19 août 2009

La vieille "matante"

Vous en avez une. J’en ai une aussi. Tout le monde en connait une. Pas besoin de se péter les bretelles avec ça, vous ne ferez pas de jaloux.
Vous savez, quelqu’un qui nous tape royalement sur les nerfs? Qui ressassent sans cesse les mêmes histoires plates («Dans mon temps, on marchait dix miles pour aller à l’école, nu pied dans neige avec notre pupitre sur le dos»)? Qui avait donc une meilleure vie que nous dans son temps («Dans mon temps, on recevait une pomme à Noël. Pis si on était chanceux, on avait une orange aussi. Pis on était content»)? Qui croient fermement que les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus de valeurs, plus de respect et qu’ils sont sans considération pour leurs aînés («Dans mon temps, il aurait été impossible que je tutoie ma mère!»)?
Fatiguant hein?
Quand je vois cette «matante» commencer à se bercer, je sais que le pénible spectacle pour mes oreilles commencera. Je n’ai qu’une seule envie : m’enfuir à toutes jambes vers un monde meilleur. Malheureusement, pour éviter un drame familial, je me résous à tendre l’oreille et à faire des «Hum… hum… » pour lui démontrer un petit peu d’intérêt.
J’ai toujours pensé que ce genre de personne vivait dans le passé. Que ces gens sont incapables de s’adapter aux réalités d’aujourd’hui. Que ce syndrome arrivait avec les cheveux blancs et l’encaissement d’un chèque de pension.
Ça bien l’air que non.
J’en suis devenue une!
Et ce n’est pas de gaieté de cœur que je vous annonce ça. Gênée je le suis, mais c’est surtout traumatisée que je prends conscience que je suis devenue une vieille «matante» frustrée.
Ça m’a frappé de plein fouet le week-end dernier. J’avais amené ma basse-cour –mes deux poulettes et mon coq- camper au Parc national d’Oka quelques jours pendant mes vacances. Repos, lecture au son des chants d’oiseaux, guimauves sur le feu, grasses matinées, farniente sur la plage étaient les seuls trucs d’inscrits à l’agenda.
Une semaine de rêve. De tranquillité. De détente. Ça, c’est ce que je m’imaginais.
Une semaine d’enfer. De bruit. De frustration. Ça, c’est ce que j’ai eue.
Il y avait des fromages de l’Abbaye sur la table qui côtoyaient des terrines maisons achetées au marché local. Le coq débouchait un hydromel. Les poulettes jouaient aux cartes dans un calme peu commun. Une scène de film. Parfaite. Unique.
On s’assoit pour faire honneur à notre souper. Me suis étouffé avec ma première bouchée. La musique de la voiture qui venait de passer tout juste à côté de notre terrain était tellement forte que je suis certaine que vous l’avez entendue ici.
Trois jeunes sont sortis de la CRX modifiée. Je crois qu’ils avaient un défaut de fabrication aux oreilles, car même s’ils étaient à deux pieds l’un de l’autre, ils devaient hurler pour s’entendre.
Pendant qu’ils s’installaient, une Golf GTI est arrivée avec autant de fracas. Suivi d’une Civic. Et toujours autant de vacarme. En tout, ils occupaient trois terrains côte à côte. Pas question pour eux de s’approcher pour se jaser. Que non! Ils se hurlaient d’un terrain à l’autre.
«Tu as vu ça chéri? Quelle belle soirée va-t-on passer! Pas moyen de souper en paix maudit. C’est quoi leur foutu problème de déranger tout le camping de la sorte? On dérange-tu nous autres? Non. Pourquoi eux ils ne font pas pareil?»
«Geneviève relaxe. Ils sont jeunes. Ils ne veulent que s’amuser. On a fait pareil nous aussi.»
Et c’est là que la phrase qui tue est sortie : «Quand j’étais jeune, on faisait attention aux autres. On avait du respect pour ceux qui nous entouraient. Jamais je n’aurais agis de la sorte. Jamais! »
Voilà c’est fait. Je suis rendue une vieille «matante».
Mais c’est moi ou dans mon temps c’était mieux?

1 commentaire:

Anonyme a dit...

T'es pas vraiment une matante encore....mais vieille, oui je te l'Acorde!! ;)