13 mars 2006

La guerre à la mauvaise humeur

Ouf ! L’atmosphère est à couper au couteau. On a plus l’impression d’être en plein cœur de l’Antarctique que d'être qu’attablées devant le souper. Vraiment, j’aimerais être ailleurs.
Filou est choquée parce que je ne veux pas qu’elle mange des biscuits au chocolat avant qu’elle n’ait terminé son assiettée.
Maxim a le cœur dans la bouette parce qu’elle s’est (encore) chicanée avec son amie Audrey.
Et la petite sœur se réveille d’une sieste.
Entre deux bouchées, la petite soupire. Entre deux gorgées, la grande bougonne. Et l’autre baille à se décrocher la mâchoire. Beau tableau.
Vraiment, j’aimerais mieux être dans un séminaire de bas bruns où l’on débattrait de l’avenir du câble optique dans les villages du nord est de l’Ontario.
Il me vient donc une idée. Ne me demandez pas d’où cette illumination est arrivée, je ne le sais pas. N’empêche que ça l’a fait le travail.
C’est certain que lorsque Félixe a reçu sa première fève verte dans le front, elle était loin de me trouver drôle. Mais moi, j’ai éclaté de rire. Maxim, un peu éberluée, n’était pas certaine de comprendre ce qui se passait.
J’ai choisi ce moment précis pour lui envoyer une bonne pelletée de riz-à-grains-longs-et-riz-sauvage-aux-fines-herbes en plein visage.
Et là Félixe a compris ce qui arrivait. En moins de deux, elle s’est emparée d’un morceau de poulet qu’elle a dirigé droit sur la petite sœur. La cocotte a besoin d’entraînement, car son tir n’a pas atteint pas la cible désirée. Loin d’être découragée, elle s’empare d’un second morceau et cette fois-ci, elle atteint son but ; le front d’Alex.
Voilà que cette dernière émerge de son sommeil paradoxal et compte bien se défendre. Comme je suis la seule qui n’a pas été attaquée par cette armée alimentaire, me voilà la cible de trois mitraillettes aux missiles mangeables. À la guerre, comme à la guerre se sont dites mes adversaires. J’ai du riz dans les cheveux, j’ai du poulet dans le chandail et ma chaise est entourée de fèves vertes.
Voilà mon honneur attaqué. Je riposte. Pour se protéger de mes assauts, Félixe se réfugie en dessous de la table renversant du même coup son verre de lait. Maxim grimpe debout sur sa chaise pour avoir une meilleure position d’attaque. Elle accroche son assiette au passage qui se retrouve sur le plancher, à l’envers bien évidemment.
Comme il ne restait plus de projectiles dans le plat de la sœur, la voilà qui se dirige vers le garde-manger à la recherche de munitions comestibles. Elle hésite entre les macaronis et les œufs, je lui suggère les biscuits Oreo. Suggestion que j’ai regrettée aussitôt qu’un de ces engins a frappé ma nuque. Ouch !
Avant que l’on doive ériger un hôpital de guerre dans mon jumelé, j’ai décrété l’arrêt des hostilités, j’ai levé le drapeau blanc satisfaite. J’avais atteint mon but. Nous avions toutes gagné la guerre à la mauvaise humeur.
Parce qu’en moins de deux attaques, les soldats de la troupe Proulx ont non seulement retrouvé le sourire, mais elles ont retrouvé le goût de s’amuser et de rire.
Le commandant, s’est quant à elle, tapé trois heures de ménage pas la suite. Il y avait de la nourriture partout, partout et partout dans la salle à manger et même jusque dans le salon. Mais une seule question me vient à l’esprit : Et puis ?

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