26 décembre 2006

Le nouveau jeu du réveillon

Nous avons inauguré une nouvelle tradition à notre réveillon de Noël. Pendant le souper, entre le potage et l’entrée, j’ai lancé mon projet. Érik s’est étouffé avec son verre de vin alors que ma mère s’écriait que c’était une super idée. Même Chuck, un nouveau venu dans la famille, a embarqué à pieds joints dans l’aventure sans se sauveret ne s’est pas sauvé de la maison en courant!
Mon jeu, en fait, ce n’était que de répondre à trois questions. Trois petites réponses que chacun des membres de la tribu Proulx auraient à trouver et qui serviraient à boucler l’année 2006 et à s’ouvrir sur la nouvelle qui se pointera sur le calendrier sous peu.
Alors, dites-moi, chers convives, quel a été votre meilleur coup de l’année? J’ai ouvert le bal en disant que je n’étais pas peu fière de me retrouver avec un prêt hypothécaire à mon seul nom. Mon père a suivisuivit la parade en évoquantinvoquant le nouveau look qu’il avait lui-même donné à mon chez-nous. Même Filou s’est jointe au jeu en disant que les A de son bulletin la rendaientl’a rendait très heureuse. Tour à tour, chacun a vanté ses mérites réalisés au cours de l’an 2006.
Puis, nous sommes passés au vote. Qui avait eu le meilleur coup? J’ai gagné la première manche et j’ai eu le privilège de piger dans la boîte à cadeaux spéciaux. Mon tête-à-tête avec le notaire m’a valu quatre nouveaux sous-verre. Chouette!
Puis, nous avons enchaîné avec ma deuxième question mystère. Quel a été votre pire coup de l’année. Le truc que vous avez fait dontdonc vous êtes le moins fier? J’ai faitfais rire mes sœurs avec ma révélation (bien que j’aie également horrifié ma mère avec ce même aveu!) Et ne cherchez pas à savoir; c’est notre petit secret à nous!.
Chuck a, quant à lui, avoué qu’il était bien désolé d’avoir recommencé à fumer, résultat d’une grosse peine d’amour. Lalie a profité du moment pour prendre la parole en évoquantinvoquant sa désertion des bancs d’école ce qui a amenéamneé un flot de larmes sur ses joues, mais également un support inconditionnel de nous tous. Malgré les mouchoirs utilisés par Anne-Marie, c’est l’ex-nouveau fumeur qui a remporté la 2e manche.
La ronde finale devait nous ouvrir sur 2007. Pas question de résolutions qui ne tiendraient pas plus que trois semaines. Non, il fallait annoncer un truc que nous aimerions réaliser pendant les douze mois qui nous tiendront compagnie l’an prochain. Alex a souligné qu’elle aimerait bien trouver ce qu’elle aimerait faire de sa vie. Chuck a annoncé son intention d’arrêter de fumer. Et mon père souhaite venir à bout de mes rénos (et moi donc!). À l’unanimité, nous avons voté pour la petite sœur.
* * *
Bon, je n’avais rien inventé. C’est en faisant le journal d’aujourd’hui que l’idée m’est venue. Nous voulions faire une revue de fin d’année à la mode La Nouvelle. Pas une rétrospective de l’actualité en 2006. Non. Nous voulions aller plus loin et présenter un côté plus humain aux événements qui ont parsemé le calendrier qui se terminera sous peu.
L’idée de présenter nos meilleurs coups a donc fait son chemin. Concept que nous avons bonifié un peu. En effet, nous avons rappelé nos coups de cœur afin de savoir où ils étaient rendus. Que s’était-il passé depuis la parution de l’article parlant d’eux?
Vraiment, l’édition de cette semaine est impressionnante. Elle est à l’image des gens que nous présentons semaine après semaine : vivante, humaine, étonnante, mais surtout remarquable.
Bonne lecture et surtout, bonne année!

Un Noël au pensionnat

Maxim est un brin excitée cette semaine. On pourrait croire qu’elle se pique au glucose. Vraiment, elle ne tient pas en place. C’est que vendredi ce sera fête de Noël dans sa classe. Un échange de cadeaux est organisé et j’avoue que l’ami secret de ma grande sera grandement gâté.
Toute cette fébrilité me replonge du temps où j’étais pensionnaire. Je suis persuadée d’y avoir vécu la plus belle fête de Noël qui puisse exister.
Comme à l’habitude, les lumières du dortoir se sont éteintes à 21h25. Après ma pratique de basket et ma journée d’école, le sommeil ne fut pas difficile à trouver. Il ne restait qu’une journée à passer sur ma chaise d’écolière avant de plonger des mes vacances. Je rêve déjà aux multiples activités qui m’occuperont pendant ces deux semaines.
Tout à coup, j’entends au loin des voix. Je crois qu’on chante. Je suis un peu mêlée. Je me demande si c’est dans mon rêve ou si c’est la réalité.
Le son devient de plus en plus fort. Je peux maintenant distinguer le Sainte Nuit très clairement. Je suis de plus en plus confuse surtout lorsque j’ouvre les yeux et que j’aperçois Jacques, mon prof de maths, en soutane blanche avec une chandelle à la main. Il est suivi ma Brigitte, celle qui enseigne l’histoire, par Michèle le professeur de français et de musique, sans oublier les Jean, Denis, Sylvie, Micheline, Claude, Josée, Soeur Ginette et Sœur Évangeline. Tous ceux qui m’enseignent sont là!
Vraiment, je ne comprends rien. Je me frotte les yeux. Je reprends mes esprits. Mais ils sont toujours là qui ne cessent de chanter avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles. C’est à ce moment que Sœur Denise vient nous secourir dans nos multiples questionnements en nous disant que nous avions cinq minutes pour s’habiller et traverser vers l’église où nous assisterions à la messe de minuit. Oui oui, vous avez bien lu!
Mais ce n’était pas tout. En revenant de cette célébration de Noël, on nous conduit dans la palestre où nous attendent un immense sapin et des centaines de cadeaux! Toutes les filles présentes ont reçu un paquet en plus d’une dizaine qui ont gagné de magnifiques trésors allant de l’équipement de ski alpin à la télévision en passant par des billets de spectacles. Vraiment, nous sommes toutes estomaquées devant tant de générosité.
Mais que serait une veillée de Noël sans le traditionnel réveillon? Nous descendons donc à la cafétéria pour y déguster dinde, tourtière, sauce aux canneberges, alouette. Tout y est. Même une pianiste et un violoniste qui ont le mandat de nous faire chanter et danser. Rigodons et chansons à répondre se succèdent au travers les rires et les sourires.
L’horloge indique trois heures du mat. La fatigue commence à se faire sentir. Sœur Jeanne D’Arc et Sœur Jacqueline nous invitent à retrouver notre lit. Question d’être capable d’affronter la dernière journée d’école avant les vacances.
Le sommeil a été difficile à trouver. Trop fébrile j’imagine ou sous le choc. Encore aujourd’hui, je n’en reviens pas encore de toute l’implication qu’a nécessité cette nuit de Noël. Du curé de la paroisse en passant par ces profs qui sont revenus au boulot en pleine nuit et sans oublier toutes ces sœurs qui nous ont popoté un repas d’enfer. Vraiment, je suis toute autant émerveillée que lorsque j’avais 14 ans.
Je reste persuadée que la plus belle fête scolaire de Noël, c’est moi qui l’ai vécue. Désolé Max.

18 décembre 2006

Un sapin de souvenirs

C’était pourtant très clair dans ma tête. Mes souvenirs me semblaient intacts.
Il y avait mon père qui arrivait avec le sapin jonché sur le toit de la Reliant K familial. Puis, il y avait l’attente. La maudine d’attente.
L’attente que mon père grimpe l’arbre au troisième étage de l’immeuble où nous habitions. Une opération qui semblait simple au départ, mais qui pouvait s’avérer quand même périlleuse.
Une fois l’objectif atteint, il fallait encore attendre. Patienter pendant que l’arbre dégèle. J’avoue n’avoir jamais compris l’utilité de cette étape, mais bon il nous était tout à fait impossible de penser à y mettre une seule boule tant que les branches n’étaient pas redescendues. Soupir.
Pour nous réconforter, ma sœur et moi, pendant ces longs moments, ma mère tentait de nous occuper alors qu’elle faisait l’une de ses 75 tourtières à la cuisine. On sortait les emporte-pièces pour faire des sapins et des bonhommes de neige dans la pâte à tarte afin de décorer la croûte plus tard.
Il y avait les petits Simard qui chantaient des airs de Noël. J’avoue que j’étais grandement embêtée d’imaginer la mère de Nathalie embrasser le Père Noël. Mais à tout bout de champ, on entendait : « papa, est-ce que l’on peut maintenant? »
Dès que l’on entendait se lever de son divan, on laissait tomber rapidement notre pâte à tarte pour se lancer tête première dans la boîte de décorations. Mais il fallait attendre. Encore.
Attendre que mon père installe les milliers de lumières. Technique très difficile disait-il qu’il devait réaliser seul. Alors, on admirait le professionnel à l’œuvre. Mais c’était loooooooong!
Plusieurs heures plus tard, on avait enfin le ok pour participer à l’œuvre. Nous pouvions mettre notre talent à profit. Rapidement, nous pouvions admirer notre travail collectif. Chaque année, nous étions béates d’admiration devant notre sapin, qui était assurément le plus beau de la ville. Nous étions tellement fières d’avoir participer pour faire de cet arbre une véritable œuvre d’art.
Je me souviens des multiples fous rires, des histoires que racontait mon père, de l’ambiance qu’il y avait dans notre appartement, de l’odeur du sapin.
Depuis que je suis moi-même maman, j’attends le moment de la décoration du sapin avec impatience chaque année me rappelant toutes ces fois où nous mettions la main à la pâte avec mon père.
Pourtant, ça ne marche pas. Pendant que le sapin dégèle, les filles se chicanent. Pendant que j’installe les lumières, Félixe renverse son verre de lait et Maxim fout le bordel dans le salon. Et c’est sans parler des multiples soupirs d’exaspération lancés.
Quand c’est le moment d’installer les décorations, l’histoire dégénère. Le sol a vu tomber pas une, mais deux boules. Je sors le balai en grondant Max et Filou de prendre leur temps, que rien ne presse, que c’est très fragile des boules de Noël.
Voilà que la petite grimpe sur une chaise afin d’aller porter un ange le plus haut possible et la voilà qui tombe par terre. La grande en profite pour rire de sa cadette ce qui fait encore plus enrager mon bébé. Et ça c’est sans parler de la bataille générale pour savoir qui aura le privilège de mettre l’étoile au sommet. Vraiment l’ambiance est géniale!
La maison a l’air d’un véritable chantier. Il y a du raffia, des épines de sapin et des décos partout dans la maison. J’en ai pour deux heures à ranger. Je suis triste. Je voudrais tellement recréer mes souvenirs d’antan.
Deux jours plus tard, voilà que je demande à Max si elle a aimé décorer le sapin. « Oh! Oui! C’est tellement le fun maman! »
Et si c’était pareil quand j’avais huit ans? Si ma mémoire me jouait des tours et que seuls les bons moments sont restés imprégnés dans ma tête? Peut-être que mes filles ont déjà oublié ce qui n’allait pas pour se souvenir que du beau. Je l’espère vraiment.

04 décembre 2006

Cauchemar et cosinus

Voici une histoire vécue. C’est le récit du cauchemar de mon cinquième secondaire : mon prof de math.
Ça s’est passé de l’automne 1992 à l’été 1993. Dix mois de terreur en ligne. J’ai passé 180 jours à redouter mon rendez-vous quotidien avec les théorèmes de Pythagore.
En début d’année, j’ai pourtant essayé. J’ai donné mon effort. Chaque jour, avec une rigueur peu commune, j’ai bossé sur mes devoirs. J’ai passé des heures à plancher pour préparer mes examens. Je profitais même des heures de récupération du midi pour tenter de comprendre d’avantage la matière.
Résultat sur le bulletin de la première étape? Échec. Un échec retentissant soi dit en passant. Le drame. La déconfiture.
Je n’étais donc pas douée pour les maths. Les dés étaient jetés. Mon sort était scellé. Il n’y avait plus rien à faire, mon hémisphère droit ne savait pas jongler avec les formules mathématiques.
Ce constat fait, j’ai quand même dû me taper un tête à tête quotidien avec elle. Cette prof, obstinée, avait en tête que j’étais capable de déchiffrer ces mauzus de formules algébriques. Mais non, il n’y avait rien à faire. Ça ne rentrait pas.
De semaine en semaine, la frustration entre nous deux grandissait. Bah je peux la comprendre. Je passais souvent la totalité de mes cours de maths à dessiner dans mon agenda, à étudier pour l’examen d’anglais qui s’en venait ou à manger des M&M. Ma haine des maths s’est transformée. J’ai commencé à détester la prof qui enseignait la matière aussi.
Reste que c’était dur sur l’ego. Alors que les 30 autres filles de ma classe réussissait bien dans cette matière, moi je ne valais rien. Je m’en voulais de ne pas avoir été codée génétiquement pou réussir à jongler avec la géométrie et les cosinus.
Le matin de notre examen de fin d’année, je suis restée couchée. Comme il m’aurait fallu 400% pour penser à réussir mon année, j’ai pensé qu’il valait mieux investir mon temps dans le sommeil que dans un paquet de questions que des fonctionnaires du ministère de l’Éducation avaient mises sur papier.
Le temps a passé. J’ai décroché un bac en Histoire, un certificat en Lettres et langue française. Je suis devenue journaliste et puis rédactrice en chef de La Nouvelle. J’avais oublié à peu près tout de ce qui avait assombri ma dernière année au Mont. Jusqu’à ce matin où un message spécial est arrivé dans ma boîte de courriels.
C’était Guylaine qui m’écrivait. Cette même prof qui m’avait donné tant de fil à retorde qui venait me hanter 12 ans plus tard. Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter ça? Soupir.
En l’espace de deux lignes, mes pires craintes étaient tombées. C’était un courriel de félicitations. Le cauchemar de mon secondaire V avait pris le temps de m’écrire pour me dire que les maths ce n’étaient pas tout dans la vie, qu’il y avait bien plus. Qu’il y a d'autres façons de se réaliser.
Ce fut le plus beau de tous les mots de félicitations que j’ai reçus. Celui qui m’a fait le plus chaud au cœur. La hache de guerre était enterrée. Nous pouvions être amies maintenant.
Depuis, j’ai collaboré avec Guylaine à plusieurs reprises dans le cadre de mes fonctions. Et chaque fois, c’est avec plaisir que je me pointe aux rendez-vous.
Je n’ai plus peur de couler maintenant.

