11 mai 2009

Déléguer 101

Le frigo est vide.
Ben, presque vide. Si l’on tient compte de la bouteille de Ketchup dans laquelle il ne reste que de quoi faire deux hamburgers, les trois œufs et la pinte de lait (qui expire demain), je crois que l’on peut tout de même dire que l’inventaire du fridg est à sec.
Le plancher, quant à lui, est loin d’être abandonné par la poussière et autres détritus aimant se poser sur le bois franc. Quand c’est rendu que des petits minous se promènent au bas des plinthes, on peut affirmer hors de tout doute raisonnable qu’une balayeuse serait d’adon.
Il y a tellement de vêtements sur la (nouvelle) frontale que tous les tiroirs de l’appart sont déserts. Chaque matin, c’est le branle-bas de combat pour y trouver bobettes, bas, pantalons et chandails pour habiller tous les habitants de l’endroit. Pas toujours simple de réussir à trouver deux bas jumeaux ainsi qu’un haut qui fit avec le bas.
Pour une raison que j’ignore totalement, il y a les dvd de la dernière saison des Frères Scott qui traînent sur le panier à linge de la salle de bain. Il y a aussi des partitions de piano tout juste à côté du bain, un verre de jus à moitié plein pis un amas de vêtements sales entre le lavabo et la toilette. Évidemment, le rouleau de papier de toilette est à changer et ce n’est pas simple de se regarder dans le miroir tant il y a des résidus de pâte à dents (vous devriez voir Filou se laver les chiclets, ça revole!).
Ajoutons à ce magnifique portrait de ma résidence, des multitudes de boîtes éparpillées un peu partout: sur le piano, sur la table de la cuisine, sur le divan, entre la porte-patio et la télé, au pied de mon lit, dans l’entrée de la chambre des poulettes. Bref, il n’y a pas un pied carré de l’appart qui ne possède pas son propre carton.
Pour y voir clair dans tout ce bordel, dans tous les trucs à faire avant le jour J du déménagement, en bonne maman et chef de famille responsable, me suis fait des listes. Une liste pour les changements d’adresse. Une seconde pour les tâches à effectuer (trouver un plombier, choisir les couleurs du sous-sol). Une autre pour les rendez-vous à ne pas oublier (installation du câble, banque pour l’ouverture du compte conjoint, rendez-vous avec le poseur de tapis). Une pour les trucs à acheter (rideaux pour le salon, miroir de salle de bain, tapis d’entrée). Une dernière pour prioriser les priorités (acheter quelque chose pour le souper, trouver du temps pour dormir, signer la dictée de Filou, trouver le casque de vélo de Max avant sa sortie avec l’école, trouver un déménageur).
Et c’est en regardant le frigo (vide) et toutes les listes qui y sont collées ce matin que j’ai réalisé que je ne pouvais pas tout faire toute seule. Que d’ici le jour fatidique du déménagement, il y avait une tonne de choses à faire et qu’il était mathématiquement et physiquement impossible que j’y arrive sans aide.
Alors me suis transformée en général d’armée. En capitaine de service de police. En PDG d’entreprise privée. En chef de famille, quoi.
«Max, tu es nommée responsable du lavage jusqu’à nouvel ordre. Il y a une brassée de serviettes dans la sécheuse à plier. Après tu feras trois piles de vêtements: les foncés, les pâles pis les serviettes. Pour la laveuse, je te monterai comment faire», lui dis-je d’un ton sans appel.
«L’amoureux, tu es nommé responsable des soupers jusqu’à nouvel ordre. Pour ce soir, il y a des poitrines de canards de dégelées. Tu taperas poitrines de canard et recettes sur Google, tu trouveras quelque chose à la hauteur de tes compétences», lui dis-je ignorant ses yeux paniqués devant l’ampleur de la tâche à accomplir.
«Filou, tu es nommée responsable du balai et de l’aspirateur jusqu’à nouvel ordre. Et un aspirateur, ça se passe aussi en dessous de la table de cuisine, entre les coussins du divan et derrière la plante du salon», lui dis-je tout en n’écoutant pas ma petite voix qui me disait qu’une plainte à la DPJ pour mauvais traitements envers ma fille de sept ans m’attendrait au tournant.
«Et tous les trois, vous êtes conjointement solidaires de l’état de propreté de la salle de bain, de vider la récup dans le bac et de ne pas attendre que la poubelle et le compost sentent jusqu’à Magog avant d’aller les porter dehors et ce, jusqu’à nouvel ordre», leur ai-je dit avec un ton qui ferait mourir de peur bien des Talibans.
Non mais il y a toujours bien des limites à vouloir tout faire, tout contrôler. Peut-être que le miroir de la salle de bain ne sera pas aussi étincelant que lorsque je le frotte moi-même. Peut-être que le canard sera un peu moins tendre que lorsque je le fais cuire moi-même. Peut-être que mes débarbouillettes ne seront pas pliées à l’équerre comme je le fais moi-même.Mais une question se pose: et puis?

3 commentaires:

Karine a dit...

Ah je t'imagine trop coincée entre les cartons ! Ma pauvre! Bientôt tout sera fini et vous serez bien dans votre belle et grande maison! Courage et continue à déléguer!;)

Carolyne Soulard a dit...

Ha que tu as raison. On devrait apprendre à déléguer plus souvent et au diable si ce n'est pas fait comme NOUS on l'aurait fait.
Courage en attendant le déménagement!

Anonyme a dit...

Bravo d'avoir réussi à déléguée. Est-ce que les filles ont chialé? Moi ic ça aurait été des cri et des pleurnicheries à n,en plus finir.

grigri