08 novembre 2007

Terreurs et rideaux

Les boîtes sont peut-être défaites à Proulxville, mais les fenêtres, quant à elles ne sont toujours pas voilées. Si bien que dès que le soleil se pointe le bout du nez le matin venu, ses rayons me sortent du sommeil illico et ce, même si c’est inscrit congé à mon calendrier.
Une visite au magasin de rideaux s’imposait donc et rapidement. Ma qualité de vie, mais surtout mon humeur dû au manque de sommeil et qui risquait de rendre mes collègues de bureau dépressifs m’ont poussé à agir au plus vite. Et ce même si les filles auraient fait mille autres trucs que de chercher le couvre-fenêtre par excellence qui s’harmoniserait avec le reste de la literie de ma chambre à coucher. Elles sont fatiguées les cocottes. Le déménagement jumelé à un virée d’Halloween et un changement d’heure ont fait en sorte que le shopping était vraiment, mais vraiment de trop dans leur agenda.
« Allez les filles. J’en ai juste pour une petite minute. Vous allez voir, ça ira vite et après, je vous promets que vous pourrez jouer à tout ce que vous voulez et que vous pourrez manger tout votre sac de bonbons. »
La manipulation a fonctionné à merveille. Les puces ont grimpé dans l’auto avec des images de petites filles se roulant dans le chocolat au caramel en jouant au V-Smile à deux pouces de la télé le tout sans se faire chicaner par une mère casse-pieds.
Premier arrêt : la quincaillerie pour acheter une tringle à rideaux. Ici déjà, j’ai outrepassé le temps qui m’était alloué par mes cocottes. C’est que ce n’est pas si simple que de faire un choix entre les tringles à rideaux doubles, à rails, à pression, à crochets, Levelor, magnétiques, à embouts, sans embouts, Twist ‘n’ fit, à supports, à anneaux. À cela, il faut choisir le matériau: en chêne, en métal brossé, en laiton ou en plastique. Et il ne faut pas oublier la couleur. Bref, beaucoup de grandes questions qui ont nécessité d’aussi grandes réflexions et par conséquent qui ont demandé beaucoup plus de temps que la petite minute promise à mes héritières.
Pendant que je jonglais entre les pour et les contre que m’offraient chacune des tringles offertes, j’ai cru voir Filou et Maxim grimpées sur une échelle servant à atteindre le deuxième étage des étalages de marchandises. « Les filles, voulez-vous descendre de là tout de suite? Vous n’avez pas le droit de monter là, c’est inscrit ‘réservé aux employés’ et vous n’êtes pas des employés du magasin à ce que je sache! »
Piteuses, elles sont redescendues de l’échelle me permettant de retourner à mes tringles. C’est devenu très silencieux autour de moi. Trop silencieux même. Elles étaient passées où les filles vous pensez? Cachées derrières les gallons de peinture…. Soupir.
J’ai donc pris la première tringle du bord et j’ai couru vers la caisse. Mais je n’avais que la moitié du travail d’effectué. C’est bien beau une tringle dans une fenêtre, mais ça n’empêche pas le soleil d’entrer.
Deuxième arrêt : le magasin de rideaux. Une centaine de modèles m’était proposée. Du blanc au noir, des carreautés, des picotés, des rayés, des voilages, des simili-suèdes, des cotonnades, du lin, du polyester étaient disponibles. Pendant que je réfléchissais à la teinte à choisir, j’ai entendu des femmes soupirer : « Avez-vous vu les petites filles couchées dans le rack à rouleaux de tissus? Franchement, ils sont où les parents? »
À l’instant même, j’ai comme eu un petit vertige. Effectivement, c’étaient bel et bien les terribles sœurs qui logent sous mon toit qui se prenaient pour du coton enroulés. Complètement découragée, je me suis retrouvée à la caisse avec un rideau orange rayé bleu (spécifions que ma literie est rose…), le premier en fait qui s’est trouvé sur mon chemin, d’une main et deux terreurs sous l’autre bras.

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