28 novembre 2006

J'en ai assez

J’ai pris une grande décision dimanche. Faut dire que j’avais touché le fond. Le vrai de vrai fond. Le bas fond, on s’entend. Vous savez, celui qui force les alcoolos à cesser d’ingurgiter du 40% ou celui qui pousse les gamblers à lâcher la roulette.
J’ai commencé par admettre que j’étais impuissante devant lui et que ma vie était devenue incontrôlable. Il m’obsédait et je ne réussissais jamais à avoir le contrôle dessus. C’était la première étape à faire paraît-il.
J’y pensais depuis un bon bout de temps. J’ai nié le problème longtemps. Très longtemps même. Refusant de croire qu’une telle chose pouvait m’arriver. Que j’étais au-dessus de ce problème.
Ça c’est passé au milieu de ma cuisine sur mes nouveaux carreaux de céramique dimanche après-midi. J’avais mon Swiffer à la main et c’est là que j’ai dit haut et fort et à qui voulait l’entendre : C’est assez! Je ne peux plus vivre de cette manière.
Alors, comme tout bon dépendant, j’ai commencé par demander de l’aide. Puis j’ai accepté cette aide. Et un jour, je fais la promesse qu’à mon tour, j’aiderai les autres.
Cette aide, elle s’appelle Sandra.
Chaque jeudi, Sandra viendra à la maison apportant avec elle réconfort et soutien. Parce qu’il est fini le temps où le Fantastik et les SOS prenaient le contrôle de mon existence.
Elle s’occupera de laver les lits et de passer l’aspirateur. Elle fera reluire mes deux salles de bain et époussettera les trucs collectionneurs de poussières qui inondent ma maison. Si le temps lui permet, elle fera même la vaisselle et peut-être partira-t-elle une brassée de lavage.
Admettre que je n’étais plus capable de voir à la tâche de l’entretien de ma maison fut assez difficile à faire dans cette société où l’on vénère ces super (maudites?) Wonderwomans qui réussissent à tout faire à la perfection avec le sourire en prime.
Ces petites bêtes sont partout autour de nous et nous font sentir que nous n’avons aucun sens de l’organisation et que nous sommes complètement dysfonctionnelles de ne pas arriver à tout accomplir tout ce qu’une bonne ménagère se doit de faire. Vous savez celles dont la maison brille, qui cuisinent des repas quatre étoiles, qui n’ont jamais un pli de travers sur leur pantalon et qui malgré les 40 heures passées au boulot trouvent le temps de conduire fiston au hockey et fillette au ballet tout en s’impliquant bénévolement dans un organisme communautaire.
Malheureusement, je ne suis pas de cette race. Je ne suis pas codée génétiquement pour jongler avec le travail, l’élevage de deux poules en solo, le ménage, le repassage, le lavage, l’époussetage sans difficulté et sans aucune aide.
J’étais fatiguée de privilégier ma moppe à une partie d’Uno avec Max. Je n’en pouvais plus d’entendre le linge sec qui moisit dans la sécheuse me crier des bêtises parce que je faisais autre chose que le plier. Je ne voulais plus stresser à la seule idée que Filou veuille faire de la pâte à modeler parce que ça salirait la table, fort probablement le coussin de la chaise aussi, sans compter le plancher, les vêtements et tout le tra la la.
Je refusais de croire que je passerai ma vie à ramasser, à laver des chaudrons, à désinfecter des toilettes, à astiquer mon plancher, à nettoyer les vitres. Est-ce que j’étais condamnée à finir mes jours avec un chiffon dans une main et une bouteille de nettoyant dans l’autre? Je ne voulais pas devenir la meilleure amie de Monsieur Net. Cette image me déprimait trop. Beaucoup trop pour que je continue dans cette voie.
Alors, avant de quémander une prescription de Prozac, j’ai osé demander de l’aide. Et vous savez ce que je ferai dimanche avec mes loulous? De la pâte à modeler bien sûr!

22 novembre 2006

Sherbrooke, sur la carte

Sherbrooke, by night

Nous sommes lundi soir ou mardi matin, c’est pour vous. L’horloge de ma voiture indique 2h36 et je rentre à la maison. Je suis complètement crevée. J’ai eu une rude journée au bureau. Je jure qu’on ne m’y reprendra plus.
Chemin faisant, je repasse le fil des événements de la journée dans ma tête. Je relis les textes que j’ai écrits. Je repense à cette édition spéciale que nous présenterons mercredi et le sourire revient. L’envie de coller mon oreiller est chassée de mon esprit.
Une image me frappe. Sherbrooke et ses milliers d’histoires exceptionnelles. Ces gens qui tiennent la vedette de La Nouvelle cette semaine me rendent fière d’appartenir à une telle communauté d’individus tous aussi extraordinaires les uns que les autres.
Que de millage parcourus pour plusieurs. Des parcours tous plus intéressants les uns que les autres. Pas de super vedettes, sauf une. Que des gens ordinaires. Des personnes comme nous qui un beau matin ont fait leur valise et pris l’avion pour affronter de nouveaux défis.
Mais ce qui frappe le plus, c’est la capacité d’abandon unique de ces globe-trotters. Parce que pour partir à l’autre bout du monde avec pour seuls bagages un sac à dos et un passeport canadien, il faut avoir le goût de l’aventure certes, mais surtout la capacité de laisser ce qu’on a ici pour foncer.
Et c’est là le plus difficile, je crois.
Chaque fois que je pense à ma cousine Karine qui vit à Paris, j’ai un motton dans le dalot pour toutes ces scènes de la vie quotidienne qui échappent à sa maman qui vit toujours en sol sherbrookois. Pour toutes les fois où elle voudrait cajoler sa petite-fille qui est 6 000 kilomètres. Pour toutes les réunions familiales où Karine, Lou et Laurent ne figurent pas sur la liste d’invités parce que ce n’est pas tous les jours possible de se taper six heures d’avion pour assister à un souper d’anniversaire.
En même temps, j’ai énormément d’admiration face à son courage. Imaginez, Karine est partie dans un pays qu’elle ne connaissait à peu près pas par amour laissant tout derrière elle. C’est épatant!
Au fil des histoires de la vingtaine de Sherbrookois débarqués un peu partout sur la mappe monde, que j’ai mises en page ce soir, j’ai eu envie, moi aussi, d’aller enseigner l’anglais en Chine, de postuler dans l’une des filiales de Bombardier en Europe, d’amuser les touristes au Mexique, d’être monitrice de ski dans les Rocheuses, d’écrire pour un journal africain, de faire un stage de photo en Australie. Les idées ne manquent pas.
Non, c’est le courage qui n’est pas au rendez-vous. La patience de tout recommencer à zéro. De ne plus entendre le téléphone sonner à toutes heures du jour avec ma sœur au bout du fil me racontant ce qu’elle a fait dans les dix dernières minutes me manquerait trop. Je m’ennuierais de ne plus voir l’air bête de mon autre sœur jour après jour. De vendre cette maison que j’ai entièrement rénovée avec mon papa m’est insupportable.
L’inévitable question à savoir si je passerai à côté de quelque chose d’extraordinaire s’est alors posée. Peut-être. Mais une chose est certaine, je n’ai pas tout perdu. Que non.
Parce que grâce à mon travail, j’ai pu connaître des dizaines de gens de chez moi que je n’aurais jamais rencontré autrement. Des compatriotes qui font le bonheur de dizaines d’Africains, qui créent des publicités d’envergure en Italie, enseignent le yoga à Singapour ou qui supervisent les élections présidentielles au Congo.
Des personnes qui m’ont apprises que le bonheur se construit et se trouve dans de petites choses, que l’on soit à Hawaï, en Allemagne ou dans l’arrondissement 5 de la reine des Cantons-de-l’Est.
Et surtout parce qu’ils m’ont fait réaliser que la poutine du Louis, ne se retrouve qu’à Sherbrooke…

13 novembre 2006

Une motion spéciale à l’ordre du jour

J’ai présenté une motion spéciale aux copines le week-end dernier parce que mes oreilles étaient saturées d’entendre des trucs moches. Une proposition qui se lisait comme suit :
« Que l’on biffe du calendrier, et ce pour toutes les années à venir, tous les mois de novembre. »
Vous ne serez pas surpris d’apprendre que la motion a été appuyée rapidement et adoptée à l’unanimité par mes amies sans la moindre hésitation.
C’est vrai que c’est moche novembre. C’est gris, c’est morne, y pleut, y fait noir de bonne heure, c’est humide. Le 11e mois du calendrier n’a rien pour se faire aimer.
Et lorsque l’on rajoute tous les drames que mes amies vivent ces derniers temps, on en convient que ces quatre semaines à passer sur cette page de calendrier peuvent devenir un véritable calvaire.
C’est une vraie calomnie. Tout le monde se sépare autour de moi. Tout le monde est malade. Tout le monde est à bout. Et pas de petites histoires sans conséquences. On ne parle pas de rhume ou de petite déprime passagère.
Vraiment pas.
Tenez par exemple. La copine Éli qui s’est mariée l’hiver dernier avec un mec des vieux pays. Quelques semaines plus tard, un petit colimaçon s’est niché dans son bedon. Quelle belle histoire non? Vous savez le genre de truc que l’on lit dans les romans en se disant « ça ne m’arrivera jamais ». Et bien, ça lui est arrivé à elle. Elle vivait un véritable conte de fée jusqu’à ce qu’on apprenne que le monsieur en question a le mal du pays et qu’il repart avec son petit bonheur de l’autre bord de l’Atlantique. « Merci pour tout, ça été bien agréable. On peut rester amis si tu veux. »
Triste.
Et il y a le papa de Stéphanie qui est hospitalisé depuis samedi, la maman de Mélanie qui voit un cancer lui faire de l’œil, la petite-fille de Catherine qui se fera opérer à la tête, la sœur de Louise qui s’est fait plaquer par son mari 26 ans après lui avoir dit oui et l’oncle de Marie qui est décédé des suites d’un cancer fulgurant.
Et sans c’est sans compter la gastro qui fait des ravages partout, le flop de la famille Dion, l’exclusion de Frédérique à Occupation Double, et quoi d’autres?
On dirait que lorsque novembre se pointe dans le paysage, il apporte avec lui un lot de mauvaises nouvelles qu’il lance un peu partout. Est-ce possible qu’autant de mauvaises nouvelles arrivent en juillet? Non. Juillet, c’est un mois joyeux. Tout le monde est de bonne humeur en juillet. Personne n’est malade en juillet. Les coups durs sont tellement moins graves en juillet.
Je vote pour un calendrier avec douze juillet. De cette façon, nous serons certains que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Que le soleil brillera tout le temps.
Oui ma motion a été adoptée à l’unanimité. Sauf Annick qui a voté contre cette proposition que nous croyions géniale.
« J'ai besoin de novembre pour vieillir. C'est le cycle de la vie; novembre représente une étape de changement, de préparation à autre chose. Comme la température est moche, tout ce qui entoure nous affecte d'autant plus... puis quand c'est un enchaînements de malheurs et de mauvaises nouvelles, c'est encore plus difficile », nous disait-elle.
Elle a raison la copine. Le manque de soleil, le changement d’heure, la température maussade ne sont rien pour nous aider à aimer ce mois. Mais ça prend des moments plus difficiles pour nous faire apprécier les instants plus heureux à leur juste valeur.
Mais on pourrait peut-être s’entendre pour un mois de novembre de deux semaines?

