aura à faire se résume à désigner quelle table d’hôte se retrouvera devant elle.
À l’instant où elle dessert la table, où elle frotte les chaudrons collés, où elle empile les assiettes dans le lave-vaisselle, où elle divise les restes entre les lunchs du lendemain, le bac à compost et la poubelle, elle songe qu’il serait merveilleux que la besogne du souper se termine avec la dernière bouchée avalée.
Le scénario se répète quand elle se rend dans la salle de lavage. Le foncé dans ce coin, le pâle ici, le blanc là bas. Elle sort le Shout et tente de faire la guerre aux tâches de gazon qui ont trouvé refuge sur les genoux du pantalon de la plus jeune et aux souvenirs de spaghetti laissés sur le chandail de l’autre. Si ce n’était que ça le boulot. Elle détourne le regard vers la sécheuse qui accueille pas moins de trois brassées de linge suppliant d’être pliées et rangées dans les tiroirs de la marmaille. Elle soupire en implorant le ciel qu’un scientifique se penche au plus vite sur la question afin d’inventer une machine qui détache-lave-essore-sèche-plie et range tout ce bazar! L’heure du bain a sonné. La maman se défait les genoux sur les carreaux de céramique pour laver les beaux longs cheveux de son ainée. Elle se brise le dos pour décrasser son bébé de son séjour dans le carré de sable. Pendant qu’elle frotte les ongles sales de sa marmaille, elle rêvasse à son prochain séjour dans le bain qui durera plus de cinq minutes et qui ne sera pas entrecoupés par le bruit du téléphone qui sonne, par les cris du bébé qui refuse de dormir ou par les plaintes de la grande qui veut un dernier verre d’eau.
Avant d’aller rejoindre Morphée, la maman se fait un devoir de lire quelques histoires à ses amours. C’est prouvé, plus les enfants sont mis en contact tôt avec les livres, moins ils décrochent et meilleurs ils sont à l’école. Alors, elle lit et relit d’interminables contes qui feront d’eux de véritables génies. Au moment même où elle imite la voix de Caillou qui a la varicelle, la maman tente de se rappeler la dernière fois qu’elle a lu un livre en entier (le manuel d’instruction de la nouvelle laveuse frontale ne compte pas) et n’y parvient pas. Elle se souvient de ces samedis passés à bouquiner à la librairie. Des ces jaquettes de livres qu’elle caressait. De l’odeur de ces pages fraîchement imprimées. Et du beau commis de la section des romans québécois. Tout ça, c’est si loin. Mais ce n’est pas grave, parce qu’au moins les loulous aimeront la lecture…
Et quand le moment tant attendu, désiré, souhaité, voulu se pointe. Quand l’opportunité de prendre un succulent repas en tête à tête se présente, quand la chance de passer la nuit à l’extérieur du domicile familial sans vaisselle à faire, bain à donner, repas à préparer, vêtements à laver, qu’est-ce qu’elles font les mamans?
Elles parlent de leurs enfants. Elles se rappellent les frasques de l’une, les jolis minois de l’autre. Elles appellent la gardienne pour être certaines que tout va pour le mieux. Elles se réveillent aux aurores pour aller les récupérer le plus rapidement possible. Et elles ne profitent pas pour deux cennes de ce week-end de rêve.
Pathétique? Non. Tout simplement admirable.

03 juillet 2007

Entre Sherbrooke et New York....

Les rues sont désertes. Pas d’embouteillage aux coins des rues. Aucun bruit de klaxon n’est perceptible à l’oreille. Je marche en plein centre-ville et je n’accroche personne. Je ne me fais pas accoster à tous les pas pour acheter une montre ou des lunettes. Je n’ai pas peur que Filou se fasse kidnapper. Toute cette verdure en pleine ville m’impressionne. Je suis capable de voir le ciel peu importe où je me trouve. Je n’ai aucune crainte de perdre Maxim dans la foule. Les commerces ne brillent pas de mille feux. Le pire? Aucun smog à l’horizon. C’est mort. J’ai l’impression d’errer dans un village fantôme.
Il ne m’a fallu que quatre jours à Manhattan pour perdre tous mes repères de Sherbrookoise. Il ne m’a fallu que 92 heures dans la grosse pomme pour croire que c’est normal d’entendre des klaxons aux deux secondes, pour supposer qu’une ville doit avoir un nombre important d’itinérants pour se respecter, que si un commerce a du succès il doit avoir une enseigne grosse comme ça qui clignote à rendre tous les passants aveugles.
Ça ne prend même pas une semaine pour s’adapter à un nouvel environnement. En moins de deux, je suis devenue autant New Yorkaise que Carrie Bradshaw dans Sex in the city. Je me foutais éperdument de préparer les repas. J’achetais tout cuit au deli du coin de la rue. Je ne marchais plus dans les rues, je sprintais! J’étais même agacée par ces vendeurs de babioles contrefaites qui m’interceptaient à tout moment.
Rapidement, je me suis habituée à ne voir des arbres que dans Central Park et du béton dans le ciel. Ma saturation sanguine s’est adaptée rondement au manque d’oxygène et à l’abondance de gaz carbonique dans l’air.
L’adaptation s’est aussi très bien passée pour mes loulous. Elles n’ont pas du tout boudé devant l’absence de cours de français et de mathématiques dans leur grille horaire. Elles ont accueilli avec joie les visites à l’American Museum of Natural History et à la Statue de la Liberté. Elles n’ont pas rechigné à l’idée de manger au resto à longueur de semaine. Elles ont applaudi quand j’ai proposé une virée au Toys’r’us et au M&M World. Filou a plutôt bien accepté l’idée de dormir avec maman à l’hôtel. Et la balade en limousine n’a rendu personne malade.
J’étais au 86e étage de l’Empire State Building. Je regardais les milliers de gratte-ciels devant moi et je repensais à cette conversation que j’avais eue avec Martin Chaput qui m’incitait à voyager avec mes enfants. Et puis, mon regard s’est tourné vers Filou qui était complètement renversée que les autos soient si petites. Je me suis retournée vers Maxim qui semblait ébahie face à ce spectacle qui s’offrait à elle. Et j’ai respiré un grand coup. Vraiment, j’ai bien fait de mettre mes peurs de côté et de foncer vers New York avec mes filles.
Maintenant, je prépare une virée à L.A., en Louisiane, à Seattle, à Washington, à Boston et en Australie pourquoi pas? Parce que comme Martin disait, on s’adapte tous plutôt bien.