22 juillet 2008

Enfin les vacances de la construction?

Je les attendais depuis tellement longtemps.
Je comptais même les dodos comme une petite fille à l’approche de Noël.
Les dates étaient encerclées en rose fluo dans mon agenda.
Je faisais des projets de grasses matinées. J’avais des idées de soupers tranquilles. De lunchs pris paisiblement sur le balcon. Je mourais d’envie de jouer dans le jardin au son des oiseaux. D’admirer le coucher du soleil sans que ma vue ne soit dérangée.
Toutes des choses qui m’étaient impossibles jusqu’à présent.
Pourquoi?Parce que, voyez-vous, je vis dans un interminable chantier de construction. Depuis octobre dernier qu’on l’on dynamite sous ma fenêtre de chambre, que des pelles mécaniques obstruent la vue de ma porte de salon, que des dizaines de camions lourds font la file devant ma cuisine pour ramasser des voyages et des voyages de terre et de pierres.
Et vous le devinez, le tout ne s’effectue pas dans le même silence que l’on retrouve dans une bibliothèque ou dans un monastère… Par moments, je suis certaine que c’est plus tranquille à Kaboul. L’enfer je vous dis.
La bonne nouvelle, s’il faut en chercher une, c’est que depuis l’automne, je n’ai pas eu à régler le réveil-matin. Les travailleurs de la construction se chargeaient de me lever du lit parfois aussi tôt qu’à 6 h 15 (note à moi-même : vérifier avec la Ville la réglementation municipale concernant le bruit matinal).
Va pour le matin, mais quand je rentre du bureau le soir et que je vois encore ces foutus marteaux-piqueurs en action, j’avoue que mon impatience (et que dire de mon agressivité?) monte d’un cran. (Note à moi-même : penser à me procurer des bouchons d’oreilles pour amoindrir les impacts de ce vacarme sur ma vie familiale.)
Ajoutez à cela la télé que les filles écoutent, le bruit du lave-vaisselle, le chien qui jappe, le téléphone qui sonne, le MSN qui buzz, la hotte de ventilation du four, ne vous demandez pas comment je ne suis pas encore virée folle…
Vous comprenez maintenant pourquoi j’attendais avec une impatience démesurée ces fameuses vacances de la construction où seraient rangés pour deux semaines marteaux, scies radiales et bâtons de dynamite.
Ce grand jour est enfin arrivé samedi dernier. J’avais débranché le téléphone. Envoyé le chien chez ma sœur. Fermé l’ordi. Tout ce qui était prévu à mon agenda, c’était de vivre dans le silence. De me réveiller par moi-même. Écouter mes plants de tomates pousser. Tenter de différencier les espèces d’oiseaux qui vivent près de chez moi, non pas par leur plumage, mais par leur chant.
Si le temps me le permettait, je me promettais un grand bain où le seul bruit que j’entendrais serait celui des pages de mon livre que je vais tourner. En soirée, je pourrais me permettre de prendre un verre de vin sur la pelouse en admirant le ciel étoilé.
Je voulais faire une cure intensive de silence avant que mes oreilles se syndiquent pour utilisation abusive. Fallait que je mette mes tympans au repos au plus vite. J’avais même l’impression que mes marteaux et mes tambours avaient un projet caché de retraite. Fallait agir et vite.
Ce samedi, donc, je me réveille non pas à 11 h. Pas même à 10 h. Non, non. À 7 h 15, mes yeux étaient grands ouverts.
Ce n’est pas le bruit d’un dynamitage qui m’a réveillée. Ce n’est pas celui d’un marteau-piqueur non plus. De ce côté, tout allait.
C’est le bruit qu’il y a dans la maison quand mes poules sont absentes. Vous savez, ce son de solitude.
Dans la planification de cette journée de rêve, j’avais oublié un léger détail. Les vacances de la construction coïncident avec les deux semaines où mes héritières désertent le nid familial pour migrer chez papa.
Puis-je vous dire comment j’ai hâte de revoir un marteau-piqueur se faire aller dans ma fenêtre de salon?

1 commentaire:

Annick a dit...

je viens de me taper plusieurs de tes nouvelles...je veux juste te dire que tu écris merveilleusement bien.c'est du bonbon de te lire!! j'ai été tantôt touchée tantôt crampée mais toujours épatée!! félicitation!!!