03 février 2009

J'ai donné ma démission

J’ai longuement réfléchi.
Ce n’est nullement une décision que j’ai prise à la légère, hâtivement, sur un coup de tête.
J’ai pesé le pour et le contre. J’ai dressé une liste à deux colonnes sur Excel des avantages et des inconvénients que cette décision aurait sur ma vie. Les impacts ont été notés, par ordre alphabétique, sur une feuille de cartable qui est affichée sur le fridg.
C’est vrai que les avantages sociaux peuvent paraître intéressants. Que plusieurs tueraient pour avoir ce poste. Que d’autres me traiteraient de bébé gâté. Mais le prestige et les bénéfices marginaux ne font pas de moi une employée si exemplaire, malheureusement.
J’ai consulté. Plusieurs personnes. Des spécialistes de la question, mais aussi des gens ordinaires. Des personnes qui étaient passées par là avant moi. Qui avaient l’expérience de la chose.
J’ai évalué les conséquences de mon geste, de ma décision. J’ai exploré les possibilités pour « l’après-démission ».
Je voulais être certaine de mon coup. Difficile de revenir en arrière. Et les possibilités de congés sans solde sont nulles dans mon domaine.
Ma description de tâches a été complètement redéfinie sans qu’on me consulte. Un des patrons de l’entreprise a foutu le camp. Un nouveau venu s’est joint à l’équipe sans crier gare.
Que voulez-vous, j’ai essayé. J’ai vraiment travaillé fort pour que ça fonctionne.
Mais, je n’y arrive pas. Je ne suis pas capable. Je suis à bout de ne pas réussir ce que à quoi on s’attend de moi. Ça me déprime de voir la liste de mes échecs s’allonger. Une fille s’écœure un moment donné.
J’ai tout tenté. Vraiment.
J’ai essayé le truc de l’agenda, la « to do list », de prioriser les priorités, de demander de l’aide.
Il n’y a rien qui a marché. Je suis nulle. À chier. Pis je suis fatiguée. Crevée. Claquée.
Alors tant qu’à amener tout le monde dans ma nullité, de faire couler le bateau, je préfère abdiquer. Je laisse ma place à d’autres qui sauront mieux faire.
Voilà c’est fait. J’ai signé ma lettre de démission ce vendredi matin. Je l’ai donnée à qui de droit quand j’ai eu assez de guts pour franchir la porte.
J’étais nerveuse. La main moite. Le papillon dans le bedon. Le cœur qui battait la chamade. La voix qui chevrettait.
Mais j’ai foncé.
J’ai lu ma lettre aux autorités concernées.
Consternées, elles l’ont été.
Je crois qu’on ne s’attendait pas à une telle chose de ma part.
L’une d’entre elles avait les yeux tellement gros que j’ai eu peur qu’ils explosent.
L’autre s’est étouffé avec sa salive. Après quelques manœuvres de réanimation, la patronne a repris ses esprits.
Ne me jugez pas. Ne me regardez pas comme ça. Je ne suis pas une lâche. Vous feriez pareil si vous aviez un peu plus de courage. Vous y avez pensé souvent, j’en suis certaine.
Vous rêvez même secrètement de tout sacrer là. De vous en laver les mains. De crier tout haut : « Tant pis pour eux! Qu’ils se débrouillent sans moi! » Vous me jalousez d’être allée jusqu’au bout.
Oui, oui, je le vois dans vos yeux remplis d’admiration que bien des fois, vous souhaiteriez vous aussi remettre votre démission de mère de famille.
Depuis, Maxim fait son lit, vide le lave-vaisselle, me dit 20 fois par jour que je suis la meilleure mère au monde. Tout ça, sans rien demander. Filou range ses vêtements dans le panier, met la table et ne manque jamais l’occasion de me faire un câlin. Tout ça, sans même rouspéter.
J’ai accepté la contre-offre patronale. Je reste en poste.

5 commentaires:

Anonyme a dit...

Tu m'as eu du début à la fin.... je retenais mon souffle... Je me disais sa se peut pas... je rêve... Oufs| tu m'as eu encore une fois...
Carole

Sylvie a dit...

Si tu te rappelles bien, j'avais déjà donné ma démission. Toi et ta soeur l'aviez acceptée... pendant 4 jours!!!

Rien de mieux pour améliorer nos conditions de travail.

Anonyme a dit...

Moi aussi, j'ai déjà donné ma démission à deux reprises. La première fois, à titre de cuisinière parce qu'à tous les soirs j'avais 2 enfants qui rechignaient sur le menu et la deuxième fois j'ai fait la grève du lavage. Après quelques semaines à faire leur lavage, elles ont appris que le linge sale va dans le panier si on veut le reporter pour la prochaine sortie! Coudonc, ça doit être dans nos gènes ce démissions là!

Félicitations, tu as fait une femme de toi!
Jo

Unknown a dit...

Oh my god ! Je me suis fait prendre sur toute la ligne... Je n'ai même pas pensé à lire entre elles !

Bonne décision ! J'y arriverai sûrement quand mes flots seront plus vieux. Ils sont dans le terrible two et le f***ing four... Je vais encore leur laisser une chance ! ;)

Anonyme a dit...

Je n'ai rien de constructif à ajouter à tes articles sinon que je suis une fille de ton âge, professionnelle dans le milieu des communications et j'ADORE tes articles!
continue, tu me fais sourire, rire et surtout réfléchir
K.