22 novembre 2006

Sherbrooke, sur la carte

Sherbrooke, by night

Nous sommes lundi soir ou mardi matin, c’est pour vous. L’horloge de ma voiture indique 2h36 et je rentre à la maison. Je suis complètement crevée. J’ai eu une rude journée au bureau. Je jure qu’on ne m’y reprendra plus.
Chemin faisant, je repasse le fil des événements de la journée dans ma tête. Je relis les textes que j’ai écrits. Je repense à cette édition spéciale que nous présenterons mercredi et le sourire revient. L’envie de coller mon oreiller est chassée de mon esprit.
Une image me frappe. Sherbrooke et ses milliers d’histoires exceptionnelles. Ces gens qui tiennent la vedette de La Nouvelle cette semaine me rendent fière d’appartenir à une telle communauté d’individus tous aussi extraordinaires les uns que les autres.
Que de millage parcourus pour plusieurs. Des parcours tous plus intéressants les uns que les autres. Pas de super vedettes, sauf une. Que des gens ordinaires. Des personnes comme nous qui un beau matin ont fait leur valise et pris l’avion pour affronter de nouveaux défis.
Mais ce qui frappe le plus, c’est la capacité d’abandon unique de ces globe-trotters. Parce que pour partir à l’autre bout du monde avec pour seuls bagages un sac à dos et un passeport canadien, il faut avoir le goût de l’aventure certes, mais surtout la capacité de laisser ce qu’on a ici pour foncer.
Et c’est là le plus difficile, je crois.
Chaque fois que je pense à ma cousine Karine qui vit à Paris, j’ai un motton dans le dalot pour toutes ces scènes de la vie quotidienne qui échappent à sa maman qui vit toujours en sol sherbrookois. Pour toutes les fois où elle voudrait cajoler sa petite-fille qui est 6 000 kilomètres. Pour toutes les réunions familiales où Karine, Lou et Laurent ne figurent pas sur la liste d’invités parce que ce n’est pas tous les jours possible de se taper six heures d’avion pour assister à un souper d’anniversaire.
En même temps, j’ai énormément d’admiration face à son courage. Imaginez, Karine est partie dans un pays qu’elle ne connaissait à peu près pas par amour laissant tout derrière elle. C’est épatant!
Au fil des histoires de la vingtaine de Sherbrookois débarqués un peu partout sur la mappe monde, que j’ai mises en page ce soir, j’ai eu envie, moi aussi, d’aller enseigner l’anglais en Chine, de postuler dans l’une des filiales de Bombardier en Europe, d’amuser les touristes au Mexique, d’être monitrice de ski dans les Rocheuses, d’écrire pour un journal africain, de faire un stage de photo en Australie. Les idées ne manquent pas.
Non, c’est le courage qui n’est pas au rendez-vous. La patience de tout recommencer à zéro. De ne plus entendre le téléphone sonner à toutes heures du jour avec ma sœur au bout du fil me racontant ce qu’elle a fait dans les dix dernières minutes me manquerait trop. Je m’ennuierais de ne plus voir l’air bête de mon autre sœur jour après jour. De vendre cette maison que j’ai entièrement rénovée avec mon papa m’est insupportable.
L’inévitable question à savoir si je passerai à côté de quelque chose d’extraordinaire s’est alors posée. Peut-être. Mais une chose est certaine, je n’ai pas tout perdu. Que non.
Parce que grâce à mon travail, j’ai pu connaître des dizaines de gens de chez moi que je n’aurais jamais rencontré autrement. Des compatriotes qui font le bonheur de dizaines d’Africains, qui créent des publicités d’envergure en Italie, enseignent le yoga à Singapour ou qui supervisent les élections présidentielles au Congo.
Des personnes qui m’ont apprises que le bonheur se construit et se trouve dans de petites choses, que l’on soit à Hawaï, en Allemagne ou dans l’arrondissement 5 de la reine des Cantons-de-l’Est.
Et surtout parce qu’ils m’ont fait réaliser que la poutine du Louis, ne se retrouve qu’à Sherbrooke…

2 commentaires:

Karine a dit...

Wow ! Merci Gege de penser à moi et ma famille comme ça ! Ca fait plaisir ! Ton article est tellemnt vrai...jusqu'à la dernière phrase ! La mauzus de poutine : quand est-ce que les français vont comprendre comment faire du vrai fromage en crottes ???

Merci ! Et garde -moi une copie de ce dossier spéciale. Moi aussi ça me captive de voir des petits Sherbrookois qui ont trouvé le bonheur aux quatres coins du monde ! xoxox

Anonyme a dit...

Bonjour genevieve
Il n’y a pas que la poutine de chez louis qui manque ici en Martinique mais les œufs bénédictin florentin de chez eggsfruit, et bien d’autre choses, mais bon on fait avec, il y a plein d’autre chose ici qu’on a pas au québéc., les accras, le boudin créole, la sauce chien, les poissons frais de chez frais, la température, etc etc etc, mais que voulez vous comme disait un certain 'crétin' on ne peut pas tout avoir partout ou on va, et je parle à mes enfants et parents plusieurs fois par semaine, des fois repartir à neuf (surtout à 50 ans) est un renouveau total, je commence une toute nouvelle vie et elle me plait énormément, surtout qu’il n’y a plus de -30, il n’y a que des +30.
gros bizouxxxx à bientôt ,
Josée Lapointe