20 mars 2006

Chanceuse moi?

Chanceuse moi ? Je ne crois pas. Dans les trois dernières années, j’ai perdu un emploi, la moitié de mon mobilier, mes nouvelles mitaines de ski, et vendredi dernier, j’ai encore perdu 2$ au 6/49 alors que ma combinaison n’était pas celle qui valait quatre millions.
Je me suis aussi fait voler mon vélo, ma nouvelle échelle, la brouette Little Tikes des filles.
J’ai eu une infiltration d’eau dans ma maison, mon robinet de cuisine est brisé, quelqu’un m’a laissé une belle bosse en souvenir sur mon auto, il fait toujours trop froid ou trop chaud dans mon bureau, il y a un feu sauvage qui a trouvé refuge sur ma lèvre supérieure et mon nouveau shampoing sent la pâte à modeler Play Doh.
Je ne crois vraiment pas être veinarde, au contraire ! La malchance, la poisse, la guigne me collent au derrière, vous voyez bien ! Mais pourtant, depuis le début de l’année, pas une journée ne passe sans que l’on me dise que je suis chanceuse. Et la chance, j’avoue que c’est un concept qui m’agace grandement.
Oui, j’ai eu ma permanence après seulement deux ans de travail à La Nouvelle. Oui, j’ai gagné un voyage ski au mont Sainte-Anne. Et oui, il y a plein de trucs dans ma vie qui font l’envie des autres.
Mais ce n’est pas de la chance ça. Que non !
Ma permanence, je ne l’ai pas trouvée dans ma boîte de Frosted Flakes par un beau matin de février. J’ai bûché pour trouver des sujets intéressants à proposer. J’ai travaillé pour rendre mes articles captivants. Je n’ai pas compté les heures passées au bureau au cours des deux dernières années. Ce n’est pas le hasard qui a fait que j’ai eu ce poste. Ce n’est pas parce que j’avais la bonne combinaison de chiffres que je me suis retrouvée à la tête de la rédaction de ce journal.
C’est comme mon voyage de ski. Il n’y a personne qui s’est pointé chez moi pour me dire : « Voilà, j’aimerais vous offrir un voyage de ski, comme ça, tout bonnement parce que je trouve que la brique de votre maison s’agence bien à la couleur de mon complet-cravate. »
Ç'aurait été fort plaisant, mais ça n’a pas été le cas. On n’a pas tiré mon nom au sort parmi 76 988 coupons de participation. J’ai gagné parce que j’ai soumis au jury du concours un texte qui a retenu son attention. C’est tout.
Chaque fois que je pense à ce concept de chance, je revois ma grand-mère qui, en visitant le nouveau condo de ma sœur cadette, disait : « Tu es chanceuse d’avoir une maison comme ça à ton âge ! » Elle se l’est fait dire Mamie que ce n’était pas de la chance. « Je suis loin d’être chanceuse ! On travaille pour se payer ça ! », que lui a lancé ma sœur, insultée un brin.
Parce qu’on n’a pas tiré le billet de la Maison Desjardins avec son nom dessus. Elle a une hypothèque à la banque qu’elle rembourse chaque mois. Ce n’est pas de la chance ça.
Je suis peut-être chanceuse, mais pour mille autres raisons que celles-là.
Je suis chanceuse parce que Katia est immanquablement au bout du fil quand je compose son numéro. Je suis chanceuse parce que je gagne continuellement au Monopoly. Je suis chanceuse parce qu’il fait toujours beau quand je suis en vacances. Je suis chanceuse parce que la vie m’a apporté deux enfants en bonne santé.
Dans le fond, c'est vrai que j’ai la chance collée au derrière. M'enfin.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour,

Merci pour tous vos articles.

Ce dernier m'a fait apprécier la vie aussi.

Michel D.