10 juillet 2007

Les mamans sont difficiles à comprendre

Les mamans sont difficiles à comprendre. Vraiment.
Alors qu’elle court à gauche et à droite pour satisfaire les besoins de ses enfants, la maman rêve du jour où elle pourra se la couler douce.
Pendant qu’elle prépare les 21 repas nécessaires à l’épanouissement physique et mental de sa marmaille tout en respectant les indications du nouveau Guide alimentaire canadien et en jonglant avec les restrictions alimentaires de son plus jeune, imposées par des allergies sévères, et par celles de son plus vieux, exigées par ses préférences, elle fantasme sur un souper au resto où la seule tâche qu’elle aura à faire se résume à désigner quelle table d’hôte se retrouvera devant elle.
À l’instant où elle dessert la table, où elle frotte les chaudrons collés, où elle empile les assiettes dans le lave-vaisselle, où elle divise les restes entre les lunchs du lendemain, le bac à compost et la poubelle, elle songe qu’il serait merveilleux que la besogne du souper se termine avec la dernière bouchée avalée.
Le scénario se répète quand elle se rend dans la salle de lavage. Le foncé dans ce coin, le pâle ici, le blanc là bas. Elle sort le Shout et tente de faire la guerre aux tâches de gazon qui ont trouvé refuge sur les genoux du pantalon de la plus jeune et aux souvenirs de spaghetti laissés sur le chandail de l’autre. Si ce n’était que ça le boulot. Elle détourne le regard vers la sécheuse qui accueille pas moins de trois brassées de linge suppliant d’être pliées et rangées dans les tiroirs de la marmaille. Elle soupire en implorant le ciel qu’un scientifique se penche au plus vite sur la question afin d’inventer une machine qui détache-lave-essore-sèche-plie et range tout ce bazar! L’heure du bain a sonné. La maman se défait les genoux sur les carreaux de céramique pour laver les beaux longs cheveux de son ainée. Elle se brise le dos pour décrasser son bébé de son séjour dans le carré de sable. Pendant qu’elle frotte les ongles sales de sa marmaille, elle rêvasse à son prochain séjour dans le bain qui durera plus de cinq minutes et qui ne sera pas entrecoupés par le bruit du téléphone qui sonne, par les cris du bébé qui refuse de dormir ou par les plaintes de la grande qui veut un dernier verre d’eau.
Avant d’aller rejoindre Morphée, la maman se fait un devoir de lire quelques histoires à ses amours. C’est prouvé, plus les enfants sont mis en contact tôt avec les livres, moins ils décrochent et meilleurs ils sont à l’école. Alors, elle lit et relit d’interminables contes qui feront d’eux de véritables génies. Au moment même où elle imite la voix de Caillou qui a la varicelle, la maman tente de se rappeler la dernière fois qu’elle a lu un livre en entier (le manuel d’instruction de la nouvelle laveuse frontale ne compte pas) et n’y parvient pas. Elle se souvient de ces samedis passés à bouquiner à la librairie. Des ces jaquettes de livres qu’elle caressait. De l’odeur de ces pages fraîchement imprimées. Et du beau commis de la section des romans québécois. Tout ça, c’est si loin. Mais ce n’est pas grave, parce qu’au moins les loulous aimeront la lecture…
Et quand le moment tant attendu, désiré, souhaité, voulu se pointe. Quand l’opportunité de prendre un succulent repas en tête à tête se présente, quand la chance de passer la nuit à l’extérieur du domicile familial sans vaisselle à faire, bain à donner, repas à préparer, vêtements à laver, qu’est-ce qu’elles font les mamans?
Elles parlent de leurs enfants. Elles se rappellent les frasques de l’une, les jolis minois de l’autre. Elles appellent la gardienne pour être certaines que tout va pour le mieux. Elles se réveillent aux aurores pour aller les récupérer le plus rapidement possible. Et elles ne profitent pas pour deux cennes de ce week-end de rêve.
Pathétique? Non. Tout simplement admirable.

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