11 mars 2010

Plantation d’arbres à dollars recherchée

J'ai passé toute la dernière semaine à me demander où était cachée la plantation d'arbres à dollars américains en Floride. Il y en a forcément une. Du moins, c'est la réflexion que je me suis passée après avoir passée sept jours dans la capitale de l'orange.

C'est lorsque j'ai payé 34,90 $US pour 2 hots dogs, une frite, une salade du jardin, un muffin aux bleuets et un jus de pommes que j'ai soufflé dans le creux de l'oreille de l'amoureux: «Que dirais-tu si on restait ici encore quelque temps, question de trouver où l'argent pousse? On se remplit les poches et on revient au Québec faire la belle vie.»

Nous étions au Musée Ringling, à Sarasota, dans le sud-ouest de l'état, à admirer les œuvres d'art de cette famille qui a fait fortune avec un cirque au début du siècle quand mon estomac s'est mis à hurler. Pis une femme enceinte qui a faim, de un, on n'obstine pas ça. De deux, on s'empresse de nourrir ça. Alors, direction petit café de l'endroit, où, m'assure-t-on, je trouverai quelque chose à me mettre sous la dent et qui remplira également les bedons de mes deux rejetons qui n'avaient nullement envie de manger les barres tendres que je tentais de leur refiler.

Alors donc, je passe la commande pour ma petite famille. J'ai manqué m'étrangler quand la gentille caissière m'a demandé autant de billets verts pour un tel repas. J'entendais mon gérant de banque me remercier de ne pas avoir choisi le tartare de thon ou l'escalope de veau parmigiana.

Pourtant, ce n'était pas là une exception. Semble que ce soit la norme. La veille, nous étions à Busch Garden où on ne s'est pas gêné pour extraire 7,99 $US de mon portefeuille pour un repas pour enfant, qui constituait en une très petite portion de macaroni au fromage, un petit berlingot de lait et un biscuit aux brisures de chocolat. Multipliez le tout par deux, ajoutez-y deux repas pour adultes (on s'est éclaté: l'amoureux s'est payé un sandwich jambon-fromage et moi un chili) et vous aurez une facture qui frôlera les 50 $US. Pour un lunch là. Pour un simple dîner.

Suis-je peut-être radine. Gripsou. Séraphin sur les bords. Mais reste que j'étais épatée sans bon sens de voir tout le monde remplir son cabaret à rebord sans se soucier du montant qu'on leur demandera une fois rendue à la caisse. Alors qu'on nous avait demandé 80 $ par personne pour entrer sur le site! Si on sort la calculatrice et qu'on additionne tous ces montants, ça fait une journée qui coûte pas loin de la peau du …

Oui, ce sont des trucs hyper touristiques et qu'habituellement, on ne se gêne pas pour soulager notre carte de crédit dans ces endroits. Vous allez me dire que c'était la relâche au Québec, que ces visiteurs résident tous ailleurs qu'en terre étatsunienne. Mais non.

«Chéri, sont pas en récession les Américains? Sont pas censés être au bord de la faillite? Sont pas supposés crouler sous les dettes? Avoir tous perdu leur maison? Mais comment ça se fait que le stationnement du parc d'amusement soit rempli à craquer d'autos immatriculées en Floride et qu'on fait la queue dans les magasins de souvenirs? Dis-moi chéri, ils le prennent où, leur fric? Moi aussi je veux savoir! Moi aussi je veux pouvoir remplir mon cabaret bien plein!»

On n'a pas trouvé. Ni au Musée de Dali où on nous a demandé 17 $US par personne pour admirer les œuvres du célèbre peintre espagnol. Ni à Disney où il fallait débourser 85 $US par personne pour s'imprégner de cette fameuse magie dont on parle tant.

Je n'ai pas réussi à trouver où se cachait leur coffre aux trésors. Mais je peux vous dire, par contre, que le mien est vide en sale… Je jonglais avec ces réflexions, hier, alors que je constatais l'ampleur des dégâts sur le site internet de ma banque quand Filou est entrée dans le salon: «Tu sais maman, je pensais à ça tantôt et je me disais que c'était vraiment la plus belle semaine de ma vie que nous avons eue en Floride. Merci beaucoup beaucoup beaucoup!»

Pendant que j'essuyais la bave qui était restée sur ma joue suite à son bec (très) mouillé, j'ai fermé l'écran de mon ordi en me disant que les souvenirs que nous nous étions créés, la semaine dernière, valaient bien tous ces dollars disparus de mon compte chèque.

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