18 mars 2010

Et si j'étais la suivante?

Je ne connais pas vraiment Geneviève. Pour ne pas dire pas du tout. Je ne l'ai jamais rencontrée. Je n'ai aucune idée de quoi elle a l'air. Jamais parlé au téléphone. Jamais chatté sur MSN.

Pourtant, deux fois par mois, elle m'invite dans son univers. Invitation que j'accepte toujours avec joie. Parce que même si le monde de Geneviève est très particulier, j'adore y pénétrer même si j'ai toujours un peu la chienne de ce que je vais y lire. Et s'il était arrivé quelque chose?

Geneviève, c'est l'une des nombreuses mères qui avaient répondu à ma chronique sur les bonnes mamans. Elle m'avait écrit un très long courriel dans lequel elle m'expliquait pourquoi elle n'était pas une mère indigne.

C'est la réponse qui m'aura le plus bouleversée.

Et depuis, elle donne des nouvelles. De temps à autres. Quand il y a du nouveau dans le dossier Lauralie. Pour nous montrer de nouvelles photos de sa poulette. Nouvelles que je m'empresse toujours de lire rapidement avec les doigts croisés que tout aille bien pour elle. Pour eux.

Lauralie, c'est sa petite puce qui vient tout juste de souffler sa première chandelle... aux soins intensifs de la pédiatrie du CHUS. Depuis un calendrier complet qu'elle se bat pour apprendre à respirer d'elle-même parce que Lauralie est née avec de petits poumons avec des défauts de fabrication.

Pourtant, même si elle avait une liste longue comme ça de trucs pour chialer ou pleurer, les courriels de Geneviève sont toujours remplis de soleil. Jamais négatifs. Jamais tristes. Jamais paniqués.

Elle a ce don, Geneviève, de nous faire ressortir le positif de cette situation tellement angoissante, tellement injuste. Elle qui pourrait tellement verser dans le désespoir. La dépression.

J'en jasais d'ailleurs avec l'amoureux, hier soir, après avoir vu de nouvelles photos de la belle Lauralie. Je lui racontais sa sortie imminente de l'hôpital et l'angoisse de Geneviève qui devra apprendre à vivre avec le respirateur et le nez artificiel de sa petite puce qui peut sonner l'alarme à tout instant. Mais je lui disais surtout la joie qu'elle avait d'enfin pouvoir admirer sa fille dormir dans son lit bientôt, de découvrir son chez soi, de se promener en poussette ailleurs qu'autour de l'hôpital.

Et puis, je me suis demandé pourquoi. Pourquoi elle? Est-ce que Geneviève a fait quelque chose de mal pour se retrouver avec une petite avec de si graves problèmes? A-t-elle mangé des sushis enceinte? A-t-elle fait du ski? A-t-elle bu du Coke?

Je sais bien que non. Je suis persuadée que Geneviève a tout fait ce qui était en son pouvoir pour que son bébé soit le plus en santé possible. Et pourtant, sa poulette ne l'était pas. Pourquoi alors? Pourquoi a-t-elle gagné à cette loterie des plus moches?

Et qu'est-ce qui nous dit que je ne serai pas la prochaine à empocher le gros lot des intubations, des médicaments, des rondes de médecins et spécialistes qui défilent devant Boum Boum? Qu'est-ce qui dit que dans la distribution des billets "Enfants malades", je ne suis pas la prochaine dans la file d'attente?

Questionnements que l'amoureux a balayés du revers de la main (vous connaissez les hommes...). "Chérie, je sais que notre fille est en santé. Arrête de t'inquiéter."

Vlan! Fin de la discussion.

Si c'était si simple... "Ouais, mais mettons que tu te trompes et que notre petite poulette en construction, ben, il lui manque des morceaux, on va faire quoi? On va la retourner au magasin en invoquant la garantie?"

Silence radio. Puis après quelques secondes, il s'est ressaisi. "Ge, arrête de t'en faire. Tu ne peux pas rien contrôler. Et si notre petite n'est pas en santé, on fera comme Geneviève: on l'aimera de tout notre être et on s'émerveillera devant ses yeux plein de soleil comme tous les parents du monde."

1 commentaire:

grenouille verte a dit...

je n'ai pas de mots magiques....juste te dire que je te souhaite un beau bébé rose et en santé !! xxx bonne fin de grossesse !!