06 novembre 2006

Dragues dures

La drague comme la dope ça rend dingue.
Et les gens qui ont touché les deux affirment que dès qu’on y a goûté, on ne peut plus s’en passer.
Peut-être.
Mais moi, je me suis désintoxiquée. Je pense.
Pas de la drogue, mais de la drague. Et heureusement, sans méthadone ou internement en cure fermée.
Et c’est ici un concept qui échappe totalement à trop de gens. « Comment une femme de 30 ans peut-elle être bien seule? » Il y a forcément un problème, quelque chose qui cloche.
Des préjugés, des remarques plates, des interrogations, des faces embêtées, il n’y a rien qui m’a échappé depuis les trois dernières années.
« Forcément, tu dois être trop difficile. » « Une belle fille comme toi ne peut pas être célibataire; il y a sûrement quelqu’un qui t’attend quelque part. »
Alors voilà, les missionnaires des pauvres célibataires de ce monde partent en mission « Matchons Geneviève ».
On me propose des blind dates. On me parle d’un tel qui est « donc formidable et parfait pour moi ». On me pousse à sortir dans des soirées de célibataires, à m’inscrire à Réseau Contact, à appeler dans une agence de rencontres, à fréquenter les speed dating et quoi encore?
Qu’arrive-t-il si je refuse? « Oh la la! C’est un cas grave, très grave. Parce que Geneviève, on-ne-sait-jamais. » Et là, ça part : « Moi, j’ai rencontré mon mari dans un blind date et tout de suite ça été le coup de foudre, etc.» Ou l’autre : « Je ne croyais pas vraiment à l’amour sur le Net, mais j’y ai trouvé mon chum et tu vois aujourd’hui, je suis enceinte... »
Mais c’est quoi cette tendance à vouloir accoupler tous les célibataires qui traînent? Pourquoi ça agace tous ceux qui cochent conjoints de fait sur leur rapport d’impôt que moi je marque célibataire? Est-il possible d’être heureuse même si je fais la vaisselle en solo?
C’est drôle quand même. Parmi mes collègues de travail, nous sommes quelques unes qui faisons dodo toutes seules depuis longtemps. Pourtant, aucune d’elles ne prend d’antidépresseurs, elles ont toujours un sourire dans la face et respirent la joie de vivre. Elles me disent ne pas avoir de rendez-vous chez un psy chaque semaine à leur agenda. Et pas le moindre signe d’agressivité envers la partie masculine de la race humaine ne transparaît dans leur discours.
On aurait, pourtant, l’embarras du chois. En effet, on compterait au pays 114 hommes célibataires par tranche de 100 femmes célibataires. Mais on n’en veut pas des messieurs qui n’ont pas d’alliance à l’annuaire gauche. Est-ce si difficile à comprendre, à admettre?
Il semble que je ne sois pas seule dans mon lot. Pour l’heure, on compte une femme sur quatre et un homme sur trois âgés entre 29 et 54 ans qui sont célibataires au Québec. De ce nombre, 70% sont résignés à le rester. Je suis de ces statistiques et je vous le dis, ça va entre mes deux oreilles.
La drague comme la drogue, ça rend dingue. Mais, ça se peut que ce ne soit pas tout le monde qui ait envie de se shooter à la cruise.

30 octobre 2006

Conflit de générations

Reçu la semaine dernière dans ma boîte de courriels parmi une dizaine de messages de parents qui étaient plutôt d’accord avec mon propos questionnant la nécessité de donner des devoirs « familiaux » à des parents de loulous fréquentant la maternelle.
Ça se lisait comme suit :
« On reconnaît bien là les propos d'une mère ou de parents de la génération X qui délèguent tout le temps tout à l'État, aux professeurs, aux garderies leurs responsabilités de parents. Tout ce qui est décrit dans ton texte comme tâches à la maison n'est pas nouveau. Des générations avant toi ont eu les mêmes tâches et plus sans se plaindre. Où l’on s'en va avec cette génération qui veut faire éduquer et instruire ses enfants par les autres et moins travailler? »
Estomaquée je l’étais. Pour ne pas dire ahurie!
Moi, j’étais cataloguée de la génération X?
C’était bien mal me connaître, moi et ma génération. C’était très impoli de nous étiqueter de la sorte moi et mes copines. C’était nous juger très sévèrement moi et tous ceux qui ont leur année de naissance dans les années 70.
Vraiment, je ne le prends pas.
Parce que selon les chercheurs Strauss et Howe, la Génération X serait une jeunesse sans identité, individualiste sans valeurs communes, démobilisé incapables d'actions collectives, candidate rêvée à l'aide sociale ou au chômage. Bref, une génération de paumés qui a tout raté.
Ouf. Beau portrait. Diable où va le monde avec une telle génération de jeunes adultes? Parce que c’est bien connu, notre génération cultive son égocentrisme plutôt que de travailler. Notre devise? Ici et maintenant. Pourquoi attendre alors que nous pouvons tout avoir maintenant?
Le problème de notre génération, c’est que nous n’avons pas de but. Nous n’avons pas connu de grande guerre. Nous n’avons pas de cause à défendre, pas un seul truc qui nous prenne complètement aux trippes.
Vraiment, l’avenir est des plus sombres.
Pourtant, je regarde autour de moi et je ne vois rien de tel. Je vois plutôt Katia qui est debout à 5h45 chaque matin et qui se tape des journées de travail qui jetteraient n’importe quel baby boomer sur le dos.
Je vois Marie-Christine qui conjugue avec trois, quatre et parfois cinq employeurs différents pour arriver à jumeler les deux bouts. Candidate rêvée à l’aide sociale?
Je vois Sandra qui n’a pas dormi depuis cinq ans et qui pense toujours au bien-être de ses quatre marmots avant même de songer à se laver. Égocentrique vous disiez?
Je vois Élise qui tente par tous les moyens de conscientiser les baby-boomers à l’importance de nos actions quotidiennes dans le but de sauver la planète. C’est comme ça que l’on décrit une génération sans valeurs communes?
J’ai mis les pieds dans un McDo à 14 ans. Chaque week-end, j’étais debout à 5h30 pour aller flipper des burgers à 5,30$ l’heure. J’ai mis au monde deux enfants tout en faisant des travaux de session pour décrocher un diplôme universitaire et en travaillant à temps plein dans un centre de photocopies. Paumée moi?
J’ai été impliquée au conseil d’administration de la garderie de Filou. J’ai été du conseil d’établissement de l’école de Maxim. Il y a Karine qui, une fois par semaine, va aider le professeur de sa fille. Moi, je suis d’une génération qui délègue tout le temps tout à l'État, aux professeurs, aux garderies mes responsabilités de parents?
Vraiment, je ne me reconnais pas dans ce portrait. Ça doit être ça avoir un conflit de générations.

Conflit de générations

Reçu la semaine dernière dans ma boîte de courriels parmi une dizaine de messages de parents qui étaient plutôt d’accord avec mon propos questionnant la nécessité de donner des devoirs « familiaux » à des parents de loulous fréquentant la maternelle.
Ça se lisait comme suit :
« On reconnaît bien là les propos d'une mère ou de parents de la génération X qui délèguent tout le temps tout à l'État, aux professeurs, aux garderies leurs responsabilités de parents. Tout ce qui est décrit dans ton texte comme tâches à la maison n'est pas nouveau. Des générations avant toi ont eu les mêmes tâches et plus sans se plaindre. Où l’on s'en va avec cette génération qui veut faire éduquer et instruire ses enfants par les autres et moins travailler? »
Estomaquée je l’étais. Pour ne pas dire ahurie!
Moi, j’étais cataloguée de la génération X?
C’était bien mal me connaître, moi et ma génération. C’était très impoli de nous étiqueter de la sorte moi et mes copines. C’était nous juger très sévèrement moi et tous ceux qui ont leur année de naissance dans les années 70.
Vraiment, je ne le prends pas.
Parce que selon les chercheurs Strauss et Howe, la Génération X serait une jeunesse sans identité, individualiste sans valeurs communes, démobilisé incapables d'actions collectives, candidate rêvée à l'aide sociale ou au chômage. Bref, une génération de paumés qui a tout raté.
Ouf. Beau portrait. Diable où va le monde avec une telle génération de jeunes adultes? Parce que c’est bien connu, notre génération cultive son égocentrisme plutôt que de travailler. Notre devise? Ici et maintenant. Pourquoi attendre alors que nous pouvons tout avoir maintenant?
Le problème de notre génération, c’est que nous n’avons pas de but. Nous n’avons pas connu de grande guerre. Nous n’avons pas de cause à défendre, pas un seul truc qui nous prenne complètement aux trippes.
Vraiment, l’avenir est des plus sombres.
Pourtant, je regarde autour de moi et je ne vois rien de tel. Je vois plutôt Katia qui est debout à 5h45 chaque matin et qui se tape des journées de travail qui jetteraient n’importe quel baby boomer sur le dos.
Je vois Marie-Christine qui conjugue avec trois, quatre et parfois cinq employeurs différents pour arriver à jumeler les deux bouts. Candidate rêvée à l’aide sociale?
Je vois Sandra qui n’a pas dormi depuis cinq ans et qui pense toujours au bien-être de ses quatre marmots avant même de songer à se laver. Égocentrique vous disiez?
Je vois Élise qui tente par tous les moyens de conscientiser les baby-boomers à l’importance de nos actions quotidiennes dans le but de sauver la planète. C’est comme ça que l’on décrit une génération sans valeurs communes?
J’ai mis les pieds dans un McDo à 14 ans. Chaque week-end, j’étais debout à 5h30 pour aller flipper des burgers à 5,30$ l’heure. J’ai mis au monde deux enfants tout en faisant des travaux de session pour décrocher un diplôme universitaire et en travaillant à temps plein dans un centre de photocopies. Paumée moi?
J’ai été impliquée au conseil d’administration de la garderie de Filou. J’ai été du conseil d’établissement de l’école de Maxim. Il y a Karine qui, une fois par semaine, va aider le professeur de sa fille. Moi, je suis d’une génération qui délègue tout le temps tout à l'État, aux professeurs, aux garderies mes responsabilités de parents?
Vraiment, je ne me reconnais pas dans ce portrait. Ça doit être ça avoir un conflit de générations.

23 octobre 2006

Je m’appelle Geneviève et je suis une mère indigne

Indigne moi?
Suis-je une mère indigne?
Je ne croyais pas être une mère indigne. Mais ça c’était avant.
* * *
Avant, j’allais chercher à la course Filou à la gardo. Je courais pour préparer un pâté chinois pendant que la troisième Guerre mondiale éclatait dans le salon. En tentant de faire signer un traité de paix aux deux parties opposées, je les suppliais d’avaler leur repas sans inonder le tout de ketchup et priant pour que le plancher n’ait pas à boire du lait ce soir-là.
Ensuite, je débarrassais la table en jetant un coup d’œil sur les devoirs de la plus vieille. Puis, je faisais couler le bain de la plus jeune tout en partant une brassée de foncé. D’une main, je passais le balai dans le salon et de l’autre, je payais mes factures par Accès D téléphonique. La routine quoi. Un genre de soirée très ordinaire, comme vous vivez tous dans vos maisonnées.
Une fois tout ce beau monde lavé, mis en pyjama, avec les cheveux séchés, les dents lavés, les joues bécottées, les petites filles étaient bordées et on avait tout plein de temps pour se coller et jacasser. Puis, maman était (enfin) en congé. Merci bonsoir. À 20h, j’avais la paix. C’était facile et réglé au quart de tour.
Mais ça, c’était avant.
Avant que Filou fasse son entrée dans la grande école. Celle où elle doit se rendre après avoir fait 40 minutes d’autobus chaque matin. Celle où elle apprend que la petite queue des pommes, ça s’appelle des pellicules. Celle où Chloé doit tenir la porte de la toilette parce que ma puce « n’est-pas-capable-de-débarrer-la-serrure-toute-seule ».
Ça c’était avant que Filou apprenne à prendre le rang en silence dans la cour de récré. Avant qu’elle intègre à son vocabulaire les mots : pochette facteur, éducation physique et portfolio. Avant qu’elle doive mettre un madame ou un monsieur devant les prénoms des adultes.
Ça se passait avant que ma puce se promène avec un sac à dos de dix livres sur ses minuscules épaules. Avant qu’elle doive se lever aux aurores pour ne pas rater le bus qui passe à 7h au coin de la rue. Avant qu’elle apprenne que ses copines ne mangent pas la même chose qu’elle au dîner. Et surtout avant qu’elle ait le mot « devoir » d’inscrit à son agenda.
Avant c’était la belle vie. Maintenant, plus rien n’est pareil.
Parce que maintenant, nous avons des « devoirs familiaux » à intégrer à l’horaire familial. Exit le temps où les enfants de maternelle avait comme principal souci de savoir compter le plus loin possible pour épater la galerie. Elle est passée l’époque où on apprenait à découper en ligne droite et que dans le ciel, il n’y avait pas deux soleils. Elle n’existe plus l’ère où on revenait de l’école sans sac à dos. Il est fini le temps où l’on passait nos soirées à écouter Passe-Partout et les 100 tours de Centour en attendant d’aller au lit.
Non, parce que maintenant les brillants fonctionnaires du ministère de l’Éducation ont pensé faire une réforme scolaire pour occuper les parents le soir venu. Maintenant, on passe nos soirées à bricoler des « boîtes aux trésors », à écrire dans le journal intime de Fenouil (la mascotte de la classe) et à fabriquer des albums photos familiaux. Et j’avoue : JE DÉTESTE!
* * *
Je suis donc une mère indigne. Une vraie. Une mère qui ne veut pas passer 48 heures à concevoir la plus belle boîte aux trésors que la terre ait porté. Une mère qui se fout un peu de ce que Fenouil a fait dans la journée. Et une mère qui n’a pas le temps de chercher des photos à mettre dans ce foutu album familial.
Désolé Loulou, mais tu as une mère indigne. Une maman qui croit qu’à cinq ans, on a assez à apprendre sans que l’on doive en rajouter après 80 minutes d’autobus, deux heures de service de garde et une journée complète passée à la maternelle.

