28 janvier 2009

"Chéri, je veux me marier"

«Chéri, je veux me marier.»
Nous étions en 1998. J’étais amoureuse par-dessus la tête, je ne vivais que d’amour et d’eau fraîche et je voulais crier au monde entier que je voulais finir ma vie avec lui.
«Ma puce, on n’a pas besoin de se marier. Je n’ai pas besoin d’un papier pour te dire que je t’aime. La plus grande preuve de mon amour, tu l’as juste ici.»
J’ai regardé mon bedon qui était gros comme un ballon de gymnastique. Dedans nageait ce qui allait devenir notre première fille, Maxim. C’est vrai que j’avais là une grande preuve d’amour, d’engagement.
Adieu rêve de robe-blanche-avec-crinoline-et-diadème. Adieu photos romantiques au Domaine Howard qui auraient pu orner les murs de mon salon. Adieu jonc représentatif d’amour éternel. Adieu soirée festive avec toute la famille et les amis.
Je n’étais pas si triste. Ce n’était pas un si grand deuil. Parce qu’après tout, ce n’est pas un acte simple que de choisir une personne pour devenir mère ou père de nos futurs enfants. C’est plus compliqué, plus «impliquant» que de se pointer au Simon’s pour acheter un bikini pour le voyage de noces.
Je n’ai jamais remonté l’allée avec le père des mes filles. Je ne lui ai jamais dit oui devant Dieu (ou le juge) et les hommes. Je n’ai jamais signé de contrat de mariage.
Pas grave. Nous sommes reconnus comme conjoints de fait aux yeux de l’impôt et des allocations familiales. Nos deux noms sont sur le bail. Pourquoi m’en faire? Je pense que je suis blindée contre tous les imprévus.
Et bien, je me mettais un doigt dans l’œil et de façon tellement profonde que j’aurais pu me gratter le gros orteil avec.
Huit ans plus tard, nous nous sommes séparés. On a fait ça comme des grands. Il est parti avec le mobilier de salon. J’ai gardé celui de la chambre. Il a conservé ses REER, j’ai gardé mon fond de pension. Les filles restaient avec moi dix jours sur quatorze et lui me versait une pension alimentaire pour voir à leur bien-être. Une séparation banale.
Puis, il est parti. Pour de vrai. Dans le ciel. Plus de papa et plus de pension alimentaire.
Et c’est là, maintenant, douze ans plus tard, que je regrette de ne pas avoir poussé mon chum vers l’autel. De ne pas l’avoir forcé à signer un acte de mariage. Et, surtout, de ne pas avoir fait de contrat de vie commune avec lui.
Parce qu’il ne m’a jamais passé la bague au droit, je n’ai pas droit, comme mes consœurs des autres provinces canadiennes, à la rente de conjoint survivant administrée par la Régie des rentes du Québec. Une somme qui sert à remplacer le revenu de la personne décédée. Et qui, dans mon cas, remplacerait ma pension alimentaire.
Pourtant, si j’avais été mariée et divorcée, cette rente serait déposée dans mon compte chaque dernier jour du mois. Suis-je la seule à y voir un non-sens? Mes enfants sont-ils moins importants parce que leurs parents ont décidé, bien naïvement, de ne pas dépenser 10 000 $ pour unir officiellement leurs destinées? Sommes-nous en train de revenir à l’époque des enfants bâtards?

9 commentaires:

Karine a dit...

Ta dernière phrase résume bien toute cette connerie !!! Espérons que tout ça change grâce à ta détermination et ta volonté !!!

Anonyme a dit...

Je ne crois pas qu'il soit obligatoire au Québec d'être marié pour avoir droit à la rente de conjoint.On doit cohabiter ensemble depuis au moins 3 ans lors du décès de l'un des conjoints.D'après moi les autres conditions sont le mêmes. Que l'on soit marié ou pas.
André

Marie-Chantal a dit...

Si tu savais Gennie comment je "gosse" mon chum avec ça depuis ton histoire.
Il fait parti des hommes qui voient pas à quoi ça servirait de plus un petit papier.

Je lui lis tes textes à chaque fois, peut-etre comprendra-t-il un jour.

Ophélie a dit...

