13 février 2009

Lettre à Jean Charest

Ce n’est pas simple de vous joindre, monsieur le député. C’est incontestablement difficile.
Mais je ne suis pas stupide. Je sais bien que votre agenda déborde. Que les cases de votre horaire doivent se remplir à la vitesse de l’éclair.
Je comprends aussi qu’il y a des priorités. Que lorsque monsieur Sarkozy téléphone, on se démerde pour faire de la place dans l’horaire. Que lorsque qu’il y a un budget provincial à préparer, on privilégie les tête-à-tête avec notre ministre des Finances. Que lorsqu’une crise économique grave plane sur notre province, vaut mieux utiliser tout son temps pour tenter de trouver des solutions qui éviteront de mettre les Québécois dans le pétrin, financièrement parlant.
Je sais également que vous n’êtes pas seulement député de la circonscription de Sherbrooke, mais aussi le premier ministre du Québec. Votre définition de tâches s’en trouve astronomiquement augmentée.
Je suis consciente que vous devez parfois vous diviser en trois entre Québec, Montréal et Sherbrooke. Qu’il y a les réunions avec le conseil des ministres, les groupes de travail, les commissions parlementaires. Qu’il y a aussi tout ce temps passé à siéger à l’Assemblée nationale. Qu’il y a des tonnes et des tonnes de trucs à lire, de dossiers à comprendre, de données à mémoriser. Et je n’oublie pas les conférences de presse et les entrevues avec les journalistes que vous devez accorder régulièrement.
Je conçois aussi que vous avez besoin de dormir de temps à autres. Que votre estomac demande qu’on pense à lui. Et j’ose imaginer que madame Dionne souhaite voir votre sourire ailleurs que dans les bulletins télévisés.
Je réalise aussi que vous ne pouvez pas recevoir tous ceux qui sollicitent une rencontre. Qu’il faut trier les demandes. Choisir celles qui auront le plus d’impact sur le quotidien du plus grand nombre de Québécois possible. J’imagine qu’on appelle ça «optimiser le rendement».
Je suppose que vous vous fiez aux judicieux conseils de vos adjoints dans le choix de vos entrevues.
Mais il n’en demeure pas moins que je suis déçue que la porte de votre bureau me soit fermée. Que l’on refuse de me donner un tout petit rendez-vous de rien du tout avec mon député. Je ne demande pas la lune. À peine 15 minutes. Un tout petit quart d’heure de rien.
Quand j’étais petite, je trouvais que les citoyens de Saint-Laurent, ceux qui ont élu Robert Bourassa, étaient drôlement chanceux d’avoir le premier ministre comme député de leur circonscription. Quelle fierté devaient-ils ressentir! Aujourd’hui, c’est moi qui vis avec le premier ministre dans ma circonscription. Et j’en suis à me demander si je ne suis pas pénalisée comme citoyenne.
Oh! Je sais que vos adjoints doivent faire un boulot formidable. Qu’à bien des niveaux, ils vous prêtent main-forte. Qu’ils règlent les problèmes d’un nombre incalculable de personnes.
Mais moi, c’est à mon député que je veux parler.
Vous verrez, je suis d’agréable compagnie. J’ai un super sens de l’humour et une bonne tête sur les épaules. Je sais être concise et je déteste m’enfarger dans les fleurs du tapis. J’irai droit au but. Loin de moi l’idée de vous faire perdre votre temps.
Et je suis têtue. Il y a une loi qui m’embête et qu’il faut changer. Je veux donc vous faire part de mon point de vue pour que l’on trouve une solution ensemble. Que l’on change les choses.
Ce dont je veux vous faire part est une injustice qui touche les familles monoparentales, soit une grande part des foyers de votre circonscription (24 %). Ce n’est quand même pas rien.

Mais je saurai attendre mon tour. Comme une gentille citoyenne. Quand vous aurez deux minutes, qu’une case se libèrera à votre agenda, passez-moi un coup de fil au 819 564-5450, poste 313.

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