03 avril 2006

Malheureuse d'un printemps

Vendredi après-midi, quand j’ai mis le cap sur Sherbrooke, après une semaine à dévaler les pentes au mont Saint-Anne, j’avoue que j’avais le cœur gros, pour ne pas dire brisé.
C’est que je savais que j’étais à 300 kilomètres de la fin de ma saison de ski. Quand j’ai vu la grande pancarte verte annonçant que la prochaine sortie était Saint-Élie d’Orford, je savais que dans moins de trois minutes, mes skis iraient «étérniser» dans ma remise jusqu’en novembre prochain et ça me déchirait tellement.
Les retrouvailles avec ma pelouse, ma chaise longue, mon patio et mon BBQ n’avaient pas réussi à me faire sourire.
De penser qu’il faudrait voir à la composition de mon potager, à la division de mes vivaces et fertiliser les plates-bandes ne réussissait même pas à mettre un baume sur ma tristesse.
Bref, j’avais le cafard. Je maudissais tous ceux qui avaient fait la danse du soleil pour voir apparaître le printemps beaucoup plus tôt. Ceux qui avaient soudoyé Dame nature pour qu’elle chasse l’hiver.
Quand j’y pense, je suis peut-être idiote un brin.
Je cherche d’autres qualificatifs, et hélas, je ne trouve rien de mieux pouvant me décrire.
Les gens normaux, lire ceux qui ne sont pas idiots comme moi, rêvent de sable chaud, de soleil luxuriant, de crème solaire, de palmiers dansant au gré du vent, de vagues qui cassent et de pina colada lorsque le froid et la neige s’abattent sur le Québec.
Pour le commun des mortels, les visites de la Muraille de Chine, des pyramides d’Égypte, de la Tour Eiffel, de la Statue de la Liberté, de la barrière de corail, de la Tour de Pise représentent le summum d’un voyage extraordinaire.
Mais, rappelons-le, je suis idiote.
Pour d’autres, partir à l’aventure dans un safari au Kenya, traquer le caribou à l’île d’Anticosti, taquiner le doré dans un lac du parc de la Vérendrye est la quintessence d’un périple réussi.
Enfin, certains pousseront l’audace à sauter en parachute à 10 000 pieds d’altitude, à se mouiller en descendant la rivière Colorado en rafting ou à s’époumoner en gravissant le Kilimandjaro.
Mais pas moi.
À vrai dire, j’ai déjà commencé à compter les dodos qui séparent le printemps de l’hiver.
On annonce 60 centimètres de neige à Météomédia? Je jubile. La marmotte voit son ombre? Je me réjoui. L’Almanach du peuple prédit un hiver long? J’exulte.
Mon adrénaline, je la retrouve sur mes deux planches. Ma passion, je la vis en montagne. Me retrouver avec des engelures aux pieds et aux mains est loin de me rendre malheureuse.
Jongler entre les moments de découvertes extraordinaires et les moments d’angoisse inquiétante me remplit de fébrilité.
Le défi de maîtriser les virages correctement, de négocier les bosses, de m'ajuster constamment m’excite au plus haut point.
Me retrouver au bas d’une piste, à l'embarcadère d'une chaise, les jambes mortes, le souffle presque coupé, mais la tête remplie de décors majestueux est synonyme de béatitude totale, de bonheur.
Plusieurs me trouvent idiote de délirer autant sur ce sport. De ne pas choisir juillet pour la prise de mes vacances annuelles. De me les geler à 800 mètres d’altitude.
Je suis peut-être idiote, mais au moins, je suis heureuse.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Pauvre toi c'est bien triste mais tu sais tu peux toujours reprendre les pistes le 1er mai avec Pierre il va à Sunday River et ils ont bien du fun....

Carole xox