17 octobre 2006

Une relation amour-haine

Vous devez être comme moi. En tout cas, nous sommes 1 428 000 femmes sur son cas chaque mois.
Pourtant, je jure à chaque page de calendrier qu’on ne m’y reprendra plus. La culpabilité, je laisse ça à d’autres. Vous savez, l’impression que vous n’êtes pas à la hauteur? Que vous pourriez en faire tellement plus?
Mais mauzus à chaque fois que je vais à l’épicerie c’est plus fort que moi. Sa superbe page couverture m’attire comme Winnie l’ourson face à un pot de miel.
La dernière fois, c’était les côtelettes de veau, sauce puttanesca qui m’a fait sortir encore 4,50$ de mon porte-feuille.
Le coupable? Le magazine Coup de pouce.
Parce que lorsque l’on lit ces pages, on se rend compte que vraiment, on a beaucoup à faire pour arriver à la superwoman qui est présentée dans ce magazine article après article.
Voyez, ce mois-ci, la superwoman doit acheter des sacoches équitables. « … Parce que confectionnées dans des usines du Viêt-Nam ou les ouvrières sont rémunérées convenablement. Pour encourager à la fois la création d’ici et le commerce d’ailleurs (…) on court s’en procurer un! »
On apprend également à aider un proche sans laisser sa peau. D’ailleurs, « mère courage » nous livre son vécu sur la chose. « De plus en plus de gens dévoués (…) prennent soin d’un proche en perte d’autonomie. Un geste d’amour d’une grande générosité. »
Le comble? « Les secrets d’un teint parfait ». Grâce à Coup de pouce, j’ai appris que si je ne dissimulais pas mes imperfections avec subtilité. Qu’avec des techniques de pro et des produits ciblés (un fond de teint à 46$ genre…), je pouvais afficher une mine resplendissante à l’année.
Aussi, on nous suggère fortement de « délaisser la laitue iceberg dont la valeur nutritive est faible » et de « remplacer la mayo dans les sandwichs par de l’avocat en purée » sans compter que l’on devrait plutôt choisir « le fromage cottage, riche en protéines et pauvre en matière grasse. »
Aussi la superwoman Coup de pouce prend le temps d’aller cueillir ses courges d’automne dans un verger avec toute sa marmaille pour ensuite en faire un potage tout juste avant de mettre au four le pain aux canneberges qui « ajoutera un zeste de piquant à notre automne! »
Entre deux fournées, cette personne extraordinaire en profite pour décorer sa maison pour l’Halloween et pas question d’acheter tout fait. Que non! Parce que « avec des accessoires simples et une bonne dose d’imagination, on transforme la maison en un royaume effrayant qui ravira les enfants. »
Alors là, je déprime. Parce que moi je n’aime pas ça de la bette à cardes qui contient tellement plus de vitamine que la iceberg. J’adore mettre un pouce de mayo dans mes clubs sandwich et je ne trouve pas très excitant de manger une lasagne gratinée au cottage.
Pis parce qu’il y a plus de 200 enfants qui passent l’Halloween ici, pas question de fabriquer moi-même leurs sacs à surprise. Sans oublier que par chez-moi les journées n’ont que 24 heures et que les week-ends ne comptent que deux jours, je ne vais pas cueillir mes courges dans un champ, que j’achète plutôt du pain aux canneberges tout fait et que je n’ai jamais fait de pâte à tarte. Aussi, faut savoir que je n’ai pas les 100$ que nécessite l’achat d’un sac à main équitable.
Serais-je donc une nulle? Une bonne à rien? Un cas désespéré? Une mère de famille totalement désorganisée? Dites-moi que non. Dites-moi que parmi vous il y en a d’autres qui font autre chose que de se faire des « gommages toniques » pour se requinquer.
En attendant, c’était la dernière fois que j’achetais ce magazine déprimant. Malgré que le mois prochain on nous promet tout plein de recettes de hors d’œuvre faciles pour Noël. J’ai déjà hâte au 3 novembre.

09 octobre 2006

Susceptibles les Français?

Respire Gen... Respire.
Je tente de me calmer, mais la pression est forte.
Je cherche à me raisonner, mais je n'y arrive pas.
Respire Gen... Respire.
Ma peau est couverte de plaques rouges, signe que j'angoisse.
Mon coeur palpite. Je tachycarde. J'ai le pouls qui bat plus vite qu’une danse turque.
J’ai peur lorsque je me promène seule. Je vérifie mes freins avant de partir en voiture.
Respire Gen... Respire.
Je me questionne, je m’inquiète, je m’alarme.
Je lis et relis mes écrits. Je cherche et recherche la faille. Je ne trouve pas.
Suis-je tarte à ce point?
Respire Gen... Respire.
J’ai semé la panique au retour de mes vacances en août dernier. Je ne croyais pas récolter autant de mauvaises herbes croyez-moi. Depuis mon retour des vieux pays, chaque chronique écrite m’a valu une pluie de commentaires et pas tous très gentils.
Cette chronique que j’ai appelée « Français les Français? » a fait rager. Comme jamais. Même mes propos incendiaires sur le célibat ne m’ont pas voulu autant de frustration de la part des lecteurs.
Pourtant, après analyse des 608 mots que j’ai écrits sur le sujet, je n’ai rien trouvé qui vaille les courriels que j’ai reçus. Pas une semaine ne passe sans que je sois la cible d’attaque de gens choqués. Des exemples?
« Comment Geneviève, qui s'offusque d'entendre ce genre de langage de la part des autochtones du pays théoriquement garant des fondements de la langue française, peut accepter des looser, show, week-end, dull, muffins, des livres (poids), sweet nothing, look, je feelais, comprenable que (anglicismes déguisés) dans les textes qu'elle rédige? (Je n'ai relevé que ceux des 3 ou 4 dernières rubriques.) » Ou encore celui-ci : « Bravo pour votre article percutant sur l’anglicisme de ces « maudits Français », dont je fais partie! Je suis touchée de voir que nous parlons si mal en France. »
Et j’en passe, car la plupart ne sont pas publiables.
Je n’ai JAMAIS prétendu détenir la vérité linguistique de la langue française. Je n’ai JAMAIS prétendu que les Québécois parlaient mieux que les Français. Je n’ai JAMAIS affirmé que les Français parlaient mal, étaient stupides ou autre truc du genre. Je n’ai JAMAIS dis que nous étions meilleurs que nos cousins. Je n’ai surtout JAMAIS dit que les Français étaient maudits.
Ce n’est pas parce que je rapporte le fait que les Français utilisent AUSSI des anglicismes à outrance que je déplore seulement leur langage. Ce n’est pas parce que j’écris que je suis SURPRISE que l’anglais soit si présent dans leur façon de parler que ça fait de moi une personne qui ne fait JAMAIS d’utilisation de cette langue.
Ce n’est pas parce que je signe une chronique d’humeur chaque semaine que ça fait de moi une personne aux comportements irréprochables. Non, non, je vous dis, la perfection ne vient pas avec notre carte de presse. Alors pas la peine de tous vous inscrire à la faculté de Journalisme.
Donc, pour récapituler, j’aime la France et ses habitants. J’aime leur accent qui chante. Je ne trouve pas que la population de l’Hexagone est maudite. Je ne pense pas que les Québécois sont meilleurs et parlent mieux. J’ai seulement voulu vous divertir, vous amuser avec des expressions que j’ai rapportées de Paris, de Bordeaux et de Seignoss. Rien d’autre.
Je dois y aller. J’ai un rendez-vous chez le garagiste pour une vérification de mes freins.
(Pour ceux qui voudraient lire la chronique « Français les Français? », rendez-vous au http://leblogueagenevieve.blogspot.com/2006_08_06_leblogueagenevieve_archive.html)

02 octobre 2006

Moi pis mes idées de looser

Moi pis mes idées.
De vrais plans de nègres diraient mon père.
Des histoires sans queue ni tête diraient ma mère.
Mais bon. J’ai fais à ma tête et j’ai bien fais, je dis. Et ce, même si ce matin, j’ai des cernes jusqu’en bas du menton, que mes yeux sont vitreux et que mon teint n’en est pas un d’Ivory.
Je l’admets. Il faut être cinglée un brin pour se taper un aller-retour à Québec un dimanche soir pour assister à un concert.
Cependant, faire 600 Km de voiture, en une seule soirée, pour voir les Red Hot Chili Peppers en chair et en os, ce n’est rien. J’en aurais fait 2 000 km pour les entendre de vive voix.
J’aime Red Hot depuis longtemps, pour ne pas dire depuis toujours. Alors que mes copines se pâmaient sur Joe et Jordan des New Kids, moi mon cœur battait pour Anthony et Flea.
Je détiens d’ailleurs un record Guiness lié à mon adoration de ce band. En effet, je suis la personne qui a acheté le même disque le plus souvent sur toute la terre. J’ai payé pour que Blood Sugar Sex Magic joue dans mon walkman au moins à six reprises. Ma première cassette était tellement usée que la bande magnétique s’est cassée tout comme la troisième. La deuxième s’est perdue. Puis on est passé à l’ère des cd. Encore ici, pas plus de veine. Mon premier était tellement grafigné que le lecteur le rejetait sans aucune forme de procès. Le deuxième a été cassé par ma plus vieille. Et voilà la semaine dernière, j’ai mis la main sur ma sixième édition de cette plaquette. Si jamais ce dernier ne résiste pas à l’usure du temps, je crois avoir mérité le droit de télécharger le cd sans me faire crier des bêtises par tous les gardiens des droits musicaux (et financiers) des vedettes de ce monde.
Mais depuis ces 15 dernières années, rien ne m’avait permis d’assister à l’un de leur show. Faut dire que les Red Hot ont longtemps boudé le Québec. Pourquoi? Faudrait leur demander. Toujours est-il que cette fois-ci, je n’avais pas l’intention de filer l’occasion entre mes doigts quitte à me rendre au Colisée seule, comme une grande.
Mais dites-moi, est-ce que c’est looser voir un show seul? Parce que semble que j’en ai étonné plus d’un en évoquant mon rendez-vous en solo avec ce groupe culte de mon adolescence.
Certains ont montré leur indignation, d’autres leur étonnement, bref je n’ai laissé personne indifférent.
Que voulez-vous, il n’étais pas question que je répète l’erreur de 2003 et de passer à côté de ce show. Je voulais les voir et j’ai vu. Et vous savez quoi? Je ne m’en porte pas plus mal. Je passé une excellente journée. Je me suis promenée dans les rues de la capitale à mon rythme. J’ai fais des photos sous la pluie sans que ça tape sur les nerfs de quelqu’un. J’ai eu un bon souper dans un petit resto où j’ai pris le temps de lire sans être obligée de faire la conversation.
Vraiment, je ne regrette rien. Peut-être que oui finalement. Je regrette toutes les fois où je me suis empêchée d’aller voir un bon film, de manger dans ce nouveau resto ou de voir un show parce que je n’avais personne pour m’accompagner.
La prochaine que vous verrez quelqu’un attablé seul au restaurant, qui fait la file au cinoche ou ailleurs, ne soyez pas triste. Non. Soyez heureux, car cette personne se paye du bon temps.

25 septembre 2006

Les bananes, un remède contre l’ennui

J’ai passé un week-end ordinaire. Bien ordinaire.
Le genre de fin de semaine dont on ne garde aucun souvenir. Que l’on n’inscrit pas en mémoire dans son agenda.
Il n’est rien arrivé de grave. Il n’est rien arrivé d’extraordinaire. Juste du plate, de l’ennui.
La température était moche. Elle m’a rappelée les dimanches plates qu’il y avait quand j’étais petite, que les magasins étaient fermés, que mon père écoutait l’interminable Semaine verte et qu’on n’avait rien d’autre à faire que regarder la pluie tomber sur la porte patio.
Un genre de week-end où on a seulement le goût de vacher. Où tout paraît être une énorme montagne. Il y a pourtant l’aspirateur à passer dans les escaliers et les salles de bain à laver. Mais je suis tellement bien assise dans mon divan à regarder (encore) Lance et compte que je repousse les tâches à accomplir au lendemain.
De toute façon, c’est bien connu, la machine à laver travaille bien mieux le dimanche. Le Comet est beaucoup plus puissant le jour du Seigneur. Sans parler du balai qui ramasse copieusement en ce jour de repos.
Maxim aussi s’emmerde. Elle sort son Nintendo et dès que Mario meurt écrasé par une méchante tortue, elle soupire et ferme son jeu. Elle lorgne sa Barbie. Ouvre sa valise et devant l’immensité de la tâche, celle d’habiller ses poupées, Maxim renonce et déclare : «Maman, c’est plate aujourd’hui.»
C’est vrai que c’est dull un brin. Je propose l’idée de la sieste. Idée rejetée en bloc par mes deux marmots. Je vous dis, si on avait des résultats aussi clairs lors de nos référendums, l’idée de la souveraineté serait exclue pour longtemps. M’enfin, ce n’est pas le sujet de mon propos.
Il est à peine 14h. Nous avons encore sept heures à attendre encore avant d’aller nous coucher pour passer au jour suivant. Une éternité quoi.
Filou aussi trouve le temps long. «Maman, c’est quand que je retourne à la maternelle, parce qu’on s’amuse bien plus à l’école?» Ouf, quand c’est rendu que les enfants préfèrent l’école à leur maison, on est dans la schnout.
Avant que les filles usent le nouveau plancher en tournant en rond, je me dis qu’il faut remédier à la situation, trouver une solution pour au moins rendre cette journée moins ennuyante.
La seule chose qui me vient à l’idée c’est de faire des muffins. Je sais, ce n’est peut-être pas la solution du siècle. Mais je me dis qu’au moins c’est pratique. Le problème des collations de la semaine sera réglé.
Les filles embarquent dans le projet avec autant d’enthousiasme qu’un ado de 15 ans qui doit aller à la messe le dimanche. Filou sort la farine (le sac semble peser 800 livres...). Max apporte les œufs. Je m’occupe des bananes.
Nous mettons toutes la main à la pâte. Ma grande s’occupe de mélanger. Filou voit à licher les batteurs. Je mets notre recette au four. En 20 minutes, le miracle s’est produit; notre délice est prêt, nos bedons sont pleins, mais surtout, on a mis fin à notre monotonie.
Max propose une partie d’Uno. Félixe accepte l’idée avec joie. Je me fais battre à plate couture. Ce n’est pas grave. Max est tellement fière de gagner.
L’après-midi a passé comme un éclair. Et toute la maisonnée est de bonne humeur. Avoir su, j’aurais mis le four en marche bien avant.