Tu as bien raison Geneviève. Beaucoup de gens (comme Anonyme par exemple) croient qu'en étant conjoint de fait on a droit aux mêmes avantages qu'au gens unis par un mariage (religieux ou civil). Mais non, il faut faire un contrat avec nos conjoint et vaut mieux le faire quand tout va bien!!! Encore moins compliqué (et surtout moins cher) que le mariage, la convention de vie commune permet aux conjoint de palier à des situations désolantes. J'espère que tout se règlera pour toi...
Mathilde

Anonyme a dit...

Je regrette que des femmes ayant des formations respectables et des âges suggérant la sagesse se permette encore de trouver inégal et outrageux un système qui est connu expliqué et ..vraiment pas dur à comprendre! Si t'es marié ....et bien tu l'es! Permettez une analogie.Un propriétaire paye des taxes ( doit attendre avant de prendre possession de l'immeuble et ne peut pas le dèlaisser avant qu'une vente et toute la procédure aie lieu)et plus tard récolte la plus-value de l'immeuble à sa vente alors qu'un locataire n'a pas de taxes à payer et seulement qu'une notice raisonnable à donner pour quitter l'immeuble. Personne ne se scandalise de cette inégalité de traitement...Même chose pour achat versus location d'un véhicule...résider dans le champs de l'indécision coûte peut-être plus cher mais c'est un choix. Et la liberté de choix c'est une liberté fondamentale. Vous connaissez l'expression: Se marier? Et bien ce n'est pas Se FAIRE marier. Et à titre indicatif...passer à la mairie...ca ne coûte pas 10 000$ ...( Et par experience personnelle...l'église les fleurs la réception...ca nous a couté 4000$ il y a 2 ans)
Phil

Anonyme a dit...

Le choix de se marier n'est pas la seule option, signer une convention d'union de fait permet de choisir si vous voulez avoir une pension lors de la séparation. Mais bien sur, personne ne veut discuter de choses comme ça pendant l'union...nous nous aimons, on ne se séparera jamais...et voilà, une séparation et une partie financièrement dans une situation précaire. Allez, renseignez vous à un notaire, ça sauve beaucoup de trouble.

Éliane

Anonyme a dit...

Bonjour Genevieve, tout d'abord toute mes sympathies. Apres avoir lu ton message je me suis posé toutes sortes de questions car moi aussi je croyais que tu devais avoir droit a ce montant car tu as des enfants. Mais bon, en lisant sur le site du gouvernement je vois qu'en tant qu'ex-conjoint même avec des enfants on a droit a rien. C'est vraiment ridicule! Moi je suis cjt de fait présentement avce 2 enfants donc aucun trouble en ce moment car j'aurais droit a ce montant mais advenant que je me separe je serais dans la meme situation que toi... Est-ce qu'on peut faire autre chose que se marier pour remédier a cette situation? En tout cas je te souhaite bon courage a travers cette épreuve. Audrey

Carla a dit...

Bonjour Geneviève,
J'ai lis votre article et je l'ai trouvé intéressante. Alors à partir de là j'ai écrit de mon côté sur le bas taux de natalité au Québec. Voilà, merci parce que vos mots ont piqué ma curiosité :) Bonne journée.

Anonyme a dit...

Bonjour,
Il est vrai qu'il existe une différence majeure entre le fait d'être mariés ou conjoints de faits au moment de la rupture. Toutefois, lorsque les gens mariés divorcent et que le partage du patrimoine familial est appliqué, ça met un terme final à quelque partage que ce soit par la suite. Donc, même si votre chéri vous avait amené au pieds de l'autel, le divorce qui aurait suivi quelques années plus tard ne vous aurait pas donné droit à la rente de conjoint survivant au moment de son décès. En ce sens, vous auriez été presqu'au même point que vous l'êtes actuellement (exception faite du partage du patrimoine familial).
Je travaille en planification financière et ce que je propose à mes couples qui se séparent (qu'ils étaient mariés ou pas) c'est que la personne qui reçoit une pension alimentaire achète une assurance vie sur la vie du payeur. En cas de décès, elle est protégée. C'est malheureux que par ignorance de la loi - ou par amour aveugle - certaines personnes se retrouvent dans des situations aussi difficiles que la vôtre.