22 octobre 2009

En quête de silence

Chut… chut…

Entendez-vous?

Entendez-vous ce silence?

Ce silence si souvent absent du tumulte quotidien. Ce silence trop souvent manquant à nos oreilles, à notre cerveau tellement sollicité. Ce silence tellement souhaité et si peu accessible. Pas de ronronnement de lave-vaisselle. Pas de tic tac d'horloge. Pas de sifflement d'échangeur d'air. Pas de Joël Le Bigot qui se chamaille avec Francine Grimaldi à la Première chaîne.

Pas de moteur de piscine qui gronde. Pas de congélo qui repart. Pas de téléphone qui sonne. Pas d'aspirants conseillers municipaux qui cognent à la porte. Pas de micro-ondes qui dégèle le poulet du souper.

Et surtout, pas de petites filles qui se chicanent un poste de télé. Pas de poulettes qui jacassent au téléphone. De puces qui hurlent à leur mère: «As-tu vu mes jeans mauuuuuuves?» Pasd'amoureux qui demande: «Chérie, qu'est-ce qu'on mange pour souper?» Personne au bout du fil qui me questionne: «Madame, est-ce qu'un tel peut compter sur votre appui le 1er novembre prochain?»

Rien de tout ça. Le silence. Rien d'autre.

La paix. La grosse paix sale.

Le rêve de toute mère débordée. Un souhait tout simple qui n'arrive que très peu souvent.

Et bien moi, pas pour me vanter, mais j'ai eu droit à toute une journée complète de silence samedi.

Oui, oui, toute la journée!

Et c'est sans remord aucun que j'ai mis la marmaille dehorsau petit matin. «Allez ouste! Amusez-vous bien avec Amélie! Ne m'appelez pas et revenez tard!»

J'ai fait la même chose avec l'amoureux. «Vite chéri, ton père t'attend. Prend ton temps là-bas; c'est tellement rare que vous pouvez passer du temps ensemble entre gars. Oui, oui, ça va aller. Je vais m'occuper. Oui, oui, s'il y a quelque chose je t'appelle. Don't call us, will you. Salue ton père pour moi. Oui, je suis certaine de ne pas vouloir venir.»

J'ai ensuite arraché le fil du téléphone de la prise. Mis le cellulaire hors d'usage. Fermé la télé. Positionné tous les fusibles de la boîte électrique à off.

Me suis assis sur le divan du salon et j'ai écouté.

En fait, je n'ai rien écouté, puisqu'il n'y avait rien à entendre.

Mais j'ai savouré ce moment. Un temps si rare quand on doit conjuguer son présent entre pratiques de piano, souper qui brûle (un détecteur de fumée, ça détruit un silence solide!), Une grenade avec ça? à la télé qui joue en arrière-plan mais que personne ne regarde, les Black Eyes Peas de Maxim que j'entends du sous-sol, Filou qui répète un quelconque solo de danse au deuxième et qui met à l'épreuve la solidité du plancher.

Rares moments. Pour ne pas dire inexistants.

Me voici donc au milieu d'une petite pause d'un brouhaha quotidien pour mes oreilles.

Bon, c'est bien beau à écrire dans un journal que j'ai savouré avec délice ces minutes de silence complet dans la maison, mais un moment donné, une fille se tanne. J'attrape l'ordi, l'ouvre et vois en fond d'écran une photo mes poulettes. Elles ont les yeux rieurs, les joues rouges, l'air taquin. Souvenir d'une sortie à la cabane à sucre de Lolo le printemps dernier.

Ça me donne envie de regarder les autres photos de cette journée sucrée. Je vois l'amoureux avec Filou sur les épaules et Max qui se cache de moi derrière lui. Leurs rires me reviennent en tête. Soudainement, cruellement,tout ce beau monde me manque.

C'est plate en sale une maison vide. Une maison trop silencieuse.

Une maison sans vie.



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