18 septembre 2006

La vie est étrange

La vie est étrange pareille. La semaine dernière, ma principale préoccupation était la nouvelle couleur que j’allais donner à mes armoires. Tout se qui dépassait de mon petit nombril, sauf mes armoires bien entendu, était tout à fait puérile.
J’ai fouillé le net de fond en comble. J’ai cherché conseil chez des copines. J’ai acheté un lot de magazines de décoration. J’ai demandé l’avis d’expert en la rénovation d’armoires. J’en parlais avec Katia, avec mes parents, mes collègues de travail, mes sœurs. La vie ne tournait qu’autour de cette foutue mélamine qui trône dans ma cuisine.
Je ne trouvais rien. Rien qui coûtait en bas de 1 500$. Rien qui ne prenait pas des mois d’ouvrage. Sweet nothing.
Découragée, je l’étais. Je tente donc une expérience. Je dépense 60$ en teinture, en pinceau et en autres trucs pour falsifier l’apparence hideuse des mes armoires. Malheur à moi. En tentant d’ouvrir ma bouteille de teinture couleur cerise, voilà que la moitié du liquide s’est retrouvée sur mon nouveau plancher de bois franc. Snif.
Alors, en plus de mon problème d’armoires, voilà que j’ai un problème de plancher, super. Pendant que je frottais à quatre pattes mes belles lattes de bois neuves, je me disais que c’était trop injuste, que tout m’arrivait à moi. « Dans l’art de se victimiser, je suis imbattable.)
Parce qu’en plus d’avoir un plancher tout neuf avec une immense tache de teinture, le nouveau look que j’ai voulu donner à mes armoires s’est avéré être un échec retentissant. Malgré que, si j’avais voulu donner un air de chalet des années 60 à ma cuisine, j’aurais réussi haut la main. Un beau 60$ jeté à l’eau. Soupir.
Pendant que je constatais les dégâts, j’aperçois à la télé les images de la tuerie de Dawson. J’ai le bec cloué. Je suis consternée. Moi qui pensais que le drame de la Polytechnique ne pouvait pas se reproduire à nouveau. Je n’y croyais tout simplement pas. Pas encore une fois.
Puis, la copine Caroline qui m’envoie un courriel remplit de photos de son nouveau ti-lou. Un courriel comme on reçoit régulièrement. Rien pour énerver personne. Mais quand on sait qu’il y a presque deux ans jour pour jour, nous étions tous réunis pour enterrer la grande sœur du nouveau-né, on mesure toute l’importance que ces photos ont pour Caroline.
La réflexion s’est poursuivie vendredi soir. J’avais été conviée à un 5 à 7 du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel de l’Estrie. J’avoue que j’y allais de reculons un brin. Je feelais beaucoup plus pour faire la lâche devant la télé. Mais bon, le patron insistait. C’était important disait-il.
J’ai compris pourquoi. Les gens du CALACS m’ont décerné un prix pour avoir écrit une multitude de textes sur la prévention des agressions à caractère sexuel. J’étais mal à l’aise. Je n’ai fais que mon travail. Et voilà que devant une trentaine de personnes qui eux oeuvrent sans relâche à rendre la société beaucoup plus sécuritaire, je reçois un prix.
Je me suis rappelé Pierre-Hugues Boisvenu et ses deux filles. Je me suis rappelé Marcel Bolduc. Je me suis rappelé tellement d’autres choses.
Je me suis surtout rappelé qu’il y a rien là une cuisine avec des armoires au look chalet. Parce que nous sommes en vie.

2 000 visiteurs!

Ouf! Plus de 2 000 personnes sont venus visiter mon blogue. Je suis bouche-bée. Merci beaucoup à vous tous!

12 septembre 2006

Êtes-vous maintenant convaincus?

Ça fait déjà plusieurs semaines que je me cherche un îlot à mettre dans ma cuisine. J’ai exploré le Home Dépôt, le Rona, le Réno Dépôt, le Zellers, le Maxi, le IKEA au grand complet et je n’ai rien trouvé. Trop petit. Trop cher. Pas beau. Trop grand. Bref, rien qui ne me plaisait nulle part.
C’était jeudi dernier. Petit saut chez Canadian Tire dans l’espoir de trouver ce meuble de cuisine qui ferait mon affaire. Après avoir fais les 40 allées de fond en comble, j’ai lorgné vers le commerce voisin. Tout à coup?
Ça fait plus d’un an et demi que je n’ai pas mis les pieds au Wal Mart, soit depuis que la multinationale a fermé sa succursale de Jonquière pour activités syndicales. Mais bon, je suis là alors pourquoi ne pas en profiter pour jeter un coup d’œil dans leur section de meubles?
Voilà. Il était là. Celui que je recherchais. Pareil comme je me l’imaginais. Il était vraiment beau. Et le prix était fort tentant. En moins de deux, la grosse boîte s’est retrouvée à bord de l’Aveo, direction Saint-Élie.
* * *
Le lendemain matin, j’apprends que la CS Brooks est au bord du gouffre. La compagnie demande à ses employés de leur consentir une diminution de 25% de leur salaire sans quoi elle ne sait pas ce qu’il adviendra de l’usine.
J’ai reçu un chèque de pays de cette entreprise à la fin des années 90. Pendant trois ans, j’ai fabriqué des milliers de douillette pendant mes études universitaires. Probablement que celle qui orne votre lit est passée entre mes mains d’ailleurs.
Toujours est-il que ce jour-là, j’ai eu une pensée pour ceux que j’ai côtoyés pendant toutes ces années. J’ai fais la rencontre de gens tous plus spéciaux les uns que les autres. Des personnes qui ont marqué ma vie. Qui ont fait en sorte que je ne porte plus de préjugés sur les travailleurs d’usine.
J’ai pensé à Paul qui avait une peur bleue du dentiste, mais qui prenait tellement à cœur son rôle au sein de la brigade des pompiers volontaires. Chaque été, on le voyait débarquer à la « shop » avec ses douzaines de tomates et de concombres qu’il distribuait à tout le monde avec joie.
J’ai revu Marie-Josée qui avait réalisé le rêve de sa vie en achetant une Beetle de collection rose nanane. Elle et son amie Christine, la tatoueuse passionnée, nous passions toutes nos pauses illégales ensemble dans les salles de bain à nous raconter nos vies encore et encore.
Il y avait Josée, avec qui j’ai plié des centaines et des centaines de jupes de lit, qui me racontait ses déboires amoureux. Malgré tout, son amour de ses quatre marmots m’a beaucoup plus marqué que ses échecs.
C’était sans oublié Isabelle, qui est devenue ma grande amie. François avec qui j’ai partagé de nombreuses fois la route Magog-Saint-Élie. J’ai pensé aussi à Sylvie, Josiane, Pierre, Colette, Françoise, Hubert, l’autre François, Michel, Anette et aux autres dont le nom m’échappe.
Je me suis demandée combien d’entre eux ont fait la file au bureau d’assurance-chômage dans les dernières années parce qu’ils avaient été « slaqués ». Et surtout, combien pouvait faire encore leur bonus chaque jour. Nous étions près de 1 000 employés à l’époque. Ils sont à peine 80 maintenant. Et ils sont tous en arrêt de travail cette semaine.
Et encore on leur demande de couper leur salaire de 25% parce que Wal-Mart aurait réclamé à Springs Canada de réduire de 10% le prix des articles de literie qu'il lui vend et qui proviennent de la Brooks.
Pendant que nous autres, bande de caves, on va encore magasiner chez Wal Marde. Parce que l’on économise 52¢ sur le Tide et le papier de toilette. Par notre égoïsme, on fout du monde à la porte de leur boulot chaque jour. Par notre égocentrisme, on réduit des milliers de personnes à des conditions d’emploi exécrables. Bravo!
Du coup, je l’ai trouvé pas mal moins beau mon meuble avec toutes ces marques de gens qui ont vu leur destin chamboulé par les pratiques déloyales de la multinationale américaine.

04 septembre 2006

Un plan simple pour Audrey

Quand je travaillais au McDo, je pouvais manger des Big Mac à 50% de rabais. Quand j’étais caissière chez Tristan, je pouvais acheter des fringues à la moitié du prix étiqueté. Quand je bossais au CHUS, il m’était possible de connaître l’opinion des spécialistes sur mes bobos du moment.
Chaque travail amène son lot d’avantages autres que financiers. Des privilèges qui amènent un petit plus à notre boulot. Mais que m’apporte mon travail de journaliste? Des places à des spectacles qui font mourir d’envie bien du monde.
Encore, jeudi dernier au show de Simple plan, j’étais aux premières loges. Vraiment aux premières loges. Vous savez l’espace entre la scène et la barrière de sécurité? Bien, c’est là où j’ai assisté au spectacle de ce band montréalais. Et j’avoue que bien des adolescentes auraient fait bien des choses pour se retrouver à mes côtés. À quelques mètres de leurs idoles.
C’est à ce moment que j’ai vu ma cousine Audrey. Une ado comme des milliers d’autres qui capotent sur Pierre Bouvier, David Desrosiers et les autres. Coiffée d’une casquette à l’effigie du groupe et vêtue d’un t-shirt de leur précédente tournée, Audrey était véritablement prête à entendre les Simple Plan.
Je me suis revue à son âge, du haut de mes 12 ans, quand mon t-shirt de The Cure n’allait pas souvent faire un tour dans la machine à laver tellement je le portais tout le temps. J’ai repensé à toutes ces heures pendues devant Musique Plus à attendre que la vidéo de In between days passe. Ça m’a rappelé les coiffures de Robert Smith que Catherine et moi tentions d’imiter. Et je ne vous parle pas de la jalousie que j’éprouvais face à Éric qui avait eu le droit, lui, d’assister à leur concert au Forum.
Chaque mois, j’attendais avec impatience la sortie du magazine Wow! en espérant y voir un reportage sur mon groupe à moi. Dès que j’avais la chance, je me pointais au Le Rock où je bavais de désir devant les dizaines de posters qui ornaient les murs de ce magasin du centre-ville. Je ne sais plus combien de milliers de piles j’ai usé dans mon walkman à écouter en boucle Kyoto song.
Et j’ai trouvé que la cousine était tout de même chanceuse de pouvoir assister, ici à Sherbrooke, à une prestation « live » de son groupe fétiche. J’aurais donné beaucoup pour avoir pareille chance à son âge.
Mais elle avait beau être dans l’édifice CÉRAS, reste qu’avec les 4 000 personnes présentes, ce n’était pas simple de se frayer un chemin pour avoir une vue correcte de la scène. C’est là, quand je la voyais s’étirer sur la pointe des pieds pour espérer voir plus que les oreilles du gars en avant d’elle, que j’ai allumé. Vraiment, je n’ai pas été vite sur ce coup-là!
Il aura fallu une bonne demi-heure avant d’avoir ce déclic qui rendrait ma cousine si heureuse. Je suis donc allée la chercher au milieu de la foule pour l’amener avec moi aux premières loges.
C’est un peu abasourdie qu’elle a dansé sur les Jump, Untitled et Crazy à quelques mètres de ceux qui tapissent les murs de sa chambre. Et j’avoue que voir les yeux pétillants d’Audrey regardant Simple Plan valait bien plus que les chansons du quintette...
À chacun ses avantages disions-nous.

