29 août 2005

Des rêves pour 2$



Il était là depuis longtemps. Depuis le neuf juillet dernier en fait. Nous avions fait connaissance au dépanneur du coin alors que je m’étais laissée tenter par son alléchant panneau-réclamme.
14 millions$, ça ne change pas le monde sauf que. C’est ce que je me dis invariablement lorsque le gros lot du moment frôle les 15 millions$ Et si j’étais la prochaine ? Si c’était mon jour de chance ? Si c’était mon tour ?
J’ai sorti les deux dollars demandés pour me porter acquéreur de ces six numéros. Une sizaine de chiffres qui pourraient tellement changer ma vie certes, mais celle de mes filles, de mes sœurs, de mes parents, de mes amies.
Et depuis, ce petit rectangle blanc aux contours bleu royal prenait place à bord de ma voiture. À chaque virée à bord de ma sous-compacte, je le regardais en m’imaginant comment je pourrais dépenser un tel lot.
Mes plans changeaient au gré des mes sorties. Parfois, je me voyais partir à la conquête de l’Europe et découvrir ses trésors historiques. Tandis que d’autres fois, c’était plus le soleil et les châteaux de sable que nous pourrions construire qui attiraient mon imagination.
Je me voyais me porter acquéreur d’une villa au bord de la Méditerranée ou d’un petit chalet sur le rivage du lac Brompton. Peut-être que j’aurais préféré l’achat d’un véhicule récréatif qui m’aurait amené aux quatre coins de l’Amérique ?
Plus aucune dette ne figurerait à mon relevé bancaire ainsi que de celui de mes parents et de mes sœurs, de mes grands-parents. Une nouvelle auto pour Anne-Marie, un condo pour Alex et tant qu’à y être, un gros bateau pour Érik seraient sur ma liste de cadeaux d’avant Noël.
Maxim pourrait suivre ses cours de ballet classique en Russie et j’aurais engagé Grant Hackett pour enseigner la natation à Filou. La grande jouerait du violon avec un Stradivarius. La seconde aurait un terrain de jeu aussi grand que Disneyland.
Parfois la réalité me rattrapait. Que ferais-je de mon travail ? J’aime écrire. J’aime les gens. J’aime me casser la tête à trouver des sujets. Je suis trop jeune pour la retraite. Une entente avec le boss pour l’écriture de mes récits de voyages. Voilà la solution.
Les semaines passaient, et je refusais de faire valider mon billet de loto. J’aimais l’idée que peut-être j’étais LA gagnante. Mes virées automobiles me faisaient rêver. 14 millions$ ça permet de faire nombre de choses. Beaucoup de trucs.
En racontant tout ceci à ma sœur, elle s’est mise à rigoler. « Allez Ge ! Déniaize ! Fais valider ton billet. J’aimerais le savoir avant de m’acheter ma nouvelle voiture ! »
Je n’aurais pas dû l’écouter. Je n’ai pas gagné. Même pas un p’tit 10$. Et depuis, mes balades en auto sont ennuyantes à mourir.

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