20 janvier 2011

Job ingrat

Il y a 12 ans, j'avais postulé pour un super job. La description de tâches avait l'air popire. La rémunération était à chier, mais je ne voulais pas de ce boulot pour l'argent. Je désirais ce poste pour tous les autres avantages qui en découlaient et qui semblaient tellement extraordinaires.

J'ai donc envoyé mon cv. Attendu une réponse pendant quelques semaines. Pendant l'attente, j'ai fait beaucoup de visualisation positive. C'était pendant les Olympiques de Nagano. Il y avait plein de psys sportifs à la télé qui expliquaient sans cesse l'importance de se visualiser dans le futur en train de gagner, de réussir. Alors, j'ai écouté sagement ces conseils d'experts et je me suis imaginée dans ce job.Job ingrat

Je pense avoir bien appliqué la méthode parce que ç'a fonctionné. J'ai eu le boulot convoité. Yé! J'étais folle de joie! J'en rêvais la nuit. J'y pensais en mangeant mes Cheerios le matin ou en avalant mon macaroni au souper. En frottant la bol, en marchant pour aller au courrier, en vidant le lave-vaisselle, en regardant les funérailles de Lady Di.

J'occupe toujours ce poste. Je pense que je vais y travailler pour encore de nombreuses décennies. Mais maudit que mon job est ingrat!


"Hé! Maxim, si on allait en ski demain?" "Euh... non. Je vais patiner avec mes amies demain", me répond-elle sur un ton de c**, comme si j'étais la dernière des imbéciles.

"Mamaaaaaan! T'as pas encore lavé mes jeans? C'est ça que je voulais mettre aujourd'hui!" me crie-t-elle du fond du sous-sol comme si j'étais à son unique service. Parce que c'est bien connu que les mamans, elles passent leur temps à attendre à côté du panier à linge de leur ado qu'un vêtement y tombe pour ensuite courir à la laveuse pour le rendre tout propre dans le temps de le dire.

"Ah non! Pas encore du pâté chinois! Tu fais toujours du pâté chinois! Moi je n'ai pas le goût de manger ça. Fais-moi du macaroni!" Hein? Se pense-t-elle au resto, elle? Parce que s'il n'en tenait qu'à moi, je n'en ferais jamais de souper. J'ai tellement d'autres chats à fouetter. Et là, la princesse n'est pas d'accord avec le menu du jour? Pardon?

Il y a des jours où je n'ai qu'une seule envie en tête: démissionner. Foutre mon job là et m'enfuir aux Bermudes manger des noix de coco et compter le nombre de vagues à l'heure qui viennent mourir sur la plage.

Non, mais c'est-tu fatiguant pareil! Qu'ils aient deux ans, six ans ou douze ans, ils ne sont jamais contents, ces enfants-là. Ça chiale toujours. Ça rouspète toujours. Ça se lamente toujours.

Que l'on court aux quatre coins de la ville pour les cours de natation ou pour un après-midi chez la copine, que l'on se lève la nuit pour les aider à dégueuler leur gastro, que l'on prenne le temps de cuisiner des muffins maison pour leurs lunchs, que l'on dépense sa paye en chandails et en pantalons qui ne feront plus dans six mois, qu'on leur paye des journées de ski ou un film au cinéma, les mamans n'en font jamais assez. Ou ce qu'elles font, elles le font tout croche. Pis surtout, il n'y a jamais, jamais, jamais de merci en retour.

Jamais de "merci maman, il est bon ton pâté chinois". Jamais de "merci maman de lâcher ton roman pour venir me reconduire chez Léa". Jamais de "je sais que tu détestes faire le lavage, mais sache maman que j'apprécie vraiment beaucoup que tu prennes le temps de laver mon linge pour qu'il y ait toujours des bobettes propres dans mon tiroir. Merci".

Déprimant, mais surtout ingrat le job de mère.

Ne lancez pas des roches à mon ado. Avant, regardez-vous le nombril. Quand est-ce la dernière fois où vous avez dit à votre mère qu'elle avait fait un boulot génial pour vous?

Merci maman de m'avoir endurée pendant toutes mes années d'adolescence, pour tous ces délicieux pâtés chinois, pour toutes ces bobettes si bien lavées, pour tous ces kilomètres faits en voiture...

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