29 août 2006

Des pommes et des souvenirs

C’est vrai que ça avait l’air étrange. Un grand pommier dans une minuscule Aveo, c’est pas simple.
Mais c’était un grand jour et je tenais à ce que ça soit souligné à sa juste mesure.
Faut dire que je m’étais creusé les méninges pendant de nombreuses semaines à savoir comment rendre cette journée mémorable. Heureusement, je crois avoir réussi.
Ça fait près de cinq ans maintenant que deux fois par jour, je me pointe dans cette cour, que je revois les mêmes personnes, les mêmes sourires.
Cinq ans maintenant que mes loulous passaient leurs journées avec elles à jouer à la poupée ou à bricoler.
Il fallait souligner l’événement. Parce que notre union n’irait pas plus loin que la célébration des noces de bois. J’aurais aimé que ça dure encore, mais comme tout bonne chose a une fin, il était temps de passer au dossier suivant. Aujourd’hui marquait la dernière page de notre calendrier. C’était la fin, parce que ma Filou entrera dans une nouvelle cour lundi matin, celle de la maternelle.
Il y avait Monique, Lyne, Isabelle, Julie, Josée, Catherine, Karine, Christine, Chantal, Julienne, Marie-Pierre, Manon, Carole, Nicole, et tellement d’autres. Des éducatrices au cœur grand comme ça. Des donneuses de câlins géniales. Des passionnées de la vie et de l’enfance qui se démènent pour que nos puces se sentent un peu comme à la maison dans ce Centre de la petite enfance.
Comprenable que ma Filou était un peu tristounette ce matin. Et Maxim aussi. Même si ma grande est à l’école depuis trois ans maintenant, chaque soir, lorsque je vais récupérer ma petite, c’est avec joie qu’elle venait avec moi pour revoir les éducatrices qui avaient veillé sur elle plus jeune.
Maintenant, les occasions de se revoir seront plus rares. Et nous avons le cœur gros.
En repensant à toutes ces années passées dans cette garderie, je cherchais un cadeau à offrir pour remercier toutes ces belles personnes. Pour leur dire comment j’ai été enchantée de croiser leur chemin chaque matin et chaque soir.
Pendant des semaines, j’ai fouillé, exploré, fouiné. Puis, l’idée s’est pointée toute seule alors que je relaxais sur ma galerie et que mes yeux se sont pointés sur le pommier de ma cour arrière. Voilà, j’avais le cadeau par excellence.
Nous sommes donc parties toutes les trois au centre de jardin. Nous avons choisi le pommier le plus beau et celui qui avait le plus de pommes. Nous avons mis une énorme boucle rouge. Et nous avons été remettre notre cadeau à la garderie.
Désormais, dans la cour extérieure de ce CPE trône un pommier offert par une famille qui aurait voulu dire tant à toutes ces personnes ou pour dire tout simplement merci pour tout.
Et mes cocottes, chaque fois qu’elles passeront devant la garderie, pourront se rappeler de tous ces merveilleux moments passés en ces murs.
Bonne route à vous toutes!

21 août 2006

Bérangère tête en l'air...

Bérangère tête en l’air, c’est le titre d’un livre de la collection des Petits monstres et Petites crapules. Une série de bouquins pour enfants qui mettent en scène des petits monstres aux traits de caractère exagérés. Bérangère est donc une petite fille qui oublie toujours tout partout.
Mais Bérangère tête en l’air, c’est aussi le surnom de ma grande. Parce que ma Maxim oublie toujours tout partout elle aussi. L’enfer je vous dis. Chaque hiver, elle égare au moins quatre paires de mitaines. Les magasins de fournitures scolaires sont heureux de m’avoir comme cliente, car à la quantité de trucs qu’elle peut perdre dans une année scolaire, vous comprendrez que je fais sonner leur caisse plus souvent qu’autrement.
Pas une semaine ne passe sans que Max ne m’avoue, l’air penaud : «Maman, j’ai oublié ma boîte à lunch dans l’autobus...». Sans une ni deux, au lieu de la gronder, je lui sers un «Bérangère tête en l’air!» Et elle ne sait que trop bien ce que cela signifie.
Mais comment lui en vouloir? Comment lui tenir rigueur de ses oublis? Alors que c’est tout simplement génétique. Elle a hérité de ce trait de caractère de sa mère, malheureusement. Pas de danger qu’elle ait hérité de mon grand sens de l’orientation par exemple.
Parce que s’il y a quelqu’un de perdue ici, c’est moi. My god que je ne l’ai pas!
Ça m’a sauté aux yeux samedi dernier, à l’épluchette de blé d’Inde chez Nathalie. Quand l’heure du départ a sonné, je me suis rendu compte que je n’avais plus mon cellulaire. Merde! Vous auriez dû nous voir, toute la gang à chercher ce foutu cellulaire à 22h le soir dans un endroit non éclairé. Le plus drôle? C’est que mon téléphone à poche n’avait même jamais quitté ma demeure. Étourdie je disais?
Et quant à mettre ses imperfections sur la table aussi bien vous raconter la fois où j’ai eu le plus peur de mes égarement. Mes fonctions au journal étaient terminées. Mes bagages étaient bouclés. J’avais mes Euros. Mon itinéraire était prêt. Dans moins de 12 heures, je traverserais l’Atlantique, si seulement je parvenais à trouver mon foutu passeport! Oui, oui, vous avez bien lu. Mon petit livret bleu qui me donnera le droit de franchir les douanes françaises est introuvable.
Je cherche et recherche. Je vire la maison à l’envers. Et pas moyen de mettre la main dessus. Alors, résignée, je commence les démarches pour mettre mon billet d’avion en vente sur E-Bay, histoire de ne pas tout perdre. C’est à ce moment que ma sœur a été frappée par un éclair de génie et qu’elle s’est souvenue l’avoir rangé pendant les rénos. Ouf.
Pendant mon séjour outre-mer, je n’ai pas été épargnée par mes inattentions. Parlez-en à Élise, ma partenaire de voyage. Combien de fois ai-je oublié ma carte de crédit un peu partout? Combien de fois ai-je perdu ma carte de bus? L’enfer!
Rien n’échappe à ma distraction. J’ai perdu la carte mémoire de mon appareil photo je ne sais plus combien de fois. Avec tous les vêtements que j’ai perdus, je pourrai habiller une famille au complet. Je ne compte plus les fois où j’ai fait refaire mon permis de conduire ou ma carte d’assurance-maladie parce qu’ils ne se retrouvaient plus dans mon portefeuille... M’enfin, vous saisissez le topo.
Alors Max, tu n’es pas seule dans ton bateau. Nous formons une belle paire de Bérangère tête en l’air!

14 août 2006

Mon cinq étoiles à moi

J’ai vu la Tour Eiffel et le Louvres et l’Arc de Triomphe et le cimetière du Père Lachaise et Montmartre et Notre-Dame de Paris et les Galeries Lafayette et quoi encore?
On vous a raconté souvent je sais. Mais, ne tournez pas la page trop vite. Je ne vous vanterai pas les splendeurs de la France encore une fois. Pis on s’entend qu’à 78 millions de touristes annuellement, ce pays est loin d’avoir besoin de ma pub pour lui envoyer de nouveaux visiteurs!
Parce que après tout, que j’ai visité la France, l’Angleterre, le Costa Rica ou le Bangladesh (pourquoi pas le Bangladesh?), reste que de voir autre chose que notre carré de gazon, on aime ça. Ailleurs, c’est toujours plus beau c’est bien connu. J’imagine que c’est pour cette raison que quelqu’un a inventé, un jour, l’expression « Le gazon est toujours plus vert chez le voisin ».
Oui c’est beau la France. Ça finit plus d’être beau. Tu regardes à droite, c’est magnifique. Tu regardes à gauche, c’est splendide. Tu regardes en avant, tu as le souffle coupé. Tout est impressionnant : leurs monuments, leurs rues, leurs parcs, leur bouffe, même leurs poubelles sont belles!
Mais ce que j’ai ramené de mon voyage dans les vieux pays, ce sont beaucoup plus que d’extraordinaires images de monuments historiques et des millions de pixels sur mon appareil photo.
En peu de temps, j’ai rencontré des gens fascinants, mais surtout fascinés par la culture québécoise. Seulement un saut à l’épicerie, et voilà que j’ai raconté mon histoire quatre fois. « Ah! Mais vous avez un accent québécois! Mon mari et moi rêvons de partir vivre là-bas. Toute cette forêt, ça semble magnifique! Et vous avez l’été indien! »
J’ai lié aussi des liens étroits avec le boucher du coin. Faut dire que j’étais drôlement embêtée devant leur étalage de viande. Pas évident de trouver un rôti de palette là-bas entre l’araignée, la bavette et la macreuse. Moi qui cherchais un morceau de viande avec un os, je suis restée plantée longtemps devant son comptoir.
« Non non. Il n’y a plus de viande de bœuf avec os en France. Avec toutes ces histoires de vaches folles, nous n’avons plus le droit d’en vendre », m’a-t-il expliqué le cœur dans l’eau. Depuis cet épisode osseux, c’est avec un sourire qu’il voyait débarquer la petite Québécoise chaque jour avec ses 8 000 questions sur les différentes coupes de viandes françaises.
Et que dire de la boulangère du coin qui répondait inlassablement à mes interrogations devant les regards amusés des autres clients qui attendaient patiemment leur baguette soir après soir.
Bien sûr, mon voyage n’aurait pas été ce qu’il a été sans l’accueil merveilleux de Karine et Laurent. Même s’ils comparaient leur appartement à une auberge espagnole, je sais que la tribu Estrany au grand complet était bien contente de nous voir débarquer. On a bien mangé, on a bien bu, on a bien dormi, on a bien ri.
J’ai beaucoup plus appris sur les Français en échangeant avec eux qu’en grimpant en haut de la Tour Eiffel. J’ai beaucoup plus compris l’esprit parisien qu’en la lisant dans un guide touristique. Et les réponses à mes multiples questions étaient plus complètes qu’en qu’en interrogeant les préposés dans les musées. Parce que vivre au même rythme que les habitants du pays que l’on visite vaut tous les cinq étoiles de la terre.

07 août 2006

Français les Français?

Après deux semaines passées en terre française, vous n’alliez pas imaginer que je ne chroniquerai pas sur mes vacances quand même. Même si nos cultures se ressemblent, reste que j’ai eu un véritable choc culturel en mettant le gros orteil dans l’Hexagone.
En effet, moi qui pensais voyager dans un pays français, j’avoue avoir été étonnée. L’omniprésence de l’anglais dans les conversations et l’affichage étonne dans le pays de Baudelaire et de Molière. Parce qu’en France, au va au Macdrive (service-au-volant) savourer un MacChicken (Macpoulet) chez Macdo ou encore des Hot Wings (ailes de poulet) chez Kentucky Fried Chicken (Poulet frit Kentucky).
Au petit-déj, les enfants mangent des cookies (biscuits) alors que les grands avalent un grand verre de ice tea (thé glacé) en formule ligth (allégée). Quand on va au market (marché), on prend un caddy (panier) et on laisse nos vêtements au pressing (nettoyeur).
Pour se divertir, on regarde les Desperates Housewifes, (Beautés désespérées) les Cold cases (Affaires classées) ou encore Law and Order (La loi et l’ordre) à la télévision. Et sans oublier la Star Academy ou Loft Story qui font des ravages dans les ratings (cotes d’écoute), car diffusée en prime time (heure de grande écoute).
Reste que c’est quand même drôle de voir un Québécois, Anthony Kavanagh, animer le Dancing show à la télé, lui qui avait assuré l’animation des NJR Music Award les trois dernières années. Il y a aussi Serge Dupire qui a un rôle principal dans le soap « Plus belle la vie ».
En ce moment, nos cousins sont fascinés par Laure Manaudou qui cumule les poles positions (premières places) au Championnat européen de natation.
Août, c’est le mois des vacances, alors les Parisiens vont chez Rent-a-car pour se louer une voiture équipée d’air bag (coussins gonflables) afin d’aller se faire cramer dans le sud en espérant ne pas se faire arrêter dans un check point (barrage routier). Pendant leur trip (voyage), ils écouteront le dernier boys band à la mode à la radio et peut-être auront-ils la chance d’assister à un de leur show pendant leur tour (tournée) et leur offrir un standing ovation (ovation debout).
Les riches épouses des magnats du pétrole des Émirats Arabe Unis viennent dépenser leur cash en shopping dans la capitale française parce que même voilées, elles se doivent d’être fashion. Elles signeront donc leur ticket (relevé de transaction) de cartes de crédit en espérant que leurs boyfriends ne pètent pas les plombs. Fatiguées, elles prennent un break (pause) dans un square (parc) tout en lisant des pipoles magazines (magazines à potins).
D’autres touristes s’offrent des Paris by night en scooter, engin qu’ils rangeront dans le parking le soleil couché ou s’offrent une visite guidée à bord de l’Open Tour.
J’ai rencontré Amélie qui vient d’être acceptée à l’Université de Paris pour compléter un master (maîtrise) en histoire de l’art. Il y a eu aussi Carine et Julian qui sont des maniaques de surf l’été et de snow (planche à neige) l’hiver. Quant à Laurent, il rêve de s’établir au Québec pour y faire du business, mais ça ne sera pas prochainement, car il est surbooké.
Tout comme ma cousine Karine, qui demeure près de Paris, les Français ont une addiction face à la technologie. Ils ont tous un portable et s’envoient des SMS (Shorts messages system ou messages textes) sans cesse. Et bien sûr, ils sont branchés sur le Wifi (accès internet sans fil) ou ils envoient des mails (courriels) et tchat (jasent) avec les potes.
Alors, imaginez mon étonnement lorsqu’un habitant de Bordeau, incapable de déchiffrer mon accent m’a demandé « Do you speak english? »

