04 octobre 2007

L'héritage du 11 septembre

Je refuse de croire que je suis raciste.
Ce n’est pas si simple. Facile de dire qu’aucun préjugé racial ne se retrouve dans nos pensées. Mais en réalité, sommes-nous aussi ouverts et tolérants que l’on affirme haut et fort? Sais pas.
J’ai pris l’avion le week-end dernier. En comptant les escales, j’ai vécu cinq décollages et cinq atterrissages.
Inconsciemment à chaque reprise, le même scénario s’est répété dans ma tête.
J’observe tous les passagers du vol. Ont-ils l’air louche? L’air méchant? Les gens près du cockpit paraissent-ils dangereux? Je scrute leurs bagages. Contiennent-ils des armes? Des explosifs? Que font les gens? Les plus nonchalants attirent mon attention. Celui qui lit le journal, celui qui joue au Gameboy, celui qui écoute son Ipod me font peur. Il faut se méfier de ses personnes qui ont l’air au dessus de tout. Ils veulent se fondre dans la masse pour mieux mettre leur plan d’attentat à exécution. Mes yeux s’attardent à la cabine du pilote. Est-elle bien verrouillée? Je m’interroge sur les compétences du pilote. Est-il bien formé pour affronter un terroriste?
Tout semble sous contrôle. Pour le moment.
Plus tard, un peu avant le décollage, j’ai visité la salle de bain de l’avion. C’est à ce moment que mes yeux ont croisé ceux d’un Arabe. Mon cœur s’est emballé et mon envie de pipi est partie instantanément. Je suis retourné subito-presto à mon siège. Sans même réfléchir, j’ai vérifié si mon cellulaire fonctionnait bien au cas où je doive appeler les secours. J’ai regretté de ne pas avoir encore rédigé mon testament. J’ai eu envie d’appeler mes filles pour leur dire que je les aimais. J’ai analysé si ma place dans l’avion était stratégique si un quelconque pépin survenait. Et pour une rare fois, j’ai bien écouté les consignes de l’hôtesse de l’air sur les règles de survie en cas d’accident…
C’est pendant que je vérifiais sous mon siège si une ceinture de sauvetage si trouvait que j’ai réalisé que j’avais un comportement des plus stupides. J’étais complètement ridicule.
Je sais bien que tous les Arabes ne sont pas membres d’Al-Qaïda. Je sais bien que les Arabes ne sont pas tous intégristes. Je sais bien que ce n’est qu’une toute petite minorité d’Arabes qui souhaitent voir les Etats-Unis s’effacer du globe-terrestre.
C’est à ce moment que j’ai réalisé que les attentats du 11 septembre 2001 ont laissé des traces sournoises. Que sans le vouloir, tous les Arabes et tous les Musulmans sont mis dans le même bateau. Que six ans plus tard, les cicatrices laissées par les attentats contre le World Trade Center sont encore bien vives. La peur d’être parmi les prochaines victimes des amis de Ben Laden est ancrée en nous.
Le plus triste dans toute cette histoire, c’est que probablement que l’on se ferme à de belles rencontres. C’est que l’on se crée des peurs inutiles. C’est aussi que l’on gâche des moments qui pourraient être magiques. Tout ça parce qu’un monsieur a fait une connerie un jour.
Plus question qu’une crainte injustifiée m’accompagne en avion dorénavant. J’ai autre chose à faire. Ma vessie s’est mise à crier son inconfort. Je suis retournée aux toilettes. Mes yeux ont recroisé ceux de l’Arabe. Au lieu de lui faire sentir une anxiété démesurée, je lui ai servi mon plus beau sourire. Qu’il m’a rendu.
Et si j’ai à craindre de quelque chose, c’est bien plus celle de perdre mes bagages… D’ailleurs, j’attends toujours ma valise qui s’est perdue quelque part entre Las Vegas, Memphis et Burlington.

1 commentaire:

Karine a dit...

bizarrement ce genre de comportement ne m'a jamais atteints! Je trouve tellement ridicule les 1001 contrôles de toutes sortes (genre que les piques de ma ceinture pourrait crever l'aorte de quelqu'un!!!) que je laisse tout de côté en pensant que quand mon jour viendra, je ne pourrai pas y changer grand chose! Le destin quoi...