20 janvier 2011

Mes 33 derniers Noëls: 0 Mon futur Noël: 1

Cette semaine, on m'a demandé de raconter un souvenir de Noël particulièrement marquant. Mais j'ai beau fouiller dans les annales familiales, je ne trouve rien qui vaille la peine de noircir une colonne dans un journal. J'ai beau passer en revue mes 33 derniers Noël, il n'y a rien qui vaille le chèque de paye qui m'attend pour cette chronique.

Désolé Monsieur-le-rédacteur-en-chef-par-intérim, mais mon plus beau Noël n'est pas derrière moi. Il est devant. Celui qui se pointera ce week-end.

Pourquoi?

Tout simplement parce qu'il s'en est fallu de peu pour que je ne le vois pas. Si, si, mon Chiclets a passé près de ne pas se retrouver sur les photos familiales annuelles. Ma mère aurait eu un cadeau de moins à acheter. L'amoureux aurait attendu le père Noël en tête à tête avec sa nouvelle-née (du moins j'espère que je n'aurais pas déjà été remplacée!). Et j'aurais manqué les éclats de vie dans les yeux de mon bébé devant le sapin de Noël.


Parce que si on avait été en 1943, mettons, je n'aurais pas survécu à mon accouchement. Je serais tout simplement morte au bout de mon sang qui n'en finissait plus de s'enfuir de mon corps. Vive la médecine moderne!

Mais même en 2010, les gens qui m'assistaient dans la mise au monde de ma numéro trois ont eu chaud et ce, tant au sens propre qu'au sens figuré. Je vous le dis, ça sentait le swing dans la place!

Faut dire que lorsque des professionnels crient sans cesse et à tout rompre : «C'est une urgence vitale! Faites vite!», c'est assez pour détremper un t-shirt et pas juste sous les bras. On les comprendra, ils avaient tous la chienne de devoir remplir un constat de décès en plus d'une déclaration de naissance.

Sur le coup, je n'ai pas réalisé l'ampleur de la situation. La gravité de mon état. J'étais trop occupée avec mon masque à oxygène qui me tapait royalement sur les nerfs. J'étais aussi en colère contre celle qui me martyrisait les cuisses avec ses multiples injections de médicaments. Non mais, ne pouvait-elle pas faire plus attention?

Et j'espérais tellement que celle qui tentait de faire contracter mon utérus en pompant mon ventre aussi fort que si elle actionnait une baratte à beurre aille prendre un café. Je me foutais vraiment du fait qu'on luttait pour ma survie. Bref, je pensais qu'on était devant un léger pépin.

Je pense que j'ai compris ce qui arrivait quand j'ai vu les yeux remplis d'inquiétude et de peur de l'amoureux qui se promenait d'un bord à l'autre de la chambre avec la poulette toute neuve dans les bras.

Je pense que j'ai concrètement réalisé ce qui se passait quand j'ai demandé à mon amie Dany de bien s'occuper de mes deux grandes filles.

Finalement, même si j'ai rempli quelques pots à jus de liquide rouge, je suis encore là. Bien en vie. Je ne me souviens plus trop des premiers jours de vie de Sam-Sam, mais je me rappelle que j'étais là pour elle. Malheureusement, ne pensez pas à moi pour courir un marathon, mais je commence à être capable de monter les marches pour me rendre à ma chambre sans avoir l'impression que le coeur veut me sortir de la poitrine. Mais je suis là pour les monter, ces marches!

On entend souvent dire que les gens qui frôlent la mort trouvent que le soleil brille plus. Que les fleurs sentent meilleur. Que l'air est plus frais dans leurs poumons. Je ne peux pas dire si toutes ces choses sont vraies. Mais je sais que ce sera mon plus beau Noël tout simplement parce que j'y serai.

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