10 juillet 2006

Nous étions quatre

Nous étions quatre qui ne voulions pas se battre. Au contraire. Même si Lalie, Katia, Alex et moi étions toutes armées, c’est plutôt les murs et le plafond de ma maison qui en ont mangé toute une. Même Maxim et Félixe se sont jointes à notre armée pour affronter l’ennemi : des murs couleurs jaune Rona, bleu nuit, bourgogne, rouge brique, café au lait ou encore vert olive. Il y en avait pour tous les goûts, on avait rien qu’à choisir. Une belle palette de couleurs, souvenir des années 90.
C’était donc corvée de peinture chez moi dimanche. J’avais réquisitionné tout mon monde sous promesse de pizza pour dîner, pause baignade en après-midi, filets mignons au souper et un frigo rempli de bières et de coolers. Vous savez, je n’ai pas eu à tordre le bras de personne. Il faut savoir si prendre et mettre le prix.
En plus de donner une ride au gallon d’apprêt, Anne-Marie s’est improvisée DJ pour la circonstance. Selon elle, nous sommes beaucoup plus efficaces avec de la musique entraînante en arrière-fond.
Ça eut l’air de fonctionner. Vous auriez dû voir Katia qui s’est retrouvé avec le manche télescopique pour redonner vie à mon plafond cathédrale. Elle roulait la peinture au rythme de la sélection musicale de l’autre. En moins d’un tour de cd, les taches suspectes qui s’étaient retrouvé au plafond avaient disparu pour laisser place à une magnifique couleur crème beaucoup plus chaleureuse.
Être une moulure, pour rien au monde, j’aurais voulu être sur le passage de Félixe et de son pinceau. My god! Quel travail a-t-elle faite la petite! Sérieux, elle a à peine cinq ans et son travail accote solidement celui de sa vieille tante de 21 ans... Bon, faut dire qu’elle avait peut-être compris qu’il fallait également peinturer le plancher également, mais ça c’est une autre histoire.
Et non satisfaite d’étendre la peinture seulement sur les plinthes, elle en a profité pour analyser l’effet de cette texture blanche et épaisse sur la totalité de son corps. Très joli... Après 45 minutes de frottage dans le bain, nous avons réussi à effacer la presque totalité de l’œuvre, à son grand désarroi.
Quant à Maxim, elle s’est transformé en cheersleader pour la journée. Son mandat? Nous faire rire, nous encourager et voir à ce que personne ne meure déshydratée. Au passage, elle soulignait quelques trucs. « Maman, pourquoi le mur dégoutte? » Lire, qu’elle avait trouvé une coulisse de peinture.
Pour ma part, j’ai affronté ma peur de l’échelle. Non non, je n’ai pas le vertige. Je ne crains pas les hauteurs. Je redoute plutôt ce que mes pieds peuvent faire dans les marches d’une échelle. Parce que je suis du genre à m’enfarger dans mes orteils et à me retrouver le dos cassé, les genoux fracturés et la tête au travers deux marches de l’engin maléfique.
Alors, imaginez la frousse que je pouvais avoir alors que l’échelle était située dans les marches et que je devais découper entre le mur et le plafond à 15 pieds dans les airs? Cet exercice aura eu comme avantage de vérifier la santé de mon coeur. Parce que même si mon pouls se situait à 246 battements/minute, je n’ai pas fait de crise cardiaque et je ne crois pas que je tachycardais. En tout cas, je n’ai pas eu besoin d’une prescription de Nitro pour stopper le métronome de ma nervosité.
Mais au-delà des huit gallons de peinture que nous avons étendus sur les murs, des multiples courbatures avec lesquelles il faut vivre maintenant, de la chaleur que nous avons supportée, six filles qui peinturent ensemble, ça ne peut qu’être amusant. Et en plus, ça me rend un immense service. On appelle ça faire d’une pierre deux coups!
Merci!
P.S. Êtes-vous disponibles dimanche prochain pour installer le bois franc?

03 juillet 2006

La voix des mamans

Je l’entendais depuis mardi.
Mais je ne l’ai pas écoutée et aujourd’hui je regrette.
Parce que si je l’avais fais, on en serait pas là aujourd’hui.
* * *
Quand ma première est née, elle n’est pas arrivée avec un mode d’emploi dans la craque de plombier. Mais, dès qu’elle a prise sa première respiration en dehors de mon utérus, j’ai entendu une nouvelle voix dans ma tête. Quelque chose en dedans de moi qui me dictait ce qui était bon ou moins bon pour celle qui allait m’empêcher de dormir pour les dix prochains mois.
Quand Maxim s’est retrouvée au fond de la piscine municipale, c’est cette voix qui m’a criée que ma fille n’allait pas bien.
C’est cette voix aussi qui me réveille à trois heures du mat quand ma grande fait bouillir le thermomètre.
C’est aussi elle qui m’a calmée quand les médecins croyaient que mon bébé avait les symptômes d’une fibrose kystique. Ils pouvaient bien s’énerver tant qu’ils voulaient avec leur test à la sueur, je savais que Filou n’avait pas une trace de cette monstrueuse maladie en elle.
C’est elle que l’on entend quand on visite un nouveau service de garde et qui nous dit si c’est la bonne place ou non pour notre poupon.
Mais là, je l’ai boudée ma voix. Je l’ai contredit. Je n’ai pas voulu l’écouter.
Max toussait depuis mardi. Même si j’avais le sentiment que quelque chose clochait, je refusais d’aller à la clinique. Je voyais déjà le doc me dire : « Ce n’est qu’un virus madame. J’en ai vu 25 aujourd’hui qui ont la même affaire. Donnez-lui du Tempra aux quatre heures et si dans 48 heures elle fait toujours de la fièvre, revenez-me voir. »
Vous l’avez sûrement déjà entendu aussi souvent que moi celle là hein? Dans les huit dernières années, j’ai dû me présenter 78 fois à la clinique et à chaque fois on m’a retourné de bord avec la même rengaine. « Un virus madame ».
Alors pourquoi cette fois-ci ça serait différent?
Mercredi, Max toussait toujours. Jeudi aussi. Vendredi également. Après tout, il n’y a rien d’alarmant. Un rhume, ça dure bien une semaine non? Samedi le thermomètre a grimpé un peu. Dimanche, un peu plus et le mercure sortait de la fiole. « Si lundi ça ne va pas mieux, on ira à la clinique Max. »
Un bon bain chaud avec de l’eucalyptus. Un massage au Vicks. Une bonne rasade sirop. Et deux Tylenols bien sûr et je croyais bien qu’elle passerait une bonne nuit et que lundi tout irait mieux.
Mais voilà. À 22h30, la grande ne dort toujours pas. Le mercure n’a pas bougé d’un iota. Ses yeux font tellement pitié. Et elle tousse tellement. C’est là que j’ai décidé d’écouter ma voix de maman et de filer vers l’hôpital pour en avoir le cœur net.
En route donc pour trois heures d’attentes, deux radiographies et quelques examens.
Diagnostic : pneumonie.
Je le savais.
Les mamans savent toujours tout.
Les mamans devraient toujours écouter leur petite voix. Ça évite de passer la nuit à l’hôpital et d’être cernée jusqu’au menton le lendemain.
Ça empêche qu’un énorme sentiment de culpabilité nous envahisse.
Ça évite surtout à leur petite puce d’être mal en point et d’être de retour sur pied plus vite.
La prochaine fois j’écouterai Max. Promis.

26 juin 2006

L'amour, un mythe?

S’il n’y a pas 150 personnes qui m’ont demandé si j’allais écrire ma prochaine chronique sur les événements du week-end, il n’y en a pas une seule. Pour leur faire plaisir, j’ai donc cédé. J’ai peut-être plein de défauts, mais j’ai un cœur grand comme ça. Tenez-vous le pour dit.
C’est vrai que ces trois journées ont été ponctuées de nombreux événements qui pourraient alimenter de nombreuses chroniques. Je vous l’accorde. D’où mon incapacité à en choisir un seul.
Il y a eu cette soirée de la Saint-Jean chez So. Puis le mariage de Johanne et Bertrand. Et finalement, le 40e de Christiane et Yvon.
En trois jours, j’ai rencontré trois couples de trois générations différentes. So qui vient à peine de célébrer ses six mois de mariage avec sa douce et qui regrette déjà que cette mémorable journée soit terminée. Johanne qui, après dix années de fréquentation, a dit oui à Bertrand dans un champ de pommiers. Puis Christiane qui a marié son premier chum, Yvon, il y a de cela 40 ans.
Malgré les années qui séparent ces trois couples, un lien les unissaient tous : le grand amour. Six êtres qui croient profondément que l’on peut aimer une seule et même personne toute une vie. Et tout ça dans un même week-end. C’est beaucoup pour la célibataire endurcie que je suis.
J’étais peut-être un peu désillusionnée face au mariage. Après tout, on nous dit sans cesse qu’un mariage sur deux finira devant le juge. Au Québec, 30% des familles vivent en union libre. Sans compter que plus de 250 000 femmes que compte le Québec. Et que les couples qui ont débuté leur vie d’adulte ensemble et qui la finiront dans le même lit sont plutôt rares.
Mais ces trois jours m’ont fait réaliser que ce n’est pas vrai. Des couples qui durent et qui perdurent il y en a plein autour de moi. Des gens qui à un moment précis de leur existence ont cru qu’ils s’aimeraient pour toujours, il en pleut. Mes parents se sont dit oui il y a 32 ans maintenant. Mes grands-parents fêteront leur 53e anniversaire cet été. Il y a aussi Maryse et Yves, René-Charles et Marie-France, Marie-Claude et Kaan, Stephen et Josée, Pierre et Ginette, Patrick et Geneviève, Karine et Laurent sans oublier Chantal qui unira son destin à Philippe à la fin de l’été.
Il y a eux et des milliers d’autres, voir des dizaines de milliers qui se sont jurés assistance jusqu’à ce que mort s’en suive. C’est assez pour croire encore à l’amour ça non?

19 juin 2006

Soleil et travail buissonnier

Ne le dites à personne et surtout pas au patron, mais vendredi, j’ai « foxé » le travail. Ne faites pas ces yeux d’épouvante. Il faisait soleil pour la première fois depuis six mois, le mercure était sous le point de bouillir et Maxim était en congé. Une folle d’une poche.
Alors tant pis pour le journal, mais ma peau couleur collier de perles avait besoin de basaner un peu et ma grande n’a pas trouvé meilleure gardienne que moi. Je me suis donc sacrifiée pour le bien de ma fille. Je sais, je sais, j’ai une grandeur d’âme incommensurable.
Nous voilà donc en duo mère-fille pour une journée entière où tout ce que nous avons à faire, c’est de relaxer et de profiter de Galarneau.
Nous avons débuté notre journée de travail buissonnier par une partie de Uno dans la cour arrière. Je ne sais pas trop comment elle réussit son coup, mais elle gagne toujours à ce jeu. C’est à croire qu’elle a un jeu truqué. Même si je perds tout le temps, de voir son sourire lorsqu’elle dépose sa dernière carte sur la table vaut largement l’atteinte à mon orgueil que de se faire battre par une puce de sept ans.
Tant qu’à être en congé « forcé » aussi bien en profiter pour faire quelques commissions. Nous faisons donc un arrêt chez la décoratrice où je dois récupérer des trucs que j’avais commandés. « Maman, c’est vraiment beau les rideaux que tu as choisis. Est-ce que je pourrais t’aider à les installer? » me demande-t-elle les yeux pleins d’admiration.
Ne lui dites surtout pas que c’est Mélissa qui a tout décidé. Ça pourrait détruire l’image très positive qu’elle a de sa mère et moi ça me fait plaisir qu’elle ressente ça pour moi. Nous sommes donc toutes deux gagnantes.
Vous comprendrez que cet avant-midi très chargé nous a ouvert grandement l’appétit. Lorsque je propose à Max de manger sur une terrasse au centre-ville, vous devinerez que c’est sans hésitation qu’elle a répondu positivement à ma demande.
Alors que nous marchions main dans la main rue Wellington Sud en direction du resto, j’appréciais le fait qu’elle accepte encore de me témoigner de l’affection en public et je songeais tristement au jour où elle ne le voudra plus.
« Maxim, est-ce que tu crois que tu voudras toujours me tenir la main en public? » lui ai-je demandé, craignant du même coup la réponse qui viendrait.
« C’est sûr maman! »
Sceptique, je la relance. « Même quand ta mère sera vieille-moche-poche et que ça ne sera plus cool d’aimer sa mère? »
« Maman, premièrement tu ne seras jamais vieille-moche-poche et je vais toujours trouver ça cool de t’aimer », m’a-t-elle répondu d’un ton rempli de sourires.
Du coup, je n’ai plus eu peur de l’avenir. Et j’ai souhaité encore plusieurs vendredis de congé.

12 juin 2006

Bonne route Marie-Claude!

À la minute même où j’ai vu son courriel tomber dans ma boîte de réception, un énorme sentiment de regret m’a envahi. Les « j’aurais donc dû » et les « pourquoi je n’ai pas » ont assailli mes pensées.
C’était la copine Marie-Claude qui me conviait à son party de départ. Celle qui s’est fait connaître dans le coin pour ses clichés de bedons met le cap sur Waterloo, en Ontario à la fin du mois. Une nouvelle vie l’attend là-bas où son conjoint a dégoté un boulot de rêve.
En quelques instants, j’ai revu notre escapade de sacoches, en camping, l’été dernier avec nos marmots. Quelle aventure! Nous étions cinq dans une Aveo avec tout notre matériel de camping. À peine pouvions-nous respirer tellement nous étions coincés. Mais de voir Alexandre, Maxim et Félixe courir après les grenouilles, nos soirées autour de feu à se conter nous vies quinze fois, nos soupers communautaires valaient amplement ces heures passées inconfortablement dans ma mini auto.
Je l’ai revue aussi l’été dernier, quand elle a dit oui à Kaan, les yeux pétillants, à quelques pas du ruisseau à Jouvence.
J’ai pensé à cette exposition que nous avions faite ensemble où nous avions marié son talent pour la photographie à mon scrapbooking.
J’ai songé à toutes les fois où elle me parlait de ses photos. Qu’elles aient été prises à Hawaï, en Écosse, en Californie ou ici à Sherbrooke, ces photos évoquaient tant de passion et d’amour.
* * *
Je sais depuis décembre dernier que Marie quitterait Sherbrooke l’été qui vient. J’avais amplement le temps de faire le plein d’elle avant son envol vers cette contrée ontarienne. Mais la vie étant ce qu’elle, le temps passe trop vite et nous voilà rendus à quelques semaines du jour J. Et je regrette terriblement de ne pas en avoir profité.
Je regarde peut-être trop la télévision, mais je m’attendais à quelque chose de triste comme party. Une gang de cœurs gros rassemblés autour d’un buffet et de deux caisses de 24. Je nous imaginais tous avec le trémolo dans la voix et les larmes aux coins des yeux. Je m’attendais à ce que Élaine, Romuald et Bianca racontent 1001 anecdotes issues d’un moment ou d’un autre de la vie trépidante de notre Marie-Claude.
Je suis arrivée à la Nef, où avait lieu la soirée, l’âme en peine. Mon six pack d’une main, mes loulous de l’autre, des kleenex dans le manteau, j’étais prête à faire mes adieux à ma copine.
Mais ce ne fut pas le cas.
Le six pack est toujours plein. Et les Kleenex sont toujours secs.
Contrairement aux autres copains qui étaient présents, ce « bye bye party » était mon premier. Eux, ils ont vécu celui de la tournée européenne du Cirque du Soleil, son départ vers Las Vegas et combien d’autres. Ils sont des habitués en la matière. Moi, je manquais d’expérience.
Ils m’ont rassurée. Marie-Claude, elle revient toujours. Elle doit bouger. Vivre éternellement dans sa petite maison jaune du nord de Sherbrooke n’était pas pour elle. Les projets filent à une vitesse folle dans sa tête. Bouger, remuer, se déplacer, s’agiter, ça c’est elle. Ma copine reviendra donc à Sherbrooke, un jour. C’est ce qui la rend heureuse.
Alors, j’ai rangé ma tristesse dans mon sac à dos. Kaan a sorti sa mallette de poker et on a joué. Jusqu’à tard dans la nuit. On a ri. J’ai perdu des sous. J’ai appris que j’étais incapable de bluffer. J’ai fait choquer le cousin de Marie-Claude avec mon « King and low ».
Et puis après tout, Waterloo, ce n’est pas à l’autre bout du monde. Qui sait si Marie-Claude ne me verra pas débarquer avec mon six pack de bières d’une main, mes loulous de l’autre et ma joie de voir son sourire dans ce nouveau défi que la vie lui a amené.
Bonne route Marie-Claude!

06 juin 2006

Épuisement et petit dodo

Le septième jour, il se reposa, est-il écrit dans la Bible. Puis-je savoir il est quand ce septième jour pour que je puisse mettre les pieds sur la table du salon et écouter la télé à en faire des plaies de divan?
Parce que je regarde mon agenda des prochaines semaines et je suis certaine que je suis plus « bookée » que le président des États-Unis lui-même. Vous pensez que j’en mets un peu peut-être. J’aimerais pouvoir exagérer, mais ce n’est nullement le cas.
Même mes vacances sont planifiées au quart de tour. Aucune journée n’est consacrée à la paresse ou au perfectionnement de mon bronzage. C’est certain que lorsque l’on décide de passer son 14 jours de repos annuel l’autre côté de la grande flaque d’eau, il faut en profiter au max.
Je panique un peu. J’ai l’impression que le prochain 24 heures où je n’aurai que mon lavage à penser est vraiment loin. Trop loin.
Ne pensez pas que je me plaigne. Non non. Ce n’est pas ça.
Mais comment font-ils ceux qui ne retrouvent jamais les mots « Temps libres » dans les pages de leur calendrier? Comment arrivent-ils à ne pas craquer devant la liste sans fin de trucs à faire?
* * *
J’ai couru tout le week-end. Maxim avait sa générale technique de son spectacle de ballet vendredi soir. On reprenait le tout le samedi après-midi. Finalement, en soirée, c’était le grand soir de présentation devant le public.
Entre les chaussons et les tutus roses, j’ai trouvé le temps de faire une vente-débarras à la pluie battante et d’immortaliser sur la carte mémoire de mon appareil-photo les dix sourires d’une même famille.
Je passerai outre ma visite au magasin pour l’achat d’un mobilier de chambre à coucher et le souper au resto promis aux puces plus tôt.
À 23h30, quand j’ai posé la tête sur l’oreiller, puis-je vous dire que j’ai à peine eu le temps de compter trois moutons? Je devais profiter de ces quelques moments de sommeil, car l’heure où Filou viendra quêter ses crêpes dominicales n’était pas si lointaine.
Le dimanche, ma deuxième supposée journée de congé, fut tout aussi remplie. Pendant qu’une brassée de lavage se faisait aller, je partais le lave-vaisselle et le balai dansait dans le salon.
Faudrait aussi nettoyer un peu la salle de bain (je ne suis pas maniaque, mais là, les poubelles débordent, je peux écrire mon nom dans le miroir et il y a un cerne dans le bain, alors avant d’être accusée d’insalubrité…)
Et voilà que mes sœurs voient ça d’un autre œil. Nous avons un souper à préparer. C’est la fête de notre mère et nous lui avons promis un bon souper. Alors à l’agenda de mon dimanche après-midi, courses à l’épicerie, visite à la SAQ, arrêt à la pâtisserie et détour vers le centre commercial pour compléter son cadeau d’anniversaire.
Je peux envoyer mon dodo d’après-midi tant espéré aux oubliettes. Soupir. Je prends mon courage à deux mains et j’attaque notre « To do list » avec entrain.
De retour à la maison, Anne-Marie s’occupe des crevettes pendant qu’Alex voit à mettre la table alors que je m’occupe des steaks. Max et Filou créaient une magnifique carte pour leur mamie adorée. Un quintette à l’œuvre pour le bonheur de notre mère.
Sans se l’être dit, chacune sait quoi faire. Chacune a à cœur de faire le meilleur repas pour celle qui en a fait des milliers pour nous.
Mon corps aurait peut-être réclamé un temps d’arrêt. Mais pour rien au monde j’aurais préféré dormir plutôt que de voir le sourire de ma mère émerveillée devant sa progéniture aux fourneaux.

29 mai 2006

Démocratie, jouets et vente de garage

J’avais convoqué un grand conseil de famille jeudi dernier. Une rencontre au sommet pour mes deux pitounes où de grandes décisions seraient prises.
Parce que pour la sixième fois cette semaine, je me suis cogné le petit orteil sur la ferme Fisher Price de Filou. Et c’était la fois de trop. Celle qui a fait déborder le vase. Pouvez-vous m’expliquez ce qu’elle faisait devant le fourneau s’il vous plait?
J’imagine que c’est comme ça chez vous aussi. Que les quatre coffres à jouets ne suffisent pas à la tâche. Que des poupées traînent en dessous de la table de cuisine. Qu’il y des petites autos qui se logent dans les craques du divan. Que Barbie et Ken batifolent dans les escaliers. Que des morceaux de casse-tête ont pris une marche vers l’arrière du frigo.
Des joujoux, nos loulous en ont trop. C’est pareil pour vous?
On accumule, on amasse, on empile une multitude de babioles qui sont supposés tant amuser nos bambins. Je parie que c’est identique dans votre maisonnée et que vos enfants ne jouent pas avec le quart de ceux-ci.
Alors voilà, j’ai décidé que le royaume du jeu était fini chez moi. Avec l’accord de mes filles, nous avons décidé de faire le ménage et de vendre le surplus lors d’une vente de garage. Avec l’argent amassé nous pourrions faire quelque chose en famille ou acquérir un truc qui plaira à toutes. Les suggestions étaient les bienvenues.
Maxim s’est lancé la première en suggérant un voyage à Disney pour toute la famille. Bien que ce serait grandement amusant, je lui ai fais remarquer qu’il faudrait vendre beaucoup plus que ses jouets pour financer un tel projet. Dès que j’ai parlé que nous devrions ajouter sa télé et son lecteur DVD dans la vente débarras, entre autres, elle a renoncé assez rapidement à ses vacances en Floride.
Par la suite Filou a soumis l’idée d’aller au Parc Safari toutes ensembles « parce que se retrouver coincées sous une girafe c’est très drôle », selon elle.
Quand j’ai eu enfin le droit de parole, j’ai pensé qu’une glissade pour notre nouvelle piscine serait bien amusante. (Lire que c’est un truc qui ne prend pas de piles, ne fait pas de bruit et ne se retrouvera pas au travers mes orteils.)
Ça l’a allumé Maxim sur la possibilité de mettre la main sur un dauphin gonflable pour jouer dans l’eau. Finalement, Félixe a ajouté qu’elle aimerait aller voir la Tour « Ifiel » à Paris.
Nous sommes donc passés au vote. Paris et sa tour ont perdu au premier tour. J’ai convaincu les filles de laisser tomber le parc Safari, car c’était planifié que nous irions pendant nos vacances de toutes façons.
Le choix crucial s’est donc fait entre la glissade et le dauphin. Le résultat du vote à main levé fut serré. À deux contre une, la glissade a gagné. Malgré tout, Maxim s’est ralliée à la majorité avec un grand sourire.
Depuis notre élection maison, nous choisissons avec facilité les trucs qui se retrouveront sur nos tables de vente samedi prochain. Les filles ont pris conscience qu’elles n’avaient pas besoin d’autant de cossins pour s’amuser. Qu’une simple glissade et un trou d’eau feraient amplement l’affaire.
Et moi, je jubile déjà en pensant que mes orteils ne risquent plus de se retrouver sur le chemin de jouets.

22 mai 2006

Mettre sa phobie au filtreur

Je ne sais pas trop ce qui m’arrive. Je n’aurais jamais cru pouvoir franchir ce pas. Mais j’y suis arrivée!
J’avais pourtant juré que jamais ma cour arrière ne contiendrait un monstre d’eau. L’idée de retrouver une de mes deux loulous gisant au fond m’effrayait au plus haut point. La responsabilité qui arrive dans la même boîte qu’une piscine me terrorisait.
Chaque été, c’est la même histoire. Chaque fois que l’on diffuse un reportage télé où l’on apprend le décès d’un enfant par noyade, le cœur me serre. Chaque fois, je me dis que cette malchance ne m’arrivera jamais puisque nous ne verions jamais de piscine dans mon panorama extérieur.
Je me souviens qu’une fois, le papa de mes loulous avait eu la possibilité de mettre la main sur une piscine gratos. Nous n’avions que l’installation à payer. Quelle offre alléchante!
Mais après trois nuits d’insomnie à cauchemarder sur Maxim qui était prise entre la toile solaire et le fond de l’eau, nous avons renoncé au projet. La plage Fraser est tellement plus agréable. En plus, elle nécessite tellement moins d’entretien.
Alors, depuis huit ans, l’été, nous avons chaud. Nous crevons de chaleur. Nous nous évaporons plutôt que de nous rafraîchir dans un trou d’eau bien à nous. Nous utilisons le boyau d’arrosage ou la douche. C’était peut-être moins amusant, mais ô combien plus prudent.
Pourtant, j’adore me baigner. Je pense que je savais nager avant même d’avoir fait mes premiers pas. Il y a toujours eu une piscine dans mon arrière-cour. D’ailleurs, mon grand-père, qui était notre voisin, avait fait venir de la Californie une piscine hors-terre Esther William, il y a 45 ans. Une toute petite piscine de 60 par 32 pieds rien de moins!
Malgré tout, j’ai toujours eu peur que le destin frappe chez moi. J’ai souvent eu l’impression que je courrais après le malheur avec de l’acier galvanisé remplie d’eau sur mon terrain. J’ai l’impression que les enfants sont attirés vers les fonds de piscines comme le métal sur l’aimant.
Mais voilà, j’ai décidé de prendre le dessus sur ma phobie. De mettre mes craintes au filtreur. De passer mes appréhensions au chlore. Pas question de transmettre ma frayeur de l’eau à mes héritières. (Elles auront bien d’autres choses avec lesquelles dealer en héritage…)
C’est donc avec énormément de courage (et avec l’idée que mon compte de banque serait vidé en deux temps trois mouvements) que je me suis présentée chez Multipiscines vendredi dernier. Même si Filou était bien déçue de ne pas nous voir repartir avec la piscine dans notre valise, je suis contente de savoir que cet été, nous aurons beaucoup de plaisir à jouer à Marco Polo ou à chercher des sous noirs dans le fond de l’eau les trois ensemble.
Peut-être que j’irai au-delà des normes de sécurité imposées à Sherbrooke. (Vous auriez dû voir la tête du commis chez Rona quand je lui ai dit que le barbelé que j’achetais était pour installer au tour de mon nouvel achat! Mais bon, il s’en remettra, et surtout, il ne me retrouvera pas à la une du journal regrettant le fait que ma piscine n’était pas assez sécuritaire pour mes cocottes.)
Parce que oui, ça peut être dangereux une piscine. Oui, ça amène un lot d’inquiétudes. Mais après tout, le monde est rempli de dangers. Je ne pourrai pas toujours être derrière elles pour les surveiller face aux menaces qui planent sur mes puces.
Je crois qu’il faut plutôt que je les arme face à ces éventuels risques. C’est dans ma cour qu’elles apprendront les règles de sécurité qui viennent avec l’utilisation d’une piscine. Mais surtout, je crois qu’il faut faire confiance.
Maintenant, je compte les dodos me séparant de l’installation de ma nouvelle 21 pieds. En espérant qu’il cesse de mouiller d’ici la fin juin.